“Que suis-je vraiment?”, la question me taraude.
Buvant un thé dans l’arrière-salle d’un café, pourtant fréquenté par les jeunes de son âge, je me perds dans mes pensées. Ca bouge, ça vit autour de moi, mais pas près de moi.
Je suis seul, désespérément seul !
Aucune relation stable n’est venue enjoliver ma vie, uniquement faites d’aventures d’un soir, voire d’une semaine, au fil de mes rencontres sur la toile.
Je connais par coeur les sites de rencontre, j'ai une incroyable série de pseudos à ma disponibilité, mais le bilan est toujours la solitude.
Quand je rencontre une nana, je suis aussitôt tétanisé par la dimension de mon sexe que je trouve trop petit, même si elle jouit et me jure le contraire. Alors, c’est souvent moi qui mets fin après une nuit, persuadé qu’elle trouvera mieux ailleurs pour baiser.
Quand je rencontre un mec, je deviens quasiment toujours passif, car je pense que la bite de mon partenaire est mieux baraquée pour une pénétration, et, tandis que je me la prends dans le cul, je tripote ma propre queue pour en extirper le plaisir.
Triste bilan, fait de relations sans lendemain.
STOP ! “La prochaine qui entre ici, elle sera à moi, et je serai son mâle”.
Combien de fois ai-je déjà pensé des trucs comme ça, jurant à tout va ?
Peu importe, car ce fut toujours sans lendemain, les vieux démons ressurgissant.
Alors que je fixe la porte d’entrée, mes yeux s’écarquillent ; la jeune femme, qui vient d’entrer, est d’une beauté simplement parfaite.
Sans ostentation, ni dans son style ni dans ses habits ni dans son maquillage, elle est tout simplement belle, tout simplement irrésistible. Elle éclipse tout ce qu’il y a dans la salle, elle est si lumineuse que je ne peux détacher mon regard d'elle.
Elle va s’asseoir avec d’autres jeunes femmes, sans doute des étudiantes elles aussi.
“Qu’est-ce qu’elle est belle”, je découvre ce qu’on appelle un coup de coeur. je la vois parler, je me délecte de son sourire, je fantasme quand ses lèvres glissent sur sa paille. Caché par la table, je bande de cette si petite queue dont cette exceptionnelle beauté rigolera bien, et pourtant j'ai le sentiment qu'elle est grosse comme jamais.
Perdu dans la fumée de mon thé, je la regarde, je rêve. Soudain, balayant la salle d’un regard rapide, elle croise le mien, me fixe. J'en rougis aussitôt, écarlate, baisse les yeux, me mets presque à trembler.
De tout le temps qu’elle reste là, je n’ose plus regarder dans sa direction. Mais j'observe, et, quand le groupe sort du café, je décide de le suivre. Etudiantes en école de commerce, ma filature (discrète j'espère) me donne la réponse.
“Tu t’es mis un défi, ne te défile pas encore!”, la phrase tourne dans ma tête, lorsque je rentre au studio. Je me jette sur l’ordi, fouille pour recueillir toutes les informations possibles sur cette fac de commerce, fouillant dans les albums photos des cours, des fêtes, des actions en entreprise. Et je finis par trouver la photo de trois étudiantes hilares, dont celle qui est l’objet de ma fixation, prénommée “Manéa”.
Sur la lancée de mes recherches, je trouve l’organisation du bahut, les horaires des sections, et plein d’autres détails utiles.
Dont la cafétéria de la fac, où je vais dès le lendemain midi, mort de trouille. J'ai encore le look d’un étudiant, je donne le change, même si, isolé, je peux susciter des questions.
Derrière ma bouteille d’eau et ma salade composée, j'observe, et finis par reconnaître une des filles qui était dans le groupe de Manéa, la veille.
C’est un indice ! Je guette le couloir d’entrée, et la vois enfin arriver, toujours aussi rayonnante, toujours aussi belle dans des habits qui la mettent en valeur sans ostentation.
Je la fixe, je la regarde commander. Tout en elle est si beau, si pur, si élégant. A nouveau, rien que de la regarder me fait bander, et, cette fois, la table est mal conçue pour garder le secret !
Elle s’assied, à deux tablées de moi, m'offrant un profil de déesse, une chevelure ordonnée, une poitrine bien dessinée.
J'en suis tombé amoureux ! Je me perds en rêves, ne cessant de la regarder, quand elle tourne soudain les yeux vers moi.
Elle me dévisage d’un regard piquant, noir, perçant, glacial, et je ne sais que faire, paniqué.
M’a-t-elle reconnu de la veille ?
Me trouve-t-elle effronté d’ainsi la regarder ?
Je ne détecte aucune complaisance dans son regard.
Plongeant aussitôt dans mon assiette, je la finis au plus vite, et m’éclipse, me sentant suivi par le regard de la jeune femme, et n’osant pas me retourner.
Rentré chez moi, je m'en veux d’avoir fui, une fois de plus. Qu’a-t-elle pensé de ma lâcheté ?
Que pense-t-elle de ces deux coïncidences ? Je me suis grillé tout seul.
Pourtant, elle m’obsède, et je ne veux pas renoncer, cette fois encore
J'en est toujours à ces réflexions, le lendemain après-midi, dans mon habituel café, savourant mon habituel thé, quand entre un groupe chahuteur qui me distrait de ses pensées.
Et, au milieu de ces étudiantes, que vois-je ? Elle ! Manéa, qui lance un regard dans la salle en entrant, et me repère aussitôt. Aucun doute !
Trois fois en trois jours ! Même si, cette fois, il n’y a nulle préméditation, il y a fort à penser qu’elle ne va pas le voir ainsi. Je baisse les yeux sur mon thé, fais mine de se délecter d’un biscuit sec, ne sachant ce qu’il va se passer, priant qu’elle ne me tape pas un scandale public, m’accusant de je ne sais quelle perversité ou quelque harcèlement.