Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[Abandonné]Through Light, Darkness, Love and Hatred, We are Bound[PV: Melisende]

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".
« La folie des grandeurs, commenta le Roi en regardant l’île du crâne.

L’île était dotée d’une incroyable géographie, avec ses montagnes volcaniques et ses jungles denses, tout ce qui était nécessaire pour la création d’un repaire de magicien; reculé, difficilement accessible et dangereux. Il n’aurait pas eu tant de magie dans l’air qu’il se serait peut-être interrogé sur cet endroit, mais rien d’autre ne faisait ainsi changer la couleur de ses iris pour le doré. Il ne pouvait pas se tromper. Quoi qu’il y ait sur cette île, c’était puissant, vivant et méfiant. Mais il ne sentait aucune aura hostile provenant de la terre ferme, donc, il pouvait assumer qu’il n’avait pas été repéré. Il posa une main à sa ceinture et en sortit une flûte de verre, qu’il déboucha du pouce avant d’en avaler d’une traite le contenu. Aussitôt, il sentit son pouvoir s’engourdir, assez pour passer pour un simple humain. Il grommela néanmoins au goût abject de la substance, mais comme le voulait le vieux dicton d’alchimiste, si c’est mauvais, c’est bon, et donc, pas question d’altérer la recette. Du moins pas avant d’être au Palais.
 
- Vous croyez qu’elle s’y trouve, votre Majesté? Demanda Noah, son écuyer.
- Si elle n’y est pas, il sera toujours temps de reprendre les recherches, répondit le Roi en laissant tomber le petit récipient à potions dans la mer. Rentre au port au plus vite. Si je ne trouve rien, je t’y rejoindrai. Si je trouve quelque chose… et que je ne reviens pas, tu préviens Meisa.

L’écuyer hocha de la tête. Serenos l’aimait bien, ce petit. Il remplaçait parfaitement Frederick, bien qu’il ne sache pas tenir son silence. Il ébouriffa affectueusement la tête du jeune homme avant de faire tomber son manteau et sa veste, se retrouvant en tunique à manches courtes. Il s’assura qu’Ehredna restait bien en place à sa ceinture, et par mesure de sécurité, il l’attacha à son fourreau avec une petite chaine d’argent. Il la glissa ensuite à sa ceinture, qu’il ajusta pour qu’il ne la fasse pas tomber par mégarde. Il prit un brin d’élan puis s’élança vers le rebord du petit bateau et sauta à l’eau d’un plongeon.

Le contact avec l’eau glacée lui arracha un grondement de surprise et de protestation. Il ne s’attendait pas à ce que la mer soit aussi froide! Mais étant loin de la terre ferme, il aurait dû s’y attendre. Mettant de côté l’inconfort de l’eau froide, il entama la dernière étape de son infiltration et saisit entre ses lèvres une autre fiole. Grâce à une herbe spéciale qui produisait instantanément de l’oxygène au contact de l’eau, il se débarrassa du risque de se noyer sans avoir besoin d’émerger et commença à nager en direction de l’île. Il était peut-être inconvenant pour un Roi de se déplacer de lui-même pour une mission d’infiltration, mais Althea seulement savait ce qui pouvait arriver s’il avait envoyé quelqu’un d’autre faire le travail.

Il n’était pas dupe, Melisende se rendrait compte de sa présence bien assez tôt. Une décade n’était pas suffisante à une Ancienne pour oublier la signature magique unique d’une personne qu’elle avait côtoyée et même éduquée dans les arts de la sorcellerie, et lorsqu’elle le détecterait, il lui faudra jouer avec finesse. Il nagea sans problème jusqu’à terre, et posa le pied sur la plage, crachant la fiole de respiration aquatique au sol sur lequel elle tomba en poussière. Il détacha Ehredna du fourreau et fit rouler ses épaules en s’avançant vers la jungle. Il fit à peine un pas dans la direction qu’un trait d’arbalète passa à deux pouces de sa tête. Il lâcha un soupir dépité. « Évidemment, elle a des gardes. Mais maintenant, je sais qu’elle est ici. » Pensa-t-il, à demi-satisfait de cette conclusion. Une silhouette étrangère sortit de l’ombre des arbres, révélant un homme, qui tenait dans les mains l’arbalète qui avait tiré. Il s’arrêta à la sortie de la jungle, ses yeux vides rivés sur l’étranger qu’il avait tenté d’éliminer.

« Faites demi-tour, étranger, l’intima l’homme, un grand gaillard aux cheveux bruns, aux épaules d’armoire à glace. Ce sont les terres de la Maitresse. Vous n’y êtes pas le bienvenu.
- Mon garçon, je ne suis le bienvenu nulle part, répliqua Serenos en levant sa lame. Vous devriez poser cette arme. J’ai pour règle de ne pas blesser un homme désarmé. Mais si vous la pointez encore une fois vers…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’esclave leva son arme une nouvelle fois et orienta son carreau vers le Roi, visant sa poitrine. « Il ne vise pas la tête… il veut s’assurer de me toucher. Ce n’est pas un amateur. » Comprit Serenos. « Mais moi non plus. »

Lorsque le trait fut décoché, le Roi leva sa lame devant lui. Il ajusta l’angle de son arme et saisit de sa main ganté le plat de sa lame. Le trait frappa son arme, et fut dévié par l’angle, l’envoyant dans les flots derrière le Roi, qui se mit à courir aussi rapidement que ses jambes lui permettaient en direction de son adversaire, essayant de réduire le plus possible la distance qui les séparait. Il n’avait aucune chance de gagner contre une arbalète à distance, mais au corps à corps, il n’avait rien à craindre de cette arme. De plus, l’arbalète avait un défaut très handicapant; elle prenait un temps fou à être rechargée. Pour gagner un peu de distance, l’esclave se mit à courir en direction opposée tout en faisant tourner la manivelle qui tendait la corde. Lorsqu’il fit volte-face, un nouveau carreau prêt à être tiré, Serenos n’était pas là. Il n’eut qu’à peine le temps de se retourner, par contre, qu’il fut surpris par l’épée du Roi, qui rencontra le bois fragile de son arbalète et la fit sauter des mains de son propriétaire, avant que Serenos ne la lâche. Le poing du monarque heurta puissamment le visage du géant, et celui-ci tomba à la renverse, mais pas sans que l’Usurpateur lui entoure le cou de son bras et lui assène, une fois au sol, une copieuse série de coups de poing au visage, lui brisant les os du nez et des joues sous leur impact. Le colosse tenta de se défaire de Serenos, mais celui-ci lui saisit le bras d’une jambe et se garda hors de portée de l’autre, jusqu’à ce que ses coups aient raison de la connexion entre la réalité et l’esprit de son adversaire, qui sombra bien vite dans les ténèbres de l’inconscience.

Le Roi s’assura que son adversaire était bien hors d’état de nuire avant de relâcher son étreinte sur sa gorge. Il remarqua alors un collier autour du puissant cou de l’esclave et il le lui arracha brutalement, le jetant au loin avec dégoût. La simple vue d’un dispositif d’esclavage lui donnait envie de vomir. Agité et nerveux, il prit le temps de se calmer avant de reprendre la route, une fois qu’il eut prise ferme sur ses émotions. Il regarda alors son épaule, qui saignait légèrement. Il avait bien dévier le trait, mais pas assez pour l’éviter complètement. Il gronda un peu.

« Je n’ai plus la force de mes vingt ans, ca, c’est sûr. » Soupira le royal quadragénaire.

Il massa son épaule endolorie par les coups répétés puis récupéra Ehredna sur le sol, la rangeant prestement dans son fourreau avant de reprendre sa route, redoublant de vigilance. La forêt était peuplée d’une faune incroyable, à commencer par des humains, mais aussi des satyres, des esprits naturels liés au monde physique, et encore bien d’autres. Il passa même à un cheveu d’être repéré par une Lamia qui se désaltérait par-là, et il dût agir rapidement pour neutraliser un Terranide de type Lupus pour éviter qu’il ne sonne l’alerte.

***

Le jeune homme passa ses doigts fins et pâles sur les épaules de Melisende, remontant ses doigts vers sa nuque pour ensuite lui agripper sa chevelure d’ébène. Il se pencha alors vers sa nuque et y posa des baisers aussi glacés que son âme. Devant la Sorcière se dressait un énorme miroir enchanté qui lui montrait le visage, certes plus âgé et plus mûr mais toujours aussi unique, de Serenos. Ses yeux brillant d’un or pur démontrait que le sang qu’elle lui donna jadis s’était, de toute évidence, ajusté à son hôte. Pour Xeos, voir le visage de son géniteur vieillir ainsi était un plaisir malsain qu’il consuma sans la moindre gène, puisqu’il ne faisait que confirmer que ses manigances portaient leur fruit; Serenos vieillissait et faiblissait, alors que lui ne cessait de gagner en puissance. Le Traître posa ses mains sur les hanches nues de la sorcière, humant son délicieux parfum, tout en la laissant regarder le miroir.

« Votre clémence ne semble pas avoir été appréciée, ô Melisende. Voyez mon père qui est de retour, pour vous enchaîner à nouveau. Ne vous avais-je prévenu de sa ténacité? Ne vous avais-je prévenu contre votre pitié? Peut-être a-t-il même découvert notre secret, qu’en pensez-vous? Peut-être n’est-il pas là pour vous enchainer, mais faire ce que vous n’avez su faire? »

Xeos ne la provoquait aucunement, car ses mots avaient bien peu de poids. Ce qui lui importait, c’était de réaliser les dessins de son maître et de gagner Melisende à sa cause. Jusqu’à maintenant, elle s’était montrée indécise, voire indifférente à ses propositions, mais il avait l’éternité devant lui pour la convaincre. Entretemps, il se contentait de lui tenir compagnie, de la tenir sur ses gardes et surtout sous sa coupe; Xeos avait un étrange pouvoir, un pouvoir puissant, qui provenait, selon ses dires, de l’être qu’il servait. Lui-même n’en parlait que peu avec Melisende, car la nature de son maître pouvait la mettre particulièrement hostile à l’idée de joindre leurs forces, puisque son maître avait eu des parts dans ce qui avait causé la déviance de Melisende, la colère de ses semblables et surtout son emprisonnement. Évidemment, le Maître n’avait pas jugé bon de garder ce genre de souvenirs chez elle, et l’en lui avait privé, mais avec les stimuli suffisants, tout peut être renversé, à commencer par un sortilège.

Serenos était l’un des derniers êtres vivants de ce monde possédant le sang des Ashanshi, les Anciens comme les appelaient les profanes, et ce uniquement grâce à Melisende qui lui a sauvé la vie. Cette partie-là, sincèrement, même le Maître ne l’avait pas prévue; pourquoi Melisende était-elle allée contre le plan et l’avait-elle sauvé plutôt que de l’achever? Encore aujourd’hui, Xeos ne pouvait que spéculer. Surtout qu’il n’y avait aucune trace de l’enfant qu’ils avaient conçu en paiement pour sa survie. Même Melisende l’ignorait, mais quelque chose laissait Xeos supposer qu’elle s’était servie de la magie justement pour le garder hors de sa propre portée. Que manigançait Mélisende? Quel était son but? Toutes ces questions enrageaient le puissant jeune Érudit autant qu’elles lui donnaient davantage envie de posséder Mélisende, qui ne faisait que lui filer entre les doigts, aussi farouchement indépendante que le vent, et insaisissable que l’air.

« Quoi qu’il en soit, vos esclaves auront raison de lui avant qu’il ne trouve votre repaire. Veuillez m’excuser, mais je dois faire mon rapport à mon maître. »

Révérencieux et courtois, le jeune homme s’inclina devant la maîtresse de l’île et sortit de la pièce.

***

« Tu vas finir dans mon estom… »

Serenos planta une aiguille dans la peau écailleuse de la Lamia, lui coupant la parole. Elle alla protesté, mais soudainement, sa bouche lui tomba, grande ouverte. Ses yeux devinrent soudainement très lourds, tout comme son corps, et elle tomba sur le sol, prise d’une fatigue soudaine et terrassante. Elle émit quelques ronflements suite à sa chute, profondément endormie. L’anesthésique était une puissante drogue fabriquée à partir de la Poussière du Marchand de Sable, une plante relaxante utilisée principalement pour endormir les patients en vive douleur, mais qui avait assez de puissance pour endormir un éléphant en quelques secondes, et pouvaient donc être létale à une telle dose. Heureusement pour elle, les lamias avaient une résistance naturelle aux poisons, et ne risquait donc pas de mourir d’une surdose, et Serenos n’était pas là pour faire un massacre, mais pour trouver Melisende. Il pensa se remettre en route, mais le poison de la Lamia commençait à faire effet, et il tomba contre la queue de la dame-serpent.

« …Bon…sang… » dit-il tres lentement.
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 19:21:50 par Serenos I Aeslingr »

Mélisende

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    Magicienne d'exception, elle s'est exilée sur l'Ile du crâne sur Terra. La jeune femme est particulièrement égoïste mais aussi douée, brillante et possédant des connaissances conséquentes dans le domaine de la magie. Elle aime le pouvoir et la domination. Côté sexuel, elle est du genre gourmande !
La belle magicienne observait la progression de sa « créature » au travers de la mer puis dans la jungle. Le bougre était doué, il n'y avait pas à dire. Un léger sourire étirait ses lèvres. Elle observait au travers d'un de ses miroirs l'homme qui avait pris quelques années. Il semblait plus vieux que dans son souvenir mais n'avait rien perdu de son sex-appeal. Il était même encore plus charismatique ainsi. Elle ne faisait que peu attention au jeune homme qui se tenait près d'elle et qui lui caressait la nuque.

« Votre clémence ne semble pas avoir été appréciée, ô Melisende. Voyez mon père qui est de retour, pour vous enchaîner à nouveau. Ne vous avais-je prévenu de sa ténacité? Ne vous avais-je prévenu contre votre pitié? Peut-être a-t-il même découvert notre secret, qu’en pensez-vous? Peut-être n’est-il pas là pour vous enchaîner, mais faire ce que vous n’avez su faire? »

Elle ne répondit pas. Sa clémence la regardait. Ce n'était pas parce qu'elle avait toléré sa présence, qu'elle comptait tout dire au jouvenceau près d'elle. Elle ne lui faisait pas vraiment confiance. La magicienne ne faisait quasiment jamais confiance à qui que ce soit et jamais pleinement. Cela pouvait être fatiguant pour certains mais la jeune femme avait l'habitude de vivre ainsi, elle n'éprouvait donc aucune difficulté à ne se fier qu'à elle-même.

« S'il voulait m’enchaîner derechef, il ne viendrait pas comme ça. Idem s'il savait que tu essayes de me convaincre de me rallier à ta cause. Mais je suis curieuse de savoir ce qu'il veut au point de risquer sa tête. »

La belle n'avait pas oublié qu'il l'avait enfermée durant plusieurs années. Elle était rancunière au possible et la vengeance était un plat qui se mangeait froid disait-on le proverbe. Elle, elle serait bien capable de la consommer glacée.

« Quoi qu’il en soit, vos esclaves auront raison de lui avant qu’il ne trouve votre repaire. Veuillez m’excuser, mais je dois faire mon rapport à mon maître. »

Elle hocha la tête sans se retourner alors que le jeune homme quittait la pièce. Mélisende était à peu près certaine que Serenos ne finirait pas aussi bêtement tué. Ses esclaves et guerriers étaient bons mais ils n'étaient pas au niveau de cet homme. Elle serait profondément déçue s'ils y arrivaient. Elle resta à contempler son ancien amant s'infiltrer sur son île et combattre. La lamia fut un sacré morceau, mais il parvint quand même à la vaincre sans pour autant chercher à la tuer. D'ailleurs, il n'avait cherché à tuer personne. Une chose assez étonnante pour la magicienne. Elle-même ne se serait pas gênée pour les abattre en cas de besoin. Cependant, l'homme finit par s'écrouler, endormi.

« Aoutch, là tu as perdu mon cœur ! »

Elle laissa le miroir qui reprit sa fonction première et frappa dans ses mains. Une esclave arriva et s'agenouilla devant elle.

« Qu'on ramène l'étranger au palais. Préparez-lui une chambre et avertissez-moi dès qu'il est dans mes murs. »

La jeune femme hocha de la tête alors que la sorcière allait sur l'immense balcon, observant la jungle, au loin. Elle se demandait ce que Serenos était venu chercher ici. Pourquoi prendre de tels risques ? Était-il devenu fou ? Elle en doutait. Elle rejoignit son immense bibliothèque et se plongea dans d'anciens livres de sortilèges. Vu les capacités de son invité, elle devait faire en sorte de le maintenir sous son emprise. Elle ne comptait pas l'influencer mais elle ne tenait pas à le voir partir si vite. Tel Ulysse, il allait devoir séjourner quelques temps sur l'île, avec elle.

« Maîtresse, l'homme a été ramené selon vos désirs. »

Mélisende sortit de sa lecture et rejoignit la chambre de son « invité » au premier étage de son palais. La pièce était grande, décorée de meubles dans un style ancien, en bois blanc et marbre gris. L'homme reposait sur le lit et avait été soigné. Il dormait encore. La magicienne l'observait et prononça plusieurs formules. Le but était juste de transformer cette pièce en prison. Seul, Serenos ne pouvait en sortir. Seule Mélisende pouvait le faire sortir. Elle l'observa dans son sommeil. Toujours aussi beau, le bougre. Elle s'assit dans un fauteuil qu'elle avait préalablement tiré près du lit. Elle croisa ses longues jambes et se mit à attendre. Après une bonne dizaines de minutes, elle finit par prononcer une petite invocation afin qu'il sorte de sa léthargie. Alors qu'il clignait des yeux, elle lui sourit presque amicalement.

« Serenos Sombrechant, que voilà une visite inattendue ! Je ne pensais pas te revoir... aussi vite. Notre dernière rencontre ne fut pas des meilleures. Qu'est-ce qui t'amènes sur mes terres ? Tu risques ta vie en venant par ici, je ne t'apprends rien j'imagine. »

Elle restait amicale. C'était peut-être ainsi qu'elle était le plus dangereuse. Elle se demandait vraiment ce qui l'amenait chez elle vu les dangers qu'il encourait. Le jeu devait en valoir la chandelle. A moins qu'il ne vienne pour leur enfant, mais elle doutait fortement de cela. Elle continuait de l'observer depuis sa place. Elle se souvenait des bons moments qu'ils avaient passé ensemble et à quel point il était bon amant.

Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".
Substance tres particulière qu’était l’essence de Lamia. Sans être particulièrement dangereuse pour la santé, puisque ces créatures chassaient leurs proies et parvenaient à les maintenir en vie jusqu’à ce qu’elles aient réellement faim, elle plongeait leur victime dans un état de profonde léthargie, qui tenait beaucoup plus de l’extase aiguë d’une intoxication hallucinogène que d’un simple rêve. Pendant son sommeil, l’esprit de Serenos devint un tel brouhaha de pensées incohérentes et de signaux contraires que si Mélisende n’avait pas eu la conscience de le réveiller avant qu’il ne soit trop tard, il se serait probablement perdu dans les méandres de son esprit sans trouver le chemin du retour avant une très longue période de temps. Le Roi-Guerrier finit par ouvrir les yeux sous l’influence de Mélisende et son esprit s’éclaircit grâce à son aide. Il se redressa en position assise et se prit la tête d’une main, se frottant son crâne douloureux, bien qu’aucun massage ne put calmer la douleur causée par la puissante drogue qui lui avait été administré par la Lamia. Une voix qu’il reconnut plus aisément qu’il ne l’aurait souhaité lui vint aux oreilles. Celle de Mélisende.

« Serenos Sombrechant, que voilà une visite inattendue ! Je ne pensais pas te revoir... aussi vite. Notre dernière rencontre ne fut pas des meilleures. Qu'est-ce qui t'amènes sur mes terres ? Tu risques ta vie en venant par ici, je ne t'apprends rien j'imagine. »

Serenos tendit la main vers sa taille, mais au moment où sa main fit contact avec Ehredna, il fut parcouru d’un énorme courant d’énergie, lui arrachant un grondement de douleur. Ce n’était pas le genre de son épée de lui causer de la douleur ainsi, cela ne venait donc pas d’elle. Il ouvrit complètement ses yeux, dévoilant deux iris dorés, et il regarda ses mains. Il y capta la lettre « Roÿt » sur ses mains, une lettre de la langue des anciens, qui était utilisée pour des sceaux de restriction. Il grogna et d’une pulsion magique, il les brisa, faisant apparaître la lettre « Leÿt » en réponse. Il détestait farouchement être menotté, que ce soit magiquement ou pas. Cependant, il ne tenta pas de dégainer son épée, sachant qu’il ne faisait pas le poids contre Mélisende hors de son palais, et surtout sur le territoire de la magicienne, même s’il possédait la force magique d’Ehredna.

Étonnamment, il était plutôt satisfait de sa situation. Même s’il était maintenant dans l’environnement direct de Mélisende, il n’était pas plus nerveux que cela. Après tout, son plan était de trouver un moyen de gagner son domaine et de la confronter. Bon, il s’était attendu à avoir l’avantage de la surprise, mais il ne pouvait sous-estimer les capacités surnaturelles de la magicienne; elle était certainement au courant de sa présence dès l’instant où il avait posé le pied sur son île.  Bon, il n’allait pas se faire d’illusion; il était en net désavantage et certainement en danger, mais c’était un pas dans la bonne direction. Qui sait, si son plan avait été mis à exécution, peut-être l’aurait-elle tué avant même qu’il n’ait le temps de s’expliquer.

« Vous avez appris de nouveaux tours, maîtresse Mélisende, la flatta-t-il, démontrant le même respect qu’il lui accordait lorsqu’elle était son enseignante sur la voie de la sorcellerie. J’ignorais qu’une sorcière puisse maîtriser les arts arcaniques, mais j’ignore tout de vos limites. »

Il leva lentement les yeux vers elle et leurs regards se croisèrent. Devant l’apparence si fraîche et jeune de la sorcière, il se sentait plus vieux, surtout qu’elle était de beaucoup de siècles son aînée. Même dans sa jeunesse, il se rappelle de l’avoir toujours trouvée très belle, mais de la voir maintenant, il fut presque surpris de ne voir aucune ride chez elle. En même temps, lui-même ne présentait pas les signes de vieillesse qu’il devrait avoir à son âge, même s’il devait certainement lui paraitre plus mûr maintenant, et ce n’était pas faute de le croire; au cours des années, il était davantage désillusionné par rapport à ses comparses humains et non-humains, beaucoup moins tenté de faire confiance à ceux-ci qu’il ne l’était à l’époque. Il était aussi beaucoup plus en contrôle sur ses pouvoirs que dans sa fougueuse jeunesse. Le corps de la magicienne était voluptueux, tout en étant gracieux, et sa peau miroitait sous la lumière du jour, comme si fraichement sortie du bain, et s’il n’était pas aussi bien éduqué et accoutumé aux femmes qu’il ne l’était aujourd’hui, probablement qu’il aurait été embarrassé ou intimidé par le charme ravageur de sa geolière. Il était, en fait, admiratif mais révérencieux, conservant son regard au niveau des yeux de son interlocutrice.

« Les raisons de ma présence ici… sont nombreuses. Mais ce serait trop… naïf de ma part de vous révéler aussi tôt mes intentions. Tout d’abord… je suis content de vous revoir, maîtresse. Vous semblez aussi belle et bien portante que lorsque vous séjourniez au palais, et plus détendue, vous m’en voyez ravi. »

Ravi en effet, car aurait-elle été encore courroucée par ce qu’il lui avait fait, elle n’aurait certainement pas toléré sa présence dans sa demeure et se serait contentée de l’éliminer sans le moindre égard pour ce qu’il avait à lui dire.. Pas qu’elle lui ait pardonné, il ne l’a jamais connue indulgente, et lors de leurs très nombreuses disputes lorsqu’ils voyageaient ensemble, il n’arrivait jamais à obtenir une seule parole d’elle à moins de lui offrir ou de faire quelque chose pour acheter cette indulgence. Elle n’était pas particulièrement avare, mais de ce qu’il avait compris d’elle, elle aimait qu’on démontre sa sincérité par les actes, autant qu’elle ne pardonnait jamais qu’on la prenne pour une idiote ou pour une ignorante. S’il y avait un impair entre sa civilisation et la civilisation actuelle, elle restait une femme très intelligente et capable d’une grande perspicacité, que Serenos avait toujours bien fait de considérer lorsqu’il s’adressait à elle. Elle était également très orgueilleuse, et la prendre à rebrousse-poil pouvait soit lui faire immensément plaisir ou la mettre hors d’elle.

« Avant tout… puis-je savoir ce que vous comptez faire de moi? Je vois que vous n’avez pas l’intention de me laisser partir. »

Pour démontrer qu’il savait de quoi il parlait, il posa la main contre un mur et alors qu’il interagissait avec la magie, il fut assailli d’une nouvelle salve d’énergie douloureuse, manifestée par des courants électriques sur sa peau. Il encaissa la conséquence de son geste avec une grimace d’inconfort, mais se contint suffisamment pour ne pas hurler de douleur. Une fois la vague de douleur passé, il reporta son regard sur elle et s’adossa contre la tête du lit. Après tout, il était encore sous l’effet des toxines et maintenant, il venait d’encaisser deux très mauvais traitements. Il fallait qu’il se ménage un peu.

« Puis, j’aurais aussi d’autres questions. Après quatorze années sans réponse… je crois avoir mérité de savoir pourquoi vous m’avez sauvé et donné de votre héritage pour ensuite tenter de me tuer de vos propres mains. »

Il ne s’attendait pas vraiment à une réponse, puisqu’elle ne partageait jamais gratuitement son savoir ou ses raisons, mais il préférait qu’elle ne se méprenne pas sur ses intentions. Il n’était pas là pour lui faire du mal ni pour la tuer. S’il avait de tels projets, il ne se serait pas aventuré en territoire ennemi seul, mais bien avec une armée ou deux pour le supporter, et il n’aurait eu aucun égard pour la vie des habitants de cette île. Cela aurait été un massacre pur, cruel et immoral. Mais Serenos réprimait en lui ces facettes plus impitoyables de sa personnalité, et apprenait la voix de la diplomatie… enfin, dans les limites de sa patience, évidemment. Il était là pour obtenir des réponses, et pour lui offrir compensation pour ce qu’il lui avait fait. Certes, elle avait tenté de le tuer, mais il ne devait pas laisser son désir de revanche prendre le dessus, car ce serait une très mauvaise façon de tenter une alliance.

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    Magicienne d'exception, elle s'est exilée sur l'Ile du crâne sur Terra. La jeune femme est particulièrement égoïste mais aussi douée, brillante et possédant des connaissances conséquentes dans le domaine de la magie. Elle aime le pouvoir et la domination. Côté sexuel, elle est du genre gourmande !
La belle magicienne observait son disciple sortir de sa léthargie. Elle aurait pu le voir comme un ancien disciple, mais il n'en était rien. Pour elle, il restait toujours un disciple, un apprenti tant qu'il ne la dépassait pas au niveau des pouvoirs et pour le moment c'était le cas. De pas de beaucoup cependant, elle n'oubliait pas son emprisonnement. S'il n'avait pas été aussi proche de son niveau, il n'aurait jamais réussi. Il avait eu de l'aide mais quand même, il avait réussi un exploit. Il commençait à rouvrir les yeux et nota rapidement qu'il était « ligoté ». Il ne lui fallu pas longtemps pour ôter les sceaux. C'était normal. Elle n'en attendait pas moins de lui. Elle l'écouta avec un léger rictus avant de prendre la parole à son tour.

« Des tours ? Comme c'est insultant comme terme. Avoue que je ne fais pas de « tour », je fais de la magie et de la sorcellerie. Les tours ce n'est pas la même chose. Ce n'est que des tours de passe-passe. De l'illusion mais pas la réalité. Mais pour revenir à ce que tu disais, tu devrais savoir que je ne suis jamais satisfaite et que j'aime continuer à apprendre. Les sorcières je ne sais pas mais moi, oui. Je maîtrise les arts arcaniques. »

La jeune femme observait son inattendu visiteur. Il était toujours aussi beau et désirable. Si elle s'écoutait, elle le rejoindrait sans attendre ne serait-ce que pour voir s'il était toujours aussi bon amant. Mais cela aurait déplacé au vu du contexte. Serenos n'était certainement pas venu ici juste pour ses beaux yeux ou pour son corps. Elle était impatiente de savoir et de comprendre. Cependant, il ne semblait pas vouloir lui en dire davantage.

« Comme c'est désobligeant de ta part de ne pas vouloir me donner la raison de ta visite. Tu conviendras que tu es dans une bien fâcheuse posture. Il serait judicieux pour toi de me dévoiler tes intentions. »

Elle l'observa alors qu'il se levait et venait toucher le mur, recevant une décharge d'énergie. Au moins, il comprenait qu'il ne pourrait pas sortir d'ici sans quelle ne le veuille. Mélisende ne prenait aucun plaisir à le voir souffrir. Elle pouvait être sadique mais pas de cette façon et pas avec lui dans tous les cas.

« Je ne sais pas encore. Tout va dépendre de toi Serenos et de ce que tu veux de moi. Pour les quatorze ans, ce n'est que quatorze ans et tu n'as rien mérité du tout. Oublies-tu ce que toi, tu m'as fait ? J'en doute. Alors ne compte pas avoir la moindre explication de ma part. Par contre, toi, il va falloir que tu parles. Du moins, je te le conseille fortement mon disciple, sauf si tu veux avoir à faire face à mes pouvoirs ce dont je doute. Qu'es-tu venu faire ici ? »

Mélisende se faisait moins amicale. Elle voulait avoir des réponses et il valait mieux que l'homme les lui donne rapidement.

Serenos I Aeslingr

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Évidemment, il n’utilisait pas le terme de « tours » de façon péjorative, n’osant tout de même pas manquer de respect à celle qui lui avait appris à maîtriser son don là où même son aïeul et précédent mentor, son grand-père Darimon, n’avait fait qu’effleurer la surface. Il n’offrit aucune excuse, car elle ne lui parut pas plus courroucée que ses paroles qu’elle ne l’aurait été s’il n’avait fait que dire une plaisanterie de mauvais goût. Il ne put réprimer une moue désolée, un léger sourire sur les lèvres, pour ne pas sembler arrogant. Elle avait raison, d’ailleurs; autant que lui, elle respectait l’art de la magie, et la tourner en dérision était exactement ce qui avait causé les conflits entre les magiciens et les gouvernements dans les premiers temps.

Il n’ignorait évidemment pas la menace que Mélisende posait pour lui, car si ses propres pouvoirs n’avaient pas encore atteint son niveau, cette femme possédait un pouvoir tel qu’il n’en avait jamais vu au cours de sa vie, un pouvoir qu’il pouvait même décrire comme étant démesuré, et selon certaines informations, elle ne serait même pas à son pic; les nombreux sceaux dont elle fut le réticent sujet n’étaient pas garantis d’avoir été tous brisés, et s’il savait une chose sur les anciens mages qui avaient peuplés ce monde, c’est qu’ils conservaient une grande force magique malgré la magie qui, depuis, s’était grandement amoindrie. Et il n’avait aucune envie d’avoir cette puissance dirigée vers lui, du moins pas hors de Meisa et d’Eist’Shabal. Il ne craignait pas les combats, mais il n’était pas suicidaire.

Il lâcha un soupir, décidant de finalement parler. Elle ne semblait pas être patiente avec ses cachoteries, et il n’avait aucun plaisir à omettre les raisons de sa venue. Il ajusta l’oreiller contre son dos puis regarda la jeune femme. Il avait du mal à croire qu’elle était réellement beaucoup plus âgée que lui. Belle et jeune, elle n’avait même pas un cheveu gris, une ride ou rien. Elle était… simplement magnifique. Et il avait connu nombres de femmes au cours de ces quatorze années, mais aucune ne lui parut arriver à la cheville.

-Ce n’est pas par méfiance ou par rancœur que je retiens mes raisons, Melisende. Mais vous avez raison. Parlons.

Et il parla. Il commença même par le début, inspirant lentement puis expirant.

-Il y a presque vingt ans déjà, vous m’avez arraché des griffes de la mort en me donnant votre sang. Beaucoup de votre sang, même, suffisamment pour changer jusqu’à ma nature. Les effets secondaires ont été… inconfortables, pour le moins. Depuis la transfusion, je vois beaucoup de choses qui sont caché aux yeux des mortels, et dussè-je commettre l’erreur de sombrer dans le sommeil, parfois je vois des choses. Et d’autres moments… je fais des choses.

Il se passa une main dans les cheveux, caressant son crâne, un tic nerveux dont il n’arrivait pas à se débarrasser dès qu’il devenait anxieux. Le malaise du Roi ne semblait pas passer, parce qu’il détourna les yeux de Melisende et fixa les draps, faisant tourner une petite mèche autour de son doigt, comme s’il cherchait à formuler ce qu’il avait vu, et visiblement fait.

-J’ignore ce qui a changé en moi, ce jour-là. J’ignore jusqu’où se sont poursuivies les mutations. J’ignore à quel point j’ai été corrompu par le sang que vous m’avez donné pour me sauver. Mais je suis sûr que votre don n’était pas fait pour un humain. Je… je…

Les yeux dorés du Roi se levèrent vers Melisende.

-Je suis en train de perdre le contrôle, Melisende. Lentement, mes sens se font dévorer par le Sang des Ashanshi. Mon corps change, mes capacités grandissent de plus en plus, mais j’y perds ma raison. J’ai aussi ces… besoins… des besoins aussi soudains qu’ils sont vifs. Et ils ne sont incontrôlables.

Il lui raconta alors sa dernière mésaventure. Sans Ehredna pour le garder sous contrôle, il était entré dans une rage folle dans un marché aux esclaves du Tel’iar, une petite nation au nord-est de Meisa. Non seulement avait-il complètement perdu la tête, mais il avait subi des changements anatomiques alarmants, tels la naissance de griffes, un changement de couleur de peau et un énorme potentiel magique. Pendant qu’il racontait le massacre, il continuait de fixer Mélisende pour voir si cela lui évoquait quoi que ce soit. Lorsqu’il eut fini de relater ce qui lui était resté en mémoire et ce qu’on lui avait raconté, il lâcha enfin la raison de sa venue.

-J’ai besoin de votre aide, maîtresse. Quoi que votre sang ait fait, je sais que je n’en ai pas le contrôle. Et des anciens, il ne reste que vous.

Il savait que c’était une demande risquée. Il ne s’attendait évidemment pas à ce qu’elle accepte gratuitement.

-En paiement… je resterai enfermé ici pendant trois ans, sept mois, dix jours et neuf heures. Le temps exact que je vous ai séquestrée, et je vous servirai de la manière que vous le désirerez.

Pourquoi se laisser contenir? Pour une seule raison; Mélisende savait qu’il était non seulement claustrophobe, mais que pour lui, être enchainé était une punition plus cruelle que s’il devait lui sacrifier son royaume, un sentiment qu’elle-même partageait après avoir passé de si longues années enfermée seule dans les plus sombres galeries, à attendre de pouvoir enfin se libérer. Mais si Serenos détestait être enfermé, il détestait encore plus d’être incapable de maîtriser ses brusques changements d’humeur qui pouvaient escalader jusqu’au désastre, et il était prêt à sacrifier quelques années de sa vie en échange de l’aide de la puissante sorcière.

Il la fixa donc en silence, attendant sa réaction ou sa réponse. Honnêtement, s’il devait évaluer ses chances, il dirait qu’à cinquante pour cent, elle éclatait de rire en le renvoyant chez lui, vingt-cinq elle refusait et le gardait quand même à son service, ce qui résulterait probablement du décès très prématuré du Roi de Meisa, ou alors elle accepte et prend son dû.

Mélisende

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Mélisende n'était pas impatiente par nature. Elle était même tout le contraire. La patience, elle en avait à revendre. En tant que magicienne, elle avait du apprendre à être patiente. Certaines capacités venaient avec le temps. Sans compter qu'emprisonnée, elle avait dû apprendre à attendre pour sortir et ce, à deux reprises. Cependant, dans certaines situations, elle ne faisait pas spécialement preuve de patience. Elle n'en avait pas envie et elle savait que Serenos était en assez mauvaise passe pour ne pas tenter de la faire attendre plus que de raison. Elle le regarda s'allonger, visiblement fatigué par les décharges d'énergie et le poison de la lamia. Elle l'écouta alors donner les récits de ses dernières années et revenir sur sa transformation. Elle l'avait sauvé, oui elle s'en souvenait parfaitement bien. Trop bien. Elle n'avait jamais pu oublié et elle ne devait pas pour de multiples raisons. La première étant le problème même de Serenos, son sang et la puissance qu'il avait acquise en recevant son don. Elle devait garder un certain œil sur lui vu ses pouvoirs grandissants. Elle ne pouvait le négliger et le voyait comme un ennemi notamment depuis qu'il avait trouvé le moyen de l'emprisonner. Cependant, ce n'était étonnamment pas la raison première de la magicienne. Elle voulait s'en souvenir pour ne jamais oublié à quel point l'amour était un sombre et terrible poison dans lequel elle ne devait pas sombrer. Elle avait failli s'y perdre avec ce roi. Alors qu'il était son disciple et amant, elle s'était prise à rêver, à croire qu'ils pourraient vivre ensemble mais ce n'était pas possible. C'était bien trop dangereux pour elle et peut-être pour lui aussi. Alors elle l'avait trahi. Elle aurait dû le tuer mais elle n'avait pas pu, ses sentiments l'en avaient empêché. Une erreur qu'elle ne tenait pas à refaire un jour, y compris aujourd'hui.

La jeune femme l'écoutait. Ainsi donc son sang était bien trop puissant pour lui. Rien de plus logique, elle avait passé des siècles à acquérir des connaissances et à accroître ses capacités. Son corps avait évolué de pair et son sang avait absorbé ses propres capacités, la changeant, la faisant devenir bien plus qu'une humaine. Son sang, son savoir, étaient puissants, bien trop pour de simples humains et Serenos en avait fait l'amère expérience. Cela semblait lui faire peur, avec raison d'ailleurs. Elle le savait fort bien. Il avait déjà perdu le contrôle et cela irait en empirant. Il finit par lui demander son aider et promettre en échange de rester près d'elle la même durée que l'emprisonnement qu'elle avait vécu. Elle se releva alors pour aller jusqu'à la terrasse qui ouvrait sur son univers. Elle prit une profonde inspiration, prenant le temps de la réflexion ou donnant cette impression. Sans se retourner, elle se mit à parler avec un calme surprenant au vu de la situation.


« Tu as raison de craindre mon sang. Il te conduira à la folie. Je suis certaine que tu l'as déjà compris. D'une façon ou de l'autre, tu perdras le contrôle et ton esprit sombrera... pour toujours. Mon corps a changé au fil du temps, il a le temps de s'habituer aux changements. J'ai aussi beaucoup appris, appris à comprendre, à me canaliser, à canaliser mes pouvoirs. Autant de choses que tu n'as pas pu faire, que je ne t'ai pas laisser faire. »

Elle ne cherchait pas à s'excuser. Elle n'éprouvait pas vraiment de remords. Elle avait su ce qui risquait d'arriver mais elle aurait quand même fait ce qu'elle avait fait. Le pire étant qu'elle risquait de refaire la même chose, dans la même situation. Serenos avait toujours eu un effet étrange sur elle. Elle aurait voulu s'en défaire mais c'était impossible semblait-il sauf le jour où il perdrait la vie mais ce ne serait pas pour tout de suite sauf si elle ne l'aidait pas. Elle eut envie de l'envoyer promener mais elle n'en fit rien. Elle se retourna, un sourire ironique aux lèvres.

« Tu crois sincèrement que rester enfermé aussi longtemps que moi est un juste échange ? Je ne le vois pas de cette façon. Je trouve ça médiocre. Tu es quand même capable de m'offrir mieux que cela. Te faire souffrir est une chose mais c'est insuffisant. Si je voulais simplement te faire souffrir, je te fais rentrer chez toi et je te laisse sombrer dans la folie en te regardant. Cela me prendra bien moins de temps et d'énergie et ça me ferait un ennemi en moins. Non, si tu veux mon aide, il te faudra me donner bien plus que ça. Fais preuve d'imagination, je ne doute pas que tu en es. Propose-moi quelque chose en plus, de plus intéressant. »

Elle avait le pouvoir sur lui, elle le savait et comptait bien en profiter, voir en abuser. Après tout, elle avait bien le droit à se revanche maintenant. Il était temps.

Serenos I Aeslingr

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-Tu crois sincèrement que rester enfermé aussi longtemps que moi est un juste échange ? Je ne le vois pas de cette façon. Je trouve ça médiocre. Tu es quand même capable de m'offrir mieux que cela.

-J’en conviens, mais… tenta-t-il de dire.

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle le coupa aussi sèchement pour continuer sur sa lancée, ce qui le prit à rebrousse-poil. Il se renfrogna un peu, probablement trop habitué à la vie de château pour ne pas réagir à cette interruption. Devant Mélisende, il se sentait… normal, comme conversant avec un égal. Un égal qui possédait un pouvoir terrifiant et une raison suffisante pour vouloir s’en servir alors qu’il se trouvait dans une position nettement inégale, mais un égal tout de même. Une magicienne.

-Te faire souffrir est une chose mais c'est insuffisant. Si je voulais simplement te faire souffrir, je te fais rentrer chez toi et je te laisse sombrer dans la folie en te regardant. Cela me prendra bien moins de temps et d'énergie et ça me ferait un ennemi en moins. Non, si tu veux mon aide, il te faudra me donner bien plus que ça. Fais preuve d'imagination, je ne doute pas que tu en es. Propose-moi quelque chose en plus, de plus intéressant.

-Je ne sais que vous offrir de plus.

Avec un grondement, le Roi s’approcha du rebord du lit et ses doigts se refermèrent sur des vêtements. Une tunique noire et blanche, avec le symbole de Meisa brodé dessus. À la main? se surprit-il à constater alors qu’il passait le vêtement sur son corps, masquant aux yeux de la magicienne une horrible cicatrice. Une marque de brûlure. Étrange, d’ailleurs, car avec les talents du Roi, il aurait dû pouvoir la faire disparaître en un clin d’œil après sa guérison. Ce qui voulait dire qu’il l’arborait en signe de respect ou qu’il n’a jamais été capable de guérir complètement, ce qui tenait de la magie. Une fois habillé, il attacha ses cheveux en queue de cheval derrière son crâne et posa une paire de lunettes sur ses yeux. Qui soit la personne qui aie préparé cette chambre, soit elle le connaissait assez pour savoir qu’il avait une vue dangereusement perçante, soit Mélisende avait donné ces directives pour mettre son « invité » surprise au confort.

Il croisa les bras sur sa poitrine et se mit à réfléchir. Que pouvait-il offrir de plus? Que possédait-il que Mélisende convoiterait suffisamment pour qu’elle lui accorde son aide en échange? Cette chose existait-elle seulement? Elle n’était pas matérialiste, parce que tout ce qu’elle pourrait obtenir physiquement lui appartenait déjà. Il ne pouvait lui offrir sa vie, elle ne saurait, au final, qu’en faire. Après quelques secondes de réflexion, il se tourna vers elle.

- Aranie. Je vous donnerai l’Aranie.

S’il y avait bien une chose qui les unissait, c’était la guerre, la haine et l’amour, toutes ces choses qui ont résulté du conflit contre l’Empire Aranien. C’était une terre désertique, mais tout de même parsemée d’oasis magnifiques qui avaient permis à une société d’y prospérer et de devenir l’un des plus puissants empires que le Continent Inconnu n’ait jamais eu le malheur de voir naître en son sein. Évidemment, elle possédait une île, mais qu’était une île contre un des territoires les plus imposants qui soient? Rivalant presque avec Ashnard en superficie, à défaut d’en avoir la démographie, c’était un présent d’une grandeur inestimable. Le Roi s’adossa contre le mur de la chambre et regarda Mélisende dans les yeux, ses yeux d’un or luminescent planté dans les siens cherchant le moindre trouble dans son attitude.

- Nous en avions parlé avant mon mariage avec… -Sa voix devint presque inaudible devant la colère qui le prenait dès qu’il prononçait ce nom- Larÿe. Mais je n’ai jamais tenu parole, puisqu’après la Rébellion, nos chemins se sont… distancés.

Il expira lentement et poursuivit.

- Évidemment, cela ne vient pas sans contrepartie. Pour les apparences, je vous prendrais pour épouse… en tant que Roi d’Aranie. Nous partagerons nos soirées, notre palais et notre chambre lorsque nous y serons, à moins que vous ne refusiez ma présence. Vous agirez en tant que Reine régente, sous ma Loi.

Il prit place sur une chaise face à Mélisende.

-C’est une offre arrogante, je le sais. Mais si cela peut être un pas vers notre réconciliation et… mon rétablissement, c’est un pas que je suis prêt à prendre.

Il était honnête et direct avec elle. Il resterait le Roi et possesseur des pouvoirs suprêmes, mais Reine Régente… c’était une chose qui se refusait difficilement. Un palais somptueux, des chambres, des bains, du luxe et… une chance pour eux de se rapprocher à nouveau. Et ce n’était pas comme si Serenos lui donnait gratuitement ce présent; elle avait énormément travaillé pour qu’Aranie leur revienne. Quelque part, elle méritait qu’on lui accorde des terres. Mais c’était plus que des terres.

Il s’adossa au dossier de sa chaise, brisant le contact visuel entre eux, et un sourire doux réapparut sur ses lèvres. Il ne craignait pas de mourir. En fait, il s'attendait à être reçu chez elle à coups de lance dans les tripes. Ce qui veut dire qu'ils pouvaient parler, et qu'il n'avait pas à craindre pour sa vie. De toute façon, elle ne se débarrasserait pas de lui. Pas tout de suite. Il y avait trop d'histoire entre eux, trop de passé, trop de sentiments, pour qu'ils se permettent d'y mettre un terme de façon aussi peu satisfaisante.

- Si j’avais su que vous ne me brûleriez pas sur place, j’aurais pensé à apporter une bouteille de vin, plaisanta-t-il avec un demi-sourire. Je suis plus imaginatif avec l’alcool.

Une chose qu’ils partageaient. Peut-être par la faute de Mélisende, d’ailleurs. Un verre de vin, un bon repas aux chandelles, des discussions passionnantes et parfois même des débats interminables qui finissaient par eux qui oubliaient le repas pour s’opposer dans un duel d’idéologie qui… durait parfois une éternité. Mais c’était quelque chose qu’il aimait chez elle; son esprit, son intelligence et son amour profond de lui casser les pieds, mais format géant.

Mélisende

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Mélisende exultait d'une certaine façon. Elle était victorieuse. Serenos devrait plier devant elle s'il voulait obtenir son aide. Il ne pourrait l'obtenir de personne d'autre de toute façon. Elle était la seule à pouvoir faire quelque chose pour lui. C'était uniquement lié à sa bonne volonté. La magicienne jubilait intérieurement. Elle montrait un visage à la fois amical et hautain à son visiteur. Il proposait de rester sur son île le temps qu'il l'avait emprisonné. C'était insuffisant pour elle. Ce délai ne serait qu'une mise en bouche pour elle. Elle n'était pas réputée pour être généreuse. Elle exigeait toujours une contrepartie et plus elle était importante, plus elle l'apprécierait.

Serenos semblait hésiter. Il ne savait quoi lui offrir. Pourtant, ce n'était pas comme s'il manquait de moyen. Il était roi après tout. Il avait de l'or, de l'argent, des bijoux, des terres, des hommes et du pouvoir, surtout du pouvoir. Ce que préférait la jeune femme par dessus tout, en plus de sa magie cela allait de soit. Elle l'observa se vêtir. Elle avait fait faire ses vêtements à son attention. Est-ce qu'elle tenait encore à lui ? Certainement, sinon elle l'aurait éliminé depuis un certain temps déjà. Jusqu'où tenait-elle à lui ? Elle préférait ne pas le savoir. L'amour était un poison. Ce genre de sentiment avait souvent des conséquences négatives sur la vie d'une personne comme elle. Elle en avait d'ailleurs subi les effets négatifs. Pourtant, tout comme lui, elle était attirée vers Serenos comme un papillon vers la flamme d'une bougie. Elle en était presque désespérante. Malgré tout, elle ne comptait pas lâcher son savoir juste pour le tenir à sa merci quelques mois.

Finalement, il se décida à lui donner une réponse. L'Aranie, il souhaitait lui faire don d'une partie de son royaume. Elle leva un sourcil intéressé. Il poursuivit en indiquant qu'il souhaitait la prendre comme épouse afin de justifier qu'elle gère le territoire à sa place. Cela avait dû lui coûter cher de se désister d'un tel territoire. Cela lui coûtait certainement encore plus cher de lui demander sa main et de faire d'elle sa reine.


« Est-ce une demande en mariage mon ami ? »

Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un rire amusé et joyeux. Elle tapa dans ses maisn comme une enfant, ravie d'une telle proposition. Sa bonne humeur un peu dissipée, elle claqua deux fois dans ses mains, faisant venir l'une de ses servantes.

« Du vin ! Le meilleur ! »

La neko s'inclina avant de ressortir. Mélisende vint prendre place en face de son compagnon. Bras croisés, elle l'observait. Il était effectivement très affaiblie. Elle le sentait. Il n'était venu la trouver que comme ultime recours. L'esclave ne tarda pas à revenir et déposa une des meilleures bouteilles qui soit au monde ainsi que deux verres. Elle servit sa maîtresse puis son invité avant de s'incliner et de ressortir. Le breuvage était d'un magnifique rouge rubis assez sombre comme du sang. Ce nectar était un pur délice. La jeune femme attrapa son verre et le tendit au-dessus de la table.

« Nous devons donc trinquer mon ami. J'accepte ta proposition. L'Aranie me convient parfaitement ainsi que le fait de devenir ton épouse. Quand à t'accepter dans ma chambre, il ferait bien voir que tu n'y viennes pas ! Tu étais un excellent amant et je ne compte pas me priver de ta présence et de ton corps. Le temps que tu resteras en ma compagnie, j'espère bien que tu partageras aussi ma couche. Je ne compte pas me limiter à bavarder avec toi et à t'apprendre à gérer tes capacités. Je veux aussi que tu me montres si tu es encore capable de ma satisfaire. Peut-être qu'avec le temps tu as perdu de tes... capacités. Qu'en penses-tu Serenos ? »

Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".
- Est-ce une demande en mariage, mon ami ?
- Une offre… de mariage, oui.

Serenos aurait peut-être préféré le voir comme ça, à une époque. Ses yeux croisèrent à nouveaux ceux de celle qu’il devait maintenant considérer comme sa promise. Enfin, sa promise en tant que « Roi d’Aranie ». Il se sentait encore faible, mais le venin de la Lamia s’était dissipé, en grande partie. Ses membres ne lui paraissaient pas aussi fatigués qu’à son arrivée, et il se sentait même plus… clair d’esprit. Mélisende fit venir à eux une bouteille de vin. Pendant ses près de cinquante années de vie, il s’était avéré grandir en un excellent amateur de vin, d’une part pour l’amour du goût, d’une autre parce que le vin était le médicament des moments de profonde solitude. Il prit la coupe que la sorcière lui tendait et la porta à ses lèvres, non sans identifier tous les composants du vin; la dernière chose qu’il voulait, c’était se retrouver affaibli par une autre substance. La méfiance était encore l’une des rares choses qui l’avait gardé en vie toutes ces années, et il ne pouvait que douter de son amie après les derniers rapports conflictuels entre eux. Une fois rassurés, il s’autorisa une gorgée de vin, qu’il fit lentement tourner sur sa langue, savourant les arômes… et il fit une légère moue, puis un sourire, Il reconnaissait ce vin; c’était le même qu’ils partageaient après chaque bataille, le meilleur vin sur Terre, à son avis.

-Une bouteille de Chambois des Basses-Plaines, vieillie quatre ans dans un baril de cerisier, énuméra-t-il avec précision. Une spécialité anderrane. Je ne vous connaîtrais pas aussi bien, je vous soupçonnerais de nostalgie.

Mais aux yeux du Roi, cette beauté d’un autre temps ne saurait s’attacher au passé assez pour ressentir une nostalgie, quoiqu’elle ne s’arrête à  rien pour obtenir les choses qu’elle voulait pour elle-même. Ce vin avait une histoire pour eux. Une très longue histoire. Serenos ne pouvait qu’apprécier ce souvenir. Il admirait la détermination de la jeune femme, cette énergie qu’elle avait de se battre pour ses propres désirs, sans avoir besoin de s’investir pour les autres, sans avoir besoin d’une cause à servir. Il déposa doucement la coupe sur la petite table pour il la regarda dans les yeux.

Il n’aimait pas l’idée de lui céder l’Aranie. Il ne savait pas ce qu’elle en ferait, mais si elle était une reine aussi compétente qu’elle l’a été lorsqu’elle dirigeait ses magiciens du temps de la guerre, elle saurait garder ses activités au sein de son palais, sans causer de dégâts à l’extérieur. Mais il était heureux. Il préférait nettement l’avoir avec lui que contre lui. Peut-être espérait-il réparer les dommages qu’ils avaient fait à leur relation, et colmater l’énorme fossé qui s’était installé entre eux. Elle se mit alors à détailler ce qu’elle attendait de leur relation, et selon sa description, elle était beaucoup plus conciliante qu’il ne s’y attendait. Elle ne voulait pas d’une relation d’intérêts, froide et distante, comme il aurait pu penser. Elle lui paraissait même contente, s’il interprétait correctement ses rires et son apparente bonne humeur. Elle lui arracha même un sourire en lui laissant entendre qu’elle le soupçonnait d’avoir perdu la main dans l’intimité.

- J’en pense que nous  avons beaucoup de faits à rectifier.

Il aurait pu lui parler de ses maîtresses… ou de la sirène qui l’avait piégé pendant le festival des poissons, ou des dryades meisaennes pour les célébrations printanières, et encore d’autres rencontres qui avaient permis au Roi de Meisa de se bâtir une très étrange réputation de n’être attiré que par des monstres, mais il ne jugeait pas nécessaire de vanter ses conquêtes.

Serenos n’était jamais tombé amoureux depuis la mort de Laryë et la trahison de Mélisende, deux événements parmi nombres d’autres qui avaient achevé de le persuader que l’amour n’avait pas de place dans sa vie, qu’il ne lui apportait que douleur et désespoir. En ce jour, sa rancune envers la belle sorcière était belle et bien enterrée, mais s’il restait encore des sentiments amoureux entre eux, ni l’un ni l’autre n’étaient prêt à ouvrir leur cœur. Pour le moment, du moins.

Il avait tout de même capté l’intérêt de la sorcière, elle qui n’avait aucune appréciation pour la subtilité. Et il devait admettre qu’il s’attendait à cette situation, tôt ou tard, même avec sa proposition originelle. Il était néanmoins sincère. Il comptait tenir sa proposition et ce qu’elle impliquait. Et s’il devait l’épouser, il la traiterait comme son épouse. Il fit quelques pas vers elle, prenant le vin entre ses doigts avant de le lui enlever des doigts, le portant ensuite à ses lèvres et s’en versa une petite gorgée dans la bouche avant de poser la coupe sur la même table et de poser ses lèvres contre les siennes, teintant leur baiser d’une saveur alcoolisée, lui saisissant la nuque d’une main pour maintenir le contact, l’autre venant enlacer délicatement la fine hanche de cette personne qu’il avait si passionnément aimé… et abandonnée. Il ne se l’admettait peut-être pas à l’époque, par égard pour Laryë, mais avant son mariage, avant qu’il ne devienne Roi, Mélisende était la femme qu’il avait aimée. Du plus profond de son cœur.

Une chose curieuse se produisit en lui alors qu’il l’embrassait. Il sentait son embrouille se dissiper, ses muscles se renforcer, son esprit s’éclairer, et sa fatigue s’envoler. Plus le contact se prolongeait et plus il se sentait fort. Mais c’était impossible. Sans sa magie, il n’avait aucun effet de régénération qu’il pouvait bien provoquer. Bien qu’il fut habitué à d’étrange choses, il ne s’attendait pas à se sentir aussi… bien.


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