Comme un signe annonciateur, l’iPhone de Shani diffusait une musique nationale,
Sex Appel de Sexy Sushi, que Shani adaptait, dans sa tête, à sa situation actuelle, tout en rejoignant le bar-terrasse situé près du lycée qu’elle venait de quitter.
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Le sex appel de la secrétaire... Me fait mouiller devant derrière... Ça va pas, Shani.*
Elle avait pourtant d’autres morceaux sur son iPhone, des morceaux nettement plus consensuels : Of Monsters And Men, David Bowie, Bruce Springsteen, les Red Hot... Mais, alors qu’elle venait enfin de quitter le boulot, après une dure journée, harassante (comme toujours), qu’elle avait enfilé ses lunettes de soleil, elle avait branché son iPhone, enfilé ses écouteurs, et avait envisagé de rejoindre un café, afin de s’offrir une tasse, en fumant une bonne cigarette. Un petit plaisir à la Française, autrement dit.
Ses pas la guidèrent donc vers un café faisant aussi office de bar, qui commençait peu à peu à se remplir. La jeune femme retira ses écouteurs, et ouvrit la porte. Le barman était là, avec un homme bronzé à côté de lui. Elle demanda à ce dernier si elle pouvait fumer sur la terrasse, et l’homme acquiesça. Au Japon, mieux valait se méfier, car la législation antitabac était très stricte. L’homme confirma donc, et elle demanda une Heineken, tout en allant s’asseoir sur la terrasse. Shani croisa alors les jambes, relevant un peu sa minijupe, et tira sur sa cigarette, savourant le soleil couchant, avec ce petit air frais revenant de la mer, qui soulevait légèrement ses cheveux.
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Oui, là, comme ça, c’est parfait...*
Derrière ses lunettes de soleil, Shani ferma les yeux, tout en se demandant si le barman voudrait encore qu’elle lui fasse une petite gâterie... Il fallait bien dire que Shani avait le don de déclencher les pulsions des hommes et des femmes. Aujourd’hui encore, au lycée, elle avait couché avec plusieurs élèves, et avec son supérieur hiérarchique, qui l’avait convoqué dans son bureau pour la prendre sur son fauteuil. Shani était ainsi, et elle avait depuis longtemps accepté en elle l’idée qu’elle soit un objet de fantasme. Bien entendu, elle ne savait pas que cela venait du fait qu’elle était la fille d’Eros, et que, à ce titre, elle émettait autour d’elle des pulsions divines qui renforçaient le désir que les gens lui portaient.
Toujours est-il que, pour l’heure, Shani était seule, ce qui, d’après son expérience, ne durait jamais longtemps...