Même dans son lit d’hôpital, Jun était sur le pied de guerre. Il expliqua à Pamela avoir reçu des menaces de morts concernant son ancienne famille. Ivy fronça les sourcils, ayant l’impression de se retrouver à Gotham City. On retrouvait le même scénario lors des élections municipales : la corruption gangrénait tout, et celui qui gagnait la campagne était le candidat qui avait réussi à acheter le plus de voix en obtenant le soutien des grandes familles de la pègre locale. Il y avait une époque, avant que Batman n’arrive, où les maires étaient, soit un soutien de la famille Maroni, soit un soutien des Falcone. La mafia contrôlait tout, et, sur ce point, le Japon n’était malheureusement pas différent. Les Yakuzas avaient profité de la reconstruction japonaise suite à la Seconde Guerre Mondiale pour étendre leur influence, contrôlant ainsi des secteurs-clefs de l’économie, ainsi que des postes hauts placés dans les administrations publiques. Ce système permettait ainsi aux Yakuzas de faciliter la corruption, notamment en obtenant sans problème des marchés publics, et en bénéficiant d’exemptions fiscales injustes.
Est-ce que tout ça n’était qu’une affaire de Yakuzas ? Pamela se le demandait, mais ce que cet homme dit, au sujet de la Fraternité d’Horus, laissait entendre d’autres choses. Tout ça ressemblait à une espèce de complot issue de l’imagination d’un paranoïaque postant sur son blog. Les Yakuzas, toujours ? Mais, si c’était le cas, alors, c’est qu’une guerre intestinale ravageait le Yamagushi-gumu.
« Je t’avouerais que je ne sais pas trop quoi en penser... Je ne suis qu’une professeur de biologie, après tout. »
Pour sa paisible retraite à Seikusu, les choses commençaient à déconner. Le SHIELD aurait certainement des réponses sur ce club, ou Barbara, mais Pamela préférait éviter d’avoir affaire à eux. Ils continuaient à voir en elle une criminelle, et elle n’allait les voir que quand elle y était contrainte et forcée. De plus, si elle venait leur dire qu’elle était maintenant mêlée à une espèce de variante japonaise de la franc-maçonnerie, le SHIELD risquait de s’énerver. Elle se doutait bien qu’ils n’avaient pas du apprécier de la voir rejoindre une campagne électorale, tout comme ils n’appréciaient pas ses activités de militante écologique, craignant que toute cette activité n’amène les gens à comprendre que l’innocente prof’ dissimulait en réalité une sensuelle mutante dotée de redoutables capacités florales.
Croisant les jambes, elle hésitait. Jun lui faisait confiance, et ils avaient fait l’amour ensemble. Elle aussi aurait tendance à dire qu’il était un type honnête et intègre. Pouvait-elle se détourner de lui ? De plus, ce militant qui avait été tué cherchait à œuvrer pour un monde meilleur, un monde en harmonie avec la nature. Pamela était très sensible à ce genre d’arguments. Seule sa lâcheté l’inciterait à refuser d’aller plus loin, et la femme se refusait à être lâche. On comptait sur elle, et elle comptait bien arrêter ces types.
« Je suis assez douée pour délier les langues, comme tu as pu le remarquer. Ce club doit bien avoir une adresse, un endroit où ils se rencontrent... »
La fraternité d’Horus... Avec ce nom pareil, elle s’attendait à des passionnés d’égyptologie, des types qui connaissaient toute la mythologie de l’Égypte antique sur le bout des doigts, le Sphinx, Gizeh, et tous ces trucs. Pamela n’en savait pas plus que la moyenne sur l’Égypte antique et sur Horus, le Dieu du Soleil.
« Tu as un plan ? Car j’imagine que contacter la police n’en fait pas partie... »