Les interviews étaient souvent vu comme des moments ennuyants, énervants, où la pauvre célébrité était harcelée de questions diverses, variées. Sur son travail, bien-sûr, sur ses potentiels projets par exemple, mais tout autant sur sa vie personnelle. Le peuple aimait, curieusement, savoir comment se passait la vie privée des gens qu'ils admiraient. Un espèce de besoin pervers, presque malsain mais qui avait donné naissance à un marché particulièrement juteux. Pas mal de paparazzis étaient prêts à tout pour récupérer une photo compromettante ou un scoop plus ou moins vrai pour faire exploser un énorme buzz et récupérer une coquette somme d'argent. Destin avait la chance de ne pas avoir droit à ce genre de personnes, bien plus occupés à s'attaquer à des stars de cinémas et autres chanteurs dont la vie était souvent bien plus mouvementée, en apparence, que celle d'un simple PDG vendant notamment de la grenadine. Mais de toute manière, Asmodée appréciait particulièrement tout ce qui était interview et rendez-vous télévisé. C'était très certainement le meilleur moyen pour donner une bonne image de lui. Et avoir une bonne image lui permettait de mieux se faufiler au sein de cette société étrange, de mieux se faire voir, et d'ainsi mieux attirer.
« C'est une très bonne question. » Commença-t-il, le sourire figé sur ses lèvres. « Néanmoins, vous devez déjà être au courant que je garde la localisation de mes ateliers secrètes. La réussite de ma boisson tient en des ingrédients de qualités. Et j'ai de nombreuses personnes qui aimeraient imités mon succès, je me tiens donc de contrôler la totalité de la chaîne de production. Nous récoltons et nous occupons de tout les ingrédients, avant de le vendre. C'est ce qui nous permet de garder une boisson bio, moins cher et surtout bien meilleure. »
Le prince récitait bêtement un texte basique qu'il répétait à tout le monde, à chaque fois que cette fameuse question revenait. Néanmoins, l'assurance qu'il mettait dans sa parole et le ton qu'il employait permettait de faire croire que cette phrase venait d'une profonde réflexion et que cela lui venait le plus naturellement du monde, retirant le côté plutôt désagréable d'un texte bêtement lancé, préparé à l'avance. L'Archange avait ce don pour la parole, allié à sa voix douce, à sa lenteur dans l'articulation de ses mots. Il prenait naturellement son temps, comme pour que le jeune homme profite de chaque mot lancé, du son s'échappant de ses lèvres. Tout en lançant cela, il gardait ses yeux océans posés sur le jeune homme. Il détaillait ses formes, ses traits féminins. Un léger pétillement d'envie vint allumer son regard, comme si un phare commençait à tenter d'attirer quelques navigateurs perdus à l'intérieur de ces deux lacs profonds, sans-fins.
Pendant quelques dizaines de minutes, les questions continuèrent. Bien-sûr, il y répondait avec toujours le même bonheur, comme s'il adorait parler de ce qu'il faisait. Et c'était le cas. Cette entreprise était un peu son bébé, et il avait prit un grand plaisir à le voir grandir et devenir ce qu'il est maintenant. Une véritable machine à fric, qui gardait néanmoins un masque d'entreprise familiale, offrant du bonheur aux petits comme aux grands. Destin raconta alors l'histoire de la "mort" de sa mère adoptive, et la création de la petite entreprise via l'héritage. Et vu que toute boisson avait généralement sa légende, il expliqua celle entourant sa grenadine. Comme quoi il avait prit goût à cette boisson basique en buvant par accident un verre en contenant, au lieu d'un vin de grande marque. Et que, de cette rencontre fortuite, était née un un goût particulier pour cette nouvelle boisson, sucrée, fruitée. Un truc un peu bête, mais qui arrachait des sourires. Rien, dans ce qu'il disait, dans sa manière de parler, d'agir, ne montrait d'avance les violentes pulsions qui animaient son être. Même s'il parlait ainsi d'un simple sirop, dans sa tête, il s'imaginait déjà faire subir les plus belles supplices à ce petit être présent devant lui.
« Tenez, vu que vous êtes là, je vais en profiter. Pour vous remercier de votre visite, et avant de continuer, goûtez donc ma nouvelle création. Hirabelle, s'il-te-plaît. » Dit-il, en regardant la servante toujours présente, qui observait la scène.
La jeune femme s'inclina respectueusement, avant de venir apporter une nouvelle bouteille. Cette dernière contenait de la grenadine, mais pas sous la forme d'un sirop à diluer, mais bien sous une forme "complète", de l'eau étant ajouté au mélange, donnant une bouteille totale. Le packaging était plutôt agréable, l'objet réalisé en verre, parfaitement ré-utilisable. Sur le devant se trouvait l'étiquette, au logo de la société qui était gravé à même la matière du récipient, comme pour rappeler à son acheteur d'où l'objet venait.
« Cette bouteille, comme vous pouvez le voir, contient le sirop déjà dilué dans l'eau. Néanmoins, l'énorme différence est que cette eau est pure, cristalline, et récupérée dans les plus beaux endroits du monde. Une eau d'une qualité rare, cher. Néanmoins, malgré tout, l'objet restera moins cher qu'une bouteille complète, permettant à un peu tout le monde de potentiellement testé la boisson avant d'acheter le sirop seul. Goûtez, je vous en prie. »
Le sourire toujours sur ses lèvres, la servante vint servir deux grands verres aux deux hommes, avant de leurs donner. Une fois le verre en main, Zabusa pût observer la qualité extraordinaire de la boisson. Limpide, transparente, une douce odeur fruitée s'échappait du tout, un simple avant-goût du bonheur gustatif qu'apportait ce sirop. Une qualité extraordinaire, presque surnaturelle selon certains.
« A cette délicieuse interview ! » Lança-t-il, dans un sourire jovial, tout en levant son verre.
Et voilà que le piège se refermait. Au moment où le garçon porta le verre à ses lèvres pour en goûter la boisson, qui devait très certainement être la meilleure grenadine qu'il avait goûté - après tout la qualité des ingrédients était tout bonnement parfaite, expliquant son prix -, il activa ses capacités. Un claquement de doigt silencieux, et voilà qu'il augmentait doucement le taux d'hormones sexuelles dans le sang du garçon. Pas assez pour le rendre excité, envieux. Ce n'était qu'une étincelle, qui allumait petit à petit un minuscule feu de joie, qu'il comptait bien mener à son paroxysme.