«
Apporte-moi mon verre ! »
La démarche d’
Aiko, dans sa belle tenue de maid, était légèrement gauche, mais elle s’en sortait de mieux en mieux. Répondant du mieux qu’elle pouvait à l’ordre de Mélinda, Aiko s’avança lentement. Ses collants moulaient parfaitement ses formes, mais quiconque l’aurait vu aurait eu cette impression qu’elle marchait difficilement, que son équilibre était hasardeux. Ses pas étaient lourds, et ne faisaient pas naturels. Pour autant, sans la
gag ball, Mélinda trouvait qu’AIko se débrouillait bien. Ses yeux étaient cachés par un bandeau noir, mais elle se dirigea naturellement vers sa Maîtresse. Mémorisant les lieux, elle marcha prudemment à hauteur des petites marches menant à l’estrade où, assise dans un confortable fauteuil, Mélinda dominait sa «
salle du trône ».
Les deux mains d’Aiko tenaient un plateau comprenait une bouteille d’un liquide écarlate, ainsi qu’un verre à pied, rempli de ce nectar rouge sang. Il s’agissait bel et bien de sang, et Mélinda prit le verre, ainsi que la bouteille, déposant cette dernière sur une petite table à côté.
«
C’est bien, Aiko. -
Me… Merci, Maîtresse. »
En contrôlant sa respiration, Aiko parvenait à ne pas gémir de manière trop auditive. Sa formation de serveuse était sur le point de s’achever, et Mélinda en profita pour couler un regard autour d’elle.
Sa «
salle du trône » n’était rien de plus qu’une sorte de salle d’audience, de salon privé, où Mélinda recevait généralement les clients et les invités qu’elle ne connaissait pas. Ce n’était pas son bureau, simplement un lieu de détente, où elle administrait la politique interne de son harem : nominations, promotions, punitions... Le harem fonctionnait comme un microcosme totalitaire, dirigé et gouverné intégralement par Mélinda Warren. Le règlement intérieur du harem faisait office de Constitution, et comprenait les obligations respectives des esclaves, les sanctions, et la hiérarchie interne du harem. Aucune partie n’était consacrée à leurs droits, ces derniers se déduisant en réalité de l’échelle des sanctions, permettant d’établir une certaine forme de protection. Officiellement, cette pièce était donc une salle d’audience ; en interne, on l’appelait la «
salle du trône ».
Plutôt grande, elle avait une forme circulaire avec, en centre, une estrade sur laquelle trônait le fauteuil de la Maîtresse arrogante des lieux. Dans sa belle robe dorée, Mélinda avait les jambes légèrement écartées, facilitant ainsi l’accès de son divin sexe à une neko. Avec un collier autour du cou, cette dernière léchait avidement le sexe de sa Maîtresse, recueillant sa cyprine, ce nectar magique, à chaque fois que cette dernière s’échappait des lèvres roses intimes de cette femme. Les murs étaient généralement rouges et chaudes, et, le long des murs, on pouvait voir de curieuses grilles, montrant un conduit aquatique. Il abritait les couloirs aquatiques de la sirène de Mélinda, Ligie. Elle tenait compte de la proximité entre le harem de Mélinda et le Palais Impérial pour se rapprocher des douves, si grandes qu’elles formaient un lac autour du château. Mélinda autorisait Ligie à de tels déplacements, car les sirènes supportaient très mal la captivité.
Plusieurs tapisseries étaient peintes le long des murs. De nombreux tableaux du harem étaient des portraits de la propriétaire des lieux, mais les tapisseries figurant dans cette salle représentaient des scènes de sexe, avec de belles femmes, de beaux hommes, du cuir, du latex, des chaînes, des fouets, des orgies. La lumière émanait de grandes fenêtres aux rideaux partiellement tirés, donnant ainsi à l’ensemble une atmosphère tamisée.
Outre les tapisseries, les murs étaient également décorés par quatre « œuvres » atypiques : des femmes. Elles étaient attachées contre le mur, retenues par des chaînes aux bras et aux jambes. Des bandeaux recouvraient leurs yeux, et des
gag ball se situaient sur chacune de leurs bouches, les empêchant ainsi de parler. Elles avaient de longs collants et des gants en latex, généralement de couleurs noirs, même si l’une d’entre elles avait une couleur rouge, bordeaux. Attachées en croix, elles étaient perpétuellement pénétrées par un appareil fixé à un corset sanglé en latex sur leur corps, qui dissimulait leur poitrine. L’appareil comprenait deux godes qui s’enfonçaient dans leurs corps, vibrant lentement. Elles se tortillaient contre le mur, certaines depuis plusieurs jours.
D’autres esclaves étaient justement en train de les nourrir quand l’invité de Mélinda entra. Elles enlevaient le
gag ball, couvert de salive, et donnaient à l’esclave, par le biais d’une paille, de l’eau, et une sorte de soupe nutritive, avant de remettre le
gag ball. Ce genre de décorations ornaient également certains couloirs du harem, et les clients avaient le droit de toucher, de lécher, d’embrasser, et, naturellement, de jouir sur le corps de ces femmes. Les pénétrer, en revanche, était interdit.
On lui avait annoncé un courageux chevalier voulant accomplir une quête en son nom. Mélinda, amusée, avait accepté l’offre. Plusieurs chasseurs se présentaient parfois devant elle, afin d’apporter leur assistance. Ils étaient des indépendants, ou venaient de guildes. Les esclavagistes les utilisaient souvent pour retrouver d’anciens esclaves qui s’étaient évadés.
Elle vit ainsi un bel homme entrer. Son corps était tout de courbe, une carrure très féminine. À dire vrai, s’il ne s’était pas lui-même présenté comme un chevalier, elle aurait cru à une femme. Rapidement, elle sentit le cœur de l’homme battre dans sa poitrine. Excitation ? Peur ? Impossible de le dire, mais son sang... Son sang était
treès appétissant. Cet homme n’était pas un simple humain, et Mélinda but un peu de sang.
«
C'est un honneur pour moi de pouvoir rencontre Dame Mélinda et messire Bran. »
Mélinda s’esclaffa, et reposa son verre à côté d’elle, tout en tendant l’une de ses mains pour caresser la tête de sa neko, une belle petite créature blonde, qui poussa un petit couinement.
«
Dame Mélinda ?! plaisanta cette dernière.
Il n’y a qu’un pieux chevalier pour appeler ‘‘Dame’’ une roturière... Mon statut de noble m’a été retiré le jour où mon père m’a vendu comme esclave... Et le jour où les Ashnardiens ont, au nom du tribut versé par les traîtres, spolié l’ensemble des terres des Warren. »
Pendant longtemps, les Warren avaient été une puissante famille ashnardienne, un clan fermement implanté dans l’Empire, qui avait rejoint la cause de l’Empereur Fou lors de la Guerre Civile. Les Warren avaient beaucoup perdu.
«
Ainsi donc, vous désireriez travailler pour moi ? Mais qui êtes-vous donc ? Présentez-vous à moi, bel homme, peut-être trouverais-je quelque chose à vous donner à grignoter. »