Amanda Seyfried n’était pas n’importe qui. Elle était la fille unique des Seyfried, une très glorieuse famille germanique, qui avait eu la présence d’esprit d’immigrer en Angleterre lors de l’entre-deux-guerres, quand il avait été clairement démontré ce que, depuis des générations, les Seyfried ne cessaient de proclamer : on ne pouvait faire confiance aux Moldus. Les Seyfried avaient toujours eu une opinion politique très forte, ne comprenant pas pourquoi les Moldus dirigeaient le monde, et pourquoi les magiciens devaient se terrer. Les Seyfried militaient donc pour que le Ministère de la magie évolue, et que les magiciens prennent le contrôle sur l’Angleterre, ainsi que sur le reste du monde. Ils n’avaient jamais caché leurs opinions politiques, et étaient réputés pour être très proches des Mangemorts.
Quand le Seigneur des Ténèbres avait été vaincu, les Seyfried avaient fait l’objet d’un procès, poursuivis pour leurs opinions politiques. Mais on ne triomphait pas si facilement des Seyfried. Aaron Seyfried, son père, avait vaillamment su se défendre, en arguant qu’il n’existait aucune preuve, aucun élément, susceptible de rattacher sa famille aux Mangemorts. Aaron Seyfried confessait certes avoir une idéologie politique bien à lui, mais s’était déclaré horrifié par l’émergence d’une guerre civile entre magiciens. Les Seyfried avaient finalement été innocentés, mais, tout comme les Malefoy, ils étaient toujours considérés, par la plupart des autres magiciens, comme des Mangemorts ayant réussi à se glisser entre les mailles du filet. Et la vérité, c’était que Aaron Seyfried avait effectivement été un Mangemort.
Aaron voyait Voldemort comme un illuminé arrogant, mais, surtout, comme un mal nécessaire, car le seul ayant compris que les sorciers n’avaient pas à être inféodés aux Moldus. Les Seyfried, de fait, formaient une famille très pure, composée uniquement de sorciers depuis aussi longtemps que leurs arbres généalogiques remontaient. Germaniques de souche, ils avaient en eux cette mentalité aryenne qui avait été pervertie par les nationalistes-socialistes, et avaient adapté leur pangermanisme à la sorcellerie.
Amanda Seyfried, leur fille unique, avait donc grandi dans cet univers très conservateur. Elle avait bénéficié d’une haute éducation, marquée par un fort courant religieux. Les Seyfried étaient influents et puissants des deux côtés, tant du monde magique que du monde humain. Ils bénéficiaient en effet de multiples propriétés foncières, et avaient offert l’exploitation de leurs terres à des usines, à des compagnies, des coopératives agricoles... Ce riche patrimoine immobilier, historique, leur avait permis de s’enrichir considérablement, et aujourd’hui de vivre dans un grand manoir anglais datant de l’ère victorienne. Pour le dire simplement les Seyfried étaient immensément riches.
Partant de ce principe, Amanda était une jeune femme au caractère bien trempé. Entamant sa sixième année, elle avait rejoint les Serpentard sans aucune hésitation de la part du Choixpeau magique. Pendant toutes ses années, elle avait excellé, décrochant à chaque fois de très bonnes notes, y compris au redoutable cours des potions, où le Professeur Rogue vantait ses mérites. Mais, en ce début de sixième année, il manquait quelque chose à Amanda, quelque chose de très particulier.
Sa famille étant très religieuse, Amanda menait en réalité, lors des vacances, une vie très difficile, faite de frustrations, de moqueries, d’humiliations, et de brimades. Alors, à chaque début d’année, elle se montrait souvent violente, moqueuse, et très irritante. Le problème, c’était que, en couplant ces deux mois de frustration avec la puberté, Amanda était une boule de nerfs explosive. Cette situation avait précipité son choix de se trouver une servante, une femme sur qui elle épancherait toute sa frustration. Sexuellement parlant, Amanda était encore vierge, et elle trouvait ça d’autant plus insupportable que toutes ses amies avaient profité de leurs vacances pour s’envoyer en l’air. Elle, elle restait toujours avec sa chatte serrée, et était frustrée de cette situation.
Tout cela faisait un cocktail de raisons qui l’amenèrent, en cette fin de journée, à s’approcher d’une jeune femme qui révisait ses cours. Une gueuse qui insupportait Amanda, car cette pouilleuse, qui venait toujours avec des pulls trop grands, et des vêtements rapiécés, avait réussi à la battre l’an dernier à l’examen des Potions ! Le domaine de prédilection d’Amanda ! Et il avait fallu que cette petite pimbêche la coiffe au poteau ! Depuis lors, Amanda avait ruminé cela toutes les vacances, et avait décidé que ce serait
elle, l’heureuse élue !
Maggie Keeney, de son petit nom, était une Poufsouffle. Une maison de soumis, de nuls, et de Sangs-de-Bourbe... Comme Keeney ! Cette insupportable petite pute avait osé la ridiculiser ! À cause d’elle, Serpentard avait perdu une dizaine de points, et, à cause de ça, ils s’étaient retrouvés derrière Gryffondor au classement final annuel ! Une ultime humiliation pour Amanda.
Aujourd’hui, toutefois, Amanda jubilait, car elle avait découvert que Maggie était dans la merde. L’une de ses amies de chambre, qui avait une Poufsouffle comme soumise, lui avait rapporté une lettre de la petite Maggie. Cette correspondance faisait état des graves problèmes de santé de sa mère. Celle-ci était atteinte d’une maladie très rare, et, pour la soigner, il fallait une intervention auprès d’une clinique ultra-spécialisée en Suisse, mais pour la somme mirobolante de 15 000 €.
Une broutille pour Amanda, mais, pour Maggie, un mur infranchissable ! Et ça, c’était le parfait prétexte dont Amanda avait besoin !
Elle s’approcha donc de la table de Maggie, plongée dans ses livres, et se mit à côté d’elle, avant de se racler la gorge :
«
Hey, toi, là ! »
Elle se retint de l’appeler «
La-Gueuse », mais ne put s’empêcher de regarder cette sale mendiante qui l’avait ridiculisé avec mépris.
«
J’ai entendu dire que tu avais de gros problèmes financiers en ce moment... Je peux te passer l’argent dont tu as besoin. »
Amanda ne se donna même pas la peine de se présenter.
Il était impensable que cette souillonne ne la connaisse pas déjà !