La boîte avait été ouverte et les immondes scolopendres géants avaient commencé à se précipiter jusqu’à la caverne. Les deux aventuriers se précipitaient aussi vite qu’ils le pouvaient, mais il en arrivait, effectivement, de partout. Gerd sortit son glaive d’argent et, luttant avec le sort, distribua des coups de lame au jugé et des beignes avec ses gantelets renforcés lorsqu’une gueule bardée de petites dents tranchantes s’aventurait sur son passage. Derrière lui, Sarah faisait ce qu’elle pouvait, elle aussi. Ils ne pouvaient pas s’arrêter, ils devaient courir, faire de leur mieux et prier.
Le tir du pistolet assourdit et sonna légèrement le sorceleur, pas préparé du tout, mais il parvint à tenir le rythme, continuant de courir, sa vie en dépendant. Lorsqu’il retrouva ses esprits, il remarqua qu’il n’avait pas été devancé par une bête depuis un moment et un regard sur les parois lui révéla qu’ils avaient dépassé le nid. Derrière eux, il entendit l’entrelacs de monstres se précipitant à leurs trousses, ralentit seulement par leur compétition anarchique à la poursuite de la nourriture. Et puis, il entendit les paroles de Sarah et ce bruit singulier de la poudre coulant au sol, comme du gros sable grossier.
Il tourna son regard derrière lui et perçut la traînée noire derrière eux, qui mourut à cet instant, la bourse de poudre vide. Gerd sut qu’il devait agir vite. Dans un même geste, il s’arrêta et attrapa le poignet de Sarah pour la précipiter derrière lui et, de l’autre main, il exécuta un Signe ; celui d’Yrden. Il se concentra et l’exécuta avec toute l’expertise dont il était capable et, lançant sa main en avant, elle se mit à irradier d’une aura pourpre. Un cercle magique apparut devant eux, couvrant le passage juste devant les premiers monstres qui s’y jetèrent. Des piaillements de douleur s’élevèrent tout d’un coup et la marée sembla s’arrêter net contre le cercle, qui n’était pourtant pas solide. La douleur, simplement, était si vive que ces bêtes primaires, surprises et effrayées, cessaient net leur poursuite.
Ils avaient quelques secondes de répit et le sorceleur se tourna vers la vendeuse-guerrière. Leurs regards se croisèrent et il hocha la tête après qu’une entente silencieuse se soit vite établie entre eux. La traînée de poudre était juste là, tout près, et il la laissa s’occuper de l’allumer tandis qu’il se concentrait à nouveau, rassemblant toute l’énergie qu’il pouvait et préparant un nouveau Signe. Lorsqu’il entendit la poudre crépiter, il attrapa à nouveau Sarah, la tira à lui, la couvrit de son corps en se recroquevillant et exécuta Quen. Un bouclier doré les enveloppa tandis qu’une explosion dantesque dévastait la caverne en consumant tout l’oxygène disponible, provoquant une véritable tempête par succion.
La détonation passée, la fumée répandue, une brise vint apporter de l’air de la sortie de la caverne et la bulle magique crépita avant de s’effacer. Fourbu, haletant, Gerd se redressa pour libérer la petite brune. Il parvint à se hisser sur ses jambes et il piocha une potion à tâtons, trouvant vite l’Hirondelle qui le ferait rapidement récupérer.
Il l’avala sans un mot, d’une traite, toussant juste après. Il allait féliciter sa compagne pour son initiative, mais un tremblement léger l’interrompit. Il tendit les oreilles, se raidit, écouta, et lui prit le bras pour poursuivre leur route au trot.
« La caverne ne tiendra pas longtemps. Vite ! »