Depuis ça rencontre avec Mania, Jad avait appris à maîtriser ses pouvoirs. Au départ, tous ses élèves semblaient tellement inspirés par son cours qu'ils ressemblaient à des zombies. Mais à force, il arrivait à limiter son pouvoir à un simple intérêt pour sa matière. Il s'amusait aussi à augmenter la curiosité de certains élèves pour qu'ils posent des questions. Cela se limitait à cela, ce qui était bien suffisant pour le coup. Seulement, durant les derniers cours, il remarqua une certaine catégorie d'élèves qui semblait résister, volontairement ou non, à son pouvoir. C'était intrigant, mais comme il était en cours, il n'y prêta pas attention plus que cela.
L'une de ses élèves était une dénommée Lena Sanders qui avait rejoint son cours il y a peu. Il n'était pas obligatoire, elle devait avoir ses raisons de venir. Mais le souci était qu'elle était non seulement assez turbulente, mais également distraite. Sa voisine, Yuna, n'était pas mieux, mais la jeune Léna parlait plus fort, ce qui attirait l'attention sur elle. A plusieurs reprises, j'avais rappelé à l'ordre les deux jeunes filles, mais rien n'y fit. Au bout d'un moment, agacé, je demandai aux élèves d'écrire leur opinion sur la réflexion de Freud sur les rêves et leurs interprétations, ainsi que leur propre analyse du monde onirique et de son intérêt réel. Seulement, malgré le devoir, les deux jeunes filles ne cessaient pas de discuter.
Soudain, Léna se leva et hurla, tout en frappant Yuna. Les autres élèves se retournèrent brusquement, alors que je me levai et passait de l'autre côté de mon bureau pour les atteins et les séparer. Les deux demoiselles se battaient comme des furies, mais j'arrivai à mettre Léna dans un coin de la pièce et sa camarade dans l'autre :
« Mademoiselle Sanders, vous restez là, je ne veux pas vous voir bouger d'un iota, c'est clair ? »
Je me tournai vers l'autre élève qui avait une belle trace de main sur sa joue gauche et un peu de sang sur le nez. Je soupirai en l'aidant à se relever tout en sortant un mouchoir de sa poche :
« Bon, vous n'avez pas grand-chose. Mais il va falloir s'occuper de ce saignement de nez, si vous ne voulez pas avoir des taches rouges sur votre uniforme. »
Il plaça le mouchoir sous le nez de la demoiselle qui le maintenu fermement. Juste à ce moment-là, la sonnerie retentit. Je soupirai d'avantage et dis aux élèves :
« Tout le monde, vous pouvez rentrer chez vous. Je veux votre devoir sur mon bureau demain, je charge votre responsable de classe de les ramasser à la première heure. Mademoiselle Riruka, accompagnez là à l'infirmerie, ils appelleront ses parents après l'avoir soigné. Mademoiselle Sanders, asseyez-vous à votre table et n'y bougez pas ! Je souhaite vous parler, davantage après ce qui vient de se passer. »
Les autres élèves sortirent du cours après avoir pris leurs affaires. S'assurant que Léna restait à sa place, Jad donna quelques directives à la fille qui accompagnerait la blessée qui, pour sa part, pestait contre la "connasse" lui ayant abîmé son visage. Lorsqu'il n'y eut plus personne, Jad se tourna vers Léna, le regard neutre. Il s'approcha et prit la chaise sur le bureau devant l'élève et s'y installa, croisant les jambes. Il l'observa un moment, avant de lui demander :
« Vous n'êtes pas une mauvaise élève. Mais après aujourd'hui, vous pourriez bien être vite mise au banc des délinquants de bas étage qui finissent hors de cet école. J'aimerai savoir ce qui était si important pour que vous risquiez de perdre votre place dans ce lycée, et surtout vous donner le statut de délinquante juvénile jusqu'à votre majorité où on vous donnera un autre titre moins enviable. Je vous écoute, mademoiselle Sanders. »