Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Réunion (remasterisée) [Sail Ursoë + Sekhmet]

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Xatiav

Invité

  • Messages:

   Il observait depuis son perchoir la sombre ville de Tekhos, qui s’étendait en répandant un magnifique nuage obscurcissant les landes arides dans lesquelles il se trouvait. Il était accroupi sur une branche, la branche d’un arbre à demi desséché, sur lequel ne poussait plus une pauvre feuille. Il aimait bien les endroits hauts-placés, car ils permettaient généralement de découvrir le paysage alentour. Une faible lumière transcendait les nuages obscurs qui annonçaient une forte pollution ainsi qu’une averse. La température fraîche comme la pression de l’air indiquaient aussi sûrement qu’il ne voyait la ville, qu’une pluie menaçait. Il aimait bien la pluie, et détestait la lumière du soleil. Il n’aimait ni le soleil, ni sa lumière, car son œil gauche n’aurait supporté une trop vive luminosité, et son œil droit était plus faible en pleine lumière. La lumière pouvait le détruire.

   Il observait le monde tel qu’il venait. Une vaste étendue aride, sombre, au large allaient vers Tekhos quelque faibles lacs aux reflets d’argents, reflets créés par la faible luminosité. Il attendait ici la venue de grands esprits. Il avait si longtemps cherché à rencontrer d’éminentes personnes qu’il en était assez impatient. Il attendait depuis quelque temps déjà … Il avait laissé un message d’invitation fixant le lieu et l’heure du rendez-vous à chacun … Et si, et s’ils ne venaient pas ? Il n’aurait qu’à lui-même aller à eux. Ce ne serait si compliqué, de les retrouver.

   Pour passer le temps, il mit la main dans une poche interne de sa veste. Il en sortit deux tubes à essai. L’un contenait de l’a Athtratium dilué, et l’autre du Chyste Athrium. Le premier était un régénérateur cellulaire si puissant qu’il pouvait guérir les blessures impossibles par leurs ampleurs, et l’autre était un réactif chimique dont il se servait en biochimie pour synthétiser les éléments du corps humains. Il se mit à observer longuement les deux liquides.

   Une brise passa. Quelques herbes séchées se penchèrent quelque secondes. Un mistral transportant de la poussière passa. L’étendue désertique ne variait pas. Au large, quelques formes bougeaient. Des soldats de la ville technologique. Mais il n’y avait pas qu’eux. Quelques monstres erraient. Il détacha son regard de ses fioles, les accrocha à sa ceinture et passa sa mains dans ses longs cheveux noirs. Le vent manqua de faire bouger sa mèche, laquelle cachait son œil de cristal. Il passa donc la main dans ses cheveux en faisant attention de ne pas faire bouger sa mèche. L’arbre mort sur lequel il se trouvait était situé lui-même sur une steppe assez élevée des contrées arides qui entouraient Tekhos. Etais-ce des vestiges, d’anciennes ruines d’une population qui autrefois avait vécue en ces lieux ? Il ne le savait pas, et cela ne l’intéressait pas.

   Il était habillé d’un long manteau noir, maintenu par quelques ceintures, cinq, très exactement. A ces ceintures, étaient accrochés plusieurs fioles et tubes a essais dans lesquels se trouvaient de précieux liquides qu’il avait synthétisé lui-même, et à une autre ceinture se trouvait ses deux sabres. Ses katanas, fidèles compagnons, qu’il emmenait partout avec lui. C’était par expérience de la vie, expérience des combats … Et parce qu’en tout temps, ceux-ci pouvaient lui permettre d’obtenir de précieux ingrédients. Les terres de Tekhos regorgeaient d’ingrédients rares.
   
Il sentait d’autres présences dans la région, et principalement, derrière lui, son arbre étant situé en rebord d’une sorte de falaise, qui descendait sur le niveau suivant. Comme quoi, il se révélait encore une fois que tout venait à point à qui savait attendre.
« Modifié: jeudi 28 mai 2009, 22:27:49 par Xatiav »

Saïl Ursoë

Créature

Saïl ruminait.
Loin de l’auteur l’idée de le faire passer pour une vache, mais le fait était qu’il ruminait avec une insistance presque masochiste pensées, théories et suppositions à n’en plus finir, l’esprit si hanté de l’objet de la visite qu’il venait rendre qu’il n’en accordait qu’une attention relativement distraite à ce qui l’entourait, lui qui était habituellement si alerte par rapport à son environnement qu’il fallait se lever de bonne heure pour lui passer sous le nez sans se faire remarquer. Heureusement, sans lui être aussi familiers que les alentours de sa maison, les plateaux désolés qui entouraient l’imposante –et même effrayante- métropole de Tekhos étaient loin de lui être inconnus, et il pouvait ainsi y évoluer en cernant son évolution de précautions acquises par la force de l’habitude pour éviter de tomber sur un des nombreux dangers que recelaient les environs : c’était que même si ces contrées avaient un aspect moins sauvage que les terres du même non, il n’était pas impossible de tomber sur une des mille créatures hostiles qui les arpentaient, qu’elles fussent humaines, animales, machines… ou autres. Oui, ce « autres » n’était pas rassurant, mais il avait pu lui-même voir des entités qui défiaient l’imagination et qui pouvaient à bon droit être appelées des abominations tant elles semblaient issues de quelque cauchemar immonde et traumatisant… mais pas la peine de penser à des choses aussi peu réjouissantes, ce n’était pas ce dont il était question.
Ce dont il était question était cette fichue lettre qu’il avait « reçue » il y avait quelques jours de cela qui se trouvait en ce moment même dans une des poches de son pagne et qu’il n’avait pas besoin de relire pour en savoir le contenu tant il l’avait appris par cœur à force de la reparcourir sans véritablement pouvoir y trouver rime ou raison. D’ailleurs, cela n’avait pas été difficile étant donné que ce que ce pli blanc vierge de toute marque d’expéditeur et de toute odeur abritait un message faisant preuve d’un esprit de concision qui frisait franchement la sècheresse ; que l’on juge plutôt :

Docteur Ursoë

Veuillez vous rendre dans trois jours au plus haut point des steppes jouxtant Tekhos à 17h17

Neutralement

Xatiav

Et ces paroles manuscrites incongrues étaient tout ce qu’il y avait à rapporter : pas le moindre message dissimulé, pas le moindre code décryptable, pas le moindre système d’encre sympathique ou de tout autre moyen de camoufler un langage écrit, ce qui l’avait laissé hagard devant ce morceau de papier qui n’avait cessé de lui tarauder l’esprit durant le quelques jours passés avant celui du rendez-vous, l’empêchant de se concentrer convenablement sur son travail, de trouver le sommeil sans s’être au préalable dix fois retourné comme il se retournait le cerveau, de chasser même sans se demander à tout instant ce que ce pli aux allures de farce pouvait bien impliquer. Le mot « reçue » avait été mis entre guillemets, car il l’avait tout simplement trouvé innocemment posé sur le seuil de sa maison alors qu’il sortait de chez lui en s’étirant pour apprécier la fraîcheur du soir après une bonne matinée de repos, ce qui laissait à penser que l’expéditeur n’était pas du menu fretin pour non seulement avoir deviné l’endroit où Khral se cachait, mais en plus pris connaissance de ce qu’il était véritablement, en ce qui concernait son identité tout aussi bien que sa profession. Ce « Xatiav » dont le nom lui était bien évidemment inconnu –sinon ça n’aurait pas été drôle-, qui était-il au juste bon sang de bonsoir de nom d’une clepsydre anhydre ? Pourquoi avait-il besoin qu’il vienne à sa rencontre, que lui voulait-il, et de quel droit d’ailleurs se permettait-il de venir le tirer de la semblance de quiétude que lui apportait son existence plus ou moins routinière pour Dieu savait quelle raison ? De fait, Saïl aurait très bien pu lui dire merde et ne pas répondre à une invitation aussi dénuée de sens, mais hélas, la curiosité était un des défauts qui avaient le plus de prise chez lui, et il s’était donc mis en route sur le coup de seize heures, quittant son antre d’un bond pour se mettre à galoper avec ardeur en direction des territoires tekhans, autant pour arriver le plus à l’heure possible que pour évacuer la tension nerveuse qu’il avait accumulée précédemment à l’idée de ce qui pourrait survenir une fois sur place : était-il possible que tout cela ne fût en réalité qu’une grossière mascarade dont le but était simplement de l’amener à sauter à pieds joints dans un piège ? C’était peu probable, car plutôt que de le faire aller à Perpète-les-oies, il aurait en toute logique été bien plus facile de lui tendre une embuscade à la sortie de sa caverne, mais il restait que le contrôle que celui qui l’avait fait mander avait l’air d’avoir sur les choses le mettait mal à l’aise.

Enfin, après ce qu’il estima être une bonne heure de parcours, il atteignit les steppes mentionnées dans la lettre qu’il commença à escalader presque sans effort, sa musculature lui permettant de grimper avec aise et agilité pour s’élever jusqu’au sommet de cet édifice de pierre naturelle. L’oreille et le museau aux aguets pour se prévenir d’autant qu’il lui était possible des mauvaises surprises, il montait avec détermination, n’excluant toutefois pas tout le long la possibilité que toute cette histoire fût en réalité une sorte de vaste et déplaisant canular orchestré par un mauvais plaisantin qui en savait un peu trop. Aussi, quelle ne fut sa surprise lorsque, au bord d’une falaise qui surplombait la ville de Tekhan, sur un arbre mort mais encore étonnamment solide, il aperçut un humain (?) paré de bien curieuse manière lorsque sa tête émergea des derniers degrés pierreux : « curieux » était un bien faible terme pour décrire un individu pareil à vrai dire, car même en le voyant de dos, le scientifique qui en avait pourtant vu des vertes et des pas mûres pouvait affirmer avec certitude que jamais de sa vie il n’avait connu quelqu’un vêtu d’une manière aussi… originale. Rien que le grand manteau qui faisait étrangement penser à un personnage de Matrix (il ne faut pas avoir peur des références un peu faciles parfois) était quelque chose qui dénotait franchement bien que cela ne s’accordât pas mal avec les longs cheveux noirs de celui qui ne pouvait décemment être quelqu’un d’autre que Xatiav, mais les deux katanas qu’il arborait évoquaient là franchement un personnage issu d’une délirante fiction. A ajouter à cela les diverses éprouvettes contenant des liquides bariolés dont il garnissait une deuxième ceinture –et qui ne manquèrent pas de susciter l’intérêt vivace du savant-, et vous aviez là le portrait d’un drôle de zèbre ; de quelqu’un au nez duquel vous auriez bien ri pour son accoutrement si celui-ci ne vous avait justement pas fait crapahuter depuis chez vous pour une raison inconnue.

Il ne paraissait pas avoir remarqué sa venue, et donnait l’impression que d’une ruade, Khral aurait pu précipiter à bas son perchoir et lui avec, mais quelque chose disait à l’homme-loup qu’il l’avait au contraire bien senti venir et attendait simplement qu’il prît l’initiative pour réagir. Sans chercher à faire preuve de furtivité, ne voyant de toute façon pas vraiment pourquoi il aurait voulu lui rentrer dans le lard sans autre forme de procès, il s’approcha donc jusqu’à arriver à à peine deux mètres de sa position où il déclara avec un ton légèrement caustique :

« Docteur Xatiav je présume ? »
« Modifié: vendredi 29 mai 2009, 17:35:36 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Xatiav

Invité

  • Messages:
Son invité était arrivé et n’avait, à juste titre, pas l’air content du tout. De fait, il serait difficile de ne pas être en colère après s’être fait signifier qu’on avait un rendez-vous pratiquement à l’autre bout du pays sans connaître l’objet de celui-ci. Le Docteur Ursoë s’approcha donc de lui en ne cherchant sous aucunes formes à dissimuler son imposante présence. Il attendit patiemment le contact. Lorsque l’on avait passé son existence à rencontrer des gens particuliers, que ce soit un homme étrange qui arborait le fait d’être JYL, et dont l’âme était séparée en deux parties identiques, une guerrière séculaire qui prétendait conquérir le monde aux moyens d’une quelconque arme divine, une jeune femme dotée d’une sensibilité approchant la sienne et dont l’intelligence lui eût démontré qu’il ne valait mieux sous estimer les gens, et qu’il pouvait se faire vaincre par une simple lampe torche pour peu qu’il ne protégeait pas de la lumière son œil gauche, ce qui eût pour effet de modifier radicalement son allure. Quant on avait été le créateur d’une jeune fille quelque peu particulières aux yeux résolument vairons, laquelle avait été envoyée par des moyens peu orthodoxes se trouver un maître et dont la pupille lui envoyait quelque fois des informations, banales comme intéressantes, on était paré psychologiquement à affronter toutes sortes d’humeurs. D’autant plus que son gout vestimentaire, certes pratique, mais quelque peu original lui avait valu de nombreux calembours dont les initiateurs décédèrent trop prématurément pour voir la foule en rire. Et par ailleurs, après avoir constaté le sort réservé aux rieurs, la foule ne riait généralement pas. Le Docteur Ursoë lui demanda par ailleurs d’un ton « légèrement » cassant s’il était bien le « Docteur » Xatiav. Il réfléchit quelque peu à cette question. Pouvait-on le considérer comme un docteur ? Cela était étrange. Si l’on admettait que le meurtre était une manière de soigner les gens, il aurait sans doute pu être qualifié de Docteur. Il allait sans dire que pour lui, la loi avait autant de signification qu’un rouleau de papier toilette sur lequel aurait été dessiné des petits cœurs roses et écrit des mots d’amours a l’encontre d’une personne qu’il ne connaîtrait éventuellement pas. Il considéra de fait que d’humeur massacrante, son invité pouvait être apte à appliquer le principe massacrant de son humeur. De fait, il devrait descendre de son perchoir. Il n’aimait guère l’idée, car il avait toujours, oui, même à l’académie, apprécié d’être en hauteur. Que cela soit un clocher, un arbre divin, une girouette au sommet d’un clocher, ou le sommet du mat d’un bateau, il adorait les endroits hauts placés. Ceux-ci permettaient d’avoir une vue contemplative sur le reste des environs, et d’être en plus pratiquement le seul à des kilomètres à la ronde. Son tempérament solitaire l’amenait souvent en des lieux étranges, son laboratoire à cent kilomètres en dessous du sol, par exemple. Il se releva quelque peu. Il descendait de son perchoir, pour une raison lui semblant très facultative, mais nécessaire pour des raisons évidentes de sécurité, ainsi qu’avec la conviction que se situant sur la plus haute steppe de tout le territoire, il restait de toute évidence, bien haut. Son objectif n’était pas de se mettre plus haut que le docteur Ursoë, bien entendu, mais il aimait tellement, à l’air libre, la hauteur, qu’il ne pouvait pas s’en empêcher. En lieu fermé, c’était plutôt la profondeur qui l’attirait. Quoi qu’il puisse en être, Xatiav descendait de son arbre. Il se laissa tomber en face du Docteur Ursoë avec lenteur et conviction. Non que sa chute fût lente, mais ses mouvements l’étaient. De fait, il se déplaçait en silence. Les créatures qui hantaient la région étaient réceptives au bruit. Il se retourna, faisant de fait face à son interlocuteur. La première pensée qui lui vint à l’esprit était qu’il avait eût singulièrement raison de ne pas l’inviter en Tekhos elle-même. Un individu faisant 1,5 fois la taille d’un être humain normal, au profil lupin, accompagné d’un individu étrange à l’ œil entièrement rouge aurait quelque peu attiré l’attention. Et il y aurait eu de fortes chances qu’à moins d’un bain de sang, ils auraient eu quelque difficulté à se soustraire aux forces de l’ordre. Son œil de sang jaugeait le Docteur Ursoë en toute quiétude. Il était impossible pour quiconque autre que lui-même de définir si cet œil bien étrange pouvait voir, et dans quelle direction il pouvait voir, tout comme le degré de l’intensité du regard qu’il pouvait porter. Il avait par ailleurs adopté une position aussi significative que ne pourrait l’être un homme politique arrivant devant un président. De fait, il se tenait droit, et son visage, outre son sourire vide, affichait une inexpressivité comparable aux déserts alentours, et son corps dans l’ensemble était doté d’une mobilité de parcmètre. Il finit après un cours laps de temps qui aurait pu interpréter de manière différente selon les personnes, le degré d’impatience, ou l’humour. Cela dépendait. Il affirma donc d’une voix neutre et claire :

« Docteur, professeur, cela dépend de nombreux critères. Mais d’un point du vue général, je suis bien plus un scientifique qu’un médecin. Oui, vous l’eûtes bien deviné, je suis bien celui qui répond au nom de Xatiav. Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation quelque peu particulière. Je suis heureux de vous rencontrer, enfin.»

   En scientifiques, il avait cherché la crème de la crème, et avait aussi invité une scientifique située quelque part dans le territoire ou ils se trouvaient en ce moment. Une dénommée Sekhmet. Mais viendrait-elle, il ne pouvait le dire. Il crut bon de ne pas tenir informé son hôte  - Si l’on pouvait appeler Sail ainsi – de cette donnée encore trop inexacte. Il maintenait un contrôle acharné sur les mouvements exécuté dans la région, espérant peut-être pouvoir annoncer l’arrivée prochaine d’un nouvel éminent savant. Faisant toujours face à son invité, il s’efforçait de maintenir une ambiance ne descendant pas nécessairement en dessous de 0 degrés. Ce qui était un coup de maître qu’il avait peine à réaliser, étant donné l’environnement, la conjecture des évènements, la méthode d’invitation, et la méthode de réception. Arrivant aisément à la conclusion que son interlocuteur aurait, nom de Dieu, aimé découvrir ce qu’il faisait à se geler sur une haute sphère d’un territoire immensément grand et immensément dangereux, loin de son foyer et reçu aussi chaleureusement qu’un agent de police décernant une contravention pour la mauvaise position d’une charrette de foin. Il résolut d’en dire un peu plus sur le motif de l’invitation, l’objet de cette « réunion » quelque peu particulière. En effet, il était véritablement rare qu’un humain invite un homme-loup à trotter quelque kilomètres. D’autant plus si le loup en question faisait 1,5 fois la taille du prétendu humain en question. Il n’était peut-être pas humain, mais d’humain, il avait la taille moyenne. Il s’exprima donc sur l’habituel ton monocorde qu’on lui connaissait, ton qui laissait  quand même transparaître un certain ravissement à l’idée de voir une si importante personne -certes susceptible de l’assommer en tout instant- répondre  à son invitation. Il n’allait que rarement en ville, et la plupart de ses sorties en milieu urbain l’avaient désenchantées. Et il était impossible d’inviter le Docteur Ursoë en milieu urbain, sous peine d’avoir une mûre explication avec les forces de l’ordre, les marchands d’esclaves et les gardiens de zoos pensant avoir repéré un spécimen intéressant. Il parla donc.

« Je suis un alchimiste spécialisé en biochimie. La biochimie est une branche de l’alchimie de vie afférente à l’étude avancée du corps humain, et d’autres formes de vies par la même occasion. Cette branche se spécialise en biologie, laquelle est mêlée à l’alchimie. Ce qui s permet à un biochimiste de niveau moyen de décrypter l’ensemble des secrets d’un corps humains, le fonctionnement d’un cœur, du cerveau, et d’autres organes aussi complexe sur lesquels nombres de scientifiques achèvent de ronger leur cent-quarante-trois-millième stylo. Je vous prie d’excuser la méthode de l’invitation, mais ce territoire semble tout-à-fait indiqué pour prévenir les éventuelles oreilles indiscrètes … »

   Il résolut de justifier quelque peu sa position de scientifique au docteur Ursoë, afin d’être pris au sérieux, malgré son costume d’assassin qui sortait quelque peu de l’ordinaire. Il mit la main dans son manteau et tira d’une poche intérieure une enveloppe sombre sur laquelle une croix inversée superposée sur un grand X ressortait, de par sa couleur rouge sang. Il aimait les couleurs vives et gaies. De fait, pratiquement tout son matériel était noir, violet, ou rouge. Il tira de l’enveloppe une liasse de feuilles. Cette liasse, qu’une seule personne, lui-même, avait eu le loisir de consulter, était un des plus grands chefs d’œuvre scientifique réalisé par lui-même, et pour l’instant sa plus grande réussite : les formules constitutives, les matières, les équations, l’ensemble de ses propres écritures, lesquelles étaient réunies dans un lourd dossier dont le titre, affiché clairement en rouge sur la page de garde, était « Projet Nereid ». Il tendit le dossier au docteur Ursoë.      

« Ceci est un exemple plus concret de cette branche obscure et complexe de l’alchimie, une de mes dernières expériences sur la synthèse d’un corps humain artificiel, effectué voici dix ans de cela. Cet homoncule parcourt actuellement le monde en recherche d’un maître. »
   
Le projet ayant été montré, il avait bon espoir d’être pris pour autre chose d’un potentiel blagueur. Il pensa vaguement qu’il avait eu raison d’emporter le fascicule du projet Nereid. Même si entre ses notes sur le développement de l’embryon artificiel, la synthèse d’un cœur, d’un esprit et d’un cerveau fonctionnel, ainsi que le synthétiseur d’âme intégré au résultat final plaçait le fascicule en question à un bon millier de pages. Il se doutait, bien entendu, que le docteur  Ursoë, qui était infiniment loin d’être stupide, avait déjà compris l’objectif de « l’invitation ». Il désirait parfaire ses expériences, et recueillait tout ce qui pouvait l’amener à créer un autre homoncule, mais parfait. Sans aucuns défauts, sans aucunes faiblesses … Il estimait qu’il allait travailler quelque peu tard avant de parvenir à ses fins. Pour l’instant, le temps supposé de travail serait de 9x8x7x6x5x4x3x2x1 heures de travail, soit trois-cent-soixante-deux mille huit-cent quatre-vingts heures de travail, pour n’avoir qu’un système d’équation à cinq-milles inconnues. Certains considéreraient déjà ce fait comme un travail à part entière, et comme un très bon résultat. Pas lui. Le seul résultat qu’il tolérait, c’était la perfection incarnée. Nereid ne s’était pas révélée parfaite sous tout les angles, mais ce sur quoi il avait travaillé, la morphologie et le principe de la synthèse  automatique d’âme selon la personne qui enlevait son collier maudit, était déjà remarquable. Il espérait apporter en ce jour autant que recevoir. Il coupla le geste de son bras tendant le projet par les paroles suivantes :

« J’ai un intérêt particulier pour la synthèse de substance, quelque unes desquelles sont actuellement à ma ceinture. Les résultats diffèrent selon les dosages, mais avec cela - Il désigna trois fioles et une rangée de tubes à essais vides – il y a moyen d’obtenir la synthèse de produits assez rares. »
   
Et enfin, l’information que Sail Ursoë serait en mesure d’attendre, l’information qui expliquerait quelque peu le message déposée devant sa porte, silencieusement, en pleine nuit, et qui avait poursuivi obsessionnellement son destinataire jusqu’à ce que celui-ci, légèrement mécontent, vienne se poster de toute sa stature au lieu du rendez-vous, à l’heure du rendez-vous, devant cet être étrange qu’était Xatiav. A ce stade de la discussion, le docteur Ursoë pouvait déjà s’être fait son opinion sur l’individu qui était en face de lui, lequel ne semblait en aucune manière surpris de voir un loup-garou deux fois plus grand que lui entamer une discussion. Il sélectionna donc ses mots, pour ne pas révéler de but en blanc sa nature que de toute façon il ne devait pas connaître lui-même. Sa phrase suivante détailla quelque peu la raison d’avoir envoyé Sail dans un trou perdu qui pourrait être qualifié familièrement de « trou du cul du monde ». Il ajouta donc avec un ton neutralement monocorde :

« J’ai cru comprendre que vous étiez un grand savant et un homme (loup) d’une grande intelligence et doté d’une vaste connaissance. Vous auriez déjà peut-être compris l’objectif de mon invitation, si l’on peut qualifier cela ainsi. Je désirerais m’entretenir avec vous sur thèmes scientifiques. »
   
Les points se trouvant gracieusement placés sur les i, et cependant de manière polie, il attendit la suite. Il y avait des chances que le docteur Ursoë s’intéresse au projet qui constituait la naissance de Nereid, car celui-ci ne traitait ni de clonage, ni d’immaculé-conception, ni de fécondation in-vitro, mais bel et bien de la synthèse pure et totale d’un être vivant avec pour point de départ une feuille et un tube à essai. 
« Modifié: dimanche 24 mai 2009, 13:20:45 par Xatiav »

Saïl Ursoë

Créature

Chaque jour de chaque vie présente son petit lot de surprises, de désagréments, de turpitudes subies qui font que rien ne se passe jamais véritablement comme vous l’auriez prévu : l’évier de votre salle de bains peut se retrouver bouché, et vous devez alors passer un bon moment de manipulations hasardeuses et de jurons divers à faire en sorte de le réparer, ou bien votre chat se met en tête d’uriner copieusement dans un coin de la cuisine pour une raison incertaine, ce qui vous oblige à lui mettre un bon coup de pied avant de se mettre à l’ingrate tâche de nettoyer ses cochonneries. Saïl lui aussi devait faire face à des bizarreries de ce type, sauf qu’elles revêtaient un tout autre calibre : ça pouvait être une vampire qui faisait irruption dans sa maison alors qu’il était tranquillement en train de dormir, une humaine engrossée par un démon en train d’accoucher sur son territoire… ou bien tout simplement un des types les plus bizarres auxquels il eût jamais été confronté –ce qui n’était pas peu dire !- qui le conviait à venir le rejoindre à des kilomètres de chez lui pour une cause aussi obscure que l’était la nature et les origines du type en question, lequel était aussi réactif que s’il n’avait été qu’un mannequin fichtrement bien réalisé. Estimant d’ailleurs un instant que ce pouvait bien être le cas, Khral fit exécuter à ses radars auditifs un bref tour d’horizon de manière à vérifier qu’aucune menace ne se profilait tout en faisant de son mieux pour conserver un air détaché, puis, lorsqu’il fut aussi certain qu’il pouvait l’être qu’il n’y avait rien d’autre à signaler que le souffle du vent et quelques sons trop lointains pour être dignes d’attention, reporta son attention sur le zigue haut perché qui avait conservé une immobilité toujours aussi fantastiquement parfaite, n’ayant manifestement pas bougé d’un pouce. L’homme-loup avait des manières, et savait se montrer de la plus exquise politesse lorsque les circonstances le requerraient, mais il commençait à se demander s’il ne devrait pas, pour sortir ce drôle d’oiseau de sa torpeur, ajouter autre chose ou le secouer au sens propre, quand l’intéressé se décida en fin de compte à faire preuve d’une activité qui prouvait qu’il était en vie lorsqu’il descendit de son piédestal avec un bond d’une souplesse et d’une furtivité digne d’un ninja, ce qui ne manqua pas de le mettre mal à l’aise, surtout quand il put s’apercevoir qu’il n’était pas moins impressionnant de face que de dos. Ses yeux en particulier étaient frappants, car en guise de globes oculaires, des petites orbes d'un rouge déstabilisant aux reflets écarlates étaient incrustées dans ses orbites et leur éclat tous simplement surnaturel semblait littéralement percer son esprit de part en part. Le regard de Kira, la vampire aux iris rouges, avait certes quelque chose de dérangeant et de flamboyant qui montrait qu’il ne fallait pas plaisanter avec elle, mais avec celui qui lui faisait face en ce moment même, on atteignait une intensité digne d’un rayon laser : les yeux sont les fenêtres de l’âme comme on disait, et Saïl n’était pas sûr de vouloir savoir ce que celle-ci recelait comme secrets !
Rompant le peu confortable silence qui s’était instauré, l’être aux allures de jeune homme que l’homme-loup devinait trompeuses finit par prendre la parole sur un ton dont la morosité n’avait rien à envier à un huissier de justice, répondant en longueur à la question posée au second degré avec le plus grand sérieux.

Saïl en avait connu des confrères, certains d’humeur entraînante, d’autres plus mesurés dans leurs excès, et même d’autres pour lesquels l’idée même d’enthousiasme paraissait devoir à jamais rester du domaine de l’occulte ; et il lui paraissait sans grand doute possible que celui qu’il avait devant les yeux appartenait à la troisième catégorie : il se disait « heureux », et pourtant, de sa voix ainsi que de son attitude transparaissaient autant de bonheur que s’il avait été en train de lire une liste de courses. C’était étrange, mais ça ne sortait au fond pas de l’ordinaire, ce qui n’était pas le cas des propos de Xatiav qui se conclurent par un « enfin » qui le laissa perplexe : l’avait-il ainsi dans le collimateur depuis longtemps déjà, et s’était-il donné la peine de l’observer pendant il ne pouvait savoir combien de temps avant de se décider à entrer en contact avec lui ? Il ne savait pas s’il devait se sentir flatté d’avoir eu un tel admirateur caché –même si il doutait que l’autre fût de nature à éprouver quelque chose comme de l’admiration- ou offusqué d’avoir été considéré comme une sorte de bête curieuse intéressante à examiner en tant que sujet d’expérience avant qu’on ne la teste sur le terrain. Ne sachant sur quel pied danser, il s’efforça donc de rester calme et posé en attendant les explications de son interlocuteur qu’il se sentait en bon droit d’espérer, car s’il se montrait aussi chaleureux qu’une chambre froide et d’une loquacité pareille à celle d’un ascenseur, il n’avait au moins pas l’air d’être du genre à se perdre en réponses sibyllines, ayant plutôt l'air enclin à aller directement dans le vif du sujet de la manière la plus claire et concise possible.
En tout cas, il lui était reconnaissant d’avoir choisi cet emplacement relativement éloigné de toute forme de civilisation, car si depuis le point d’observation qu’ils avaient, ils pouvaient tous les deux avoir une vue imprenable sur la métropole, il était à peu près assuré qu’ils ne seraient pas dérangés à une altitude pareille, ou en tout cas, qu’ils pourraient très aisément sentir le dérangement venir avant que celui-ci ne leur tombât dessus. Une telle position présentait l’avantage non négligeable que Khral n’avait pas à côtoyer la civilisation, tâche qui relevait tout simplement d’une mission impossible pour quelqu’un avec une apparence telle que la sienne : même en revêtant le meilleur déguisement au monde, sa taille ainsi que sa morphologie peu communes l’auraient sans l’ombre d’un doute trahi à moins que tous les citoyens ne fussent soudain frappés de débilité mentale profonde.

Enfin, le gaillard de noir vêtu et chevelu se décida à reprendre la parole, approfondissant quelque peu sur ses qualifications pour le plus grand intérêt de Saïl qui ne put empêcher ses yeux de s’écarquiller un instant à la mention de la démonstration d’alchimie de celui qui était manifestement un confrère. Bien sûr, leurs approches différaient franchement, et du point de vue de la catégorisation des domaines autant que de celui du raisonnement, ils ne procédaient pas de la même manière, mais dans le fond, les deux conceptions se recoupaient admirablement, et on pouvait dire que l’alchimie était à Terra ce que la science était à la Terre. Pouvait-on pousser le rapprochement jusqu’à dire que Xatiav était son homologue ? Les apparences n’allaient pas en faveur d’une telle comparaison… quoique avec le look de ce dernier, il ne faisait pas moins original que l’immense homme-loup avec son barda digne d’un héros d’heroic-fantasy paré à combattre des hordes d’aliens ou à taillader des démons à la pelle ; et lui de son côté pouvait paraître sortir d’un film d’horreur ou d’une histoire merveilleuse peuplée de créatures toutes plus invraisemblables les unes que les autres, lancées dans une lutte sans merci et dans des complots destructeurs. Dans le fond, si l’on prenait la situation avec du recul, elle avait au lieu de cela quelque chose de convivial et même de divertissant qui ne manqua pas de frapper le loup-garou, lequel ne s’abstint pour autant pas de ne pas relâcher son attention, autant pour ne pas perdre le fil de la discussion que pour éviter qu’une mauvaise surprise d’un ordre plus physique ne lui tombât sur le poil.
A ce propos, il eut un petit mouvement défensif lorsqu’il vit l’homme du musée Grévin sortir comme par enchantement de son immobilité pour porter la main à sa poche, craignant quelque chose comme un pistolet anesthésiant –ou non, étant donné que ceux comme celui de cette ribaude blonde pouvaient faire un mal de chien-, aussi fut-il à la fois étonné et intrigué de le voir en tirer une enveloppe d’une taille assez phénoménale, portant un sigle bien étrange de couleur écarlate, ce qui fit soupçonner à Khral qu’étant donné les goûts douteux du bonhomme, cela pouvait bien être du sang, cette pensée renouvelant sa méfiance à son égard. Toutefois, son odorat le rassura bien vite à ce sujet en lui apprenant qu’il ne s’agissait là que d’une encre apparemment tout ce qu’il y avait de plus ordinaire, ce qui le décida à se saisir de la conséquente liasse de feuilles qui lui était justement tendue. Pour quelqu’un de son gabarit, avec des mains aussi larges que les siennes, il n’était pas un problème de tenir une masse pareille, mais pour Xatiav… qu’il parvînt à supporter un tel poids avec nonchalance démontrait si besoin était qu’il ne s’agissait pas d’un être humain ordinaire. Circonspect mais curieux, sans cesser de porter une oreille attentive à ses propos, il commença à compulser ce qui était de toute évidence un compte-rendu de recherches comme l’indiquait le titre en lettres capitales d’imprimerie de la même couleur que le symbole aux allures occultes précédent : « PROJET NEREID ». Etant donné la taille du dossier, il se contenta de le lire en diagonale, le compulsant en vitesse, les pages défilant sous une main soigneuse et habile alors que ses yeux devenaient gros comme des soucoupes à constater ce dont il était question : la création d’une vie humaine était un projet qui dépassait de loin les plus folles espérances des savants de son époque qui, eux, butaient encore sur les projets de clonage, et l’homme aux cheveux noirs y était manifestement arrivé, car bien qu’il ne pût en croire ses yeux, tout ce qu’il y avait de rapporté sur le papier était on ne pouvait plus clair et cohérent, laissant ainsi peu de place au doute contre toute vraisemblance.

« C’est remarquable… » Fut tout ce qu’il put parvenir à articuler alors que, les mains tremblantes, il continuait de parcourir les descriptions, explications et autres théorèmes divers qui parsemaient l’œuvre hors du commun.

De fait, Saïl lui-même était loin d’être certain qu’il aurait pu parvenir à un résultat semblable même en ayant eu une quantité considérable de temps à sa disposition tant les calculs et les raisonnements lui donnaient  la migraine, à lui qui pourtant pouvait se plonger dans les équations les plus alambiquées et en ressortir frais comme un gardon ! Certes, sa spécialité avouée en génétique était les mutations et non la génération, aussi pouvait-il d’abriter derrière cette raison comme explication de son manque de performance dans ce domaine –même s’il avait sans nul doute largement la main haute sur la très grande majorité au moins de ses confrères-, mais, indubitablement, Xatiav était quelqu’un de diaboliquement instruit et astucieux, et son intelligence en serait presque venu à lui faire peur s’il n’avait pas été quelqu’un à l’esprit plus raisonnable que cela. Et pourtant, de-ci de-là dans ce qu’il lisait, il pouvait déceler des traces de frustration qui laissaient à penser que le génie qu’il était restait insatisfait de ce qu’avait donné son travail, que ce n’était qu’une première étape d’un projet bien plus considérable et que l’avenir saurait lui donner des résultats bien plus satisfaisant pour ce qu’il avait en tête. Et qu’avait-il en tête justement ? L’homme-loup était plus conscient que quiconque des dérives auxquelles la science pouvait amener un être trop ambitieux ou trop imprudent, et bien qu’il ne se fût en aucun cas permis de considérer le porteur de katanas comme un bleu bite fantaisiste et chanceux, comme un apprenti sorcier tripatouilleur, il ne pouvait s’empêcher de frissonner en imaginant ce qui pouvait bien sortir d’un cerveau aussi dévoré par l’idée de quête de puissance.
Saïl non plus n’aurait pu nier qu’il courait après le succès, après la consécration de ses recherches, et même si c’était pour le bien de l’humanité, il s’effrayait parfois lui-même en pensant à ce que pourrait donner son savoir s’il venait à tomber entre de mauvaises mains : un presque gringalet comme lui avait été changé en une formidable machine de guerre potentielle par l’effet du Terranis, et il tremblait en pensant à ce qu’une armée de loups-garous surentraînés à tuer sans pitié serait capable de mettre en œuvre. D’ailleurs, lorsque Xatiav lui signala qu’il portait sur lui d’autres produits de sa fabrication, il sentit poindre en lui un brusque et incontrôlable accès d’intérêt avide qui aurait presque pu le pousser à se jeter sur des échantillons aussi précieux s’il ne s’était pas empressé de le refréner de toute la force de ses convictions, de son intégrité et de son sens de la mesure : il s’agissait d’une rencontre au sommet entre scientifiques, que diable, et ce n’était pas le moment de jouer au chien à qui on aurait présenté une balle ! Ainsi, il se contenta de répondre en écho à ses paroles sur un ton professionnel et tempéré :

« J’ai moi-même quelques synthèses très intéressantes à mon actif… mais rien qui puisse dépasser votre niveau ou même l’atteindre, j’en ai peur. » Dit-il sans qu’il lui vînt à l’esprit qu’il faisait là preuve de modestie.

Pourtant, tel ne semblait pas être l’avis de son homologue, et bien que ses propos eussent pu faire penser à de la flatterie, les intonations toujours aussi dépourvues d’émotions avec lesquelles il s’exprimait étaient loin de faire penser à une manœuvre de ce genre : non, il paraissait constater tout simplement, citer les raisons qui le menaient à la conclusion à laquelle il était parvenue et pour laquelle il l’avait convié.

Xatiav voudrait progresser plus vite. Saïl est quelqu’un d’instruit et d’inventif --> Saïl pourrait aider Xatiav à progresser plus vite.
==> Xatiav a tout intérêt à quérir l’aide de Saïl pour progresser plus vite.


Un théorème bien sec dans son allure, et pourtant, il était certain que c’était plus ou moins ce qui s’était passé dans la tête de l’alchimiste étant donné qu’il paraissait raisonner aussi froidement qu’une intelligence artificielle informatisée. L’homme-loup restait circonspect, mais il aurait été mentir de prétendre qu’il aurait pu décliner une invitation pareille aussi facilement : après tout, Xatiav avait jusqu’ici l’air d’être quelqu’un de logique si ce n’était quelqu’un de raisonnable, et s’ils restaient tout deux dans l’enceinte tranquille des théories savantes, qu’est-ce qui aurait bien pu ressortir de néfaste de leurs débats ? Ils avaient tout à gagner à partager leurs connaissances et leurs avis, aussi le sieur Ursoë répondit-il poliment

« Je suppose que ça ne pourrait être que bénéfique : exposez moi donc vos questions, et je verrai ce que je peux apporter comme grain à moudre. » Ce disant, il jeta un œil aux alentours et, avisant une corniche surplombant quelques rochers qui pouvaient de loin faire office de sièges, il proposa civilement : « Si nous allions nous asseoir ? »

Non pas que le voyage l’avait plus épuisé que ça, mais il restait indéniable qu’il était plus agréable de discuter lorsqu’on était installé sur les « commodités de la conversation » comme les Précieuses Ridicules les nommaient, même si ce qu’ils avaient dans le cas présent en guise de fauteuils était d’un confort discutable.
« Modifié: vendredi 29 mai 2009, 17:29:56 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Xatiav

Invité

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   Il observa le docteur Ursoë consulter avec intérêt le fascicule qui consistait tout ce que Nereid était, depuis sa naissance à l’état de feuille de papier à sa naissance à l’état d’être humain. L’homme-loup semblait fasciné par son travail, et, de fait, sembla plus enclin à poursuivre une discussion plus poussée. Le docteur Ursoë lui proposa par ailleurs d’exposer ses questions. Il entendit aussi la proposition d’aller s’installer sur quelques pierres un peu plus loin. Les pierres en question étaient des pierres typiques de la région de Tekhos : froides, exceptionnellement dure, inconfortables … S’il n’avait pas été en présence d’un éminent savant, il serait, bien volontiers, retourné sur son arbre. Mais le moment de faire le difficile n’était venu. De fait, il détestait faire le difficile. Il avait parcouru, au cours de ses voyages, de nombreux endroits dont le taux d’étrangeté dépassait parfois des sommets. Par exemple, on avait un monde qui semblait être constitué uniquement d’un arbre, au sommet duquel régnait la connaissance d’une pierre mythique, un monde constitué de morceaux de cristaux, lesquels volaient dans un vide troublant et répandant une faible luminosité, parcourus par des créatures brumeuses et cauchemardesques, un monde constitué d’un immense cimetière … En ces circonstances parfois spéciales, il avait appris à trouver pratiquement n’importe quel endroit confortable. Il y avait, certes, des exceptions. S’asseoir dans le nid d’une Chimère, et se rendre compte  trop tard que l’animal propriétaire du nid en question se trouve derrière soit, grondant, et dépréciant le fait qu’un invité surprise habillé d’une couleur rendant ceux de son espèce agressifs s’arroge le droit de prendre position dans son habitat naturel et se nourrisse de ses œufs sans aucunes autres formes de procès. A cette période, il ressentait encore occasionnellement le besoin de se nourrir. Et il avait par ailleurs trouvé quelques instants plus tard la viande de Chimère délicieuse. Son repas fut interrompu par la horde au grand complet et c’était la première de fois de sa vie qu’il avait composé un sort d’alchimie du tonnerre en moins de trente seconde. Il avait lui-même laissé quelques plumes dans cette périlleuse et complexe situation. Tout cela pour affirmer que les commodités de la conversation en question pourraient être des pierres tombales que cela ne changerait pas grand-chose à son quotidien. Par ailleurs, il n’avait pas grand-chose à envier à une pierre tombale, Oh non, car la température de ses pensées avaient parfois gelé bien des cœurs, et avait gelé les rouages de son propre noyau. Il accompagna donc le docteur Ursoë auprès de leurs futurs sièges lorsque ses sens s’étaient mis en alerte. D’assez loin, un individu en parfaite tenue de voyage s’approchait d’eux. Il semblait avoir quelques difficultés à escalader la montagne. Pour Sail Ursoë, quelques bonds avaient du suffire. Les loups-garous étaient réputés pour leurs forces, leur agilité, et aussi pour la férocité de la morsure qu’ils avaient facile. Cependant, le docteur Ursoë était loin de correspondre à l’image d’un commun loup-garou. Il était des plus civilisés, et ses manières ne prévoyaient qu’une bonne évolution de la conversation. Il était clair dans son esprit, selon ses calculs, que l’individu encapuchonné était son invité. Encore une fois, il n’attendait que le fait que son invité se révèle à eux pour établir les présentations. C’était sa méthode, son mode opératoire. Il ne faisait rien d’inutile, ne disait rien de superflu et qui était prompt à partir dans de longues envolées lyriques le plus souvent dépourvues de sens. Non, il était précis, direct et ne tournait jamais autour d’un sujet. Mais il se trouve que le dernier larron, ramenant justement sa fraise, était quelque peu en retard. Chose qu’il n’aurait toléré si les apparentes capacités physiques de l’individu en question n’étaient pas freinées par la même occasion par l’arsenal qu’il transportait sur lui. Finalement, l’individu apparut dans leur champ de vision. Il dirigea son œil sans pupilles sur lui. Son globe de sang ne transcendait aucunes émotions particulières, comme à son habitude. Apparemment, le dernier invité était venu seul. Il aurait de toutes façon été regrettable que la patronne de celui-ci suive son employé/associé. La discussion n’aurait probablement pas dépassé les simples salutations avant l’initiation les hostilités. Il regarda d’un regard neutre l’invité devenir une invitée en retirant ses vêtements de voyages, révélant son statut inconditionnel de femelle. Il ne faut pas s’offusquer du terme, tout comme il employait lui-même rarement les mots « hommes » ou « femmes », lesquels n’avaient rien de scientifiques. La nouvelle arrivante, Sekhmet, ne semblait point du tout apprécier d’être éloignée sans raison de sa planque, de sa quiétude et de sa patronne. Il resta encore un moment pouvant aller de long à moyennement long selon le taux d’impatience de Sekhmet. Il prolongeait son regard pénétrant. Finalement, parvenant à la conclusion ultime que Sekhmet n’était pas une illusion, il prit la parole d’un ton tellement monocorde et dénué de sentiments que celui-ci pouvait rappelé à s’y méprendre un collecteur des impôts. La manière dont il parlait variait très rarement. Il prononça donc syllabe pour syllabe avec son habituel ton, qu’il ne changea pas pour présenter Sail :

« Soyez la bienvenue, professeur Sekhmet, en ce lieux. Je réponds au nom de Xatiav, et je vous présente le Docteur Ursoë, qui est également mon invité. Quant à la raison de cette invitation quelque peu particulière, elle est la même pour toutes personnes réunies en ce lieu dévasté ; J’ai cru comprendre que vous étiez une ingénieure et technicienne de génie. Je souhaiterais m’entretenir avec vous sur thèmes scientifiques. »

   La raison avait été clairement édictée, sans ambiguïté. Sekhmet ne pouvait pas se plaindre d’un fait qu’il n’aurait pas été clair. Elle aurait peut-être put se plaindre du fait qu’il n’avait pas lui-même présenté ses propres capacités. Mais il n’était pas négligent au point de tenir son second hôte dans l’ignorance. Il marqua néanmoins une pause pour laisser un mistral annonçant une prochaine pluie souffler, caractérisant encore un peu plus si besoin il y avait qu’il était à peu prêt aussi prompt de sourire qu’Aphrodite, la déesse de l’amour ne le serait de se convertir en gérante d’une industrie de préservatifs. Mais la n’étais la question. Et par ailleurs, il fallait admettre qu’Aphrodite ne l’intéressait pas. Il pouvait créer de toutes pièces des êtres vivant et le sexe n’était même pas une idée qui était prête de lui traverser l’esprit. Gardant toujours son œil écarlate rivé dans le regard de la Terranide, il acheva de ses présenter et de lever le voile du mystère qui planait sur ses hobbies et sur son métier. Sekhmet n’avait pas l’air très patiente, mais elle devrait quelque peu s’adapter à cette présentation aux limites de l’imaginable, car l’intérêt viendrait très sûrement et ce dans quelques instants.
« Modifié: mardi 26 mai 2009, 22:19:57 par Xatiav »

Saïl Ursoë

Créature

Pareil à un robot en manque de piles, Xatiav avait retrouvé son immobilité précédente, ne semblant même pas prêter attention à ce qu’il venait de lui dire, comme si le loup-garou avait perdu tout intérêt pour lui au profit de ce point invisible à l’horizon qu’il fixait autant qu’on pouvait dire que quelqu’un dépourvu de pupilles fixait quelque chose. Même s’il ne le connaissait que depuis quelques minutes, et qu’il ne le tenait pas pour un parangon de bonnes manières, il se doutait que le curieux individu qui lui avait donné rendez-vous n’était pas du genre à négliger son entourage, à plus forte raison quand celui-ci avait été expressément convié à une réunion située dans de lointaines contrées : il devait y avoir autre chose qui retenait son attention pour qu’il eût pris une posture aussi incongrue, mais si ce n’était bien pas un caprice de sa part, qu’est-ce que cela pouvait bien être alors ? Suivant son regard, perplexe, Khral le fut doublement lorsqu’il se rendit compte qu’il n’y avait tout simplement rien à voir d’autre que le paysage qui, même s’il frappait indéniablement par sa majesté naturelle et imprenable, ne présentait rien de bien nouveau ou folichon pour lui. Il s’apprêta à en faire la remarque à son interlocuteur et à lui demander également quelle mouche l’avait piqué, mais alors qu’il ouvrait la bouche pour parler, l’une de ses oreilles s’agita en captant un son inhabituel qui venait troubler la régularité du bruissement permanent qui soufflait à ces hauteurs : un bruit de pas rendu feutré par une couche de tissu, indiquant ainsi que la personne qui s’aventurait dans les parages ne pouvait être qu’un(e) humain(e) ou en tout cas quelque chose qui s’en rapprochait. Craignant instinctivement une intrusion, l’homme-loup commença à s’agiter nerveusement, ses pattes postérieures grattant le sol comme pour préparer le terrain afin de recevoir dûment les gêneurs à venir : c’était qu’ils n’était pas si loin que ça de Tekhos, et il était ainsi tout sauf impossible qu’ils eussent été repérés et qu’on eût envoyé sur eux des troupes armées dans le but de régler la présence inhabituelle et indésirable qu’ils représentaient. Saïl n’aimait pas ça, et en fait, il se serait empressé de se cacher pour éviter le boxon si Xatiav n’était pas resté aussi stoïque, pareil à un expert maritime devant un raz de marrée qui se serait posté pile à l’endroit où la vague s’arrêterait, sachant que les flots tumultueux ne l’atteindraient ainsi pas, et qu’il n’avait donc pas à paniquer : de toute évidence, il avait la situation sous contrôle, aussi le généticien s’efforça-t-il de calquer son attitude sur la sienne –pas trop tout de même, n’ayant guère envie de ressembler lui aussi à une statue- en calmant ses inquiétudes pour afficher la même sérénité apparente.

Pourtant, l’aspect physique de l’arrivant sembla tout d’abord confirmer les soupçons qu’il avait eus : il n’avait par bonheur pas eu affaire à beaucoup de lascars de l’acabit de l’être en combinaison qui arrivait, mais il savait reconnaître une armure d’origine tekhane lorsqu’il en voyait une, et celle que portait l’invité surprise était manifestement de cette facture, même si l’absence totale de blason, d’emblème, de signature ou de toute autre marque de fabrication était bien curieuse aux yeux du loup-garou. Il soupçonnait l’alchimiste d’élite de l’avoir également conviée à leur petite réunion improvisée, et de fait, les paroles qu’elle prononça à l’adresse de celui-ci confirmèrent ses soupçons, mais qui pouvait-elle être alors ? Une renégate de cette cité à la technologie si étonnante qui aurait réussi à fuir le joug d’une puissance insupportable pour mener une vie indépendante ? Impossible à déterminer réellement, car il ne savait bien évidemment rien d’elle, et à part que c’était une terranide de type chat d’à peu près son âge avec un fort joli minois –cette donnée était tout à fait objective-, il ne pouvait rien apprendre sur elle dans l'immédiat… ou tout de moins c’est ce qu’il crut jusqu’à ce qu’un soupçon d’une senteur étrangement familière s’infiltrât dans ses narines, rappelant à lui de bien désagréables souvenirs : cette odeur, c’était sans l’ombre d’un doute celle de la « ribaude blonde » mentionnée précédement ; de cette folle qui l’avait mitraillé à outrance simplement à cause de sa nature ! Oh, rien que d’y repenser, il sentait l’envie de se jeter sur celle qu’il avait devant les yeux pour se faire les dents sur elle en une juste rétribution pour les torts causés de la main de sa comparse qu’elle fréquentait si étroitement pour que son odeur imprégnât sa peau !

Mais bien entendu, il n’en ferait rien, même si son côté animal réclamait que le sang fût versé en réparation pour l’honneur bafoué, car un pacifiste comme lui aurait préféré se couper la main plutôt que de porter atteinte à une personne qui ne lui avait rien fait : après tout, elle n’avait pas l’air de le connaître étant donné qu’elle avait à peine réagi à sa présence, ce qui montrait non seulement qu’elle avait plus de plomb dans la cervelle que l’autre maniaque de la gâchette, mais que la maniaque en question ne devait pas lui avoir parlé de leur rencontre. C’était d’ailleurs pour le mieux : le souvenir de cette journée était résolument bien embarrassant à rappeler à sa mémoire pour l’homme-loup, et il aurait été incapable de l’évoquer sans rougir de honte tellement il s’estimait indigne de s’être laissé à… ce à quoi il s’était allé. Il n’était pas besoin d’en dire plus, et plutôt que de ressasser bêtement le passé, il aurait été bien plus pertinent de se préoccuper du présent et, en l’occurrence, de faire attention à ce que le bonhomme au monocorde timbre énonçait.

Bam, encore une fois il éberluait Saïl par les connaissances qu’il avait à sa disposition, car aussi naturellement qu’il était au courant de son identité, il déclina celle du « professeur Sekhmet », elle aussi requise en ces lieux reculés pour une sorte de brainstorming scientifique. Ainsi le but avoué de Xatiav avait été de réunir un maximum d’informations au sujet de ceux qui étaient à ce qu’il semblait les plus brillants cerveaux de Terra et de les réunir afin de mettre en commun leurs savoirs pour Dieu savait quel projet. C’était flatteur, mais aussi plutôt inquiétant : il soupçonnait que ce que l’alchimiste avait en son insondable tête se rapportait au projet Nereid dont il avait encore le compte-rendu dans la patte gauche, et s’il était déjà parvenu à un résultat aussi incroyable par lui-même, le loup-garou ne pouvait s’empêcher de trembler en pensant à ce à quoi il devait estimer pouvoir parvenir avec leur aide à tous les deux. Il aurait bien voulu lui demander, de même qu’il aurait bien voulu lui demander s’ils devaient s’attendre à voir survenir plus de monde et en quelle quantité, mais, politesse oblige, il devait auparavant s’introduire dûment auprès de la nouvelle venue de manière à la mettre plus à l’aise, mais aussi de façon à tester sa réaction : aurait-elle un mouvement de recul ou ferait-elle abstraction de ses dehors monstrueux pour le considérer comme un confrère ? C’est ce qu’il allait bien voir, car en attendant qu’ils prissent la parole, Xatiav avait l’air d’être repassé en mode stase, attendant sans doute qu’ils se familiarisassent les uns avec les autres avant de poursuivre, lui laissant le champ libre pour s’avancer vers la terranide :

« Enchanté professeur. Je suis Saïl Ursoë, spécialiste en mutations génétiques… mais appelez moi Saïl. » Dit-il d’un ton cordial ponctué d’un sourire suffisamment mince pour ne pas dévoiler ses crocs alors qu’il lui tendait sa large paluche pour l’inviter à la serrer et à se présenter en retour.

Il était un peu embarrassé de dévoiler sa véritable identité plutôt que de divulguer son nom d’emprunt comme il en avait l’habitude, mais il fallait avouer que l’impassible humain ne lui avait pas vraiment laissé le choix. En tout cas, il était curieux de voir si elle allait accepter de prendre le risque de glisser sa main dans cet imposant étau en puissance comme il lui proposait ou s’y refuserait par prudence ou par dégoût.
« Modifié: jeudi 28 mai 2009, 20:07:21 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Xatiav

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[HRP] T'inquiètes, on ne t'en tiens pas rigueur ^^
Comme le dis si bien un loup-garou que j'ai croisé quelque part, "ce n'est pas la taille qui compte" ! x) [/HRP]

   Il regarda avec une immobile taciturnité la fraternisation entre deux scientifiques ; ce spectacle ne lui inspirait rien d’autres qu’une sensation de déjà vu. Lui-même ayant régi le Conseil National des Alchimistes de l’âge de quatorze ans jusqu’à l’âge de dix-neuf ans, il était plus qu’habitué aux fraternisations officielles. D’autant plus que la cérémonie de la nouvelle année dans sa cité était quelque peu spéciale, longue, et aussi entraînante que des funérailles. Sekhmet s’en alla fraterniser, donc, avec le Docteur Ursoë, tandis qu’il prolongeait son analyse de la jeune Terranide de type chat. Elle semblait avoir beaucoup de questions à poser. Il restait en tout moments aussi actif que ne l’aurait pu être la statue de la liberté. Son stoïcisme lui avait permis de faire face à de nombreuses situations, et de pouvoir effectuer dans le calme de très nombreuses choses. Par exemple, rester calme et froid devant une armée. Ses expériences nécessitaient quelque fois elles aussi un sang froid extraordinaire. Tuer aussi, demande un certain sang-froid. Dans son cas, c’était plus que du sang froid, c’était de l’habitude. Sekhmet s’adressa à lui avec dans la voix une certaine curiosité. Elle désirait savoir pourquoi est-ce qu’elle, ingénieure, de génie, certes, mais ingénieure en armement pouvait bien faire en face d’un spécialiste en mutation et d’un spécialiste en alchimie biologique. Il aurait de fait besoin de Sekhmet pour le synthétiseur d’âme qu’il avait construit, une machine complexe qui permettait de créer une âme pure. Mais il pouvait encore l’améliorer, car ce synthétiseur - dont les données de construction étaient recopiées dans la partie de la genèse d’âme et d’esprit – demandait beaucoup d’énergie et occupait une place dépassant de très loin un simple atelier ; la machine en question faisait de fait vingt-quatre mètres. Il n’avait pu la faire plus petite. Mais puisque le fait de prendre une position de discussion plus confortable avait été avancé par le docteur Ursoë un peu plus tôt, il s’empressa de lui donner satisfaction. Il repéra d’un mouvement de l’œil l’endroit parfait, désigné par le docteur Ursoë. Par mouvement de l’œil, en somme, il avait fait tourner sa paupière vers l’endroit en question, mais comme son globe tout entier était uniformément pourpre, sans compter les reflets que la luminosité du lieu et le reflet de ses hôtes, on ne pouvait le voir bouger. On pouvait, si l’on prêtait une attention particulière à l’uniformité des reflets, déceler les vibrations d’un mouvement, mais ne pas définir quel était le point observé. Et le point observé était trois pierres, en cercle autour d’une grande pierre de gré micacé sombre et plat qui aurait plus servir de table. Les trois pierres étaient elles-mêmes entourées d’autres rochers divers, mais que diable, c’étaient seulement ces trois la qui l’intéressaient, au diable – justement – les autres artefacts de l’environnement. Il sortit de son immobilité parfaite en esquissant un geste, lent et poli, qui invitaient ses hôtes à prendre position assise, l’un pour la commodité d’une discussion, l’autre pour se reposer d’un voyage ardu à travers une contrée désertique et dangereuse. Conjecturant le fait que Sekhmet et Sail pourraient éventuellement avoir soif, il résolut de leur offrir à boire. Il n’aurait pas été très poli de leur servir la boisson dans des tubes a essai, d’autant plus qu’il en aurait besoin. Cela ferait une mure explication de ce qu’est l’alchimie en une technique très simple, mais efficace. Il avait déjà deux boissons sur lui. Attendant que ses hôtes se soient attablés, il retira son gant noir et toucha la surface de la table. D’étranges cercles apparurent, portant diverses formules, formules élémentaires, runes, et autres symboles techniques qui en gros retranscrivaient l’ensemble des atomes constituant le socle de gré micacé. Des trois cercles se matérialisèrent, comme lors d’un film en croissance accélérée, des verres de cristal, étincelants et parfaitement transparents. Ils avaient la forme de verre à vin et d’autre de verres normaux. Ils étaient au nombre de 6, dont un verre a vin et un verre normal par personne. Il venait, sous leurs yeux, d’effectuer une transmutation de la matière qu’il présenterait plus tard. Il mit la main de nouveau dans son manteau et en sortit deux bouteilles. L’une d’entre elle semblait contenir une quantité assez conséquente d’eau, et d’une eau très fraiche, recueillie récemment à la source d’une dryade nommé Chanceler, tandis que l’autre bouteille contenait une sorte de vin de sa province natale, Eden, qui était tout aussi délicieux. Il disposa les deux bouteilles, et servit à chacun un verre de vin, et un verre d’eau. Puis il prit lui-même place avant de déclarer de son habituelle voix froidement monocorde :

« Tout l’honneur est pour moi, professeur Sekhmet. Je n’ai empoisonné ni l’eau ni le vin. Vous pouvez donc boire en toute tranquillité, et vous désaltérer de ce voyage difficile. Les verres sont issus de la roche ci-présente et synthétisés par une transmutation de la matière de la roche en matière cristalline. Si vous le permettez, je vais maintenant vous posez, à chacun, une question. Si vous avez aussi des questions à me poser, j’y répondrais. »

En d’autre termes, il leur affirmait que l’eau était potable, et qu’ils ne risquaient pas de mourir dans d’atroces souffrances après avoir gouté aux liquides qui leurs étaient offerts et que la réunion commençait. Xatiav s’assit en face d’eux dans un ample mouvement et quelque peu long. Il faisait attendre Sekhmet, certes, mais il préférait prendre son temps. Jessie Wild pouvait attendre. Bientôt, Sekhmet comme Sail pourraient bien apprendre plus que jamais ils n’ont appris. Il porto son verre de vin à sa bouche, en préleva encore quelque peu de liquide et attendant paisiblement et dans une immobilité parfaite de trouver une question adéquate. Il réglerait la question de l’ésotérique er de la synthèse d’âme quelque temps plus tard. Il allait déclamer ses connaissances sur le plus complexe et le plus tabou des sujets scientifiques. Finalement, il passa dans un geste méticuleux la main dans les cheveux en se gardant bien de faire bouger ne serait-ce que d’un centimètre son imposante mèche qui cachait le coté gauche de son visage, œil gauche y compris.
« Modifié: vendredi 29 mai 2009, 01:39:19 par Xatiav »

Saïl Ursoë

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Re : Réunion (remasterisée) [Sail Ursoë + Sekhmet]

Réponse 7 vendredi 29 mai 2009, 01:53:28

Fichtre, sortie de son contexte, cette phrase me fait vraiment passer pour un drôle de zigue… merci bien Xat’ ! XP

Admirable, tout simplement admirable en réalité cette intelligence et cette capacité de traitement des données qui se lisait dans le regard de la terranide : la fente de son œil d’apparence féline en raison de son génome animal semblait être présente sur chacune des fenêtres de son âme pour trier toute information qu’elle recevait et les compulser dans son cerveau qu’il devinait apte à réagir à des situations et à des révélations parmi les plus inattendues comme le prouva la spontanéité avec laquelle elle se saisit de la patte de Saïl et la serra sans ambages, geste qu’il lui rendit avec une étincelle d’approbation et d'enthousiasme dans le regard. Toutefois, malgré toute l’appréciation positive qu’il avait à son égard pour son attitude exemplaire, il ne pouvait empêcher un relent de rancœur coupable de lui tarauder l’estomac, et l’espace d’une fraction de seconde, la possibilité vint lui titiller l’esprit qu’il lui serait très facilement possible de se défouler un bon coup sur elle : ce n’était qu’un petit chaton qu’il avait en face de lui par rapport au colosse qu’il était, et il aurait suffi qu’il tirât d’un bon coup sec sur cette menotte malingre pour amener ce corps frêle jusqu’à lui. A ce moment, crac, un bon coup de dents bien placé consistant à enfermer la tête de cette complice dans sa gueule immense avant de la faire claquer d’un coup sec, et plus de Sekhmet ; un coup dont l’autre folle ne se remettrait pas de sitôt !
Mais bon, ce n’est pas un cœur d’artichaut qui allait se laisser aller à des choses aussi immondes, et comme on chasse une vilaine mouche que l’on sent bourdonner de manière déplaisante à son oreille, l’homme-loup écrasa une pareille éventualité d’un coup rigoureux du plat de ses convictions, espérant bien ne plus jamais la voir ressurgir. En attendant, la femme en combinaison, probablement inconsciente de ces peu amènes réflexions de la part de son interlocuteur, de même qu’elle l’était certainement de ce qu’il avait vécu avec celle qui était vraisemblablement son amante, déclina ses propres états de service avec politesse et professionnalisme, se présentant comme une ingénieur de l’armement.

« Je vois ça. »
Répliqua-t-il en illustrant son propos par un nouveau bref coup d’œil de haut en bas sur l’armure au design si incroyablement bien conçu.

Son ton ne laissait transparaître aucune ironie, accusation ou froideur, ce qu’il avait dit étant tout simplement un constat neutre qui approuvait ce qu’elle venait d’affirmer, car réellement, même s’il n’avait rien d’un armurier chevronné, il pouvait facilement estimer que même parmi les corps d’armée à la pointe de la technologie Terrienne ou Tekhane, il n’avait jamais vu d’équipement qui présentât de telles caractéristiques de flexibilité apparente et d’adaptation à l’environnement : par exemple, pratiquement nulle trace de transpiration sur le visage de la porteuse, ce qui montrait que ce dont elle était vêtue devait bénéficier d’un système interne de climatisation incroyablement pointu. De plus, même s’il ne pouvait pas en être sûr rien qu’à la vue, il aurait pu jurer que cette matière qui lui était inconnue devait avoir d’étonnantes capacités de résistances et cela, même si le sujet s’écartait de sa branche, l’intéressait fortement.
Mais il verrait à satisfaire sa curiosité à ce propos plus tard, car pour le moment, celle-ci était stimulée par la même préoccupation que ce qu’énonçait justement Sekhmet : qu’est-ce que Xatiav, ce prodige aussi génial qu’insondable, pouvait bien avoir à demander à deux spécialistes comme eux ? De toute évidence, le terranide était fort enthousiaste à l’idée de ce qu’il pourrait avoir en réserve dans sa caboche bien remplie, mais le loup-garou, d’un naturel placide et soucieux des répercussions de son travail, abordait l’affaire avec un regard plus circonspect, s’attendant au meilleur comme au pire de sa part. L'homme aux yeux rouges, aussi muet qu’une tombe mais heureusement pas aussi immobile, réitéra la proposition précédemment faite par Saïl, les invitant muettement à prendre place sur les sièges susmentionnés ; proposition qu’il accepta sans broncher, s’acheminant jusqu’à la table de fortune qu’ils avaient à leur disposition pour s’accroupir devant, estimant à bon droit qu’avec sa taille supérieure à celle de ses deux confrères, il n’aurait pas besoin de chaise d’aucune sorte pour être à leur hauteur.

Ne sachant pas à quoi devoir s’attendre lorsque l’alchimiste eut le geste étrange de retirer son gant, il se contenta de l’observer les sourcils froncés en signe de perplexité avouée, ses yeux s’écarquillant alors que des symboles pas si ésotériques que ça apparaissaient à la surface de la matière rocheuse : presque d’un simple coup d’œil, il pouvait reconnaître malgré son état éberlué qu’il s’agissait là de la formule du grès micacé, et il se sentait pris d’une crainte instinctive inhérente à son statut de scientifique à l’idée de ce qui risquait de se passer. La transmutation, fantasme bien évidemment impossible à réaliser de personnes telles que le célèbre Nicolas Flamel qui consistait à remodeler les composants d’une matière dans le but de leur donner une forme toute autre : altérer la structure sans remettre en cause l’équilibre atomique, se pouvait-il qu’un prodige d’un calibre pareil fût seulement possible ?! Il se serait auparavant empressé de corriger quelqu’un qui aurait prétendu pouvoir accomplir quelque chose d’aussi chimérique, mais dans le cas présent, à moins d’assumer de devoir se faire immédiatement interner pour hallucinations aggravées, il fut bien forcé de reconnaître qu’il en avait la manifestation juste sous ses yeux incrédules lorsque des verres surgirent comme par enchantement de la masse granitique. Tout ce que l’homme-loup venait de voir se dérouler était dans le fond parfaitement logique si l’on admettait qu’il fût possible de modeler la matière par le toucher comme venait manifestement de le faire Xatiav, et pourtant, il n’en revenait décidément pas : d’une main tremblante, il se saisit d’un des verres pour vérifier que tout cela n’était pas que le fruit d’une illusion bien menée, et crut se sentir mal quand ses doigts rencontrèrent une résistance bien perceptible.

Trop tétanisé pour piper mot, il observa bouche bée le sorcier (comment aurait-il pu le nommer autrement désormais ?) exécuter un autre tour qui était cette fois-ci davantage un tour de passe-passe mais qui n’en restait pas moins impressionnant, sortant de son ample vêtement deux bouteilles, l’une contenant manifestement du vin et l’autre de l’eau. Il le soupçonnait d’avoir à nouveau fait usage d’il ne pouvait savoir quelles capacités défiant l’imagination, mais se contenta cette fois-ci de passer littéralement outre une telle bizarrerie pour éviter à sa tête d’exploser sous la surcharge d’anomalies, et ne réagit donc qu’à peine au moment où leur sommelier pour l’occasion leur versait à boire, articulant par réflexe un « Merci. » d’une voix rendue blanche par l’incrédulité. D’ordinaire, étant par nature quelqu’un de très sobre et de très peu enclin aux débordements, il ne consommait pas de liqueurs, mais dans le cas présent, étant donné l’état de choc dans lequel il se trouvait, il ne se posa pas de questions et leva machinalement le coude, s’enfilant cul sec le breuvage ambré qui dégoulina d’un seul trait entre ses lèvres épaisses pour venir couler dans sa gorge. Le goût délicieux ainsi que la teneur en alcool de la boisson eut tôt fait de réveiller ses papilles gustatives ainsi que ses idées, mais malheureusement, même si c’était sans l’ombre d’un doute le vin le plus délectable qu’il eût jamais consommé, il n’était pas vraiment dans l’état d’en apprécier pleinement la saveur : fort dommage que de ne pouvoir se laisser ravir les sens par ce jus de la treille si fantastique, mais il avait d’autres préoccupations, et dut donc se refuser à rendre à ce savoureux liquide les honneurs qui lui étaient dus pour se tourner vers Xatiav, le souffle encore légèrement court, mais déjà davantage en possession de ses moyens. Justement, le transmutateur se proposait de répondre à leurs interrogations avant de se lancer dans les siennes, et même si Saïl en avait beaucoup en tête, parmi lesquelles « Mais vous êtes quoi au juste bon, Dieu ?! », il s’abstint de les laisser tomber en cascade de sa bouche, optant pour une seule d’entre elles… pour le moment.

« J'en aurais une. Excusez moi de ma curiosité, mais comment vous avez réussi à faire ça ? Je comprends la méthode, mais le principe… d’où le tirez-vous ? »


C’était franc, mais dans le domaine de la science de même que dans les discussions avec cet étrange personnage, les tergiversations n’avaient pas de place, et il était préférable d’aller droit au but afin de ne pas perdre de temps en palabres. Une fois qu’il aurait obtenu un tant soit peu satisfaction sur le sujet sur lequel il demandait des éclaircissements, il serait fort obligé de répondre aussi parfaitement qu’il le pourrait à ses questions, mais dans l’immédiat, il avait trop envie de savoir pour laisser passer l’occasion de solliciter des renseignements plus longtemps. S’étant un peu repris, il se décida à se mettre davantage à son aise, déposant devant lui l’immense bloc de papier du Projet Nereid qu’il avait jusqu’ici gardé dans sa main gauche, et posa les deux à plat contre la table, jointes, l’une sur l’autre, comme il en avait l’habitude en de pareilles occasions.

« Sinon, si ça ne vous dérange pas, nous pouvons passer au tutoiement non ? Après tout, nous sommes entre confrères. »

Ni raillerie ni quoi que ce fût de caustique dans une pareille proposition ; juste tout au plus quelque chose de quelque peu mutin et convivial, car si l’homme-loup n’était toujours pas très à son aise à débattre de points d’une importance aussi capitale, il se sentait du moins en plutôt bonne compagnie, et commençait donc à quelque peu relâcher la tension qui avait habité jusqu’ici ses muscles, renouvelée toutefois par la démonstration hors du commun de Xatiav. Bien sûr, après autant de temps passé sur Terra, il aurait dû être davantage familiarisé avec des manifestations pareilles, mais il ne pouvait s’en empêcher : à chaque fois il s’émerveillait de ce que l’on ne pouvait qualifier autrement que de magique, et se moquait bien de le montrer, assumant parfaitement que cela ne lui fût pas aussi coutumier qu’à d’autres.
« Modifié: samedi 30 mai 2009, 04:12:26 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Xatiav

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Re : Réunion (remasterisée) [Sail Ursoë + Sekhmet]

Réponse 8 lundi 08 juin 2009, 09:24:55

   Lui, qui avait espéré que ses hôtes resteraient stoïques et placide après une simple transmutation banale de la matière, conversion d’une matière rocheuse en matière cristalline, ce qui était possible chez tout bon souffleur de verre, avait ébahi le Docteur Ursoë, et laissé de marbre le professeur Sekhmet. De fait, il n’était donc qu’à moitié déçu et profita du courant glacé ascendant qui parcouru en un bref zéphyr le sommet du tertre où ils s’étaient établis. Le paysage Tekhan restait sombre et agressif, désertique, parcouru de diverses créatures, véhicules, caravanes, monstres, et autres joyeusetés qui ne manqueraient point le succulent repas que constituait l’ingénieure et la masse de chair non négligeable et comestible que constituait le docteur Ursoë. Pour Sa propre part, in n’aurait pas vraiment intéressé la plupart des êtres, et Il aurait par ailleurs put très bien se faire passer pour une statue ; rien dans l’absolu ne pouvait certifier qu’Il était en vie : Il n’avait ni odeur, et l’absence de battements témoignait de son état cardiaque. La pâleur de Sa peau témoignait aussi de l’état de son corps. Il devait donc expliquer le principe de la transmutation au docteur Sail Ursoë, stupéfié de constater l’existence d’un principe aussi spectaculaire que la conversion de la matière, de la même manière qu’il y a près de soixante ans, il avait été stupéfié d’apprendre au cours d’une cérémonie particulièrement ennuyeuse qu’il pouvait manipuler l’alchimie à un point qui bien supérieur à tout ce qui avait été jusqu’à présent établi. Il se souvenait encore d’une de ces fêtes de nouveau cycle qu’il avait été obligé de présider, comprenant un cortège de prêtresses qui tout en étant habillées de façons très intéressante, avaient la fâcheuse habitude d’ouvrir la susdite fête en déclamant sept-cent-quarante trois mille messes cendrées, douze-mille-quarante-deux paters, autant d’ave, et quinze fois plus de confiteor. C’est en ces moments la qu’il plongeait discrètement sa réflexion sur ses expériences, avant de recevoir sur la tête une eau froide pré-indiquant qu’il était temps pour lui de déclamer un discours engagé auquel il ne croyait même pas.

   Et il fallait admettre que Sekhmet ne bougerait pas de ses positions. Elle voulait savoir ce qu’une ingénieure pouvait bien faire, cernée de généticiens d’apparence aussi étranges, et dont l’un avait autant de réactivité qu’une porte de placard. Mais son principal problème était d’expliquer le principe de la transmutation de la matière à son hôte non retardataire. Aussi sirotait t’il son vin, formant dans son esprit, son corps ne bougeant pas, une phrase grammaticalement bien transcrite qui ne laisserait aucuns doutes sur le sujet, aucuns voiles obscurs, et énoncerait en des termes pleinement compréhensible les origines de sa science obscure. Il avait déjà vu une autre forme d’alchimiste : des humains tentant de produire de l’or avec leur tiercé, en inscrivant dans un ordre calculé avec précision des numéros de chevaux. Tandis que ces alchimistes parcouraient leur tiercé, il avait tout simplement transmuté  un chariot de pierres brutes en or. Il choisit donc ses mots, ses gestes, qu’il planifia. Il devrait néanmoins les initier aux plus obscurs recoins de la transmutation pour leur faire percevoir la mystique obscure de cette pratique qui avait valu la mention « au bûcher ! » à plusieurs alchimistes incapable de transmuter, et donc incinérés pour une raison aussi sombre que leurs pratiques, lors du règne sans partage de l’Inquisition, laquelle avait par ailleurs tenté de l’envoyer lui-même rejoindre les flammes de l’enfer, sinon d’un monticule de bois recouvert de pétrole. Mais l’ordre sacré avait du se rendre à l’évidence, suite à la destruction de leur quartier général, que certains alchimistes devaient bénéficier soit de l’approbation divine, soit d’un visa diplomatique. Enfin, l’alchimiste immobile, mais en tenue idoine posa avec une extrême lenteur son verre de vin, de sorte à ce que ne résonne point le bruit du verre sur le support archaïque, et ouvrit la bouche pour déclamer un discours relativement long, didactique, et proclamant sur le principe de transmutation de la matière et de l’équilibre de la nature à un Sail Ursoë stupéfié :

«   Comme il vous plaira, le tutoiement me conviens tout-à-fais. Je vais donc vous expliquer le principe de la transmutation. Il est admis que dans l’univers règne de nombreux flux, que nous ne pouvons naturellement pas voir. Ensemble, ces flux forment ce qu’on appelle « monde », ou « dieux », ou « temps », ou « destin », ou autres … Le principe de la transmutation de la matière se résume en trois étapes. La compréhension de ces flux, l’assimilation de ce courant invisible, sa destruction – ou dans certains cas, nous dirons sa déstructuration – et sa reconstruction en une autre matière, un autre flux. C’est ainsi que de par la compréhension de la structure du gré, sa destruction  et sa restructuration, l’on obtient du cristal. »

   Jusque là, il avait tenté d’être simple. Il était difficile d’expliquer le principe de l’alchimie, pleinement, à des non-initiés. Sur Eden, l’apprentissage des flux constituait une cause de suicide pour quatre-vingt douze pour cent des professeurs d’alchimie ; c’était une chose qui ne s’apprenait pas du jour au lendemain, et un élève pouvait mettre plusieurs années à déceler le moindre flux. Quelle ne fut pas la joie de son professeur, de découvrir qu’il était d’ores et déjà capable de transmuter, dés sa première entrée à l’Académie … Ce même professeur se suicida deux mois plus tard lorsqu’il tomba sur un élève particulièrement idiot qui ne savait déceler autre flux que celui de son urine inondant sa culotte. Il ne se souvenait pas de telles choses, il les avait occultées dans sa mémoire et ne s’en plaignait en aucune mesure. Lentement, il leva sa main nue légèrement au dessus de sa tête et poursuivit ses explications, en choisissant de religieusement envoyer les lois de l’alchimie aux péripatéticiennes, avec ses salutations les plus amicales, et donc d’effectuer une transmutation interdite, afin de démontrer à quel point l’alchimie directement appliquée pouvait se révéler profondément obscure. Sa voix morne de gardien de cimetière à qui l’on avait supprimé son dernier jours de congé et interdit le repos ses Dimanches résonna avec une infernale neutralité, afin de proclamer et d’achever le cours sur l’alchimie préalablement entamé :

« Mais l’alchimie à ses règles, et des limites qu’il ne faut dépasser, car les conséquences seraient difficilement mesurables, tant pour le monde que pour l’alchimiste ; mais généralement, les alchimistes meurent en enfreignant ces règles. Il s’agit des alchimies taboues : l’alchimie du temps, dont la loi est : les lignes du temps, séparées devront rester. Nulle modification du temps tentée ne doit être. Ensuite vient la loi sur la conservation de la matière, énonçant que pour toute transmutation effectuée, l’objet transmuté, avoir les mêmes caractéristiques élémentaires et la même masse atomique devra. Enfin, la loi la plus stricte : La vie par alchimie ne devra naître. Les morts à jamais nous quittent, ou encore l’envol de la vie au temps et à La Mort incombe. Il y en à d’autre, mais vous avez un aperçu général de ce que cela affirme : les flux permettent de décrypter la vie, la mort, le temps, le monde, et bien plus … Mais n’importe quel alchimiste ne peut tenter une telle transmutation, et ne doit. Je n’ai peut-être pas besoin de vous expliquer les conséquences d’un échec d’une telle entreprise, ni celle d’une réussite … Pour ma propre part, voyez plutôt … »

   Les mêmes cercles qu’autrefois apparurent, à la différence qu’ils étaient profondément obscurs ; L’unique formule inscrite était celle de l’oxygène, ou moins scientifiquement parlant, de l’air. Le fait que la transmutation de l’air soit normalement impossible, à moins de changer une matière organique en matière gazeuse, cela n’empêcha guère la formation d’une épaisse brume noire autour de la main alchimique, fumée qui en une fraction de seconde se condensa pour former un corbeau, aux yeux pourpres et dont l’éclat rappelait à s’y méprendre celui du seul œil visible de l’alchimiste immobile, mais en tenue idoine. L’animal ainsi matérialisé apposa ses serres sur les doigts de l’alchimiste statufié et établirent leurs appuis tandis qu’il déployait ses ailes sombres et lançait un sombre et lugubre croassement. L’animal ne semblant pas se rendre compte qu’il était issu d’une triple violation des lois fondamentales de l’univers replaça lentement ses ailes le long de son corps et ne s’offusqua en aucunes façons lorsque l’alchimiste qui le soulevait baissa la main pour le ramener quelque peu plus bas. La vie, le temps et le non-respect de la matière pouvaient ainsi donner un corbeau, en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Son regard pénétrant quitta donc le mignon minois à traits félins de la Terranide en s’en alla échouer dans le regard lupin de l’imposant loup-garou qui aurait très bien pu plonger sur lui et tenter de l’occire pour faire disparaître le sorcier hérétique et alchimiste qui se trouvait sous ses yeux. Il fit donc en la direction du loup-garou susmentionné un geste poli, se servant de l’appendice tracteur soutenant le corbeau, pour annoncer en une façon dénuée de toute ambiguïté qu’il s’était efforcé de répondre à la question.

   Puis fit-il converger son regard de nouveau sur la sublime Terranide avide de connaître l’objet de son invitation, et inquiète de voir à tout prix débarquer l’élue de son cœur et de son corps, arme en mains, tentant une charmante vendetta avant de se rendre compte que son aimée n’était strictement pas incommodée ; De sa main libre, car le corbeau aurait protesté s’il avait esquissé un geste de ce genre, le soutenant, il mis la main de nouveau à l’intérieur de sa veste et en sortit une autre enveloppe de même facture que la précédente ; épaisse, noire, portant son signe, qu’il ouvrit, en s’attirant les quelques protestations du corbeau, fanatique de son immobilité, mais qui résolut d’aller se percher sur son épaule. Des obscures profondeurs de l’enveloppe, il tira un dossier moins volumineux que celui du projet Nereid, qui constituerait l’intérêt plein du professeur Sekhmet. Le dossier précédemment mentionné portait le nom singulier de « Matériel » et comportait un sommaire qui contenait quatre chapitre : chapitre premier, synthétiseur d’âme, représentant une machine immense dotée d’un tube transparent à l’intérieur duquel résidait une sorte de broyeur, chapitre second, synthétiseur de matière, une immense machine contenant divers tubes, des infinités de conduits, câbles, et autres, chapitre troisième, incubateur, une machine à forme ovale contenant une quantité indescriptible, mais stipulée dans les notes de câbles, conduits, circuits, lesquels formaient à s’y méprendre, des ailes et dotée d’un accélérateur temporel, et chapitre quatrième, convertisseur énergétique, une machine semblable à une immense moteur et fonctionnant par fission énergétique. Chaque chapitre était accompagné de diverses notes, photographies, relevés d’activité, schémas, et détails de fabrication écrits de sa main. Et quelle que soit la machine, la taille atteignait au bas mot trente mètres, hormis l’incubateur qui en faisait quinze, et la quantité d’énergie consommé par chacune d’entre elles était extrêmement élevée.

   Il attendit patiemment, toujours patiemment, toujours immobile, que le professeur Sekhmet consulte le « fascicule », qui n’avait de fascicule que le nom étant donné la taille du dossier. La taille était trop importante et la quantité d’énergie que lui demandaient ses machines était trop élevée. Ill avait tenté de les réduire, comme d’en réduire la dépende énergétique, rien n’y avait fait. Il s’était donc lancé ensuite dans une campagne punitive au cours de laquelle il châtia trois quincailliers et un pauvre berger zoophile qui s’adonnait aux plaisirs charnels avec un de ses moutons. Il resta de marbre, attendant la fin de l’analyse du professeur Sekhmet de ses installations électronique qui lui avaient permises de créer Nereid dans un premier temps, et qui lui permettraient à présent de créer une grande sœur à son homoncule, plus parfaite, plus terrible, plus puissante et plus belle. Tels étaient ses principaux objectifs … Pour l’instant. Puis il lui vint à l’esprit une chose : il avait relativement bougé, ces derniers instants. Fichtre, il avait accompli plus de mouvement en présence de ses invités qu’en une année entière. Retournant dans sa parfaite immobilité, il prononça notamment ses ultimes paroles du moment avec un timbre encore plus, si c’était possible, monocorde. Il passa de nouveau la main dans ses cheveux, conscient que sa mèche attirait le regard de Sekhmet, mais il ne s’en inquiétait outre mesure : il avait l’habitude.


« Professeur Sekhmet, si vous ne voyez aucun inconvénient à ce que j’applique le principe du tutoiement, cette réunion n’est pas un torrent dans lequel tu te noierais en considération génétique ; J’ai cru comprendre à quel point ton génie en matière de technique te plaçait haut parmi les plus grands ingénieurs, et je pense donc que tu saurais avec succès réduire les dépenses énergétiques et la taille de ces appareils, ce qui me rendrait un immense service ; service que je ne manquerais pas de rendre à mon tour si l’envie te prend de me le demander … »   

Saïl Ursoë

Créature

Re : Réunion (remasterisée) [Sail Ursoë + Sekhmet]

Réponse 9 mardi 09 juin 2009, 14:23:54

Si lui était stupéfié, tel n’était pas le cas de ses deux confrères, et bien que cela n’eût rien de surprenant de la part de Xatiav, l’information s’avérait plus déstabilisante pour la terranide aux atours de félidé : de la part quelqu’un qui partageait intimement la compagnie d’une personne aussi bouillante que la jeune femme aux stratégies d’attaque dignes d’un berserker, il se serait attendu à un tempérament plus vif, mais d’un autre côté, peut-être s’agissait-il simplement là de caractères complémentaires de par leurs différences, l’une au sang chaud arpentant Terra pour Dieu savait quel but, et l’autre au sang froid gardant le fort pour échafauder divers équipements pour leurs entreprises… un duo redoutable à n’en pas douter, car même si Saïl n’avait pas encore réellement pu avoir un aperçu de l’intelligence de Sekhmet, il se doutait qu’à la manière dont elle s’était comportée jusqu’ici, elle était en tout cas loin d’être née de la dernière pluie en dépit de sa juvénilité qui n’en faisait d’ailleurs pas quelqu’un de bien moins âgé que lui, aussi rien d’étonnant à ce qu’elle pût se montrer au moins aussi finaude que lui, et même davantage, ne réagissant qu’à peine lorsque l’alchimiste fit la démonstration de ce qui pouvait pourtant à bon droit être considéré comme une opération du Saint-Esprit. C’était un monde ça tout de même ; les gens ne s’étonnaient-ils donc plus de rien de nos jours ? Enfin bon, il pouvait parler de son côté, car il aurait eu la même réaction blasée et probablement teintée de condescendance si on lui avait annoncé que la glande pituitaire jouait un grand rôle dans la croissance d’un enfant, aussi plutôt que de s’indigner de l’impassibilité des autres, qu’il restât assis et apprît !

Et mazette, il eut de quoi apprendre, car ce que lui divulguait le responsable de leur réunion dépassait à un tel point les limites de l’imagination humaine qu’il fut à plusieurs reprises tenté de se lever de son siège pour s’exclamer « C’est impossible ! », ce qu’il s’abstînt fort sagement de faire, gardant son menton juché sur ses mains croisées, tâchant de conserver le plus grand calme possible bien que le tremblement nerveux de ses pattes dont les griffes crissaient contre le sol de roche trahît facilement la considérable nervosité dont il était envahi à se voir asséné de semblables révélations : des flux, allons donc, et pourquoi pas de la poudre de perlimpinpin, des baguettes magiques et des balais volants pendant qu’on y était ? C’était ce qu’il se serait dit si la personne qu’il avait en face de lui n’avait pas fait sortir des verres de leur table il y avait à peine quelques secondes sous ses propres yeux, et étant donné que la pratique corroborait les théories de Xatiav, il l’écouta avec une attention qu’on aurait réellement pu qualifier de religieuse tant son visage dénotait combien les mécanismes de son cerveau turbinaient pour assimiler cette leçon sans que sa cervelle en sautât sous son caractère purement invraisemblable. En théorie, c’était simple : « Dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » comme l’avait si bien dit Lavoisier, et il suffisait de mettre ce principe universel à la mesure de cette histoire de flux pour que les fondements en devinssent intelligibles. Bien sûr, cela ne lui disait pas comment on pouvait bien s’y prendre pour orchestrer de pareilles manipulations, et c’était là toute la différence entre savoir comment un animal était anatomiquement constitué et comment l’évolution l’avait mené là, mais au fond, le bon docteur n’était pas vraiment sûr de vouloir savoir comment on s’y prenait : son rayon était d’étudier les mécanismes de mutation biologiques et de les décrypter pour en faire un éventuel usage plus élaboré et non de tripoter le réel pour en faire ce qu’il voulait. Non pas qu’il dépréciât ce que le mannequin mobile était capable de faire, mais comme le disait le proverbe, « Chacun chez soi et les oies seront bien gardées. » ; en l’occurrence, qu’ils se cantonnassent tous à leurs domaines respectifs et tout se passerait en bonne entente pourvu que chacun le voulût.

Lorsque le corbeau composé de fumée solidifié, l’homme-loup ne put s’empêcher de cligner violemment des paupières comme s’il avait eu devant lui le fruit de quelque hallucination provoquée par les hauteurs ou par le vin qu’il venait de boire ; mais il se rendit rapidement compte qu’il aurait pu continuer de cette manière jusqu’à avoir un claquage musculaire s’il le voulait sans pour autant que ce qu’il avait devant les yeux changeât. Au premier abord, il se mit à croire que ce n’était par conséquent qu’un artifice de prestidigitation bien orchestré, mais il dut bien vite mettre cette autre théorie au placard en s’apercevant que non seulement la bestiole réagissait comme tout mainate apprivoisé l’aurait fait, mais qu’en plus le souffle du vent secouait ses plumes le plus naturellement du monde. C’était… incroyable, tout bonnement incroyable dans le sens le plus littéral du terme qui était que ce que cette espèce de sorcier venait de faire là  était quelque chose que l’on ne pouvait pas croire tellement cela défiait les lois de la réalité. Les lois de la réalité oui, c’était bien ça ce que Xatiav faisait, il trichait avec la réalité, et Saïl ne disait pas cela comme un mauvais perdant qui n’aurait pas supporté que l’art d’un autre surpassât le sien : non seulement il savait manipuler ces indicibles flux qui les entouraient selon lui, mais en plus il savait en extirper la matière même là où ils n’auraient pas dû se trouver de manière à former tout ce qu’il voulait.

Sorcellerie, oui, on pouvait à bon droit appeler cela de la sorcellerie, car tel Faust doté des pouvoirs conférés par Méphistophélès, il était capable de créer ce qui n’était pas, ce qui n’était pas destiné à être et ce qui n’aurait pas dû être ; et comme l’œuvre de Von Goethe le démontrait, un tel pouvoir ne venait pas sans un prix : quel était celui que l’alchimiste avait dû payer pour être doté de capacités aussi surhumaines ? N’était-ce pas justement une part de son humanité, cela se voyant dans son attitude d’une impassibilité de machine, dans la manière dont il gardait toujours un de ses yeux camouflés comme une erreur de la nature, dans ses projets démentiels qui avaient pour ambitieux de dépasser même ce que l’on appelait parfois communément l’œuvre de Dieu ? Encore une fois, le savant n’avait aucun moyen de le savoir, et il ne voulait dans le fond pas le savoir étant donné que même le chercheur le plus avide devait connaître ses limites, des limites que l’être aux cheveux noirs avait outrepassées en pénétrant le saint des saints de la création et en en pillant le cœur même, ce que lui préférait s’abstenir de faire, implantant des tuteurs à l’arbre des possibles pour l’orienter selon ses idées plutôt que de l’extraire brutalement du sol. C’était bien évidemment une question de principe que de vouloir observer une attitude aussi respectueuse, mais cela allait au-delà même de la simple idée de savoir ce qui était moralement correct ou non : quelque chose lui disait qu’en touchant à ce à quoi Xatiav avait touché, on ne pouvait véritablement pas en ressortir indemne, et par règle de prudence, il se promit de se cantonner à l’avenir aux règles de la science comme il l’avait fait jusqu’ici et de garder envers et contre tout la tête sur les épaules afin d’éviter les dérives.

Mais déjà, le sujet avait changé pour un autre qui ne le regardait au fond que de loin, se centrant sur la mécanique, branche qu’il ne maîtrisait que de façon trop parcellaire pour être utile au débat, aussi put-il se consacrer à ses propres activités qu’il ne jugeait pas moins pertinentes sans cesser de prêter une oreille attentive à ce qui l’entourait tout en faisant de son mieux pour n’avoir l’air de rien : il venait de se rendre compte qu’une crapule était désagréablement proche, comme un désagréable bubon sur la surface de cette terre, et il attendait le moment propice pour en pratiquer l’ablation d’un coup d’un seul afin de ne lui laisser aucune chance. Comment avait-il pu ne pas se rendre compte plus tôt qu’un chacal d’une telle ampleur se trouvait si près qu’il lui suffirait d’un bon mouvement de la patte bien placé pour se débarrasser de lui et avoir à nouveau la conscience tranquille ? Alors que Saïl griffonnait diverses formules sur une roche à peu près plane qu’il avait ramassée, il en posa une autre sur la table à côté de lui sans cesser de faire danses ses griffes contre la surface de pierre, apparemment tout entier à ses computations alors que ses oreilles étaient pleinement attentive de manière à détecter le moindre mouvement de sa cible sans l’alerter de ce qu’il allait commettre : si l’on ne s’assurait pas d’éliminer une souche microbienne du premier coup, celle-ci se reconstituait pour revenir avec ses forces décuplées, et il devait donc frapper fort pour l’abattre à coup sûr… et dire que Sekhmet continuait de discuter avec son interlocuteur comme si de rien n’était ! Décidément, il fallait que ce fût lui qui prît tout en charge au sein de cette assemblée scientifique afin d’en éliminer les indésirables, les nuisibles, ceux qui n’avaient rien à faire ici et n’auraient pu qu’entraver la bonne marche de ce qui se devait d’être un conciliabule de personnes sensées et non d’abominations.

Pendant que ses doigts inscrivaient dans le roc, il écoutait et attendait son heure : pas maintenant… pas maintenant… encore quelques petites secondes… maintenant ! Délaissant sa plaque à graver en un geste éclair si rapide que l’on aurait pu le croire issu de la détente de quelque ressort, il s’empara de son autre rocher qu’il envoya avec la puissance d’un boulet de canon : le tout avait été exécuté avec une telle vivacité et une telle précision que la saleté qu’il visait n’avait aucune chance de l’éviter, et effectivement, au moment précis où l’homme-loup avait amorcé son mouvement, un quadrupède énorme jaillit de derrière un rocher à à peine quelques mètres de leur position, stoppé en plein vol par le projectile qui lui atterrit avec fracas en pleine figure, le laissant retomber à terre avec les os du visage fracassés. De loin, ce qui venait de passer de vie à trépas aurait pu effectivement évoquer un chacal, mais les chacals n’étaient pas aussi gros qu’un lion, n’avaient pas une mâchoire qui ressemblait davantage à un piège à loups qu’à des crocs, et n’osaient généralement pas s’attaquer à un groupe de trois personnes.

« On ne peut vraiment jamais être tranquille. » Commenta-t-il nonchalamment en reprenant son outil de travail pour continuer d’écrire.

S’il se fiait à ce qu’il avait pu déterminer en parcourant les notes extensives du Projet Nereid, une version plus aboutie d’une vie créée pour ainsi dire de toutes pièces requerrait que sa forme de départ évoluât durant un temps qui pouvait aisément se chiffrer en dizaines de milliers d’années pour parvenir à son aboutissement. Evidemment, c’était un défaut auquel Xatiav voulait pallier, et qui de plus qualifié qu’un généticien pour lequel l’évolution génétique n’avait aucun secret afin de combler ce manque ? Pour la confection du Terranis, Saïl avait justement mis au point un soluté permettant d’accélérer les mutations à un tel point qu’il avait justement permis que lui-même passât d’une forme d’humain à celle d’un loup-garou en l’espace d’à peine quelques minutes alors que si l’on se plaçait du point de vue d’une évolution standard, cela aurait pris au bas mot des millénaires. Cette formule était une de ses nombreuses fiertés, unique en son genre et d’une instabilité qui requerrait qu’on la manipulât avec la plus grande circonspection si l’on ne voulait pas se retrouver avec des résultats incontrôlables avant même d’avoir pu se rendre compte de ce qui clochait. Alors qu’il écrivait, il s’interrompit, frottant son pouce et son index l’un contre l’autre comme quelqu’un d’autre aurait pu faire tourner un stylo entre ses doigts en un geste de réflexion machinal : évidemment, pour mettre au point ce qu’il avait baptisé le Celeris sous sa forme la plus adéquate possible, il devait avoir un maximum d’informations sur le sujet sur lequel ils officieraient, et autant pour cet aspect de nécessités techniques que pour voir en quoi le nouveau bébé de l’alchimiste consisterait, il avait une question à lui poser :

« Dis moi Xatiav, cet être que tu voudrais créer, quelle serait sa nature exactement ? »


Bigre, il s’était bien dit que cela sonnerait étrange de tutoyer un olibrius pareil, et d’ailleurs, en l’entendant adresser la parole à Sekhmet, il avait eu cette même sensation d’incongruité, comme si un radiateur s’était mis à se plaindre qu’il faisait trop chaud, mais bon, c’était lui-même qui avait proposé qu’ils interagissent entre eux de cette manière, alors il était trop tard désormais pour se rétracter ; et puis à tout prendre, c’était vrai qu’en dépit de la gêne, il n’était pas désagréable de pouvoir se montrer un tant fût peu familier avec quelqu’un.
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Xatiav

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Re : Réunion (remasterisée) [Sail Ursoë + Sekhmet]

Réponse 10 jeudi 11 juin 2009, 17:49:48

   C’était horrible. Il fallait l’avouer, ce tutoiement lui passait aussi agréablement dans la bouche que si on lui avait demandé de mâcher un chewing-gum au goudron. Cela sonnait mal, vulgaire, brutal, familier, et tout ces mots dans le même genre qu’habituellement on n’aime pas entendre car cela dénote un peu trop de mauvais souvenirs ; enfin, maintenant qu’on s’était lancé dans l’acte, autant continuer jusqu’au bout, car après tout, une fois le pas fait, il est difficile de dire « écoutez, ça sonne pas très bien, alors on repasse au vouvoiement ». Même si au fond, il aurait bien voulu ; quoi qu’il en soit, il observait l’un et l’autre, Sail Ursoë et Sekhmet, tranquillement, et constatait avec une froideur qui lui était propre et habituelle les actions et réactions de tout un chacun. Il en ressortait de cette longue et lente analyse que Sail était stupéfait, et Sekhmet surprise de même, mais pas de la même façon que l’homme-loup, lequel semblait presque au bord de l’attaque cardiaque. Le docteur Ursoë le regardait comme s’il était une quelconque apparition, ayant surgie mystérieusement d’un panache de vapeur blanche, et comme s’il avait commencé la danse ridicule de la personne dont le corps brûle et qui veut que cela s’arrête. Pour sa part, il resta froidement impassible, affichant son habituelle inexpressivité face à la stupeur de ses confrères. Après tout, n’avait-il pas répondu à la question qui lui avait été posée aussi complètement qu’il ne pouvait ? N’avait-il pas appuyé sa théorie d’une implacable mise en pratique, allant pour prouver la profondeur de son art jusqu’à passer outre les interdits de la nature, de l’univers, de la vie et du temps ? Il estima donc avoir pleinement renseigné son interlocuteur lupin stupéfié.

   Lequel par ailleurs se mit à activement griffonner quelques formules diverses sur un rocher, lui prouvant que ses griffes étaient bien plus puissantes qu’elles ne paraissaient, et que dans le cas où il aurait à les sentir, il n’en sortirait pas nécessairement indemne ; il fallait avouer qu’être en face d’un gigantesque homme loup aux crocs et aux griffes puissantes n’aurait pas rassuré bien du monde. Cependant, quelque chose d’autre attira son attention ; un invité surprise, qui errait subrepticement parmi les divers rocs et rochers, pendant que Sekhmet lisait son fascicule présentant ses relevés sur ses machines, et divers appareils. Son confrère lupin s’était emparé d’un caillou assez lourd, et de fait, semblait décidé à s’en servir pour éliminer une potentielle gêne qui viendrait à tenter d’interrompre la réunion en cours. Pour sa propre part, il ne prêtait aucunes attentions au chacal qui se disait qu’il allait pouvoir ramener dans son antre trois parfaites proies dont une était une sublime jeune Terranide qui aurait pu servir à plusieurs choses, selon les envies des dirigeants de la susdite antre. Mais le chacal-formien ne l’intéressait aucunement. Bien qu’il ait senti sa présence, il avait aussi senti que la gêne en question ne vivrait pas suffisamment longtemps pour arriver en face de lui. Il devinait ce que le docteur Ursoë avait l’intention de faire, mais ne devinait pas si le docteur Ursoë devinait qu’il avait deviné qu’il avait deviné, mais il devinait que le professeur Sekhmet avait deviné qu’il avait deviné, mais ne devinait point s’il avait deviné que le docteur Ursoë avait deviné qu’il avait deviné, mais il devinait que les deux avait deviné qu’ils étaient en passe d’être attaqués tout en devinant que chacun allait peut-être attaquer, mais en ne devinant pas qui et dans quel ordre.

   Il devina néanmoins que l’animal n’était pas mort après s’être fait proprement défoncer par un rocher lancé délibérément dans le but d’occire, et devinait que le professeur Sekhmet avait deviné, car elle sortit son arme à son tour, un pistolet calorifique du moins, en d’autre terme, un canon à rayon solaire pour faire simple. Le hic, c’était que le susdit pistolet pouvait dégager une luminosité assez intense pour qu’il cesse d’apprécier la compagnie de ses confrères. Et lorsque le professeur Sekhmet affirma sans mots au chacal que l’énergie calorifique était extrêmement violente, au point de réduire la roche en fusion, il encaissa un rayonnement dans son œil qui suffit à faire baisser sa visibilité d’environ cinquante pour cent. Puis une vague de chaleur s’en vint, dégagée par la roche en fusion et par le rayon. C’était vraiment une arme puissante. Le docteur Ursoë s’était plaint du fait de ne jamais pouvoir être tranquille, avait demandé les particularités de son futur nouveau-né, et le professeur Sekhmet, après avoir précisé sa nécessité de voir ses installations, proposa aimablement de changer d’endroit. Platon avait affirmé qu’on pardonnait aisément à un enfant qui avait peur de l’obscurité, mais que la vraie tragédie de la vie, c’était quand les hommes avaient peur de la lumière. Ce qui nous laisse penser que Platon aurait fondu en larme en le voyant, car à la suite du rayonnement solaire, il lui fallut quelques minutes pour récupérer ses capacités visuelles. Rayonnement qui aurait pu lui être fatal si son œil gauche n’avait pas été habilement protégé. Cependant, il n’en laissa rien paraître ; pendant les deux assauts, il était resté, immobile, froid, à boire lentement son vin, attendant que ses confrères se déchaînent sur un pauvre formien dont la seule erreur avait de ne pas être un peu plus informé. Mais la question était qu’il fallait changer d’endroit. Etant donné le fait qu’ils étaient au plus haut des steppes Tekhanes, avoir le contrôle qu’il avait sur la région aurait été plus difficile en étant plus bas. Et il n’aimait pas descendre. Une armée de formiens ne lui posaient aucuns problèmes, mais cela ne semblait pas être le cas de la Terranide, si belle soit-elle. Il décida cependant de répondre à l’interlocuteur qui avait posé une question en premier, règle de la politesse oblige, car lorsque l’on était dans un désert aride, obscur, glacé et peuplé de monstre, il fallait tout en restant courtois, éviter les stupidités du genre « les demoiselles d’abord ». Il posa donc sa coupe de vin, et parla d’une voix quelque peu glaciale, mais ses interlocuteurs devaient à ce stade avoir l’habitude :


« L’être que je veux créer, Docteur Ursoë, sera une divinité artificielle. Sa séquence énergétique sera infiniment supérieure à celle des êtres vivants. Cependant, son corps sera créé avec les mêmes atomes qu’un corps humain, mais son code génétique n’aura aucunes similitudes … Cela devrait t'intéresser. »

   Il gratifia ces paroles d’un regard pénétrant. Il se doutait, oh oui, que le docteur Ursoë était d’un homme d’une grande droiture, et d’une force morale irréfutable. Il savait que le lupin scientifique préfèrerait se jeter du haut de la falaise et vers une mer de piques, monstres, et autres, plutôt que de créer quelque chose qui nuirait. De fait, il n’avait pas commercialisé son expérience, qui aurait pourtant fait un malheur dans l’armée. D’un côté, il n’avait pas non plus apporté à quelque pays que ce soit la possibilité d’utiliser ses connaissances. Secret scientifique, où tout simple copyright, qui pouvait le dire ? Personne ne le comprenait, et ne pouvait le comprendre, et prévoir ses actions étaient impossible. Il n’avait rien d’humain, et sa nature était aussi inconnue que ses réelles motivations. Il fit une pause quelque peu longue, observant le Docteur Ursoë, et l’impact que ses paroles pouvaient avoir sur le loup-garou, ayant clairement laissé entendre qu’il avait étudié les divinités. Ce qui n’était pas faux, dans un sens qu’ils ne pouvaient comprendre. Puis, toujours lentement, il tourna son regard vers la mignonne Terranide féline, et fit une brève halte sur l’impact de son arme. Militant pour la cause-conséquence, il choisit d’habilement lier le fait qu’ils soient repérés et leurs changements d’endroit. Il était décidé dans la mesure du possible à quitter le territoire de Tekhos, car s’ils étaient, comme le laissait entendre la féline réticente à finir dans un laboratoire, repérés, juste changer d’endroit ne leurs servirait à rien ; ils seraient pistés et rejoint une bonne centaine de fois, car les formiens ne se limiteraient pas à la steppe haut-placée, mais ratisserait le territoire.     

   Ils pouvaient difficilement trouver un endroit sécurisé dans ces lieux, sauf … Ce qui lui permettrait en même temps de … Oui … Et la réunion pourrait bien se dérouler, ils ne seraient jamais interrompus, et chacun pourrait avoir une application directe de son rayon. Son œil de sang se riva dans le regard de la Terranide. Il avait bien un endroit ou ils pourraient jouir de leurs tranquillité, de leurs compétence, et en plus cela mettrait peut-être la féline en extase. C’était assez loin, mais la distance ne comptait pas. Outre ses pouvoirs, il y avait la un loup gentleman et rapide qui aurait pu porter sans problèmes Sekhmet. Il décida donc de prendre la parole et de formuler son idée, en choisissant ses mots et en calculant les probabilités de voir l’idée acceptée. Ils n’avaient pas réels choix, et si ses confrères avaient une autre idée … Il parla donc avec sa froideur polaire habituelle :


« Si l’endroit n’est plus sûr, vous devez avoir compris qu’aucun endroits ne risque d’être sur. Je doute que Jessie Wild ne nous accueille dans sa cachette désertique, et je n’ai pas trop envie d’y pénétrer une deuxième fois sans raisons valables, n'ayant cette fois aucunes invitations à déposer. J’ai donc une proposition à vous soumettre, un lieu hautement sécurisé, et qui nous permettrait de directement travailler, et autrement qu’en énumérant des théories. »

   Il fit une pause, comme s’il avait trop parlé. Il regarda l’un comme l’autre. Le vouvoiement lui semblait assez doux, même s’il s’adressait à l’assemblée, si l’on pouvait dire que trois clampins dans un milieu désertique, cela formait une assemblée ; il poursuivit après quelque instant de pauses :

« Mon laboratoire se situe dans les landes dévastées. C’est un lieu hautement sécurisé, ou l’on ne peut entrer facilement, et ou il est encore plus compliqué d’en sortir en vie, ce qui tient du miracle pur et simple, lorsqu’on arrive à y entrer par effraction. Je vous propose donc d’aller directement dans mon lieu de travail, disposant ainsi des machines, et de toutes les installations que peut fournir celui-ci, comprenant mes comptes rendus scientifiques, et ma bibliothèque. Nous pourrions nous établir en cet endroit, et bien entendu, en tant qu’invités d’honneurs, vous y entreriez et en sortiriez sains et saufs. Si vous acceptez d’y aller, le voyage se déroulerait de deux façons ; si vous désirez emprunter une voie normale, nous pourrions courir, et si vous décidez la voie rapide, je peux nous y déplacer en quelque secondes. Qu’en dites-vous ? »

   Il resta donc assis sur son trône de pierre, à attendre leur réponse ; le trône en question était une pierre plane coincée entre d’autres, elles-mêmes coincées par des pierres plus petites, sur un sable étrangement grisâtre, froid, sur lequel s’afféraient quelques minuscules fourmis, qui mouraient l’une après l’autre à chaque coup de vent. L’atmosphère se faisait quelque peu froide, menaçante, et la bestiole grillée par Sekhmet n’était pas plus rassurante que l’obscure et froide métropole qui se décelait au loin, crachant des fumées qui auraient envoyées dans les pommes un millier de manifestants écologistes. Aucunes nymphes, qu’elles soient d’eau ou des arbres n’auraient survécu plus de trois heures en ce lieu dévasté. Et compte tenu du fait qu’une armée formienne, quelque part, se levait, cela rendait le lieu et les restants de la végétation encore plus dépressifs. Il aimait bien ce paysage obscur, sombre, cette nature détruite … Le corbeau qui avait trouvé refuge sur son épaule s’envola en poussant nombres de croassements lugubres, cerclant au dessus d’eux, tandis qu’il se levait, lentement, pour laisser tomber un regard glacial sur la situation historique du monde Tekhan. Se contentant d’observer le sombre paysage avec une insistance presque paternelle, il attendait les réponses de ses confrères. Laisser une situation lui échapper n’était pas dans ses habitudes. Et il préférait se braquer une lampe torche dans l’œil gauche – ce qui concrétise sa méthode personnelle de suicide – à laisser la situation actuelle lui échapper.
« Modifié: jeudi 11 juin 2009, 18:18:30 par Xatiav »


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