Chi-You observait tranquillement les réactions des renardes siamoises. Comme on aurait pu s'en douter, Tcha réagissait plus craintivement que Ma. Cette dernière reniflait, peut-être son flair lui permettait de savoir combien étaient ses opposants, à quelle distance ils se trouvaient... Et en effet, elle annonça un effectif conséquent. Avec l'esprit divin, elles se trouvaient à 1 contre 3. Cela la fit discrètement rire : au pire, elle aurait un bras par opposant, donc un match équitable, en fait. Ce qui n'était pas l'vis de Ma, qui serrait ses poings. Chi-You avait déjà vu cette réaction, chez de fiers guerriers forcés de reconnaitre leur infériorité. Voila qui était très intéressant, la renarde avait un esprit bien plus féroce que ne le suggérait son apparence. L'esprit aurait été bien tentée de voir ce qu'elle aurait pu valoir si elle était née une épée en main...
"Oh, ne vous inquiétez pas pour moi, j'adore me fourrer dans tout un tas de problèmes."Et oui... Chi-You cherche les ennuis. Surtout ceux qui se finissent les armes à la main. Que voulez-vous, après tout, elle était la guerre incarnée autrefois, au sein de son peuple... On ne lutte pas contre sa nature... L'esprit se laissa dépasser par les renardes, avant d'ajouter :
"Ma petite Tcha, tu devrais emmener ta sœurette à l'abri, quelques gifles ne suffiront pas cette fois."Sacrée Chi-You, toujours le mot de trop... Elle tendit les bras, et dans ses mains deux
sabres dao se matérialisèrent, sortis de nul part. L'esprit les fit tourner autour de ses poignets, histoire de s'échauffer un peu.
"Ne vous en faites pas, je suis dans ma période de bonté, et en plus je vous aime bien. Je vais assurer vos arrières."Les opposants s'étaient vite rapprochés dans cet intervalle de temps, à tel point que Chi-You parvenait à les entendre grogner. C'est sur, ils étaient nombreux, et pas de bonne humeur. Puis ils déboulèrent du coin de la rue, 6 tigres blancs, massifs, équipés d'armes somme toute assez sommaires : couteaux et bâtons, l'équipement classique des petites frappes venues régler leurs comptes. L'un d'entre eux se tenait plus en avant, visiblement le leader du groupe. Et à voir les contusions sur son visage, celui qui s'était fait corriger par Ma.
La meute marqua un temps d'arrêt en voyant Chi-You entre eux et leur proie. Ça, ils ne l'avaient pas senti. Il faut dire que le corps de l'esprit n'avait rien de biologique, il s'agissait plus d'une manifestation. Du coup, il n'avait pas d'odeur à proprement parler, qu'ils auraient pu humer dans l'air. Ils hésitèrent, consultant leur chef du regard quant à la procédure à suivre face à la crevette brune à deux sabres qui se tenaient devant eux. Chi-You prit la parole avant lui.
"Salut mon minet ! À voir ta bouille, c'est toi qui t'es fait étaler par ma copine Ma.
Écoute, on va la faire court : soit tu rappelle tes chatons et on en reste là, soit tu fais l'idiot et je vous colle une bonne raclée, déjà parce que je n'ai pas envie de vous voir abimer la renarde, et puis parce que je n'aime pas vos tronches."Si quelqu'un avait un doute sur la manière de Chi-You pour résoudre pacifiquement les conflits, qu'il se rassure : l'esprit espérait clairement arriver au résultat inverse. Après tout, elle a une forme de talent pour la provocation à tout va. Et ça ne loupa pas.
D'un rugissement puissant, le leader désigna Chi-You de sa lame, signe de la curée. Enfin, c'est ce qui aurait du arriver... Le premier tigre à arriver à portée vit son bâton être promptement tranché par les sabres de l'esprit, avant de sentir un pommeau s'enfoncer dans son ventre, lui coupant le souffle. Le second eu encore moins de chance, Chi-You le frappa sèchement du dos de sa lame à la truffe, lui arrachant un couinement de douleur. Les deux suivants tentèrent une attaque combinée, l'esprit dévia le coup de poignard et bloqua le bras de son attaquant sous le sien, pendant que son autre bras parait les frappes de l'autre tigre. Elle trouva rapidement une ouverture, l'entailla à la cuisse, et alors qu'il tombait à genoux, planta son sabre à travers ses vêtements dans le sol. Profitant que son opposant était immobilisé, son poing désormais libre frappa à la tempe le tigre au bras toujours bloqué, l’assommant net. L'avant dernier tigre connut le même destin, Chi-You para son attaque du sabre, et du poing l'envoya prestement au sol, inconscient. Finalement, elle lança son sabre au pied du leader, ayant liquidé sa petite troupe.
"Alors, petit minou, toujours partant ?"