Elle avait senti de deux manières le plaisir de son invité. Elle l’avait senti à travers son sang, cet indicateur tellement parlant pour un vampire, elle avait perçu les délicieuses ondulations de son sang, ainsi que cette espèce de concentration sanguine autour de son sexe, amenant ce dernier à avoir une érection. Il frotta son membre contre ses fesses, ce qui lui permet de réaliser, une fois encore, le plaisir que l’homme ressentait. Il fallait croire qu’il était bien moins humain que ce que son sang semblait dire. Au lieu de l’effrayer, Drakengord l’excitait. Mais comment ne pas le comprendre ? La vue de tous ces damnés, de toute cette souffrance, était un régal constant pour Ephemera. Elle ressortait toujours des geôles avec une forte envie d’aller voir ses servantes et prostituées, et cherchait toujours à essayer de faire preuve d’une certaine originalité dans la manière dont elle torturait. Cet exercice n’était pas facile, car, comme Slave Prime l’avait fort justement fait remarquer, la concurrence était rude chez ces gens qu’elle torturait. Bien plus que leur recherche de l’amour, c’était véritablement dans l’art de la souffrance que le génie humain s’était illustré. L’histoire humaine de la torture était une mine d’enrichissement, la preuve la plus indéniable que l’humain tenait bien plus du démon que de l’ange. L’ironie voulait que ce soit justement les plus « purs » qui aient permis de perfectionner cet art. Inquisiteurs, missionnaires, colons, croisés, tous avaient fait preuve d’un tel savoir-faire que les démons en auraient presque été jaloux. Mais, après tout, pour Ephemera, le christianisme était fondé sur la douleur et la souffrance. Chaque semaine, les croyants priaient devant leur idole : un crucifié. Un torturé. Dans ses symboles elle-même, l’une des principales productions spirituelles humaines était une ode à la souffrance. Bien au-delà des vampires, des orcs, des gobelins, les humains étaient les plus grands rivaux des démons. Ils avaient donc une place toute chaude en Enfer, qui plus est à Drakengord, où l’Enfer prenait sa revanche, récupérait ses droits, rivalisant de cruauté avec les plans inférieurs pour s’arracher la première place du podium. Une funeste et sordide course à la terreur et à la mort.
Oui, elle avait senti l’excitation de son invité, mais le moment n’était pas encore venu de le satisfaire. Elle avait un homme à torturer, et, dans ce domaine, elle était une femme passionnée, qui se dévouait à fond. Voilà pourquoi elle ne fit pas attention à son érection, et préféra, provisoirement, détacher les poignets de l’homme. Ce dernier était suffisamment lucide pour comprendre qu’il ne fallait pas que sa queue diminue, sous peine de voir les lances enfoncées dans sa verge déchiqueter sa peau. Le remède ultime pour forcer un homme à avoir la gaule. L’inverse d’une ceinture de chasteté, en un sens. Slave Prime alla s’asseoir sur un fauteuil qui avait été pensé à tout, sauf pour s’asseoir. Fort heureusement, les piques qui se trouvaient dessus n’étaient pas rétractées. En temps normal, ce fauteuil enfonçait de petits pointes acérées dans les jambes, les bras, et les hanches, avant de se mettre à tournoyer sur elles-mêmes. Les pointes étaient petites, l’objectif étant surtout de préparer le sujet au spectacle.
Elle esquissa un léger sourire quand Slave Prime lui dit d’y aller, de lui offrir un spectacle. Son « amant » était nerveux, et elle pouvait le sentir paniquer. Il s’attaqua à ses seins, essayant de déchirer sa combinaison. Il redevenait cet homme brutal, ce prédateur qui avait sombré en Enfer. Elle se téléporta rapidement, atterrissant derrière lui, et des liens d’ombres vinrent à nouveau immobiliser ses bras, les écartant, tirant douloureusement. Un gémissement parcourut les lèvres de l’homme. Elle aurait pu le démembrer, mais elle n’y tenait pas particulièrement. Ce serait trop rapide. Mais ça lui donna une idée pour la suite, en repensant à l’érection de son invité.
*Pour plus tard... Commençons par préparer celui-ci.*
L’Enfer était le terrain rêvé pour la Dame des Ombres. C’était, par définition, la dimension la plus terrifiante qui existe. C’était un endroit où l’injustice et la cruauté était institutionnalisés, et légitimement répandus. C’était un lieu de liberté, tout simplement, une liberté absolue et pure, où chaque chose était permise, sans craindre les conséquences. Il n’existait aucune autorité suprême digne de ce nom pour fédérer les Enfers et imposer sa version des choses. Le Mal, ce n’était pas la cruauté, ni la souffrance. Le Mal, c’était tout simplement la liberté. Et cette dernière trouvait son plein épanouissement à Drakengord. Elle lui retira le bracelet de cuir l’empêchant de parler. Elle aimait bien opérer dans les cris. C’était comme écouter de la musique. Une délicieuse symphonie, surtout quand, comme elle, sa vision n’était plus ce qu’elle était.
« Ne te débats pas comme ça, petit humain... Croyais-tu pouvoir me baiser comme une pute de bas étage ?
- Aaaah... Sa... Salope...
- Insulte-moi, si ça peut te faire plaisir… »
Il se tortillait, grognant, ses veines sortant de son corps musculeux. Une vraie montagne de muscles. En Enfer, on ne sort jamais, même en mourant. On se contentait de renaître. Serait-il ici aussi un grand guerrier ? Ou est-ce que son séjour à Drakengord le briserait, et en ferait l’un de ces nombreux damnés errant sans but en Enfer ? Ephemera attendait de savoir. En attendant, elle le laissait respirer un peu, pendant quelques secondes, le laisser penser à des choses douces. Il gémissait et grognait, en sueur, mais semblait tenir le coup. Il bandait bien, et Ephemera continua donc. Elle se dirigea dans un coin de la salle, et alla attraper une arme qui était retenue à un établi contre le mur. Un fouet, très tranchant. Pas le genre de fouet qu’on utilisait dans les bordels pour se féliciter d’entendre les claquements, non, le genre de fouet très effilé, très tranchant. Elle releva son arme, et le fouet claqua, avec ce son si agréable. L’homme poussa un cri de douleur, avant de serrer les dents, lorsque le fouet lui arracha un morceau de peau. Elle leva à nouveau le fouet, et frappa encore, laissant une longue traînée rouge, le bout du fouet se couvrant de sang, alors que les jambes de l’homme se dérobèrent, peinant à le soutenir.
« Bande, BANDE ! s’exclama Ephemera, avant de le fouetter une troisième fois. Allez, mon salaud, pense à toutes ces salopes que tu as défoncé ! Visualise-les !
- Raaaah... Sa... SALOPE ! »
Du sang commençait à s’égoutter de sa culotte, et il ferma les yeux, de longues traînées de sang jaillissant de son dos, formant de petites cascades pourpres. Ephemera les lécha, sa langue filant sur les plaies, faisant gémir l’homme. Elle contempla son sexe, remarquant toujours une bosse. Il résistait plutôt bien, et elle s’humecta les lèvres, réfléchissant à la suite du programme. Ephemera marchait autour de lui, l’homme se rinçant l’œil, essayant de trouver, dans les formes d’Ephemera, la force nécessaire pour surmonter la douleur. Ephemera ne devait pas frapper trop fort. Autrement, la douleur finirait par avoir un effet anesthésiant. Elle finit par venir devant l’homme, et lui caressa le torse, un sourire sur les lèvres, plantant ses orbites sombres dans les yeux de l’homme.
« Fous le camp, pétasse !
- J’ai faim... »
Sous son téton, elle enfonça alors l’une de ses griffes noires, faisant encore couler le sang, et avança son pouce, coinçant délicatement un morceau de peau, sentant l’homme grogner. Ce faisant, elle détacha un morceau de peau, et tira dessus, comme une languette, faisant trembler l’homme. Sa salive coula de ses dents, alors que le lambeau de peau glissait sur quelques centimètres, avant que la Dame des Ombres ne doive l’arracher. L’homme soupirait lourdement, tandis que son petit morceau de peau, dégoulinant de sang, glissait entre les doigts d’Ephemera, avant que cette dernière ne l’avale.
« La chair humaine est une chose dont les démons se sont toujours régalés...
- Aaaah... »
Le sang continuait encore à glisser de sa verge, le forçant parfois à fermer les yeux, essayant de s’accommoder à la douleur. L’une de ses mains fut alors poussée par le lien d’ombre, se retrouvant devant Ephemera, qui caressa ses doigts.
« Tu sais comme moi que tu vas perdre tes couilles... Alors, je vais t’offrir une alternative. Je vais arracher l’un de tes doigts, et tu le mangeras. Si tu refuses, alors je te laisserai avec cette culotte pendant quelques heures. Et, si tu refuses de participer à mon petit jeu, alors, non seulement tu mangeras ton doigt, mais la culotte restera là... Et je peux continuer avec les autres doigts. »
Ephemera parlait avec excitation, un sourire sur les lèvres. Ce genre de défi avait surtout pour intérêt de stimuler le cerveau du détenu, de l’amener à avoir un rôle actif, et, ainsi, à être plus réactif... Tout en développant une sorte d’horreur psychologique, dans la mesure où le détenu devait lui-même choisir le choix de sa sentence, sans solution de secours. A cet instant, il commençait véritablement à comprendre que la seule chose qu’il pourrait espérer d’Ephemera, ce serait le droit de mourir. Elle espérait que le spectacle serait à la hauteur de ce que l’arrogant visiteur attendait.