Alice avait pu noter que la pièce avait changé de forme, de taille, un salon de massage apparaissant comme par magie. Les pouvoirs d’Evangeline étaient très impressionnants ici, surtout si elle pouvait modeler sa maison comme bon lui semblait. La Princesse savait que certains mages pouvaient faire ça dans leurs tours, ce qui faisait qu’une tour à l’apparence décrépie de l’extérieur abritait en réalité des pièces luxueuses et riches. Alice s’allongea donc, sous le regard ravi de Rosa, qui enduit ses mains d’une huile tendre. Il y avait ici et là des produits dégageant d’agréables odeurs. À Seikusu, Alice se faisait souvent masser grâce à Mélinda, qui avait aussi installé chez elle un salon de massage. Elle adorait ça, même si les massages des masseuses de Mélinda avaient très souvent une visée sexuelle.
De plus, après son rude voyage vers Ancarla, le corps de la Preincesse était légèrement ankylosé, ce qui fit que, quand les douces mains de Rosa se posèrent sur ses omoplates, et qu’elle commença à la masser, Alice frémit doucement. Rosa commença à la masser, tout en laissant parler sa curiosité, commençant par une question assez taquine, qui fit sourire Alice.
« Si j’en crois le surnom que les Sylvandins me donnent, non, en effet... Mais il y a des femmes bien plus belles que moi, tu sais. »
Après tout, on surnommait Alice le « Joyau de Sylvandell », et, même si la Princesse restait toujours humble, ce n’était pas sans raison. Avec sa chevelure blonde, sa taille fine, ses fesses rebondies, elle était une véritable icone de Princesse de conte de fées. Rosa descendait doucement ses mains, et parla ensuite de Mélinda Warren.
« Une amie... On peut dire ça, oui. Mais je suppose que les bruits qui courent ont dû te dire que nous étions un peu plus que de simples amies, non ? »
Une simple question rhétorique, car les questions pernicieuses de Rosa étaient l’illustration qu’elle avait obtenu des informations sensibles sur Alice. Ceci dit, elle n’était, en cela, pas bien différent des Ashnardiens, un peuple qui, contrairement aux Nexusiens, n’avait pas été marqué par les bienfaits de la morale religieuse professée par l’Ordre Immaculé.
Alice, mutine, soupira ensuite.
« Oh, Rosa, tu as de bonnes mains, haaaa... Plus bas, ma chérie... »
Elle se crispa un peu sur place, remuant doucement en sentant les mains de Rosa le long de ses côtés, avant de revenir sur son dos.
« Mélinda a été mon témoin de mariage... Ce qui signifie aussi que, dans la tradition ashnardienne, elle s’est assurée que mon second mariage soit parfaitement consommé... Et je suppose que tu sais comme moi combien elle peut être endurante au lit, n’est-ce pas ? »
Parler de sexe ne dérangeait plus Alice autant qu’auparavant. Après tout, elle avait connu Mélinda, Tinuviel, Nanami... Avec un tel bagage, elle ne pouvait plus s’émouvoir aussi facilement, et la preuve avait lieu maintenant, où elle s’était déshabillée devant cette femme au regard pervers.