Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Troisième Impact. [ Vanéalidé ! ]

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Lyan Rose

Terranide

Troisième Impact. [ Vanéalidé ! ]

vendredi 15 novembre 2013, 11:48:40

Il sonne. Qu'attends-tu ? Ta main va-t-elle se lever et enfin atteindre ce réveil qui ose t'extirper de tes rêves et cauchemars ? Tâtonne, tâtonne donc. Tu sens ce contact familier d'un bouton en fort piteux état. Tu appuies, rien ne se passe. Ta main se ferme, ton poing s'abat sur le bouton en question. Fin d'une gracieuse mélopée emplie de poésie et d'amour envers l'utilisateur. Allez, debout. Sans doute tu aurais préféré le réveil à la lumière de l'aube, accompagné du chant des oiseaux, dans un petit lit douillet et bordé par un majordome ? Conneries. On sait que tu n'es pas de ce genre-là. Toi, le procureur trop con et trop têtu pour obtenir la moindre promotion, et pourtant assez intelligent et efficace pour être reconnu comme parmi les meilleurs dans cette profession au Japon.

Fauché, donc, comme tous les matins. Ce qui explique l'appartement dont tu as du mal à payer le loyer, le maigre canapé qui te sert de lit et le vide dans la gamelle de ton chat, qui dort paisiblement. Quand arrive le prochain jour de paie ? D'ici quelques jours, sans doute. Ton estomac grogne, mais tu sais que tu n'as pas grand chose à bouffer dans ton frigo. Tu te marres comme un con. Tu ris de ta propre misère. Toi qui avais tant il y a encore quatre ans, te voilà sans rien de nos jours. Combien de dossiers as-tu refusé cette année ? Beaucoup trop. Tu n'as pas atteint ton quota. Tu vas encore entendre parler des gens du Bureau d'Investigation. Allez, bouge ton gros cul. Ouvre-moi ces putain de rideaux, et va te doucher.

L'eau est froide, comme tous les jours. Tu n'as pas payé la facture, encore une fois. L'eau et la mousse qui s'échappent de tes cheveux sont noires. La teinture n'a pas encore totalement dégorgé. Tu trembles et tu grognes. Tu n'as jamais vraiment été matinal, n'est-ce pas, procureur Lyan Rose. C'est pour ça que tes griffes ont entamé ton cuir chevelu. Maladresse matinale. Ton pied vire le rideau de douche d'un trait, pendant que tu sors. La première serviette qui vient va couvrir ton entrejambes comme un pagne, la deuxième finit sur tes épaules. Ton reflet t'accueille, comme tous les matins. Ce reflet que tu hais, mais que tu aimes tout de même.

Oui, ce reflet est le tien. Ces cheveux d'un noir légèrement bleuté, mi-longs et raides, ce sont bien les tiens. Ces yeux d'un vert émeraude, ce sont les tiens. Oui, même cette pâleur fantomatique, ce teint de neige, tout cela te représente. Dans un réflexe, tes doigts griffus passent sur ton cou et s'arrêtent sur un petit bout de métal incrusté à la base, juste au-dessus de ton épaule gauche. Ils continuent doucement et tracent lentement la cicatrice sur ton torse, cette croix inversée qui sépare tes deux pectoraux. Au final, ton corps n'est pas en si piteux état que ça. Malgré une maigreur que tu ne pourrais jamais cacher, tu gardes une musculature assez fine mais présente. Tourne-toi donc et admire les rayures blanches dans ton dos. Celles-ci, avec tes griffes et tes canines, prouvent ton appartenance à une race qui ne vient pas de cette terre. Car tu ne viens pas d'ici, quart de tigre.

Ah, reliques du passé. Ces rayures qui étaient noires auparavant. Ces cheveux qui étaient blancs il y a encore quelques semaines. Ce bras gauche, qui ne devait jamais pouvoir bouger de nouveau il y a encore deux mois. Cette jambe droite, réputée paralysée depuis un an. Et surtout toute la partie gauche de ton visage, déformée, qui est revenue à la normale. Le progrès de la science ne s'arrête jamais, surtout pas chez les tekhans. Te voilà ressuscité, tel le Messie. Et pourtant, tu ne t'es jamais senti aussi mort.


__________________________________

Il s'y trouvait. Au Palais de Justice. Il tâtonnait, il s'agrippait au murs, toussait et vomissait du sang. Il tombe inconscient, une jeune femme aux cheveux violets et au teint très sombre le ramasse. Il se réveille et la voit. Ils discutent, en apprennent sur l'un et l'autre. Non, dit sa raison. C'est une criminelle. Oui, dit son coeur. C'est une femme. Au final rien ne se passe. Il est parti, comme un autre. Il attendait dans la rue, assis, et il chantait en attendant son retour. Le porteur attend ici, seul sur la colline de ses regrets. Jamais il n'a fui, jamais il n'a été compris.

Il s'y trouvait. Dans ce vieux parking miteux. Il attendait, il fumait sa clope, patientait et ruminait le passé. Il la voit enfin arriver, une jeune femme au teint pâle et à la beauté non dissimulable. Il est là pour couvrir leur dossier. Non, dit sa raison. Ce sont des yakuza. Oui, dit son coeur. Tu n'es plus à ça près, tu as laissé une criminelle s'échapper. Au final il accepte. Il s'est engagé, comme un autre. Il a brûlé les preuves. Il attendait dans son bureau, assis, et se tenait la tête en se maudissant pour ce qu'il avait fait. Le porteur attend ici, seul sur la colline des remords. Jamais il n'a fui, jamais il n'a été victorieux.

Sa démission se trouve dans le casier de son supérieur. Il ne peut plus continuer à servir la Justice après avoir assuré une couverture pour des criminels.


Bad Ending.

J'ai toujours la sensation d'émerger la tête de l'eau après ces moments. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression d'y étouffer. Des rêves éveillés... oui, je pense que "rêve éveillé" fait un peu plus sérieux que mon hypothèse sur la question. Me revoir ainsi, dans une telle situation, dans un corps qui était mien il y a encore trois mois ? Conneries. Je sais ce que c'est. Mais bon, dire que je fais des rêves éveillés reste quand même plus crédible à expliquer aux collègues de travail que "Excusez-moi les gars, je revoyais le moi d'une réalité alternative en train de ruiner sa vie au lieu de se faire refaire à neuf par une Tekhanne rebelle !"

...Non, décidément, je ne me vois pas dire ça aux assistants.

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Continue donc ton chemin, ressasse les vieux souvenirs. Crois-tu vraiment que ça va te redonner goût à ton travail ? Non, tu ne le crois pas et tu t'en fous. Pas vrai ? Petit con, va. Fils d'une terranide et d'un humain. Un bâtard comme on n'en fait plus. Un pur, un vrai, au sens littéral du terme. Tu ne peux pas répondre de manière agressive quand on t'insulte ainsi. Sale bâtard. C'est tout ce que tu es. Un hybride qui ne pourra jamais se prétendre fièrement comme un humain, ni comme un terranide. Et pourtant, tu te voulais considéré comme un terranide. Pourquoi choisir la race la moins avantageuse là où tu habitais ? Un complexe d'Œdipe qui a mal tourné. Juste parce que tu as choisi de rejeter ton père, tout ce qui a pu t'arriver par la suite est arrivé. Juste pour une simple raison de gamin.

Alors, fier de toi ?

Allez, arrête de faire cette tête accablée. Evidemment que tu es fier de toi. Tu es si facile à comprendre ! C'est si facile de savoir qu'au fond de toi, tu ne regrettes rien car c'est grâce à tes erreurs que tu es devenu ce que tu es. Regarde-toi, un pauvre crétin qui a mis trente ans de sa vie à comprendre que les chats ne parlaient pas, trente ans que tu as mis avant de comprendre que tu pouvais parfaitement comprendre et parler avec les chats, tigres et autres félidés. Un couillon qui découvre ses capacités comme un pré-pubère qui découvre les joies de l'érection. Et procureur assigné à Seikusu, par la même occasion. Ta chère maman serait fière de toi, si tu n'avais pas fui le domicile familial.

Oh, tu peux toujours plaider non-coupable. Personne ne t'écoutera, toi seul peux te faire croire que tu étais sorti de chez toi torse-nu juste pour faire quelques courses pour papa et maman. Non, la vérité c'est que tu as fui. Comme un lâche.

Et que tu ne peux pas te le pardonner.

Allez, ressaisis-toi, Ducon. T'es devant ton bureau et ta chère assistante est déjà en train de bosser pour toi.





- Ah, Lyan... euh, je veux dire, procureur Rose...
- Laisse tomber les formalités, Purity.

Cette fille, je vais l'expliquer pour ton public, est celle qui t'a sauvé la vie. Purity An'Stream, une jolie irlandaise venue tout droit de son pays d'origine pour finir ses études de japonais ici. Une jolie irlandaise qui a fini par se retrouver assistante rémunérée du procureur Rose après quelques petites péripéties telles qu'un quart de tigre en train de crever dans une ruelle sombre du quartier de la Toussaint, plusieurs procès où son intervention fut bien plus qu'utile et bien d'autres. Et pourtant, elle a cet air morose. Non, pas vraiment morose. Déprimé, au bord de la folie. Et toi, tu sais pourquoi et tu partages cette souffrance. Tu n'as pas aussi mal qu'elle, mais tu en es touché également.

Tu ne voudrais pas en parler, on le sait. Cependant, les lecteurs ont le droit de savoir. Ce qui a plombé l'ambiance de ce qui aurait pu être un couple. La fausse couche de Purity. Elle qui portait tes enfants, elle a perdu les deux à la fois. Et c'est de ta faute. Et il s'agit encore une fois d'un cas de conscience qui te pèse lourd.

Et tu ne peux pas te le pardonner, encore une fois.

Tu esquisses un petit sourire gêné. Elle est la seule à savoir d'où tu viens, qui tu es réellement, et ce qui s'est passé pour que tu retrouves le corps que tu avais avant. Elle seule sait tout cela. C'est pour cela que tu ne veux pas la perdre. Bien plus que celle qui t'a sauvé la vie, bien plus encore que celle qui a réussi à te rattacher à l'espoir de vivre un jour... c'est celle qui peut comprendre tes problèmes d'identité et tes tourmentes les plus surnaturelles.

- Alors, de nouveaux dossiers ?
- Cinq plaintes pour harcèlement sexuel, deux pour coups et blessures et une plainte pour vol à main armée.
- Laisse tomber ça, renvoie ces dossiers à un autre procureur.

Elle baisse la tête et se mord la lèvre. Elle se doutait bien de cette réponse, venant de toi. Allez, essaie de rattraper le coup. Change le sujet comme tu peux, avant que les larmes ne lui montent aux yeux. Avant qu'elle oublie qu'elle t'a pardonné. Rappelle-lui le coté heureux de cette fausse couche, d'une manière ou d'une autre. Un long silence qui pèse lourd. Un très long silence. Un silence qui en devient extrêmement gênant, autant pour toi que pour elle. Un silence brisé enfin par ta voix rocailleuse :

- Des nouvelles de Razel ?

Un petit sourire nait sur ses lèvres. Razel est ce jeune gosse de onze ans qui s'est retrouvé par hasard dans le bureau du procureur Rose, en attente de jugement. Un petit virtuose du vol à la tire, pris la main dans le sac par un marchand lors d'un marché. Un gosse que Lyan le grand procureur avait innocenté sans remords, puis considéré comme une sorte de fils adoptif. Lorsque Purity t'a demandé pourquoi tu avais assuré un alibi au gamin, te souviens-tu de ce que tu avais dit ? Ce que tu avais dit, très clairement, était qu'il te rappelait toi, il y a encore trois ou quatre ans. La légende du voleur au modus operandi parfait, Looter Phazer.

Un boulot que tu t'apprêtes à reprendre, d'ailleurs. Maintenant que tu es en état de recommencer à piller des banques et des musées, tu peux de nouveau contacter tes revendeurs et te fournir de nouveaux indics. Tu avais d'ailleurs promis à Razel de l'embaucher comme indicateur, moyennant finances. Trop jeune pour passer sur des erreurs de jeunesse ? Petit con, va.

Le silence s'était de nouveau installé, mais le sourire n'avait pas quitté les lèvres de ton assistante. Au bout d'un certain temps, elle répondit avec un ton maternel.

- Il a appelé il y a environ une heure. Il passera sans doute au bureau pendant la journée.

Tu t'étais assis à ton bureau, les yeux fermés. Tu te balancais doucement, les pieds sur le bureau. Personne ne serait là pour t'emmerder à propos de ça. L'avantage d'être en haut dans la hiérarchie : personne pour t'engueuler, mais tout un tas de monde à faire chier. Réparer les conneries des autres, ça commence à te connaitre. Si rien n'était arrivé, tu serais encore là à brailler des directives sans la jeune femme pour te supporter tel que tu es. Un petit con, c'est tout ce que tu es. Le con de service, qui s'en va regarder chez les autres où se trouve le bonheur pour pas grand chose. Tu n'es pas capable d'appliquer ce que tu apprends sur ces gens, de toute manière. Donc tu restes là, à faire un boulot dont tu n'as plus rien à foutre et à faire acte de présence. C'est comme tout boulot, te disais-tu avec justesse.

Trop payé pour ce que tu y branles, pas assez pour ce que tu t'y emmerdes.

Essaie de regarder ailleurs, un peu. Sur ce parterre de fleurs, six étages plus bas. Ou encore à travers la vitre, où une jeune femme travaille dur. Sa chevelure argentée, tu la connais bien. La procureur albinos, Kallen Evans. Celle qui s'est présentée comme ta rivale en arrivant dans la profession. Elle qui te prenait comme un modèle à dépasser, comme elle a été déçue en voyant que tu passes le clair de tes journées à ne rien foutre. Elle, elle bosse d'arrache-pied pour rétablir la justice. Et toi, tu ne crois plus en cette justice dont on te fait un tel étalage au boulot. Un procureur désabusé ? Oui, un peu. Mais avant tout quelqu'un qui a pris la vie comme une perte de temps. San pour autant vouloir la perdre dans un accident con et autres meurtres ou suicides. Que sais-tu vraiment de la vie, Lyan Rose ? Qu'as-tu vécu, toi ? Qu'est-ce qui t'a fait prendre la vie comme quelque chose qui n'est pas nécessaire pour vivre, petit con ?

La réponse se trouve dans ton passé, sans doute. On en vient à ton passé, et tu t'enfuis. Les deux pieds avant de ta chaise retombent lourdement sur le sol, et tu prends un dossier dans la pile de la corbeille. A la grande surprise de Purity et de Kallen Evans, tu commences à le lire sérieusement. Une affaire banale à Seikusu, harcèlement et violation de la vie privée. En d'autres termes, un stalker. Ta main se balade sur l'échiquier et positionne les pièces comme il le faut. La victime, la Reine blanche. Le stalker, le Roi noir. Toi, le Roi blanc, et tous les autres auxilliaires avec le reste des pièces. Au final, tu te retrouves avec les cinq témoins comme pions blancs, l'avocat de la Défense en Cavalier noir, Purity en Tour blanche et Kallen Evans en Tour noire. Il ne faisait aucun doute qu'elle tenterait d'intervenir dans l'enquête pour te retirer de ta position. Il te reste deux pièces en main : le Fou noir et le Fou blanc. Tu ne sais pas où se positionnerait Razel sur cette affaire. Il est temps pour toi de commencer l'investigation virtuelle avec le plan.

Le temps de monter ton plan en tête, la procureur albinos se trouvait dans ton bureau, un grand sourire sur les lèvres. Tu ne saurais dire sur ces lèvres si ce sourire est sarcastique ou simplement un signe de joie. Il te faudra attendre qu'elle prenne la parole, de sa voix calme et un peu irréelle, comme masquée par la fumée. Tu ne saurais quoi dire, donc tu attends qu'elle parle d'elle-même. Elle finit par s'adresser à toi, toujours avec ce sourire :

- Monsieur Rose, vous travaillez ? Que nous vaut ce miracle ?

Tu sens dans sa voix non pas du sarcasme ni de la joie authentique. Juste un soupçon de taquinerie, avec un peu d'intérêt envers le fait que le procureur le plus feignant du Japon se mette au boulot.

- Rien de spécial, je suppose. Une envie, comme ça. Et que nous vaut le miracle de voir mademoiselle Evans autre part qu'au milieu de ses dossiers ?
- Pause clope. Il faut bien savoir sortir le nez du travail, de temps en temps.
- Je vous accompagne. Je n'ai pas une telle faim pour le boulot non plus.

Elle appuie sur le bouton de l'ascenseur, et tu remets ton veston négligemment. Tu fouilles dans tes poches pendant un peu de temps, puis tu retrouves ton paquet de clopes et ton feu. Pourri, silencieux et brisé. Ces trois termes te viennent en tête automatiquement. Tu n'en as pas fini avec ton passé. Pas encore. Dans un petit bruit de sonnette, les portes s'ouvrent sur la cage d'ascenseur. Dans un élan de galanterie, tu lui fais signe d'entrer en première. Avec un petit signe de tête, elle entre et tu la suis. La descente se fait avec toi, les mains dans les poches et adossé à la paroi, et elle, les mains dans le dos dans une posture un peu plus décontractée que d'habitude. Avec un sourire, tu analyses sa position : la jambe droite raide et la jambe gauche légèrement pliée. Tu avais également ce genre de position il y a trois ans de cela, quand tu n'avais pas encore rencontré Hiro Atayoshi.

Si tant est qu'elle ne rencontre pas d'avocat prêt à se venger en la torturant et manquant de la tuer, elle finirait comme ce que tu aurais pu devenir si rien ne s'était passé.

La porte s'ouvre sur le froid de l'extérieur. Tu allumes ta clope, et tu tends ton briquet à la procureur qui s'asseoit sur un banc. Silence pendant quelques secondes, avant que la jeune femme s'intéresse à ton cas en particulier. Oui, elle s'intéresse à toi. Ou plutôt, à un seul aspect de ta personne.

- Lyan Rose, 31 ans... Reconnu comme le procureur qui aurait pu devenir le plus talentueux du Japon s'il était intéressé un minimum à son travail. On note une perte d'intérêt au bout de deux ans de travail, suite à une longue période d'arrêt dont il revint métamorphosé physiquement et mentalement. Qu'est-ce qui vous a changé comme ça ? Pourquoi ?

Tu tires une longue bouffée sur ta cigarette, avant de l'expirer tout en tapotant le bout de ta clope pour en faire tomber la cendre. La question te semble claire, et pourtant il t'est difficile d'y répondre. Tu laisses la fumée s'éparpiller avant de répondre par une autre question, d'un tout autre genre.

- Connaissez-vous l'affaire RM-2 ou l'affaire Koga ?

Elle hoche la tête de manière affirmative et se met à en parler comme si elle y avait été elle-même. L'affaire pour meurtre dont la fin de procès demeure mystérieuse, impliquant le tueur en série "J", un tueur à gages de l'époque. Le procès est connu comme le premier procès perdu par le procureur Lyan Rose, et l'affaire qui a fait disparaitre l'avocat Hiro Atayoshi durant six mois. Personne n'avait été vainqueur dans cette histoire. Et toi, tu hoches la tête d'un air entendu. Oui, aucun vainqueur. C'est comme ça que tu ressens les procès maintenant. Personne ne pourrait décrire l'affaire mieux que toi ou Hiro, c'est pourquoi tu te permets de rajouter une question à la première question.

- Vous croyez au surnaturel, mademoiselle Evans ?

Avec un rire, elle répond de manière un peu gênée.

- Le bureau reçoit assez de plaintes étranges pour que je n'y croie pas. Vous savez aussi bien que moi ce dont je parle. Incendies aux endroits les plus improbables, rapports concernant des faits étranges... la ville de Seikusu a son propre bureau de procureurs à cause de tout ce qui s'y trame depuis quatorze ans.

Alors tu te sens prêt à lui raconter ton histoire. Ta vie en quelques mots, en sorte. Du moins, c'est ce que tu aurais aimé faire. Ta tête te tourne, tu t'asseois en hâte à côté d'elle en tentant de cacher ce qui te préoccupe. Tu feras tout ce que tu peux pour lui cacher ce qui va arriver d'ici peu. Tout ce que tu pourras faire sera fait pour ne pas lui montrer ce que tu t'apprêtes à voir.

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Il le retrouvait enfin, l'avocat à la chevelure blonde. Après tant de traque, il retrouvait son antagoniste, son Nemesis. Il allait s'y confronter lui-même. Il ne veut pas rater cette occasion de le finir, finir ce qu'il avait commencé il y a deux ans. La cause de sa chevelure blanche, la cause de tous ses problèmes. Il allait enfin pouvoir en finir. Le tuer. De ses propres mains, le tuer. Il avait trouvé le timing parfait. Les deux hommes se confrontent de nouveau, sous les mêmes conditions.

L'un sera vainqueur et l'autre perdant. Ou bien il n'y aura pas de vainqueur en apparence. Gagner en apparence d'abord, en profondeur ensuite. Il se débat encore une fois, sort ses griffes et les plante sur le bureau. Il hurle ses objections. Il vit, de nouveau. Il perd, cette fois. Le véritable meurtrier est celui qui a failli le tuer. Il le retrouve à la fin, pour un face à face final. Son index gratte la gâchette. Une détonation. Il s'écroule par terre, devant son ennemi juré. Il est mort de la main d'un autre. Celui-ci devant lui n'était pas son ennemi, mais son complice depuis deux ans. Il l'avait sauvé en tentant de le tuer. Et voilà qu'il mourait comme sont abattus les traitres. Par derrière, juste devant son allié caché et la femme portant sa progéniture.

Les deux enfants finiront par venger leur père, sur la mauvaise personne. Tous deux ont perdu, il n'y a encore une fois aucun vainqueur.

Depuis le début, il traquait la mauvaise cible.


Bad Ending.

Il est rare que je fasse deux réminiscences en une seule journée. Celle-ci me montre que j'ai bien fait d'abandonner la chasse à l'homme avec Hiro Atayoshi. Celui qui m'a tué ici n'était pas l'avocat que j'ai traqué durant deux ans. Je déteste qu'on me tue dans mon dos. C'est ce genre de choses qui me donne envie de pouvoir revenir en arrière, arrêter ce conflit stupide. Arrêter le procès à temps pour la première fois, et ne pas faire de cet allié un ennemi. Oh, disgrace céleste ! Finir cloué à un mur, devant Purity et les deux enfants que j'aurais du avoir. Conneries... Tout ça à cause d'une chasse à l'homme. Tout ça à cause de mon instinct animal, recherchant la vengeance avant tout. Ah, si seulement je pouvais revenir en arrière. Comme j'aimerais pouvoir faire un retour dans le passé.

Ouais, remonter le temps. Comme Superman.

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Tu n'arrivais pas à comprendre pourquoi ça t'arrivait à toi. Pourquoi revoir des alternatives à ta vie, sans arrêt ? Au fond, tu le savais, mais tu ne voulais pas le savoir. Rattraper tout ce temps passé à ruminer, tout cela, tu en avais assez. Il était temps d'en finir avec tout cela. Fermer ton esprit à ces réminiscences. Mais comment ? Comment abandonner cet état d'esprit ? Comment en finir avec quelque chose que tu ne contrôles pas ? Plus tu y réfléchis, et plus la sensation d'avoir la tête dans un étau s'intensifie. Tu trouveras un moyen, d'une manière ou d'une autre. Mais comment ?

- Monsieur Rose ?

Ta tête se redresse. Tu étais en train de parler avec Kallen Evans, jusqu'à ce que la réminiscence arrive. Les mots te manquent, tu essaies de reprendre le contrôle sur tes pensées. Tu n'arrivais pas à te souvenir de quoi vous étiez en train de parler. De quoi était-il question, déjà ? Pourquoi tu n'arrivais pas à t'en souvenir ? Il te semblait normal de te rappeler de quelque chose d'aussi proche, et pourtant. Et pourtant, tu ne peux pas. Ouvre donc ces lèvres, tu inquiètes une jeune femme. Elle te regarde comme si tu étais un revenant. Rien d'étonnant à cela : tu as pâli, encore plus que d'habitude. Ta peau est quasiment blanche comme neige. Tu réussis tout de même à te relever sans vomir et à t'appuyer à l'une des colonnes de l'entrée, en fabriquant un sourire fatigué.

- Ce n'est rien, un peu de fatigue. De quoi parlions-nous, déjà ?
- Rien de bien important... et si on remontait ?

Elle désignait son mégot consumé en disant cela. Tu tires une dernière bouffée sur ta clope avant de la jeter négligemment dans le cendrier et tu tires la porte, invitant Kallen Evans à rentrer. Elle entre avec un petit hochement de tête, puis tu la suis tranquillement. Il est temps pour toi de bosser, après quelques mois de négligence. Comme ce terme te semble étranger, désormais. Une troisième personne monte en même temps que vous, et manque d'appuyer sur le bouton du neuvième étage. Là où tu crèches, en fait. Il a un petit sourire à ta vue et à celle de ta collègue et patiente comme vous deux, le temps que l'engin remonte jusqu'au dernier étage. Il remonte avec vous, donc. Tu regardes Kallen Evans, qui te rend un regard qui signifie en clair que tu vas passer un sale quart d'heure si c'est pour toi. L'ascenseur arrive à bon poste, et vous descendez tous les trois. La jeune femme retourne à son bureau, et tu as la sale impression de suivre l'homme monté avec vous. Lorsqu'il s'arrête enfin dans l'encadrement de ta porte, tu entends une voix tonitruante brailler, ou plutôt demander, un renseignement un peu incongru :

- C'est bien le bureau de Lyan Rose ? Où est ce fieffé connard ?
- Le fieffé connard est derrière vous, monsieur... monsieur comment, déjà ?

Il se retourne d'un bloc, et le sourire qu'il t'envoie n'est clairement pas du même genre que celui qu'il t'avait donné dans l'ascenseur.

- Excusez-moi, je m'y connais mieux en connerie qu'en physiologie. Je n'avais pas reconnu la carcasse... Il faut dire que vous avez changé, depuis quelques temps. Je suis Ivan Hankerk, responsable du Comité d'Investigation. Vous vous souvenez sans doute de mon service.
- Oh que oui, je me souviens de ce service. Merci encore pour le blâme. Quel dossier vous venez saloper, cette fois-ci ?

Un sourire qui s'étend, toujours aussi malveillant.

- Votre dossier à vous, M. Rose, votre incompétence est enfin jugée par nos agents. Dites-moi, Lyan Rose, combien de dossiers avez-vous traité le mois dernier ?
- Un, le minimum réglementaire.
- Et ce mois-ci ?
- Deux.
- Deux ?
- Deux. J'ai entamé le deuxième ce matin. Une affaire de harcèlement. Autre chose, M. Hankerk ?

Il se retourne en grognant et repart vers l'ascenseur, clairement emmerdé, sans même chercher à vérifier si oui ou non tu as commencé à traiter une nouvelle affaire. Sans te retourner, ton poing se lève en sa direction et laisse sortir un médius moqueur. Tu rentres enfin dans ton bureau et tu t'asseois tranquillement. Purity te lance un regard lourd de sens, auquel tu ne peux répondre que par un haussement d'épaules. Tes doigts parcourent la liasse de papiers devant toi et tu te décides à l'attraper après un temps de réflexion. Tout ceci contient les dépositions des témoins et la liste des preuves, que tu vas devoir relire en détail pour préparer le procès. Procès étant gagné d'avance, d'ailleurs. L'une des pièces à conviction s'avère être l'appareil photo du stalker, une autre étant ses aveux signés. Il n'avait pas été difficile de manipuler le stalker, par ailleurs. Promettre de lui rendre son appareil photo en l'échange de sa déposition était un coup bas, mais efficace. Tu relis donc le dossier en te fendant la gueule de manière, il faut le dire, assez malveillante.

Ah, ce rire que tu as maintenant en plus de ton rire "franc". Ce petit rire étouffé dans un souffle, pareil à celui d'une hyène. Ce que tu compares, avec ce même rire, aux bruits d'un asthmatique qui s'étouffe. En fait, pour faire dans le plus exact et le moins descriptible pour les enfants, on pourrait parler d'un rire semblable au bruit d'un aspirateur, suivi d'un hamster muet aspiré par ce même aspirateur qui tente de galoper pour remonter le tuyau.

Même si "aspiré par ce même aspirateur" est assez moche à dire, c'est vrai.

Tu relèves la tête, lentement. Et ce que tu vois te brise net. Purity continue de te regarder, mais dans ses yeux baignent deux larmes prêtes à tomber. Tu connais ces larmes mieux que quiconque, puisque tu en es la cause principale. Toil, Lyan Rose, procureur, crétin de première qui n'a jamais su regarder ses propres problèmes en face. Toi qui as toujours fui tout ton tas d'emmerdes. Fier ? Tu peux vivre une vie tranquille, toi. Même si cela signifie détruire la vie des autres au passage. L'existence. Voilà ce qui te pose le plus de problèmes : l'existence en particulier. Et c'est l'existence de deux enfants qui te pose ton problème actuel. Tu poses le stylo que tu avais pris, et tu commences à te lever. Tu n'as plus rien à faire ici, penses-tu à ce moment. Un homme n'a pas le droit de pleurer, mais une femme peut se l'autoriser. Si elle est seule. C'est ce que tu penses.

... Tu fuis ?

Tu penses que c'est une solution ?

Allez, suffit. Arrête tes conneries, et fais face à ces larmes pour une fois. Sans même être un humain, sois un homme, une fois dans ta vie. Même si ça nécessite de se forcer un peu, de remonter une pente très longue, de s'arracher le corps et ne finir qu'en lambeaux... comment savoir que tu es heureux sans avoir un peu de douleur de temps en temps pour te rappeler ce que c'est de ne pas l'être ?

- Purity...

Tu reprends ta place sur ton siège et tu essaies de chasser tes propres larmes. Un homme n'a pas le droit de pleurer. C'est à toi d'être fort ici. Et être fort, tu l'as enfin compris, c'est surtout ne pas être un lâche. Ne pas fuir. Ne jamais oublier, ou faire semblant d'oublier. Réfugie-toi dans ton passé si tu préfères. Repense à ce qui s'est passé, il y a trois mois. Ce qui a fait que tu as de nouveau changé. Ce qui a changé pour que tu deviennes plus fort, pour toi. Et pour elle. Pouvoir de nouveau manier deux flingues à la fois, pour pouvoir les traquer et effacer toute menace qui planait autour de vous. Tu ne veux pas, n'est-ce pas. Tu lâches donc quelques mots, le minimum vital. Ce qui aurait dû se passer, si rien n'était arrivé.

- Je sais à quoi tu penses. Mais même si on avait pu les faire naïtre, ils auraient grandi dans un orphelinat. Tu le sais aussi bien que moi.

Ta main glisse sur une pile de dossiers et dévoile celui que tu ne voulais pas voir maintenant. Ton propre dossier, celui qui a suivi le rapport du comité d'investigation après tout le raffût d'il y a deux ans, où tu avais révélé ton vrai passé en espérant silencieusement qu'on te croirait. Crétin. Quel terrien croirait à une histoire de monde parallèle empli de créatures en tout genre ? Tu avais rattrapé les choses en remettant une "véritable" version de ton passé, en insinuant que tu t'étais foutu de leur gueule la première fois. Ton deuxième blâme : au troisième, ta carrière s'arrêtera. Une version officielle bien utile, dans ce monde. Lyan Rose, procureur français venu au Japon grâce à une spécialité dans le droit international, mention spéciale pour le droit japonais. Enfant sans histoire, père mort à tes neuf ans, études difficiles pour cause de financement.

La vraie version est plus sombre, plus étrange et plus surnaturelle.

La vérité, tu te la repasses en tête, séquence par séquence. Un enfant de Nexus, fils d'un père humain et d'une mère terranide. L'enfant dont le père voulait cacher l'existence et dont la mère rejetait la responsabilité. Un enfant adultère, en sorte. C'est ainsi que tu as fini par atterrir dans une famille d'humains normale, avec quelques demi-frères et demi-soeurs. Un passé qui s'est bien terminé, ta mère adoptive t'ayant accueilli comme l'un de ses propres enfants. Tu avais grandi heureux, mais tu avais fui. Pourquoi ? Toi-même, tu ne t'en souviens plus. C'est à quinze ans que tu as fui, déchiré tes vêtements dans la fuite et t'es donc baladé dans la rue torse-nu. Sans savoir que tu avais de belles rayures dans le dos, montrant ton appartenance à la race des terranides, ne serait-ce qu'à moitié. C'est pourquoi tu ne t'es pas méfié quand on t'a proposé un boulot de libraire, payé deux pièces d'or par heure. Tu as accepté derechef, sans te douter que les chaînes et les menottes t'attendaient.

Toi, le quart de tigre, en esclavage. Ton sang n'a fait qu'un tour : tu avais étranglé ton esclavagiste bibliothécaire, avant de le dévorer vivant. Puis tu avais libéré les autres esclaves, et t'étais enfermé chez cet homme. Pendant trois ans, tu n'as pas bougé. Un criminel qui reste sur la scène du crime n'y revient pas. Cependant, aussi riche qu'il était, cet homme n'avait pas de provisions illimitées. Les réserves que tu avais trouvé dans la villa t'ont duré trois ans. Trois ans de solitude, trois ans à ne plus avoir un seul contact avec qui que ce soit. Il y a une différence entre la solitude choisie et la solitude forcée. Tu as du mal toi-même à réaliser comme tu avais souffert ainsi, durant trois ans. Tu espérais juste pouvoir sortir un jour. Et ne pas rendre le moindre soupçon, une fois qu'il ne resterait que les os du vieil homme.

Tu avais entendu trois coups secs à la porte, trois ans plus tard. La milice était là. Une affaire formelle, soit : mais tu as paniqué, et tenté de fuir une nouvelle fois. Tu avais entendu leurs cris lorsqu'ils avaient découvert un corps décomposé. Et tu étais déjà parti loin lorsqu'ils cherchèrent à retrouver le coupable. Tu n'étais déjà plus à Nexus, à vrai dire. Tu étais arrivé là où tu allais vivre : Seikusu. Tu tentais de fuir, tu étais totalement incapable de t'orienter dans cet endroit. Bon point pour toi, tes vêtements débraillés passaient inaperçus. Les gens te prenaient pour l'un des rares survivants du style grunge ou pour un SDF, selon les personnes et leur idéalisme. Tu vis enfin quelque chose de vaguement familier, en la présence d'un paquebot qui te rappelait très vaguement les bateaux du port de Nexus. Après une semaine à errer sur le pont et dans une cabine inutilisée, tu arrivas enfin à ta destination. Tu parlais avec les chats, ça t'évitait de t'ennuyer trop fermement. Arrivé sur les lieux, tu avais cherché un lieu où te poser. Un squat se présenta à toi.

Un squat, et un bâtiment qui t'appelait d'une certaine manière. Le bâtiment doté de plusieurs pancartes : "Université de Droit de Bordeaux". Tu n'eus aucun mal à apprendre la langue française, à la grande différence de la plupart des étrangers. Les chats t'aidaient, toi. Ainsi, tu pus suivre les cours, te faire des faux papiers, t'inscrire pour de bon et suivre le long cursus qui t'emménerait à ton objectif. Devenir procureur. Tu ne savais pas trop en quoi ça consistait, mais le droit international te fit comprendre que le procureur travaillait également sur le terrain à certains endroits. Notamment à un endroit dont le nom t'était familier : Seikusu. Tu avais fini tes études, gagné un peu d'argent... et tu t'étais payé le voyage aller pour le Japon. Tu avais fait ton année d'études, tu avais passé le concours, tu l'avais obtenu haut la main. Tout allait bien. Tu avais un peu de personnel sous tes ordres...

Et surtout, tu croyais encore en la justice. Aux coupables et aux innocents. Ce genre de choses qui te font marrer, maintenant. Tu avais essuyé la triste vérité le jour de ta première défaite face à l'avocat du diable, Hiro Atayoshi. Personne n'est innocent. L'innocence n'existe pas. Le monde n'est pas quelque chose où les choses sont soit noires, soit blanches. Et tu en avais payé le prix, six mois plus tard. La moitié gauche de ton visage, ton bras gauche, ta jambe droite, ton meilleur ami. Le prix que tu avais payé pour une victoire d'un procès et le triomphe de la sacro-sainte vérité était trop cher pour toi. Ton motif avait changé. De la justice, tu étais passé à la vengeance. Tu avais disparu des salles de procès en tant que procureur. Cependant, tu y étais resté en tant que spectateur. En espérant guetter Hiro Atayoshi à la barre, en bon avocat de la défense. Des mois passèrent, tu ne le revis jamais. Tu avais abandonné.

Celle qui t'avait sauvé, le soir où tu avais été laissé par ce même Hiro Atayoshi à moitié mort, dans une décombre en proie aux flammes, c'était Purity. Elle t'avait soigné comme alle avait pu, et pris soin de toi. Toi, tu étais devenu une autre personne. Un homme qui aurait dû mourir ce soir-là, mais qui continuait à survivre, animé par la haine à l'état pur. Personne n'est innocent, tu y croyais dur comme fer. Et pourtant, tu la trouvais innocente, elle. Tu avais voulu souiller cette innocence, et tu avais échoué. La nuit que tu avais passé en voulant la souiller n'avait que confirmé son innocence à jamais, et avait mené à ta paternité. Tu étais de nouveau heureux. Mal en point, mais heureux. Heureux, jusqu'à ce que tu finisses par tomber en embuscade. Un ancien détenu qui s'était évadé juste pour ta petite tête, un détenu qui voulait faire de cette tête une purée rougeâtre. Vous étiez tous les deux. Tu l'avais poussée, et encaissé toi-même la balle qui aurait dû t'être fatale. Tu avais descendu le détenu toi-même. Puis tu t'étais écroulé.

En te réveillant, ce n'était pas Purity mais une Tekhanne à ton chevet. Tu arrivais à bouger ton bras gauche et ta jambe droite parfaitement, et tout te semblait plus léger, plus facile. Tu étais de retour à tes trente ans. Elle t'avait opéré avec les moyens tekhans : une puce à la base de ton cou pour te maintenir en vie, et une cicatrice en croix sur ton torse pour les engins qui avaient ressoudé les os de ton bras, extrait les balles dans ta jambe droite et ton coeur et remis les nerfs de ton visage en place. Tes yeux, inexplicablement, étaient devenus verts dans la manoeuvre. Puis elle s'était enfuie en rechargeant la puce pour soixante ans, avant de placer un bouclier à résistance maximale autour. Même un dieu n'aurait pu détruire ce bouclier, disait-elle. Ta vie était donc assurée pour soixante balais de plus. Elle s'était enfuie, donc : elle ne supportait plus Tekhos. La tekhanne misogyne, qui ne supportait pas le régime gynocrate. Et qui t'avait sauvé la vie.

Venu avec une bonne nouvelle, tu te fis toucher de plein fouet par la pire des nouvelles à ton retour chez Purity : la chute lui avait fait perdre les jumeaux qu'elle attendait. Tu avais sauvé sa vie, mais pas celle des enfants. C'est là que ton nouveau credo fit émergence. Tes lèvres s'ouvrirent doucement, avant de prononcer quelques mots que tu allais répéter des centaines de fois.

- Ca suffit... pourquoi vouloir s'accrocher à tout prix ?

Et tu avais fui.

Et tu continues à fuir. Mets donc le nez dans tes dossiers, tant que tu peux encore. Distrais-toi encore avec Razel et Kallen Evans. Rien ne changera ton passé, mais tu peux encore changer ton futur. Profite donc de la mutation de toute ta magie, qui te permet d'effacer ta présence. Tu peux devenir invisible mais continuer à émettre des sons, soit... Tu peux faire en sorte que les gens sentent ta présence, mais ne peuvent savoir ce que tu fais ni ce que tu dis, soit. Tu peux effacer ta présence mais rester visible, comme si les gens t'ignoraient inconsciemment, soit. Mais tu n'as pas le don de changer le futur. Mais ça ne fait rien. Après tout...

C'est le but de cet écrit, non ? Changer le futur auquel tu ne vois qu'une condamnation par le destin.

Le temps passe, donc, parce que le temps doit passer. L'horloge tourne, lentement. Tout te parait long, et pourtant si rapide à la fois. Tu ne sais même pas ce que tu ressens, plongé dans tes pensées et ton passé. De la mélancolie ? Non, et pas de la tristesse non plus. Un peu une sorte d'amertume tranchante, si on peut dire. Tu rêves de pouvoir remonter le temps, alors que ta conclusion s'approche à grands pas. Mais ça ne fait rien, pas vrai ? Tu peux te jeter dans le vide, te faire truffer de balles, te faire découper en pièces... tu te relèveras, de toute manière. Parce que les milliers de petites machines dans ton organisme t'ont déjà sauvé plusieurs fois de morts certaines, et que la tekhanne avait été formelle.

« Lyan Rose, tu mourras dans ton lit le jour de ton quatre-vingt-onzième anniversaire. »

Et ta conclusion, elle se trouve dans le triple de ton existence actuelle. Tu as encore soixante piges à tirer, profite donc de ton immortalité. Ton futur, à partir de maintenant, c'est à toi de le changer par toi-même. Avec mon aide et mon talent de conteur, bien évidemment.
« Modifié: mardi 19 novembre 2013, 03:06:30 par Anéa »

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Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Lyan Rose

Terranide

Re : Troisième Impact.

Réponse 1 lundi 18 novembre 2013, 21:35:52

J'me permets d'upper salement comme un salaud, parce que j'ai l'impression que la nouvelle fiche est passée entre les mailles du filet. :D

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Lucrezia.H.Nietzsche

Humain(e)

Re : Troisième Impact.

Réponse 2 lundi 18 novembre 2013, 21:42:30

bonsoir monsieur le procureur o/



Anéa

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  • FicheChalant

    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : Troisième Impact.

Réponse 3 mardi 19 novembre 2013, 03:06:03

Namého ! C'est quoi ce double post de mes deux ? D:

Pour la peine, tiens, prends ça dans taggle !

*écrit la nouvelle balise*

J'aime very beaucoup. :D
File, now !





-En souvenir du bon vieux temps-

Lyan Rose

Terranide

Re : Troisième Impact. [ Vanéalidé ! ]

Réponse 4 mardi 19 novembre 2013, 11:05:31

Beuahahaha, c'est moi que je suis pionnier de la balise ! o/

Meeerci !

Et c'est ainsi que Lyan s'envola vers d'autres cieux, sur le dos de son toaster de compagnie. Et sans les mains, comme un badass.

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