Hase & Tengen. Le son des cloches du Gion Soja fait écho à l’impermanence de toute chose. La couleur des fleurs sala montre bien il est vrai que la prospérité est promise au déclin. Les orgueilleux ne durent pas, ils sont comme un rêve dans une nuit de printemps ; Les puissants finissent par tomber, ils ne sont que de la poussière avant le vent. Mes angoisses sont à moi. Nul au monde, si ce n'est mes compagnes, ne les a compté et reçu. Pas un œil étranger n'a su sonder les désespoirs que j'ai conçu de mes mains de damné. J'ai su me défaire, en partie, de l'être qui souffre ainsi que de son mystère. J'ai souffert mes maux sans les chanter, et Hinatsuru, Suma, Makio les a dissipé d'une douce intonation. Ce soir je décide de faire mes pas en ville, sans les partitions censées être inséparables de mon être. Comme un coup de pied dans l'avenir, je foule de mes pas imperceptibles, les rues de la grandiloquente ville. Les mains enfoncées dans les poches, je navigue entre les passants. Ce soir, il est un temps au renouveau, ou plutôt... à la résistance. J'avais besoin d'un brin d'agitation. Et l'animation d'un bar, non loin de moi, attira ma curiosité. Stoppant mes pas devant celui-ci, je fis mine de réfléchir.
« Au pire, si c'est à chier... J'ai qu'à me casser. »
Chuchotais-je à voix basse, tentant de me convaincre que cette option était la seule issue possible. Inspirant profondément, c'est un bref soupire que je signifiais avant de pousser la porte du fameux bar. Il y avait pas mal de monde, l'atmosphère bruyante semblait liée à des festivités quelconques... Sans doute s'agissait-il de quelque chose de normal ? Un karaoké semblait être le centre de l'attention de la majorité des personnes ivres. Et en bon solitaire que je suis, je m'installais au comptoir de l'établissement. Le barman se manifesta avec un enthousiasme palpable sur son visage. J'eus un bref mouvement de recul, assez pour manquer de tomber de mon tabouret. Me rattrapant in extremis, je finis par passer commande. Une pinte de bière pourrait très bien me satisfaire. Lorsque je sentis quelqu'un percuter mon dos, j'échappais ma gorgée de bière. Grinçant des dents, il semblait que deux mecs avaient décidé de se foutre sur la gueule. Penchant ma tête sur le côté, je serrais le poing de façon à ce que l'on entende mes phalanges craquer. Me redressant, je me retournais pour attraper la gorge de l'un.
Je préférais que l'ambiance du bar reste festive, sans que des bouffons foutent tout en l'air. L'autre, sembla se calmer immédiatement. Pourtant il m'a fallu me diriger vers la sortie avec ma proie à bout de bras pour le projeter dans la rue. Croisant les bras, j'en venais à m'exprimer. « J'te casse les jambes si tu repasses la porte du bar. » Les propos installés, je me retire de sa vue et lui de la mienne après s'être massé nerveusement le cou. J'espérais bien que le message soit passé. Alors retournant au comptoir, je demandais une seconde pinte après avoir terminé celle qui fut presque gâchée par l'élément perturbateur. C'est à ce moment que je sentis une présence à mes côtés, et au-délà de la sentir, par la vision périphérique : je pouvais la voir. Ne tournant pas encore le regard, buvant une première gorgée et enfin, je pus contempler la créature qui s'était installée à mes côtés - son regard jaugeant vraisemblablement ma personne. Arquant un sourcil, il était difficile de rester indifférent suite à la sublimation de l'idéal féminin.
« J'ai quelque chose sur le visage ma jolie ? »