La pluie et le vent cessèrent tranquillement, laissant à la belle l'aise de relâcher sa longue chevelure défaites et de joindre ses mains avec timidité contre son ventre. Sa poitrine désirait se percer d'elle-même sous les battements incessant d'un coeur meurtris, d'un coeur jaloux mais surtout, d'un coeur amoureux... Il était là, il était réellement, véritablement là, devant elle à quelques pas à peine. Sa gorge se noua littéralement alors que ses mires restaient accrochées à celles du dieu, dieu pour qui elle aurait quitté sa vie de comtesse pour vivre à ses côtés, qu'importe ou, qu'importe comment... Si, bien sûr en échange, il ne lui briserait pas le coeur. Malheureusement, celui-ci s'était fendu aussitôt les rumeurs sur une prêtresse l'aidant à se calmer de manières... Sexuelles... Comme toute femme, elle aurait pu pardonner. Cependant, son coeur s'était déchiré brutalement lorsque cette même femme, très belle femme, douce, gentille, docile eut l'enfant de son amour en son ventre. L'avait-elle encore? La comtesse ne pouvait le savoir, ayant quitté sur le champs cet endroit qui n'était, visiblement pas fait pour l'accueillir. Comment avait-il pu donner un enfant à autre femme qu'elle alors que leur amour, à tous deux, était si fort, si vrai...?
Ils ne voyaient vraisemblablement que les erreurs de l'autre, sans se soucier de ce qu'eux faisaient. C'était typique de la jalousie mais, bien sûr, sans converser ils ne s'en rendrait nullement compte. Avec lenteur, les mains de la comtesse vinrent se hisser jusqu'à son cou, enlaçant avec une infinie douceur le joyau qui pendait au bout d'une chaîne d'or blanc. La larme.
Sous chaque pas qu'il faisait, ses doigts se resserraient contre le symbole. Elle voulue lui dire de ne pas avancer, elle voulue s'effondre en larme sous le poids qu'était sa tristesse. Mais elle n'en dit rien, laissant simplement un très fin filet d'eau venir humidifier ses yeux alors qu'elle relâcha son collier, laissant ses mains venir se laisser choir de chaque côté d'elle sous l'impuissance de son être, de son coeur et de sa voix.
Et il fit de nouveau un pas, s'approchant encore plus d'elle. Layne le sentait, elle sentait son odeur, son parfum corporel... Elle sentait tout, et même, par colère ou tristesse, elle oserait même penser sentir le souffle de ces prêtresses sur lui. Ce qui, aussitôt, ne manqua pas à lui humidifier encore plus les yeux, recueil de la mer qui menaçait de céder à tout moment pour déverser le fruit de sa peine. Une fois de plus, elle ne dit pas un mot, incapable de parler sous le nœud grossissant dans le fin fond de sa gorge. Cependant, un léger sursaut lui fit soulever les épaules lorsqu'un garde vin s'interposer entre la mortelle et l'immortel, ramenant tristement les deux personnes à la dure réalité.
Pendant qu'il parla de façon très... accueillante, chaleureuse et tout le reste au garde, la jeune comtesse en profita pour passer le revers de sa main contre ses yeux, essuyant les larmes qui vinrent aussitôt quitter leurs nids. Il était hors de question qu'elle se montre aussi peu en contrôle d'elle face à lui, face... À l'homme qu'elle aimait mais qui lui avait brisé le coeur. Quand l'enfant allait-il naître? Allait-il avoir ses yeux froids, doux que la comtesse aimait tant ? Allait-il avoir ses cheveux argenté, cette forme de visage ? Il était certain que l'enfant, dans la tête de la jeune femme, allait être plus important que s'il avait engendré la vie dans le ventre de la comtesse.
Elle était prêtresse, et elle, une simple comtesse...
Elle était d'une incroyable beauté, et elle, elle était mortelle.
Sa nature était de ne jamais être égoïste, Raven, ou tout autres prêtresses qu'Ares.. aimait peut être...
Elle se devait, par son code de conduite ; d'abandonner son amour pour la joie d'un plus grand nombre de personnes.
Mais... Elle en était incapable...
Ses mires revient tranquillement sur le dieu lorsqu'il écarta le garde, inspirant d'un souffle profond en hochant faiblement de la tête sous sa question qui, en fait, était plus un fait qu'ils se devaient de faire. Oui, ils devaient parler.
Elle devait ne pas être égoïste, elle... Oui, elle le devait.
« Je.. Vous donne l'ordre de prendre du repos, messieurs... Aller prendre un repas dans mes cartiers, faites comme chez vous et si, même, vous désirez vous reposer, je vous le permets Ne faites que dire à mes nourrices... Que je vous l'ai permis... Mais... »
Sa voix était hésitante, hoquetante à quelques reprises alors qu'elle tentait de garder une certaine prestance devant tous, bien malgré son vouloir de s'effondre pour pleurer. D'une voix douce, toujours, elle poursuivit. « Ne vous interposez plus, je vous en prie... » Elle n'ordonnait pas, elle demandait. C'était là une façon bien noble de traiter des gardes qui, en ces terres, sont des chiens aux yeux des autres nobles.
Même eux, un bref instant, eurent un léger sursaut d'incompréhension, incertain. Cependant, après un moment de réflexion, les gardes emboîtèrent le pas, entrant dans la demeure royale sans se priver. Une offre telle que celle-ci ne se présentait pas tous les jours. Dîner dans les cartiers d'une comtesse, pouvoir prendre du repos, se faire servir, et cetera. Peu importe qu'après cette autorisation, elle se fasse fouetter par le roi, se fasse insulter par les autres, qu'importe... Elle n'avait plus la force de repousser cette rencontre.
« Suis-moi... Il y a un endroit non loin qui n'est jamais visité, ce sera.. Parfait pour nous parlez.. »
La voix incertaine, emplis d'une certaine tristesse bien visible, la comtesse abaissa tranquillement la tête après ses mots, emboîtant le premier pas, puis un second avant de s'arrêter sur une marche plus bas qu'Arès, relevant le menton et les prunelles de ses yeux sur lui. D'un geste incertain mais pourtant remplis d'une douceur innée, la comtesse glissa ses doigts sur la main du dieu, refermant ceux-ci sur sa paume en l'attirant dans sa marche, les yeux ramenés devant elle sans dévier. Ils descendirent des marches alors qu'elle l'attirait toujours, sans le brusquer, s'arrêtant s'il voulait s'arrêter, ralentissant s'il voulait ralentir, et cetera. Elle figea son corps un instant alors que les marches, puis les dalles prirent fin, laissant la verdure se glisser sous leurs pieds. En voulant se dépêcher, peut être, Layne se pencha un peu pour défaire ses chaussures, retirant ses pieds de celles-ci en les attirant vers elle dans sa main libre pour être, maintenant, pieds nus dans sa marche.
« Désolé... » souffla-t-elle à demi-voix en reprenant la marche, s'excusant vraisemblablement pour y avoir mis fin un court instant. Quelques minutes suffirent pour qu'ils se rendent à destination. Ce n'était, bien sûr, pas un palace qui valait tout l'or du monde. L'endroit était simple et beau ; un arbre, de la verdure et un lac tout près. Comme dans les livres d'histoires dira-t-on.. Avec lenteur, Heilayne lui relâcha la main, ramenant celle-ci à son ventre ou elle joignit ses paumes l'une contre l'autre, restant un peu en avant du dieu sans oser, réellement, se retourner.
D'un ton faible, autant l'était-elle moralement, elle parla. « Par ou.. commençons-nous..? »