Les contrées du chaos, les grandes terres qui sert de refuge au royaume tyrannique d'Ashnard. Le ciel rougeoyant aux yeux du nouveau Seigneur sous le joug de Nexus annonçait le sang et la mort qui allait survenir. L'armure de Kamui était poussiéreuse à cause de cette longue marche, et ses soldats n'étaient pas vraiment en meilleur état. Installé sur un point surélevé de cette base de ravitaillement Nexusienne, le Seigneur parcourut de son regard azur la ville de tentes qui s'étalait à ses cotés. Les négociations avec ce salopard de Mordret n'avait jamais rien donné. Tous les émissaires et hérauts ont été assassinés, et si par malheur il s'agissait d'une femme, elle était capturée et réduit à l'état d'esclavage. Il se rappelait de cette jeune femme, Minawa Shoji, qui avait eu le malheur d'être une ambassadrice. Il ne l'avait que brièvement vu alors qu'elle partait en mission, mais il ne l'a revue qu'en tant que femme démolie, enduite de sperme séché. Le souvenir de cette dame brisé fit monter un haut le coeur dans la poitrine de Kamui, qui retint cette bile amère tout le temps qu'elle fut là. Comment pouvait-on ainsi traiter une fille si pure de cette manière, comme si elle n'était qu'une toilette? Il respira alors une bonne bouffée d'air frais qui lui fit le plus grand bien. Même si ce monde était souillé par le sang des vierges, des pauvres et des faibles, Kamui trouvait qu'il était bien plus facile de tirer son sabre contre un peuple qui massacre ses maillons rouillés plutôt que des les renforcer.
Comme tous les Seigneurs de Nexus, le semi-démon devait servir le royaume et protéger son fief du mieux qu'il pouvait, c'était son devoir en tant que sir Kamui de Meisa. La Reine avait néanmoins prononcé le souhait que des troupes soient déployées pour surveiller l'évolution d'Ashnard. Lors de ce discours de leur belle leader, Kamui avait pu remarquer une étrange énergie qui émanait d'elle, se déposant sur les hommes et les femmes qui y assistaient. Il en fut heureusement épargné grâce aux sortilèges qu'il avait apposé sur sa personne sous forme d'un long tatouage. Il n'avait cependant jamais vu une femme dotée d'un tel charisme et même sans son charme, Kamui n'a pu qu'écouter ses mots et boire ses paroles comme du vin de qualité. Il y avait du divin, là-dessous. Elle était le parfait exemple de la monarchie du pouvoir divin que Louis XIV avait apposé en France, selon les leçons d'histoire qu'avait eu Kamui au Lycée de Seikusu. Cette pensée lui arracha un rire discret alors qu'il émergea de ses souvenirs du briefing. C'était assez bizarre de songer à de telles choses alors qu'il se trouvait proche d'un endroit où la mort règne... ou alors, c'était simplement lui qui avait l'esprit dérangé. Eh bien, la Dame de Meisa aura eu raison de sa logique, avec ses sautes d'humeur et surtout tous les moyens qu'elle avait déployé pour l'empêcher de partir. Le seul moyen de la calmer fut une nuit de tendresse, après laquelle elle avait obtempéré. Alors qu'il revenait tout juste de revenir de ses pensées,
Kenishi s'installa à ses cotés avec son vieux compagnon, Marcuss. Kenishi était un vieil ami du Seigneur de Meisa, un ancien mercenaire, comme lui, devenu plus tard un de ses hommes d'épées de l'infanterie légère. Il avait rarement vu des bretteurs humains aussi excellents, et il en avait vu, des bretteurs. L'humain sourit. <
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Ça fait déjà un siècle qu'on se connaît." Remarqua le soldat, regardant comme son commandant les terres de ses ennemis.
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Effectivement. C'est dur à croire, mais les humains de Terra sont vraiment les plus résistants." Acquiesça son commandant, un sourire fade aux lèvres.
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Ah, voilà que tu recommences. Tu parles comme s'il y avait un autre monde que Terra." Plaisanta le mortel, lui tapotant le dos en riant de bon coeur.
Cela lui rappela que rares était les habitants de Terra qui connaissait l'existence de la Terre et inversement. Il sourit malgré la moquerie de son compagnon et accepta le vin que celui-ci lui offrait. Il en but quelques gorgées, regardant toujours au loin. La fumée qui se dégageait des forges d'Ashnard ainsi que des campements militaires faisaient un décor plutôt sobre. Les contrées d'Ashnard étaient vraiment pauvre et le pillage était presque devenu une nécessité pour l'auto-suffisance du pays. En quelques sorte, Kamui avait pitié de ses habitants forcés de vivre dans le crime alors que les nobles se goinfraient. Pendant son séjour auprès de la Dame de Daelys, il avait pu rencontrer des nobles bien nourris et ventrus et fut royalement dégoûté par leurs manières égoïstes. Il discuta un bon moment avec Kenishi, discutant sur sa vie de famille, de la vie de seigneur et encore d'autres sujets toujours plus intéressant les uns que les autres. Il parla énormément de sa femme et du bébé que le couple avait conçu avant le départ du Seigneur. Kamui regarda avec nostalgie son alliance et posa ses lèvres dessus. Oui, il était heureux avec sa femme, malgré le fait qu'elle soit complètement dingue. Les pulsions du mari s'étaient un peu calmées, grâce au don inexorable de son épouse pour lui broyer l'humeur quand il partait. Mais maintenant, il commençait à redouter le jour où il ne tiendrait plus sous la maltraitance de son épouse. Il l'aimait, et elle avait beaucoup de qualités, oui, mais énormément de défauts. Elle est égoiste et ne fait jamais attention aux choses auxquelles tient son époux. Elle déjà tenté de tuer sa soeur-nièce. Puis, un son résonna. C'était l'alarme.
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ON NOUS ATTAQUE!" Hurla un des veilleurs.
Mais tout le monde était déjà prêt au combat, ils l'avaient répétés des centaines voir des milliers de fois. La base recelait environ trois milles hommes et Kamui calculait environ trois cents mages, sept cents archers, mille lanciers et autant d'hommes d'épées. Les archers et les magiciens grimpèrent sur les murs des remparts de la base alors que les lanciers venaient se placer devant les entrées, lances levées, s'entremêlant avec les soldats armés de lames des plus acérées. Leur chef se plaçait aux côtés des lanciers de la porte principale, regardant les milliers de torches qui s'approchaient lentement mais surement d'eux puis sentit un frisson d'angoisse en entendant un puissant cri de guerre émaner de cette fourmilière d'hommes casqués. Les magiciens psalmodièrent des mots en Éden, la plupart étant des sorts protecteurs, d'autres des sorts offensifs. Il sentit sa peau devenir plus dur, son corps devenir plus léger, son bras devenait aussi plus rapide et plus propice aux réflexes. Il sourit lorsqu'il entendit un mage leur souhaiter bonne chance. Sa lame fut alors parcourue d'un éclair écarlate. Il ordonna aux lanciers d'avancer lentement avec lui, entendant les cavaliers approcher. Le commandant des archers ordonna à ses subordonnés de tirer sur les soldats. Les cris déchirants des blessés leur parvinrent assez vite, ainsi que de pauvres montures touchées par les traits. Kamui les voyait tomber, malheureuses victimes d'une guerre qui ne devrait même pas les concerner. C'est justement pour cette raison que ses troupes sont venue en marchant, plutôt que montés sur des bêtes qui n'auraient fait que mourir.