Tu as mal. Mal aux dents. Mal aux canines en fait, très précisément. Tu as l'impression qu'elles ne savent plus sortir, ou rentrer. Tu as l'impression que si tu mords quelque chose, tes dents resteront toujours à la recherche de sang, sang que tu ne supportes plus et que tu vomis. La vie est simple, la vie est belle. Souris à la caméra, tu es filmée. Tu regardes l'appareil photo et le laisse tomber. Des images. Des photos, des vidéos. Du porno amateur ? On peut dire ça comme ça. Toi, entre autre. Un élève aussi. Quelle idée de baiser avec un élève, bon sang ? Tu sais pas ce qui te prend ces temps-ci, tu accumules les conneries et les mauvaises idées. Il faudra que tu te débarrassasses de l'élève. Les preuves sont écrasées. Tu allumes une cigarette, lentement. Tu ne sais plus si tu fumais avant ou pas. Tu t'es paumée toi même depuis quelques mois. Depuis ta dernière tentation. Tu as sucé, tu as vomis, et depuis tu te sens vieillir. D'ailleurs, tu parais une jolie trentenaire avec quelques rides plutôt qu'une belle jeune femme. Ca t'attriste pas mal. Ca ne t'était jamais arrivé jusqu'ici. Des siècles sans vieillir, le commencement est difficile. Est-ce que tu vas mourir ? Est-ce que tu es proche de la fin ? Tu vas être malade et crever dans un lit d'hôpital, abandonnée de tous. Voilà ce qui va t'arriver, ma belle. Tu grognes, écrases la cigarette, tourne, tourne encore. Tu ne sais pas trop comment gérer cette connerie. Tu te lèves, et tu attrapes tes habits de boulot. Tu y penses, tu finis par croquer dans un bout de chocolat.
Tu as pris du poids, putain ! Tes seins sont plus lourds, ton ventre un peu plus gras. Ouais, du coup, tu bouffes plus. Tu te sens comme une mannequin qu'on a affamé des années et qui retrouve sa liberté. C'est assez catastrophique. Tu allumes un nouvelle cigarette en balayant les couloirs. Ouais, c'est interdit, mais à vrai dire ... T'en as strictement rien à carrer. Pourquoi ce casier est ouvert ? Tu vas pour le refermer, avant de sentir un petit frisson de curiosité ... C'est pas bien. Mais mon dieu que c'est excitant. Allez, allez. Tu pousses la porte du casier pour l'ouvrir et regarde un peu. Il est presque vide. Une feuille sur le côté, et un bouquin. Tu fronces les sourcils. C'est quoi cette merde ? Tu glisses l'index dessus. Il est encore poussiéreux. Rien d'autre dans le casier ? Tu t'empares de l'objet, le glisses entre ta blouse et ton corset, et soupires. Allez, faut continuer. Tu le feuilletteras ce soir, ça te changera un peu les idées. De la lecture, c'est toujours bien quand tu n'as pas envie de te toucher. Ouais, la frustration sexuelle est pire depuis quelques semaines. Sans doute que le manque de sang t'excite, comme si t'étais une malade en manque de médicaments qui veut trouver son no-return point. Tu images qu'il devrait pas tarder, ce point de non-retour et que tu vas t'étaler un jour, au sol, l'air d'une vielle de 85 ans, tremblante. Tu as d'ailleurs du mal à porter certaines choses, quand ça devient un peu lourd.
La nuit est tombée. Il fait sombre. Tu allumes la petite lampe de chevet. Bon alors, cette merde... Tu croques dans un bout de chocolat, de nouveau. Et tu ouvres le livre. Ow. Satanisme est la première réaction qui te vient en tête. Toi et ta Bible. Tu attrapes ta croix et fermes les yeux, dans un frisson, murmurant des prières qui se mélangent dans ta tête. Pourtant tu réouvres un oeil, assez pour lire un peu les symboles. Peut-être que ce n'est pas Satan en personne. Il faudrait quand même que tu regardes ça plus longuement pour faire des suppositions... Tu feuillettes, avec une sucette en bouche. Oui, toutes les conneries sont bonnes à bouffer et à sucer. Toutes. Tu finis par refermer le bouquin et le jettes dans un coin de ta chambre de bonne. Conneries. Tu te lèves, tu te déshabilles, et enfiles simplement une culotte à dentelle, simple mais saillante. Tu mets ton chapelet autour de ton cou, et te laisses tomber à genoux. God Help Me Cause I failed ... Tu soupires. Même les prières ne te calment plus. Tu es mal, tu as soif, faim, envie de croquer et envie de vomir en pensant au sang. Tu te relèves et te laisses tomber sur le lit, la tête au niveau des pieds du lit, regardant le plafond. Il pleut dehors. Tu te cambres pour regarder la fenêtre, la tête à l'envers, et la pluie qui tombe. Tu vois les goutes sur la petite et unique fenêtre de cette chambre. La lumière s'étiole un peu ... Il faudrait vraiment que tu démissionnes.