La lune. L’astre de la nuit. Une sphère d’argent régnant sur l’étendue étoilée depuis le ciel terrestre … Astre qui veillait sur la déesse exilée, main jointe avec celle de sa partenaire, son amour, sa jeune et tendre humaine qui répondait au nom de Naysha, embrassant sa chère et tendre sous la nouvelle lune, sous la nuit. En ce moment, Férhys n’avait d’autres soucis que Naysha, ne pensait à autre qu’à Naysha, n’aimait d’autres que Naysha. Et n’aimerait d’autres que Naysha. La jeune humaine connaîtrait bon nombre de partenaire, aurait bon nombre de relations, pour Férhys, seule Naysha compterait réellement, seule Naysha resterait dans son corps. Jusqu’à sa mort, que l’étincelle de sa vie ne s’éteigne dans les ténèbres, elle aimerait Naysha. Il est dis jusqu’à sa mort, car après la mort, il n’y à rien pour Férhys. Le néant, l’oubli, les ténèbres. Elle ne sera plus, ni de corps, ni d’esprit … Mais la volonté dans la constellation de l’Arche du Néant, Férhys de l’Arche, était puissante. Puissante, et assez pour lui assurer une quasi-survie de son âme, afin qu’à jamais, elle ne veille sur son amour, dans les cieux, brillant comme la lune, cette lune qu’elle aimait tant regarder, cette lune témoin de leur amour … Déjà, la nuit avançait. Quand bien même n’avaient-elles passée ensemble que très peu de temps, la position lunaire indiquait que l’heure allait bon train, vers minuit.
Le long baiser fougueux, de désir, d’amour, de passion qui avait unie deux cœurs se brisa, laissant à chacune, proche de sa partenaire, le temps de reprendre son souffle, de récupérer, et surtout, de profiter de l’instant merveilleux qui venait de s’achever, sur cette esplanade, le corps presque nu parcouru par un immense courant d’air, une brise, un zéphyr, frais, rafraîchissant, qui caressait doucement leurs corps et leurs cœur tandis que de douces paroles étaient proférées, scellée par un court et bref baiser, de passion, de désir … D’amour. Amour récent, fragile, mais fort, et il ne tenait qu’aux deux jeunes amantes de transformer cette mince flammèche en tempête de feu, en véritable fournaise, ou de verser une froide eau sur la flamme, et de briser Férhys par la même occasion. Ce qui adviendrait de Férhys un fois son cœur brisé, je ne le sais pas encore. Personne ne le sait. Mais la belle Naysha caressa le corps de Férhys, puis sa joue, avec la plume de Férhys, le don de la déesse, l’amour de la déesse. Elle accola sa joue à celle de la divinité, les yeux à demi fermés. La tendresse de cette scène était bien trop grande pour être exprimée avec des mots. Aussi d’amour Férhys frémissait t’elle, caressant sa belle, encore, toujours …
C’était étrange … Pourquoi est-ce donc en ces moments qu’on se rend compte au fond de ce que l’on avait et de ce qui nous manquait ? Pourquoi est-ce lorsque l’on perd quelque chose que l’on se rend compte de la réelle valeur qu’il avait ? Joie, peine, douleur, tristesse, amour … Tout disparaît sans que l’on se rende compte de ce que l’on avait. Cette douceur, cette tendresse que Férhys recevait, donnait, cet amour, ces sentiments, son amour pour Férhys lui fit penser à ce qui adviendrait après. Après quoi ? Facilement imaginable. Cela fit penser à Férhys quelque chose. Elle qui avait toujours vécu dans la solitude et la destruction, qui accordait autant d’importance à son existence qu’à l’esprit avec qui elle cohabitait, elle qui avait toujours désiré mourir au combat, en vint à penser une chose, tandis qu’elle prenait Naysha dans ses bras et la serrait contre elle…
*Je ne veux pas disparaître*
Puis Naysha, son amour, sa raison de vivre, amena tendrement contre sa propre joue la main de Férhys, les yeux clos, ou à demi-clos … La sensation de la peau de Naysha était si douce, si pure … Doucement chaude, comparé au contact glacé du vent, doucement, si divinement douce, et chaude … Elle sentait, même depuis la joue, le petit cœur de la jeune humaine, qui battait toujours vaillamment, maintenant sa maîtresse à la vie, ardemment et avec ténacité. Férhys prit consciente de la fragilité humaine, elle qui n’avait jamais accordé le moindre regard à cette espèce qu’elle considérait comme inférieure, vint à se rendre compte de ses erreurs. Elle n’en aima que plus Naysha, humaine, dont le corps n’avait pas la puissance du sien, elle qui n’était qu’une « simple » humaine, elle qui était plus divine que Férhys en bien des apparences. Car c’était la fragilité de cette vie, dotée d’un temps, d’un sablier, qui décuplait, si besoin il y avait, la beauté de Naysha aux yeux de Férhys. Puis Sa méditation noire fut interrompue par les paroles de son amante, qui la ramena à la réalité ;
Il faisait toujours nuit ? Oui. Il faisait toujours nuit. C’était-elle endormie ? Non. Elle ne s’était pas endormie. Elle avait juste enregistré toutes ces nouvelles émotions, calmement, afin que jamais, quel que soit ce qu’elle subisse, elle n’oublie Naysha. Naysha, qui lui avoua être dans un rêve. Naysha, qui lui avait déclaré son amour. Naysha, qui s’étendait, se dénudant volontairement aux yeux de sa belle, amenant sa belle vers elle, embrassant sa belle, la plume, caressant toujours le visage de la déité. Elle avait l’air heureuse, comblée … Naysha avait l’air, plongée dans la lumière argentée, d’n ange. D’une sublime déité de la nuit. Férhys l’aima encore plus. Férhys l’aimait, et l’aimerait pour l’éternité. Férhys souriait paisiblement. Elle aussi, avait l’air heureuse. Jamais aucunes ombres ne viendraient troubler cet instant magique, instant magnifique, étalée sur sa belle, caressée par celle-ci, sur une chaise longue sous le ciel étoilé, baignée d’amour. Naysha, sensuelle, avait voulue une pose volontairement provocante, ce qui fit sourire ironiquement la déité des ténèbres, qui demanda à sa belle :
« T’avais-je dis à quel point je te trouvais magnifique ? »
L’aile sombre de Férhys se redéploya, laissant quelques plumes du duvet, la base de ses ailes, s’envolèrent dans le vent, disparaissant dans la nuit. Férhys plia cette aile de manière à recouvrir sa personne, et son aimée, faisant un barrage pour le vent, cette douce brise, tandis qu’elle déposait un tendre baiser sur les lèvres de sa tendre. Férhys agissait avec lenteur, son aile, l’aile dont elle était si fière, protégeant Naysha de la nuit, les plumes sombres remuées par le vent, plongeaient les deux jeunes femmes dans une obscurité profonde, pendant que la langue de Férhys s’en allait échouer sur le cou de la lycéenne sous la nouvelle lune. Puis la lumière lunaire fut de nouveau lorsque Férhys déploya pleinement son aile, toujours occupée à lécher le cou de sa jeune amante, embrassant celui-ci, caressant celui –ci, ses mains caressant la nuque de sa jeune partenaire. Elle ne voulait pas briser la magie en instaurant brutalement un plaisir charnel, et Naysha l’avait « appelée », offrant son corps à sa vision.
Le déploiement de l’aile de Férhys fit totalement tombe le peignoir, le vent l’emportant, l’emmenant choir quelque centimètres plus loin, prêt de la chaise longue ou Férhys léchait, caressait toujours le cou de sa partenaire, avec une passion et un amour non dissimulé, cherchant à être douce avec celle qu’elle aimait, à lui offrir ce qu’elle aimait, ce qu’elle désirait. Elle lui dis alors d’une voix faible, amoureuse, douce, heureuse :
« Hihihi … Tu t’offres ainsi à mon regard, mon amour … D’où que je te regarde, tu es magnifique … Je suis jalouse de ton corps … »
Affirma-t-elle sans dissimuler son amusement, et son ton amoureux. La nouvelle lune veillait sur elles, sa lumière argentée se reflétant très légèrement sur l’aile sombre de Férhys … Férhys, nue, offerte à la vue de son amante, sous un ciel magnifique.