« Zut, alors ! »Keira regardait, avec un certain désespoir, son bocal vide étiqueté "
psylocibe".
Plus tôt dans la journée, il fût porté à l'attention du Roi qu'un petit village au bord de la rivière, près de la capitale, était victime d'une malédiction. Les habitants faisait état d'un spectre, qui hanterait le port et provoquerait la putréfaction de tous les poissons. Une menace qui fût prise très sérieux, autant pour éviter la famine du village, dont la pêche était la principale source de nourriture, que le mécontentement de la cour, qui était friande de mets raffinés au poisson frais, dont ledit village était le fournisseur principal. Le Roi accepta donc de s'occuper du problème, et insista pour que tous les moyens soit mis en oeuvre afin de lever cette malédiction. Et c'est sur Keira que tomba cette responsabilité.
L'origine de ce type de malédiction était habituellement un esprit tourmenté, incapable de trouver le repos après une mort particulière, et qui se retrouvait donc à hanter le monde des vivants. La malédiction qui s'ensuivit ne pouvait être levée qu'après avoir libéré cet esprit, en apaisant sa tourmente. Ce qui était, généralement, beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Pour commencer, Keira avait besoin de contacter cet esprit, au cours d'un rituel à accomplir sur les lieux de la malédiction. Et, en cherchant parmi ses flacons, elle remarqua être à court de psylocibes, un ingrédient crucial au rituel. C'était un champignon aux propriétés hallucinogènes qui, lorsque préparé correctement, facilitait la communication avec les esprits. Seulement, voilà, elle n'en avait plus, et elle était bien embêtée !
Il ne s'agissait en effet pas d'un champignon ordinaire, que l'on pouvait acheter chez le premier apothicaire du coin. Bien au contraire, il n'existait qu'une unique forêt répertorié où l'on pouvait en trouver, Deadwight Wood, réputée pour abriter d'innombrables monstres, tel que des leshens ou des lycanthropes. La sorcière savait certes se défendre, mais la perspective de partir à la cueillette dans un endroit aussi dangereux, seule, ne l'enchantait absolument pas.
« Uh... »Keira soupira. Elle n'avait pas vraiment le choix. La jeune femme posa le bocal, puis elle se dirigea vers son bureau, et d'une simple formule magique, enchanta une plume posée dans son encrier. Elle se mit alors à énoncer sa requête, pendant que la plume notait ses mots sur un parchemin.
URGENT
Magicienne cherche un garde du corps aguerri pour un aller-retour à Deadwight Wood
Négociations et détails à discuter en face à face
Demandez "Keira Metz" au Palais Royal, cité de Vizima
Satisfaite, elle en réalisa plusieurs copies, et envoya ses laquais les placarder dans différentes tavernes et sur les places publiques. Il ne lui restait rien de plus à faire désormais, si ce n'était attendre les réponses, et espérer qu'il ne s'agisse pas tous d'incompétents. Elle quitta donc ses quartiers, et se dirigea vers les jardins royaux pour une petite balade.
Le lendemain après-midi, pendant qu'elle était concentrée sur un grimoire d'aéromancie, Keira reçut de la visite. Une jeune femme souriante entra dans son bureau, qui était richement fourni à l'image du Palais Royale, avec de la tapisserie, des étagères au bois noble et épais, des fauteuils en velours. La sorcière posa son livre et se leva pour l'accueillir.
« Oh, l'escorte, oui ! Entrez, entrez donc. Je m'appelle Keira Metz, enchantée. Asseyez-vous, je vous prie. »Souriante, elle lui indiqua l'un des fauteuils, avant de s'assoir sur le sien, face à son invitée. Elle la jaugea rapidement du regard, et décidant d'aller droit au but, elle entreprit de lui poser quelque questions.
« Bien ! Je dois me rendre à Deadwight Wood pour y cueillir certains champignons, et comme vous le savez, je recherche un garde du corps pour m'accompagner. Êtes-vous familière avec cette forêt, ses dangers ? »Keira marqua une pause, pendant laquelle elle scruta son interlocutrice de la tête au pied. C'était une belle femme, à n'en point douter, mais elle ne paraissait pas être le genre à occire du monstre pour gagner sa vie. Même si la sorcière savait pertinemment qu'il ne fallait pas juger un livre à sa couverture, elle ne pouvait s'empêcher de douter. Ou peut-être qu'elle s'attendait simplement à recevoir un mercenaire ténébreux aux muscles saillants, plutôt que l'arrivée d'une femme aussi mignonne. Elle poursuivit, donc.
« Dîtes-moi, qu'est-ce qui vous amène ici ? Avez-vous déjà complété des contrats similaires ? Comment comptez-vous assurer ma sécurité ? »Avant d'ajouter, en riant avec sympathie.
« Excusez-moi si je parais méfiante. C'est que, vous n'avez pas tout à fait la tête de l'emploi, haha. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Hum, souhaitez-vous boire un thé ? »