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L’analyse est fascinante. Regarde, ici, il y a des fragments d’ADN connus mais cette partie… c’est…—
Du silicium… et sa structure est beaucoup trop géométrique pour appartenir à une forme de vie biologique. Ça veut dire que cette fille…—
Elle était artificielle ? Partiellement ? Une sorte de cyborg mais… l’intrication entre cellule et circuit à été effectuée à un niveau très bas. Ce n’est pas juste un collage.—
Avec l'échantillon qu’elle a laissé, on devrait pouvoir reconstituer son génome… ou son code. Au moins une partie.Les choses avaient bien changé depuis que les jumeaux avaient faussé compagnie à leur père. Fini de se cacher dans le sous-sol familial. Peter et Stella avaient maintenant leur indépendance complète. Il leur avait suffit de vendre quelques brevets pour pouvoir acquérir argent comptant un grand terrain vague au nord de Seikusu. C’était… toujours depuis un sous-sol, mais cette fois le leur, qu’ils opéraient à présent.
Bien sûr, cela faisait aussi plusieurs années qu’ils avaient quitté le lycée, pour se consacrer à leurs projets personnels. Leur nature n’avait pas changé, ils étaient toujours aussi dispersés que par le passé. En revanche, leur éthique et même parfois leur légalité posait souvent question. En l’espace d’une demi-décénie, les jumeaux étaient devenus des savants que de nombreux héros auraient rêvés de mettre derrière les barreaux… s’ils avaient eu connaissance de leurs agissements. Ce qui expliquait qu’ils évitaient autant que possible d’attirer l’attention sur leur quartier général.
Plus précisément, les Valdur se consacraient à la protection de la Terre vis à vis de ce qu’ils désignaient comme « les menaces externes ». Ils avaient déployé dans toute la ville des capteurs et même des drones mobiles dans l’objectif de repérer tous les êtres surnaturels qui y pénétraient. Autant dire qu’ils étaient nombreux ; plus nombreux encore que ce qu’ils avaient pensé. Beaucoup trop nombreux pour qu’ils puissent intervenir sur tous les cas sans s’exposer. Mais ceux qui les intéressaient le plus étaient les entités extradimensionnelles : des individus qui portaient en eux la marque d’une réalité différente. Ils étaient les dangers les plus imprévisibles, mais aussi les sujets d’étude les plus intéressants.
Un mois avant, ils avaient détecté une telle signature à Seikusu. Hélas, le temps de l’appréhender, la créature — d’apparence féminine — avait filé, en faisant d’ailleurs usage d’une technologie au moins aussi avancée que celle des jumeaux. Elle n’avait laissé derrière elle qu’un cheveu. Cheveux qu’ils avaient alors disséqué pendant de longs jours pour tenter de reconstituer la nature de la visiteuse.
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C’est intéressant. Le code semble incomplet. Je ne pense pas que ce soit une dégradation de l’échantillon… il manque des zones complètes, plutôt comme si…—
Comme si quelqu’un n’avait pas terminé le travail. Ou alors comme si on avait coupé une partie du code en deux. Tu penses que ce serait la moitié d’un tout ?—
Aucun idée Peter ! Mais ça m’excite grave !Ils étaient arrivé à la conclusion qu’ils ne pourraient pas malheureusement comprendre la teneur du mystère sans davantage de matière à analyser… Bien sûr, l’idéal aurait-été de capturer un spécimen entier. Ils disposaient de quelques outils qui augmentaient leurs chances.
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Maintenant qu’on a sa trace dimensionnelle complète, on devrait pouvoir la traquer où qu’elle soit. Je vais activer la balise… Oh…—
Mince… Elle est quand même très loin de la Terre… Hors de question qu’on aille là-bas pas vrai ? Mh ! On pourrait essayer d’augmenter un peu la sensibilité ? Ça nous permettrait de trouver des individus de la même dimension qu’elle.—
Ouais ! Alors… Oh !—
Ooh…*
* *
C’était un immeuble défraîchi du quartier de la Toussain, converti en hôtel. Le propriétaire était un vieux coréen qui ne posait jamais de question aux visiteurs de passage. Criminels, vagabonds… tous pouvaient y louer une chambre, pour peu qu’ils aient un peu d’argent et pas de phobie excessive des insectes.
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Il est à l’intérieur. Il n’y a pas de caméra dans l’hôtel, mais j’ai un drone qui l’a filmé quand il est entré. Il ressemble à un jeune homme.—
J’ai une idée d’approche. Je vais me mettre en tenue.—
OK. Je prépare le périmètre en cas de perte de contrôle. Amuse toi bien !Cinq minutes plus tard, on frappait à la deuxième porte du dernier étage (les chambres n’étaient même pas numérotées). Sur le pas, il y avait Stella. Elle portait des
vêtements inhabituels : un haut court qui laissait voir son nombril, et une mini-jupe aux motifs tartans. Elle avait des collants qui montaient jusqu’aux genoux, et ses cheveux blonds étaient attachés en queue de cheval. C’était le genre de tenue qui, dans le quartier, n’était portée que par les prostituées.
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Salut ! Le patron m’envoie pour prendre soin de toi ! T’inquiète, la première est pour la maison !Ce n’était pas inhabituel du tout que des travailleuses du sexe démarchent dans ce type d’endroit. Stella espérait que le garçon ne se montre pas trop méfiant. Même s’il ne comprenait pas tout de suite, elle se débrouillerait.