Shootée par trois somnifères différents, la femme de Sappho s'endormit alors que lui s'éveillait. Du bout des doigts, il tapa contre les boites de médicaments, les éparpillant sur la table de nuit. Joli cocktail.. Il la poussa légèrement, testant son sommeil. Elle ne remua pas un cil, plongée sans doute dans un sommeil aussi lourd que du plomb. Prestement, alors, le jeune homme quitta le lit. Enfin, « jeune » … Sappho n'avait plus vingt ans. Mais à vingt-cinq, il s'estimait tout de même encore apte à recevoir le titre de « jeune ». Enfilant un débardeur noir, une veste cintrée de la même teinte et un pantalon tout aussi noir, il quitta la chambre. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus rien entre lui et son épouse. Il s'était marié avec elle pour quitter sa terre natale. Mais ses pulsions ne lui permettaient pas d'être un bon époux, surtout pour une femme réclamant de la douceur. Mmh, non, ce n'était pas son rayon.
Alors, il sortit. Les rues étaient sombres, seuls quelques lampadaire hoquetaient leurs lumières blanchâtres. Sappho s'alluma une cigarette, vérifiant l'heure sur son portable. Vingt heures. Parfait, pour sortir et s'amuser un peu. Enfouissant ses mains dans ses poches, il guetta une silhouette, n'en vit aucune.
Sappho était ce qu'on pouvait nommer un chasseur. Et sa proie, il avait un besoin crucial de la dénicher, ce soir. Tous ses sens étaient en ébullition. Ébouriffant ses cheveux, il s'approcha des rues vivantes de Seikusu. Croisa quelques jeunes femmes. Qu'il ignora. Il avait ses critères, bien définis. Pas de jeunes femmes, ce soir, non, il en avait déjà assez goûté la veille. Celle de hier l'avait déçue, elle s'était évanouie entre ses mains. Non, non, ce soir, il …
- Mmmh.
Une lueur, dans son regard. Sa proie. Il l'avait. Une petite silhouette, là, se dessinait, au loin, dans son champ de vision. Sappho fit craquer ses phalanges, tira une latte sur sa cigarette, commençant à marcher dans sa direction. Avec une once de discrétion, mais pas trop. Il aimait les voir s'agiter, méfiantes, inquiètes qu'on les suive. Sans doute était-ce sadique. Oui, assurément. Ne croyez pas que Sappho soit tendre, non, mes belles. Le mot prédateur a été conçu pour lui, juste pour lui.