«
Allez, allez, Messieurs-dames, approchez, approchez ! Nous avons des spécimens venant de tous les coins de Terra ! Des nekos, des furrys, des kitsunes, il y en a pour tous et pour tous les goûts ! Approchez, Messieurs-dames, approchez !! »
La voix forte du négociant était comme un aimant, attirant à elle de nombreux badauds, alternant entre des acheteurs potentiels et de simples curieux venus se rincer l’œil en voyant de magnifiques créatures exotiques qu’on exhibait dans des tenues indécentes à la vue de n’importe quel pervers. La plupart des gens ici n’avaient pas les moyens de s’acheter des esclaves, se contentant juste de se promener le long des autres étals du grand marché d’Ashnard. Aujourd’hui, la foire venait d’ouvrir ses portes, et des kilomètres d’étals et d’allées marchandes se dressaient sur une grande place centrale, au cœur des plus riches quartiers de la capitale. C’était une grande place circulaire avec, en son centre, une statue de l’Empereur Mordret. La foire d’Ashnard se réunissait périodiquement, proposant des produits et des articles venant de tous les coins du vaste Empire. Naturellement, les esclaves étaient une partie non négligeable de cette foire, attirant son lot de clients fortunés : des militaires hauts-gradés, des bourgeois, des hauts-fonctionnaires... Et des esclavagistes comme Mélinda.
La jeune vampire n’était pas toute seule, car elle était accompagnée d’une Furyy, fort à propos appelée
Tigra, et qui tenait dans ses bras une petite neko que Mélinda venait d’acheter. La fille aînée d’une portée cinq nekos, qui avait quatre ans. Mélinda l’avait acheté pour plusieurs raisons, d’une part parce qu’elle était jeune, et d’autre part parce qu’elle savait que la petite serait tuée si l’esclavagiste la vendant n’arrivait pas à la vendre. Il la piquerait de retour au stock, et se débarrasserait de sa carcasse en l’offrant à ses chiens. Vendre des bébés était toujours difficile, car ils avaient une valeur marchande assez faible, rapportant assez peu, tout en étant onéreux. La petite neko était terrorisée, et avait pleuré dans les bras de Mélinda. Il avait fallu la fourrure douce de Tigra pour la calmer, et elle dormait maintenant dans ses bras, apaisée par les phéromones félins de Tigra.
«
Ils vendent d’autres esclaves terranides par là-bas, Maîtresse... »
Elle lui désignait le stand où le négociant hurlait aux gens de se rapprocher. Mélinda s’approcha. Il y avait de nombreux clients, et ils achetaient généralement des femmes. Les nekos se vendaient toujours très bien, et Mélinda vit un homme en acheter une, avant de l’offrir à une jeune fille âgée d’à peine une dizaine d’années.
«
Tu vois ? Le voilà, ton cadeau d’anniversaire ! »
La fille, qui avait de petites cornes poussant sur son front au-delà de cheveux sombres et longs, eut un sourire éclatant le long du visage, et grattouilla la tête de la neko, qui baissait pudiquement la tête. Certains articles étaient vendus aux enchères, d’autres, généralement ceux au rabais, étaient affublés d’un prix fixe. Le stock devait se vider, et Mélinda regardait les articles, hésitant. Allait-elle en prendre un autre ? Elle avait déjà sa neko, une petite fille dont il faudrait bien s’occuper pour qu’elle accepte sa nouvelle vie, et pour qu’elle soit une bonne petite fille... Mais Mélinda était par nature incorrigible, et, tandis qu’elle regardait le spectacle, ce fut au tour d’un Terranide furry. Comme les autres, il était nu, à l’exception d’un collier autour de son cou, et s’avança fièrement, avant de saisir son sexe, et de se lancer dans une provocation qui lui valut des coups de bâton.
Mélinda le regarda sans rien dire, mains jointes dans le dos.
«
Hum... Comme vous le voyez, ce Terranide est un jeune homme plein de vigueur et plein d’énergie, qui ne demande qu’un peu de dressage pour vous être obéissant. Nous en proposons... 2 000 pièces d’or ! »
La moyenne, pour un Terranide, se situait entre 3 000 et 5 000 pièces d’or. Le vendre à bas prix était le signe que ses propriétaires voulaient s’en débarrasser. Après son exploit, personne ne semblait motivé à l’acheter, et la vampire s’humecta les lèvres.
«
Tu en penses quoi, Tigra ? -
C’est un rebelle... Insubordonné… Ses maîtres le tueront s’ils n’arrivent pas à le vendre. Maintenant, ou plus tard... »
Tigra avait beau être une Furry, elle disposait d’une analyse efficace et perspicace. Comme la neko qu’elle tenait dans les bras, Mélinda l’avait obtenu quand elle était toute jeune, et elle avait été bien éduquée par elle. C’était une prostituée de luxe, mais qui développait aussi une sorte d’instinct maternel à l’égard des autres Terranides, et qui savait employer les mots justes pour convaincre sa Maîtresse de les protéger en les achetant. En filigrane, elle venait de rendre responsable Mélinda de la mort probable de ce Furyy, jouant sur son sentiment de culpabilité.
Elle se mordilla les lèvres, puis finit par l’acheter.
«
Je le prends ! » fit-elle en levant la main.
Elle crut voir une lueur d’espoir dans les yeux du vendeur, comme si Dieu venait tout d’un coup de le toucher de Sa Grâce éternelle. Mélinda rejoignit l’estrade, suivie par Tigra, et récupéra rapidement une fiche administrative contenant quelques informations sur le Terranide, dont son nom... Léo. Elle offrit ensuite un chèque au négociant, avec la promesse de pouvoir récupérer son or auprès de n’importe quel établissement de crédit de la ville.
«
Léo, c’est ça ? Je m’appelle Mélinda, et je suis ta nouvelle Maîtresse... Tu veux peut-être quelque chose pour te couvrir ? »
Elle avait remarqué l’insolence du jeune homme, et elle espérait que sa sympathie le calmerait... Sinon, elle avait des méthodes pour obtenir ce qu’elle voulait.