Je déteste les contrôles, s'il y a une chose que je déteste vraiment au lycée, c'est ça. Surtout que des contrôles, j'ai l'impression que les professeurs passent leur temps en nous en donner. Au moins un par jour. En plus c'est chiant les contrôles, on ne fait que ressortir des choses que l'on vient de nous dire. Je ne suis pas un poisson rouge, je suis une dragonne et une dragonne ça n'oublie pas tout d'une semaine à l'autre, j'ai plus de mémoire qu'un éléphant moi. Déjà que certains cours sont ennuyeux car répétitifs, les contrôles, c'est trop. Alors deux dans la même journée, c'est intolérable, inadmissible, inconcevable. Résultat, il fallait que je provoque un truc, n'importe quoi, mais quelque chose. C'était devenu une règle pour moi. Un contrôle de trop, un cours où je m'endormais, un élève qui m’embêtait et hop, magie, il se passait quelque chose qui provoquait mon hilarité et celle de ma classe. Bon, pas toute ma classe, il y a toujours les éternels ronchons mais bon, mes bêtises ne pouvaient pas plaire à tout le monde.
La grande question c'est quoi faire de suffisamment drôle pour amuser tout le monde et de suffisamment important pour provoquer la fin de cet examen inutile. Et tout cela sans attirer l'attention sur moi. La dernière fois, j'avais exagéré un tout petit peu. Alors que je commençais à créer une compagnie aérienne en classe, le professeur m'avait demandé de prendre la porte. Apparemment, mes avions en papier ne lui plaisaient pas et pour une raison que j'ignore encore, il s'était énervé. Je pense que la Air Yrouka ne lui plaisait pas comme nom, j'aurais peut-être dû mettre son nom à la place, ou alors lui payer une commission. Ben oui, mes avions volaient dans son espace aérien. Enfin bon, il m'avait donc demandé de prendre la porte, obéissante que je suis et voulant détendre l’atmosphère, je mettais empressé de lui obéir en sortant la porte de ses gonds. Le seul truc, c'est qu'au lieu de provoquer le rire comme je le voulais, j'ai étonné les gens présents. J'avais oublié qu'il me fallait passer pour une jeune fille d'apparence plutôt faible. C'est que quand on mesure un mètre soixante et que l'on pèse cinquante kilos à peine, on n'est pas censé soulever sans effort une porte en fer assez massive.
Je devais donc être discrète pour éviter d'attirer encore l’attention. A force de faire des trucs pas normaux pour une fille comme moi, les gens allaient se poser de sérieuses questions. Déjà que j'avais un groupe de filles qui me demandaient comment je faisais pour être aussi forte en sport. Je ne voulais pas que quelqu'un finisse par découvrir ma nature non humaine. Je cherchais donc un moyen de mettre fin au cauchemar d’ennui qu'était ce contrôle tout en pliant ma feuille pour en faire une nouvelle membre de la Air Yrouka. C'est donc en faisant mon avion et en regardant mes camarades que la solution me vint à l'esprit. J'allais mettre le feu à la table d'un garçon qui était littéralement en train de dormir.
Finissant donc mon avion en papier, je le jetais en toute discrétion vers la table du jeune homme et plus précisément vers un de ses pieds et dès que le "Air Yrouka 3600" s'écrasa le nez sur ce dernier, la table commença à prendre feu. D'abord, ce fut un tout petit feu qui ne fit que faire crier les gens, puis il grandit rapidement, devenant quelque chose de dangereux. Voilà, ma bêtise était lancée, et je commençais déjà à rire en voyant tout le monde commençait à paniquer. Qu'est-ce que ça allait être quand les affaires du professeur allaient elles aussi prendre feu et que l'alarme à incendie allait s'actionner.