Elegante Perversion - PV Atsushi -

Les soirées mondaines n'avaient jamais été ses soirées préférées. Toujours en grandes pompes, des tapis rouges usés, du mauvais champagne et des gens coincés qui se critiquent les uns les autres. Il fallait y participer pour se montrer certes, mais elles n'étaient jamais vraiment fun. La plupart du temps, on passait son temps à reluquer son voisin parce que son costume était le même que la dernière fois et on mangeait du foie gras médiocre sur du pain d'épices de mauvaise qualité. Déjà vu beaucoup trop de fois. C'est pourquoi la soirée n'excitait absolument pas Astrid. Elle avait une tonne de boulot en retard et elle n'avait qu'une soirée de libre cette semaine mais son père lui avait demandé. Son père qui lui paye l'apparement, qui lui loue une voiture, qui l'aide les mois ou elle n'arrive pas à gérer... Son père quoi. Elle se sentait redevable. Il en demandait beaucoup moins maintenant qu'elle était loin donc elle lui devait bien ça. La soirée de ce soir était consacré à une quelconque association pour sauver la planète, un sujet très intéressant mais qui n'intéressait vraiment personne ce soir. Le but était de se réunir, pas de sauver quoi que ça soit.

Astrid avait quand même prit le temps de se préparer. C'était son petit plaisir de la semaine. Elle avait sorti le grand jeu, c'était plutôt pour elle même que pour les autres. Elle qui passait son temps dans le sang et le vomi, elle avait décidé de se sentir féminine ce soir. Elle s'était acheté une robe pour l'occasion, longue, bleu nuit, ras le cou devant, décolleté plongeant dans le dos. C'était très classe, potentiellement un peu trop sexy par rapport à ce qu'elle portait en Angleterre, mais son père ne pourrait pas voir son dos sur les photos du gala. Elle se sentait bien, elle se sentait femme. Une coiffure un peu élaborée, un coup de mascara et le tour était joué.

Arrivée à l'évènement, toute la belle population de Kyoto était là. Astrid sortit de la voiture avec son plus beau sourire aux lèvres, cachant évidement tout le mépris qu'elle en pensait. Tout le monde vint la voir pour la complimenter sur sa robe, sur la réussite de son père, sur sa réussite à Kyoto. Ils étaient contents d'avoir de la nouveauté, une nouvelle proie avec qui bavarder de sujets inintéressants. La politesse d'Astrid faisait qu'elle souriait et qu'elle acquiesçait à tous, mais intérieurement, elle savait que passer la porte d'entrée du Palace, elle aurait oublié toutes ses informations inutiles. " Si vous voulez bien m'excusez." Une seconde de répit, elle avait besoin d'une petite seconde de repos. Elle se dirigea vers les petits fours sachant très bien que quelqu'un finirait par lui adresser la parole mais au moins, elle aurait à manger. Décision stratégique. Elle réussit à en manger 4 avant qu'un énième sous fifre de son père vienne l'aborder. Celui ci était Geoffrey Adams, de je ne sais quel société anglo-japonaise. Il connaissait très bien son père et l'avait vu une semaine auparavant. Passionnant. Puis un flash de bleu capta le regard d'Astrid. Des cheveux bleus? Etrange dans ce genre de soirée. Un homme, grand, jeune, très bien habillé lui aussi. Elle le reluqua de haut en bas avant de poser la question à Geoffrey. " Et qui est cette personne Geoffrey? Je crois que je ne l'ai jamais croisé." Geoffrey fronça les sourcils et regarda en direction du garçon. " Evitez de vous approcher de lui Astrid. Il n'est pas de très bonnes fréquentations." Et en plus, Geoffrey lui disait quoi faire et qui fréquenter, de mieux en mieux. Astrid lui souria, en imaginant comment il pourrait s'étouffer avec un bout de pain d'épices.

Pourquoi avait-il fallu que son père soit absent ce jour-là, le voici obligé d’aller à une de ses soirées inintéressantes pour une bonne cause dont tout le monde se fiche. Pourtant, le plan de base était simple, son géniteur continuait de gérer son empire pendant que lui profitait encore de la vie pour faire ce qu’il voulait en attendant de prendre la relève, participer à des évènements comme ambassadeurs de l’entreprise n’était pas dans le contrat. Mais puisqu’il fallait y aller, il n’avait pas vraiment le choix, ce genre d’évènement était d’un ennui mortel mais on ne rentrait jamais seul chez soi, il y avait toujours une femme de bourge coincée à remettre à l’œuvre, ou une cougar affamée, et c’était bien le seul intérêt qu’il voyait à cette soirée : rajouter des noms sur son tableau de chasse.

Pour l’occasion, il avait revêtu une tenue des plus classique pour ce genre d’évènement, sa seule excentricité était la veste de costard sans manche qui laissait voir son tatouage, il n’aimait pas suivre les convenances alors il avait trouvé un moyen de se démarquer. Ce qui l’ennuyait le plus dans ces soirées était la vision de la richesse des autres, ils l’utilisaient pour parader et se montrer, Atsushi lui aimait certes les choses chers mais ce n’était pas pour se montrer qu’il utilisait l’argent, pour lui l’argent était un outil de pouvoir et de domination.

Arrivé à la soirée, il ne perdit pas de temps et commença par saluer les dames, portant son masque de garçon parfait, il lui était facile d’engager les conversations. Il ne put d’ailleurs s’empêcher de remarque une ou deux filles dont les visages lui disaient quelque chose et qui n’avaient pas l’air à leur place ici, cela le fit sourire en percutant que c’était des escortes travaillant pour l’entreprise familiale, ainsi donc certains coquins préféraient se montrer aux bras de jeunes et ravissantes demoiselles payées pour l’occasion que de sortir leurs vieilles femmes fripées.

Après avoir fait le tour de ses connaissances, les bonnes habitudes revinrent et son œil de chasseur identifia une proie potentiel, prêt du buffet à portée des amuse-gueules. Un autre chasseur semblait sur le coup également mais Atsushi était un mâle alpha et il avait donc la priorité. Après un petit détour, il arriva prêt du duo en faisant mine d’être attiré par les petits fours. Voulant saluer la demoiselle, il bouscula l’autre homme tout à fait volontairement mais fit mine d’être désolé :

« Oh, pardonnez-moi monsieur. Ne seriez-vous pas un de nos clients ? Je crois vous avoir déjà vu au bras d’une de nos dames de compagnie, tenez pour me faire pardonner, la prochaine fois je vous fais un prix. »

Ici tout le monde savait qu’il était l’héritier de l’empire des plaisirs de son père, il ne lui servait donc à rien de cacher ce fait même si parler d’escorte n’était pas le plus approprié pour s’approcher d’une demoiselle, son but était surtout d’évincer la concurrence. Il se tourna ensuite vers la jeune femme, enfin jeune, légèrement plus jeune que lui à première vue :

« Ma dame, permettez-moi de me présenter. Atshushi Maasa de Maasa Pleasure & Desire. Mon père n’avait clairement pas l’envie de l’originalité quand il a nommé son entreprise mais cela reflète bien nos activités après-tout. »

Une présentation classique lors de ce genre de soirée pour aborder quelqu’un qu’on ne connait pas.

Geoffrey n’était pas quelqu’un de méchant. Il était pompeux et moralisateur, mais pas méchant. Quand le jeune inconnu lui fit une réflexion sur son escorte, Astrid ne put s’empêcher de pouffer dans sa coupe de champagne. C’était drôle, il fallait l’avouer, voir Geoffrey tout rouge, bégayer des mots de justification sur la présence d’une jolie fille à son bras. Astrid en profita pour reprendre un toast en regardant le spectacle. La soirée était soudain devenue beaucoup plus interessante. « Jolie réplique » dit-elle tout bas au jeune inconnu. Geoffrey s’éloigna sans s’excuser, toujours le feu aux joues et oubliant derrière lui, son champagne. Et Astrid oublia instantanément leur sujet de conversation pour se concentrer sur le nouvel arrivant.

Astrid regarda son nouveau partenaire de haut en bas. Il était très grand, beaucoup plus grand qu’elle , elle devait lever le menton haut pour le voir. Un visage d’ange, des traits fins. Mais elle n’était pas dupe, elle n’avait pas de 6ème sens ou n’importe, mais elle voyait bien la lueur dans ses yeux. Il ne s’était pas approché d’elle par hasard, ça n’était pas de la politesse ou de la courtoisie. Elle était probablement l’une des seules femmes qu’il ne connaissait pas ce soir, une femme de son âge de plus. Elle n’avait pas prévue de rencontrer quelqu’un ce soir, le but du jeu était de venir, se montrer et repartir discrètement, mais un petit jeu entre inconnus mettait un peu de piment dans sa soirée bien trop ennuyante, et elle n’était clairement pas prête à l’abandonner. « Astrid Grace. Je suis ici pour représenter mon père, Richard Grace des entreprises Grace. Mais son nom est bien moins descriptif que la votre.»

« Je comprends mieux pourquoi on m’a dit de ne pas m’approcher de vous. Ils pensent tous que vous allez me pervertir. » Même elle le sentait, ça sonnait faux. Elle n’avait clairement pas besoin de lui pour être pervertie, mais ça, personne dans l’assemblée ne pouvait le savoir. Elle jouait ce rôle depuis tellement longtemps qu’elle le jouait à la perfection. Elle voulait juste qu’il voit qu’elle avait comprit, qu’elle savait très bien pourquoi il s’était approché. Elle remarquait d’autres regards sur eux, probablement d’autres filles qu’il avait baisé et qui espéraient retombé dans son lit ce soir. Quant à elle, tout le monde devait penser qu’elle était encore vierge et qu’elle se préservait pour le mariage. Qu’ils étaient mignons. Les légers bleus sur ses genoux en disaient autrement. L'entreprise du père d'Atsushi ne pouvait que bien fonctionner par les temps qui courent, la technologie et Internet mettaient une barrière entre les gens, ceux qui attendent le grand amour restaient planqué derrière leur applications sans jamais rencontrer personne et a se masturber pour oublier, ceux qui se sentaient seuls payaient des escorts pour atténuer cette sensation. Et pour ceux qui avaient juste envie de se baiser frénétiquement sans avoir de partenaires, il y avait toujours le porno. Tout tombait dans le champs de compétences des Maasa. Très bon choix de carrière. Astrid finis son verre de champagne devant le jeune homme et le reposa sur la table, mais le froid des coupes avait créé des gouttes fraiches autour du verre et en le reposant, celles ci tombèrent sur le bras nu d’Atsushi, provocant un frisson. « Pardon » dit Astrid, dans un léger sourire joueuse.

Il était bien placer pour savoir que l’habit ne faisait aucunement le moine et qu’il ne fallait pas juger sur l’apparence, lui qui derrière son apparence d’ange était un véritablement démon savait parfaitement que les premières impressions sur une personne pouvaient être trompeuse. Il était vrai qu’à première vue cette Astrid ressemblait à s’y méprendre à la fille gentillette et un peu ingénu, le genre à lui faire la surprise d’être encore vierge malgré un âge avancé mais on ne le lui faisait pas à lui. Il avait assez de conquête à son actif pour savoir que les filles bien sous tout rapport était en vérité les plus grosses cochonnes du lot.

Cela le fit sourire quand elle avoua qu’on lui avait conseiller de ne pas s’approcher de lui mais ce n’était pas forcément à cause de son milieu d’activité comme elle semblait le croire. L’univers des riches était petit et tout le monde finissait par connaitre les petits secrets de tout le monde et lorsqu’une bourgeoise allait retrouver son mari en rampant en fin de soirée après s’être fait démonter il était plus que probable qu’Atsushi soit derrière tout ça. Si ses vices les plus obscurs n’était pas connu, sa réputation d’homme à femme quant à elle l’était très bien :

« Eh oui, malheureusement quand il s’agit de sexe tout le monde devient hypocrite. Les gens s’affichent aux bras d’escortes, paient des prostitués pour leur plaisir, regarde des films X, utilise des jouets avec leur partenaire mais ils sont les premiers à critiquer se milieu. Nous ne faisons que fournir des services demandés par les clients. »

Il avait toujours trouvé cet état de fait amusant mais il n’était pas là pour faire la promotion de son entreprise, enfin si mais il n’avait pas abordé Astrid pour lui parler de toute la gamme de sextoys, film porno, dame de compagnies ou de plaisir qu’il avait en catalogue.
Il avait toutefois décelé dans sa partenaire qu’elle avait comprit pourquoi il était venu à sa rencontre et ne semblait pas y être opposé, ça en était presque trop facile mais ce n’était pas pour lui déplaire.
Lorsqu’elle fit tomber une goûte de champagne sur son bras en s’excusant, il ne lui en tint pas rigueur mais il profita qu’un serveur passe à coté pour reprendre deux coupes et en donner une à la demoiselle :

« Alors, racontez-moi que faites vous de beau dans la vie ? »

En vérité il n’en avait pas grand-chose à faire mais il fallait bien continuer la conversation pendant qu’il cherchait un endroit où ils pourraient aller :

« Et si vous me disiez ça en nous baladant ? »

Le but était de se retrouver à deux de manière plus intime, l’hôtel où avait lieu la réception était énorme et il y avait pas mal d’endroit où aller pour conclure car il comptait bien conclure sur place.

Dans le fond, il n’avait pas tort. Nous vivons dans une société hypocrite. Le porno est en libre accès, les sex shops remplissent nos rues, les pubs de femmes aux seins gigantesques et aux culs plastifiés s’enchainent à la télévision et nous espérons croire que tout le monde est pure chaste et innocent. Pour avoir un monde pervers, il faut un public de pervers. Astrid sourit à sa tirade. Elle était complètement d’accord. Le père d’Atsushi avait fait fortune dans le milieu, c’était bien la preuve que ça marchait. Alors pourquoi s’en cacher? Et bien, parce que ça fait mieux. Elle était la première conséquence de cette univers d’hypocrite. Son père voulait montrer sa petite fille parfaite sous tous les angles et « supposée » vierge, parce que c’était ça qui vendait. Une famille bien, une famille posée, une famille avec des principes. Pas de sexe avant le mariage, que du missionnaire ennuyant et une pipe pour les anniversaire. Voici la définition d’une vie sexuelle accomplie selon la famille Grace. Ennuyant.

Astrid avait toujours cru que c’était ce qui l’attendait elle aussi, qu’elle aurait un mari à ses 25 ans, qu’elle aurait des enfants à 30 et qu’elle ferait une bonne petite mère au foyer au joli petit cul pour se pavaner devant ses collègues de son homme, parce qu’on l’avait élevé à devenir cette femme. Mais elle finit par en décider autrement, prendre des décisions par elle-même, s’expatrier au Japon. Meilleure décision de sa vie. Maintenant, elle se faisait baiser par des inconnus dans ses toilettes de salle de réception et fricotait dans les cafés mais au moins, elle ne s’emmerdait pas. Mais elle ne fit pas part à son interlocuteur de ses réflexions. Elle se contenta d’acquiescer en le regardant parler. « Je pense qu’on pourrait faire un exposé sur l’hypocrisie de notre monde actuel. D’autant plus dans cet endroit. »

Astrid ne pouvait pas vraiment commencer à parler de sexe en plein milieu d’une réception mondaine, beaucoup trop risqué. Le sujet était pourtant fortement intéressant, pour une fois qu’elle trouvait quelqu’un qui semblait avoir un peu de conversation sur un sujet autre que les petits fours et les associations de lutte contre la faim/les enfants malades/ la déforestation et le PIB du Japon. Mais elle devait se ressaisir, ce sujet ne pouvait pas vraiment être abordé en public.

Atsushi avait quand même l’air d’un beau parleur. Sa façon  de se mouvoir, son franc parlé, ses sourires ravageurs. Astrid voyait bien son petit jeu, qu’elle ne détestait pas d’ailleurs, mais elle voyait bien. Il n’avait aucun geste déplacé, non même de drague mais elle sentait comme un tempérament, comme une suggestion dans sa façon d’être.

« Je suis médecin. » Ca l’intéressait mais sans l’intéresser. « Vous savez quoi? Vous voulez vous balader? Invitez moi à danser. »

Oui, il était le mâle dominant de toute la salle s’il voulait, il était viril et masculin. Mais face à la danse, certains hommes se voyaient déstabilisés et c’est exactement ce qu’elle voulait. De plus, être tout près de son corps n’allait pas forcement lui déplaire. La musique était lente mais rythmée, parfaite pour un slow. Astrid récupéra les coupes à peine bu et les déposa sur un plateau. Elle fit un clin d’oeil au serveur. « Gardez les précieusement, nous revenons après. » Puis elle entraina Atsushi sur la piste. Amusée par la situation, elle l’attira délicatement vers elle et passa ses bras autour de son cou, elle gardait tout de même une distance de sécurité pour paraitre innocente mais la danse restait beaucoup plus intime que près des petits fours. Ils allaient pouvoir discuter sans être déranger.