C’est douloureusement bon. Simplement. Plaisir, souffrance, peur, excitation...Helel parvient à me faire ressentir des choses plus complexes que ce que j’ai pu ressentir avec d’autres. La nuit passée au téléphone était déjà si intense que j’ai cru mourir, mais en cet instant, alors que je sens la morsure du cuir contre mon cou, je me rends compte que ce n’était encore rien. Et le moment que nous venons de passer, n’est rien non plus à côté de ce que le cliquetis des anneaux chantent à mes oreilles. J’ai chaud et la vague sensation de partir pour revenir, un frisson d’une intensité telle qu’il m’arrache un gémissement faible, envahit tout mon être. Car il n’y a pas que ma chaire qui ressent. C’est compliqué à exprimer, mais je le ressens jusque quelque part, hors de moi. «Tu es encore plus belle ainsi.» Lorsqu’il se fait doux, je me mord la lèvre inférieure, appréhende la suite avec les mêmes craintes que tout à l’heure. La douceur de Helel n’est rien de plus qu’une caresse avant la claque. «J’aime entendre le bruit du cuir contre ta peau.» Tendresse. Mes muscles se tendent et se détendent sous ses doigts épais, mon corps réagit plus vite que mon esprit. Je n’ai pas le temps d’y penser, que mon corps déjà, est aux abois. «J’aime entendre le bruit du cuir contre ta peau» Moi aussi. Moi aussi, ai-je envie de lui souffler, de lui susurrer. Mais je me tais, obéissante.
Je suis devenue une toile sur laquelle Helel a déposé son art. Il me marque. Des bleus qui, avec le temps, changeront de couleur, des traces roses là où ses doigts créent des sillons, ou parfois, ses ongles s’attardent. Il me sert tellement que mon souffle encore saccadé par nos exploits précédents, se fait plus court, juste assez pour ne pas m’évanouir, mais pas assez pour ma gorge encore en feu. Entre cri et la sensation de sa verge qui coulissait il y a peu dans un fourreau de chaire qui n’avait encore jamais été ainsi sollicité, malgré tout ce que j’ai déjà fait dans ma courte vie. Mais alors qu’elle n’est pas encore remise, que la brûlure du membre est si présente, voilà que je sens ses mains agripper mon crâne, ses doigts s’emmêler dans mes cheveux. Si j’avais le choix, je demanderais grâce pour reposer mes muqueuses. Mon corps n’est plus que douleur et plaisir. Je ne me savais pas capable d’encaisser autant de choses en un laps de temps si court…
Facilité par la salivation excessive de ma bouche, l’entrée de son vit se fait avec moins de difficulté que précédemment. J’ai un haut le corps lorsqu’il s’enfonce plus profondément, raclant mon palais. Ma mâchoire sera douloureuse mais est-ce si important ? Non. Évidemment que non. Je parviens à respirer par le nez pendant que je suce en général, mais la verge de Helel prend trop de place dans ma gorge et je peine, reprenant mon souffle lorsqu’il s’éloigne, pour revenir. Mon nez tout contre sa toison, je hoquete, j’étouffe. Les bruits de ma gorge sont obscènes, mes yeux roulent dans mes orbites, ma vue se brouille de larmes qui bientôt roulent le long de mes joues, allant se mêler à ma salive et de la morve transparente termine de rendre mon visage misérable. Je suffoque lorsqu’il me libère pour revenir plus fort, plus vite. Heureusement qu’il maintient ma tête, autrement je basculerais en avant, pour tousser. Si j’avais été moins solide, moins musclée, je me serais écroulée depuis longtemps.
Appelons cela de l’audace ou alors une sorte d’instinct de survie qui s’éveille, je tente de poser mes mains sur ses cuisses musclées pour le repousser, sans y mettre de force. De toute manière, je n’en ai plus. Il risque de me tuer. Le collier sert mon cou à chaque fois qu’il y entre, poussant aussi loin que son bassin le lui permet. Je sens le cuir mordre ma chaire à chaque pénétration, risquant d’y laisser une marque que je cacherai par des col roulé ou des foulards le temps qu’elle ne s’estompe. Même dans mes bouquins les plus osés, je n’ai jamais pu décrire scène plus sales que celle que nous sommes entrain de jouer, sur ce lit, dans ce coin perdu.
Je n’ai même pas la force de gémir. J’ai la gorge en feu, mais cela ne l’arrête pas. La chaleur que sa queue exhale ne fait que rendre les choses plus brûlantes encore. Et c’est alors que je me sens partir pour de bon peut-être, que mes ongles s’enfoncent dans sa peau moite de sueur, que je le sens qui atteint l’extase. Ce moment où le corps se raidit, la verge durcit avant d’être prise de spasme et de se déverser en une salve épaisse et gluante, chaude, au goût que je ne parvient à distinguer tant qu’il reste empaler en moi jusqu’à la garde. C’est lorsqu’il se retire que l’arôme de sa semence m’emplit d’une sorte d’étrange félicité. La quantité est inhumaine et je tousse lorsqu’il me libère, cherchant l’air qui m’a tant manqué jusqu’alors. Le sperme souille mon menton, est remonté par mon nez et se mêle à la sueur et aux larmes. J’avale l’air et le liquide blanc. Il me repousse contre le matelas et je tombe sur le dos, amortie dans ma chute par le moelleux humide de nos deux corps. Ma respiration siffle, mes gémissements sont enroués. Je ne parviens pas à articuler d’autres sons que de pauvres ahanement, misérable petite créature au visage luisant.
Mes pupilles dilatées, je m’accroche désespérément aux draps, me cambrant pour chercher autant d’oxygène que possible, alors que tout mon être désire y retourner. Est-ce l’effet de son orgasme ? Je ne sais pas. Je ne sais plus vraiment. Je suis perdue et courbaturée, mais voilà que son corps vient m’étouffer de sa masse, me serrant entre lui et le lit. Je tremble comme si c’était moi qui avait eu un orgasme et sans lâcher les draps, je tourne le visage pour ne pas qu’il m’empêche de respirer. Il se contente de poser sa langue contre ma joue, goûtant le sel de ma peau et de mes larmes. Son souffle irradie de chaleur contre ma gorge, là où le collier ne masque pas ma chaire. «Je vais remodeler chaque cannelure de ta petite chatte jusqu’à ce que seule la forme de mon sexe te fasse jouir.» Un grognement animal. Je continue de prendre autant d’air que possible, me détournant sans pouvoir échapper à son emprise. Ses dents contre mon lobe me fait me tendre, mon bassin cherche sa présence. Masochiste...voilà ce que je suis en cet instant.
«Mais avant cela...»
Lorsqu’il se redresse, j’ai froid. Un froid intense, une crise de manque. Ma poitrine se soulève au rythme de mon souffle. Je revis. Mon visage coloré, sale, se tourne pour chercher le sien. Mes yeux détaille ce corps si massif à côté du mien. Je me demande s’il va me laisser ainsi, disparaître comme si tout ça n’avait été au final qu’un long rêve éveillé.
«Ta tenue me plaît. Tu as le droit de la porter aujourd’hui.» Est-ce ainsi que cela se termine ? Alors que mon corps entier en veut plus ? Je ne veux pas des vêtements qu’il dépose près de moi et mes yeux ne le quitte pas, même en entendant le reste de sa phrase. «La porte est ouverte si tu veux rester ou partir. Mais j’aimerais que tu restes.» Mon coeur se remet à battre. Je pensais qu’il me mettait dehors. Je pensais qu’il me jetait, comme on jette un kleenex après l’avoir souillé au point de le voir se désagréger. Je me redresse à moitié, sur mes coudes, use de mes forces pour cela. C’est un geste anodin normalement, mais mon corps est un hématome, une constellation de la souffrance qu’il m’a offerte. Pourtant je parviens à tendre ma gorge contre sa paume lorsqu’il s’en saisit. Je souffre plus encore que pendant les traitements qu’il m’a fait subir lorsqu’il la délaisse...Ne m’abandonne pas.
«C’est un cadeau.» J’aimerais lui demander de revenir, mais je n’arrive toujours pas à parler. J’ai besoin de boire. A-t-il lu la déception sur mon visage ? Il continue, sans se départir de son air sérieux. Je m’allonge à nouveau sur les draps que nous avons salis, me laissant tomber sans le quitter des yeux. Je détail avec délectation de chaque parcelle de son anatomie. Ses muscles mis en valeur par la luminosité et la sueur qui fait luire chaque creux, chaque rebondi...J’ouvre la bouche pour le remercier, mais ma gorge n’émet qu’un faible bruit. J’ai soif. Vraiment.
«Un...livre ?» Quel étrange cadeau après tout ça. Déçue ? Pas forcément. Surprise. Oui, complètement. Je regarde l’objet, l’effleure d’un doigt engourdi, les paupières mi-closes. Un livre magique ? Est-il en train de se moquer de moi ? «Pour..quoi ?» Pourquoi ne pas l’ouvrir maintenant ? Mais je suis toujours son esclave et je me dois d’obéir, alors je hoche la tête pour lui signifier que j’ai compris et gémit lorsque sa bouche vient goûter à mes tétons durcis par le désir qui n’a pas quitter mon être. «J’imagine qu’il serait injuste que je ne te dise rien sur moi, mh ?» J’imagine...mais c’est son corps que je veux. Encore. Et encore. La sensation que je ressens est la même que du temps où je buvais beaucoup et que j’avais soif d’alcool à des heures où je ne pouvais pas accéder à la boisson.
Je roule sur le côté, m’échappe en quelque sorte, pour aller au robinet et boire tout mon soûl, offrant une vue sur ma croupe rougie par ses mains et ses coups de bassins. Lorsque je me redresse, c’est pour essuyer mes lèvres. J’en profite pour me rincer le visage, revient au lit pour prendre le livre que je n’ouvre pas. Ma voix, bien qu’enrouée, accepte de sortir un peu plus facilement que précédemment.
«Seulement si c’est ce que tu désires aussi...qui suis-je pour exiger ?» Je reste à moitié dans mon rôle, mes yeux parcourent avec gourmandise son buste, s’attarde sur sa verge. Je me mords la lèvre inférieure, ma bouche légèrement gonflée et rouge. «Racontes moi...mais laisses moi encore te goûter.» Masochiste que je suis, me voilà qui prend le livre et le dépose sur une commode, que je repousse les vêtements qu’il pensait peut-être que j’allais remettre lorsqu’il m’a proposé de m’en aller. Malgré les courbatures qui s’éveillent dans mon corps, j’ondule comme une chatte jusqu’à lui, mes mains se posant sur ses chevilles. Assis sur le lit, il est beau et puissant. Une aura de confiance qui attire comme la lumière attire les papillons la nuit. «Racontes moi...ce que tu veux bien m’apprendre.» Je fais remonter mes mains tout en continuant de me rapprocher, m’arrêtant à quelques centimètres de son entre-jambe, prenant garde à ne pas m’appuyer des genoux sur ses couilles bien remplies malgré qu’il vienne de les vider en moi.
«Racontez à Mona...Helel...» Je repasse au vouvoiement dans un souffle, le fixant alors que mes doigts effleurent déjà la peau ridée de ses testicules, mes ongles remontant à la base de sa verge bien plus grosse que celles de mes amants. C’est à se demander s’il est humain...s’il existe et si je ne suis pas tout simplement en train de faire un trip sans me rappeler des détails de la substance que j’ai ingurgité...cela m’est après tout, déjà arrivé...mes nuits d’amnésie, comme je les appelle...qui est-il ? Qu’est-il ? «Dites moi tout...» Je me penche sans arrêter de jouer avec son chibre, sans cesser de griffer lentement la base de ce dernier, allant parfois jouer dans sa toison, sans jamais franchement saisir le membre. «Je ne partirez pas.»