Une esclave difficile [PV Crystal]

Parfois, pour trouver une esclave précieuse, rare, il ne faut pas seulement chercher dans les villages, ou encore prendre les terranides des autres esclavagistes en voyage d’affaires dans la ville de la ‘’liberté’’. Non, il existe quelques rares exceptions, ou la chasse au gros gibier nécessite d’écouter le son des tams-tams battant les rues, ou, en d’autres mots, d’écouter les rumeurs que les villageois véhiculent entre eux. Parfois, il arrive que ces rumeurs ne soient fondées!
 
J’avais découvert cette technique dans les heures les plus sombres de l’existence de l’entreprise familiale, ou j’étais sur le point de perdre toutes mes parts de marché nexusiennes; n’ayant plus d’autres choix, je m’étais retourné vers les villageois, écoutant les rumeurs de terrannides aux attributs extraordinaires habitant les contrées les plus reculées de ce monde. Et ça avait très bien marché, l’entreprise avait repris des plumes au point d’éliminer quelques petits concurrents, avant de les absorber pour les ajouter à mon ‘’harem’’ de commerces esclavagistes.
 
C’est ainsi que j’envoyai une unité à la recherche d’une femme draconique; probablement le terrannide le plus rare de tous, car peu de dragon n’osaient s’approcher des hommes, maintenant devenus nombreux et fort bien équipé niveau armement et protection; Cependant, tous doivent s’être déjà éteints, non?
 
À noter que je vais désormais utiliser des pnj, à savoir l’unité en question :
Le Berserk, Arel;
Le Bretteur, Mifune;
L’Assassin, Vitor;
L’Archer, Hawkeye;
Le Mage, Page;
et Le Cerveau, White star;
 

Les six mercenaires avaient été engagés pour marcher, dans les lointaines contrées de Terra; C’était étrange, ils étaient payés pour rechercher une femme aux pouvoirs aussi puissants qu’ancestraux. Lorsque White star avait demandé à leur employeur, un esclavagiste Nexusien, la description de la cible, celui-ci leur avait simplement répondu qu’ils la reconnaîtraient en la voyant, en précisant toutefois qu’ils recherchaient une sorte unique de terranide…

Ça fait des mois qu’on marche, Star… Tu veux bien me dire pourquoi on a accepté ce foutu travail de merde?

Tout simplement parce qu’il nous paye bien, l’Atayoshi, pour qu’on lui ramène cette terranide.

J’veux bien, mais Arel a raison; Au temps qu’on cherche, on n’est pas payé, et en plus on a appris quoi de la terranide unique? C’est une femme-dragon? Qu’elle habite dans une montagne? Rien de plus? Elle pourrait être n’ importe où!

Mais c’est pas vrai! Vous vous y mettez tous les deux! Mifune, retiens moi ou je vais les tuer!

Comme on peut voir, des tensions commencent à apparaître dans le petit clan de guerriers, tous espérait pouvoir finalement mettre la main sur un indice, pour que le calme et l’amitié règnent de nouveau… Mais, parfois, les miracles se produisent, non?

Euh, les gars? Vitor et moi on a trouvé quelque chose; Sa pourrait vous intéresser…

Quelques minutes plus tard.

Tu vois, Page, qu’on peut finir par trouver quelque chose!

Les six êtres s’étaient réunis autour d’une empreinte… Le problème, c’était que cette empreinte faisait deux fois la grandeur d’un homme normal allongé sur l’herbe, en largeur, et au moins trois fois plus en longueur, du talon jusqu’aux traces de griffes. Tous étaient légèrement choqués; il n’y avait aucun dragon, du moins, dans le coin

Ouais, le  problème, c’est que si on doit ramener ce qui a fait cette empreinte, on va avoir du mal à la rentrer dans la cage.

Tous se regardèrent. Mifune n’avait pas tort; la cage faisait près de trois mètres de haut, pour dix mètres, longueur et largeur… Un dragon de taille adulte ne tiendrait jamais dans cette cage.

Rien ne nous indique qu’elle ne peut pas se transformer… Avant chacun de mes assassinats, je cherche le plus d’infos possible sur ma cible, on ferait peut-être mieux d’investiguer dans les villages autour s’ils n’auraient pas vu quelque chose d’utile…

Deux jours passèrent depuis que le groupe s’était dispersé, chacun tentant de recueillir des informations sur un dragon, ou encore une terrannides aux attributs de dragons. Et tous s’étaient regroupés devant la grotte sombre d’une montagne. Toutes les informations les avaient amenés là.

Ok, si on doit attaquer cette chose, on devrait y aller en douce, histoire qu’elle ne nous repè…

HÉ LA SALOPE DRACONNIQUE, SORS DE TA GROTTE HUMIDE ET VIENS AVEC NOUS SI TU VEUX PAS CREVER LA GUEULE OUVERTE

Toujours aussi doux, notre Arel…

Tout le monde se prépare à la recevoir, juste au cas! Hawk, grimpe dans un arbre et couvre-nous de là-haut! Je sens que ça va être intense!

Crystal s’était transformée pendant plusieurs jours en dragon de Glace, se perdant dans les steppes lointaines, dans des montagnes enneigées où elle avait pu pleinement profiter de sa transformation draconique. La plus longue transformation qu’elle n’ait jamais réussi à faire depuis des siècles, ce qui était très satisfaisant. Sa puissance évoluait, et, quand elle avait repris sa forme normale, Crystal s’était tranquillement reposée dans une grotte éloignée, y dormant, afin de récupérer des forces. La grotte était froide, glaciale, mais le froid était pour elle bienvenu, formant comme une espèce de cocon qui lui permit de dormir pendant plusieurs jours d’affilée. Quand elle se réveilla, ce fut pour continuer à méditer. Sa transformation en dragon l’avait profondément affaibli, et elle ferma donc son corps au monde qui l’entourait, afin que son Thu’um se régénère plus vite, et qu’elle soit fin prête à retourner chasser l’Étranger Sans Âge. Elle était venue ici en suivant une piste qui l’avait conduit dans un fort abandonné depuis des siècles, dont il ne restait plus que quelques silencieuses ruines. Elle n’avait malheureusement rien trouvé, l’Étranger continuant à la narguer.

Elle fut dérangée dans sa méditation en entendant des individus parler, et rouvrit lentement les yeux, sa perception et ses sens revenant rapidement. Depuis les profondeurs de sa grotte, elle se releva, et sentit ses articulations craquer... Ainsi que son ventre gargouiller. Elle se passa une main sur son estomac, et soupira. Elle avait passé tellement de temps à se reposer et à méditer qu’elle en avait oublié ses besoins physiologiques... En tant que femme-dragon, elle n’avait pas autant besoin de manger qu’une humaine normale, mais même un dragon devait se nourrir. Au moins, elle avait trouvé des candidats potentiels. Elle se demanda ce que ces individus voulaient quand elle entendit l’un d’entre eux hurler :

« HÉ LA SALOPE DRACONNIQUE, SORS DE TA GROTTE HUMIDE ET VIENS AVEC NOUS SI TU VEUX PAS CREVER LA GUEULE OUVERTE »

Crystal sentit le rouge lui monter au nez. Des humains ? De vulgaires Deux-Pattes qui se permettaient de l’insulter ? Comment osaient-ils ? Elle sentit sa rage l’envahir, et serra les poings, avant de sentir son élément élémentaire de base modifier sous une rage insondable, une fureur qi transforma ses écailles. Elles devinrent rouges, et même sa chevelure sembla se nimber de feu. Elle grogna, et déploya ses ailes, désormais rouges. Se transformer en dragon était tentant, mais elle avait faim, et en voulait pas gaspiller pour de simples moustiques arrogants l’énergie qu’elle avait récupéré. Elle s’avança vers la sortie de la grotte, commençant à repérer le nombre d’individus prêts à mourir.

Il y en avait six. Elle se rapprocha de la sortie de la grotte, et prononça son premier Cri :

« Wuld’... Nah’... Kest’ !! »

Le Cri d’Impulsion permettait de se déplacer rapidement, comme une tempête furieuse, et elle s’avança rapidement, atterrissant en quelques secondes au milieu des mercenaires. Écorcheur, sa longue lance magique, se matérialisa dans sa main, et tournoya, égorgeant l’un des Deux-Pattes. Elle pointa sa main vers un autre de ces chiens, et envoya une boule de feu qui l’envoya voler sur une dizaine de mètres, son corps se transformant en une espèce de torchère enflammée qui alla rouler sur la neige. Elle se retourna vers un autre des mercenaires quand elle sentit un déplacement d’air venant de sa gauche. Elle eut à peine le temps de se tourner qu’une flèche vint se planter dans son épaule. Elle contempla la flèche, et vit ensuite l’un des autres Deux-Pattes pointer son bâton vers elle, et envoyer une impulsion magique. Crystal s’envola dans les airs, et déploya ses ailes. Elle secoua la tête, la flèche toujours plantée en elle, près de son cœur, et vit le bâton luire à nouveau, envoyant des arcs électriques. Crystal poussa alors un rugissement de rage, et une explosion de flamme éclata autour de son corps, absorbant l’éclair. Son regard se porta alors sur l’archer dissimulé dans l’arbre, celui qui avait osé la blesser, et elle fondit rapidement sur lui.

Au bout de quelques battements d’ailes, elle l’avait atteint, et ses griffes le cinglèrent au torse. L’archer poussa un délectable hurlement d’agonie et tomba au sol, les griffes ayant entaillé son torse. Il s’écrasa dans la neige, et Crystal fondit sur lui, genou en avant. Elle le frappa à l’estomac, et l’homme eut les yeux écarquillés, son cri se mourant dans sa gorge. Crystal en profita pour retirer la flèche, et regarda silencieusement l’homme.

« Rassure-toi, tu ne vas pas mourir... Pas tout de suite. »

Crystal se redressa ensuite, et se retourna vers les trois mercenaires survivants. Elle s’avança lentement vers eux, et un autre arc électrique jaillit. Elle tendit la main, et l’arc rebondit sur ses doigts, filant dans le ciel. Crystal déploya à nouveau ses ails, et s’envola rapidement dans le ciel, décrivit une courbe, et balança des boules de feu de ses mains, forçant le mage à devoir les parer en créant un bouclier. La femme-dragonne en profita pour filer droit vers eux, et s’écrasa sur le bouclier magique, l’explosant sans difficulté. Sa main attrapa le bâton du mage, le tira vers elle, et elle le brisa en deux, puis attrapa le mage à la gorge, le soulevant comme un fétu de paille, et serra avec une main, avant d’attraper avec une autre main ses cheveux. Elle tira un coup sec avec sa seconde main, la première retenant le cou. Sa force était herculéenne, et elle força un peu,  sentant les tendons se déchirer. Le visage du mage se figea dans un rictus de douleur indescriptible, et il fut ensuite proprement décapité.

La femme-dragonne relâcha ensuite son cadavre, puis se retourna vers les deux mercenaires survivants. Elle envoya un sort d’Air sur celui qui l’avait insulté, l’envoyant heurter un mur, puis attrapa le dernier par la gorge, l’envoyant s’écraser dans la neige.

« Je vais te laisser le choix de ta mort, misérable vermine ! »

Elle le laissa dans la neige, puis alla attraper les deux autres hommes survivants, et les envoya dans la grotte, avant d’aller récupérer le survivant, et de l’attacher à un mur. Les écailles et les cheveux de Crysal récupérèrent leur teinte bleue habituelle, et elle se pourlécha les babines en voyant les corps devant elle. Crystal s’avança devant l’archer, et s’assit à califourchon sur lui. Elle caressa avec ses mains ses joues, puis fit alors disparaître toutes ses écailles, à l’exception de celles recouvrant ses mains... Et se mit alors à le dévorer. Lentement, tranquillement, sous les yeux de son acolyte, le mangeant avec appétit, se délectant des hurlements de l’homme, veillant soigneusement à ne pas le tuer trop rapidement. Elle commença par éplucher chacun de ses doigts, avec ses griffes, glissant dessus, dessinant à chaque fois deux traits rouges, avant de tirer, et d’avaler les lambeaux de peaux. La douleur était insoutenable, et ce spectacle dura bien une demi-heure, avant que Crystal ne lui découpe la poitrine, et ne lui arrache son cœur. Couverte de sang, elle se retourna, et avança vers l’homme qu’elle avait attaché, tenant dans sa main le cœur de l’homme qu’elle avait dévoré.

« Tu vas me dire qui t’a engagé, et je t’offrirai une mort rapide. Autrement... »

Elle mordit dans l’organe, en arrachant une partie, et mastiqua tranquillement, avant de reprendre :

« Autrement, je prendrais vraiment mon temps avec toi. »

Arel était paralysé par la terreur. Il n’avait pas eut le temps de réagir que tous ses compagnons étaient morts, qu’il s’était fait propulser dans la caverne et, horrifié, regardait son frère Vitor se faire dévorer par une femme-dragon.

Alors que Crystal avait commencé son assaut, Arel avait été le seul à n’avoir eut le temps de réagir; le premier cadavre avait été White star; le seul qui n’était pas humain, et qui aurait pu combattre cette chose à armes plus ou moins égales. Suite à cette foudroyante vitesse d’exécution, page et Hawkeye se mirent à la bombarder alors que Mifune tentait de l’attaquer de front et Vitor de la prendre par derrière.

Toutes les attaques avaient été vaines, l’unité fût décimée en quelques secondes et Arel se retrouvait devant la ‘’Salope draconnique’’, demandant qui les avaient engagés pour la retrouver, lui promettant une mort rapide et sans douleur… Avant de mordre dans le cœur de son frère comme dans une pomme. Arel était trop effrayé pour être enragé vis-à-vis de cette femme qui manquait de respect envers son frère.

Je… Je veux aussi que vous me… promettiez autre chose… Lorsque vous aurez fait votre devoir sur mon corps… Ramenez les restes… et ceux de Vitor… L’homme que vous venez de manger, au village de Sornik, à Ashnard… Il… Nous voulons pouvoir nous rendre à Savngard, après notre mort.

Savngard, Le paradis des guerriers Ashnardien. Arel ne l’aurais jamais admis, mais, tout comme son frère, il était un fervent croyant du paradis guerrier, préférant plutôt feindre de croire résolument qu’il n’y avait rien derrière la mort. Probablement qu’il l’avait déjà trop fait patienter car la femme lui enfonça ses griffes dans le ventre. Dans un gémissement de douleur, Arel lâcha.

Atayoshi!...C’est son nom... C… C’est tout ce que je sais..! Il… Est un … un marchand d’esclav…e à N…N…Nexus!


C’est drôle, parce qu’à ce moment précis, ce fut comme un frisson de terreur qui me parcourra l’échine… Mais est-ce que quelqu’un veut bien me dire ce qui venait tout juste de se passer?

Crystal n’était pas d’humeur, et entendre ce pleutre lui demander de lui promettre quelque chose l’agaça, l’irrita profondément. Elle serra sa gorge, prête à le torturer un peu, mais l’homme finit par parler, donnant un nom. Atayoshi. Bien... Un esclavagiste nexusien. Crystal serra un peu plus la gorge de l’homme, ses griffes s’enfonçant dans sa peau. Elle le regarda en fronçant les sourcils, lisant dans les yeux une terreur profonde, et aussi une froide résignation. Il savait qu’il allait mourir, et n’avait aucune raison de lui mentir... Ou presque. On pouvait tout à fait supposer que cet Atayoshi ait menacé une quelconque famille, un grand classique. Crystal hésita un peu... Et, contre toute attente, elle desserra sa main, faisant mollement tomber l’homme sur le sol.

« Très bien, Deux-Pattes... Je vais te laisser ramener la carcasse de ton frère, et la ramener à ton village... Si tu m’as menti, je te retrouverai, et je prendrais mon temps avec toi... Profite de ton existence pour comprendre toute l’erreur que vous avez faite en vous attaquant à moi... Une brebis ne s’attaque pas à un loup, elle le fuit. »

Elle aurait pu le tuer, mais elle trouvait préférable de le laisser vivre... De cette manière, il propagerait peut-être la rumeur, selon laquelle il ne fallait pas s’en prendre aux dragons. Cet Atayoshi... Elle sortit de la grotte, déploya ses ailes, et s’envola, décollant d’un coup sec. Qui était-il ? Comment était-il au courant de son existence ? Elle allait devoir se rendre à Nexus, et enquêter. Quand bien même l’homme qu’elle avait épargné voudrait prévenir l’homme, il lui faudrait bien des semaines, ou même des mois, pour rejoindre Nexus... Et, si elle était à sa place, elle irait de ce pas à une église prier n’importe quel dieu d’avoir daigné l’épargner. Sa survie était réellement un miracle, car il n’était pas dans les habitudes de la femme-dragon d’épargner des adversaires. Dans les cieux, elle s’envola rapidement vers Nexus.

Il lui fallut quelques jours pour rejoindre la ville, et elle se dissimula, rétractant ses ailes, et mettant sur elle des vêtements. C’était infâmant, mais elle ne tenait pas à se faire remarquer. Elle enfila une longue robe de pèlerine qu’elle trouva dans un monastère, et se promena dans la ville. Elle passa plusieurs jours à enquêter, dormant dans les parcs et les forêts de Nexus, tuant parfois quelques maraudeurs ou apprentis-violeurs, se nourrissant sur leurs cadavres. Entre-temps, elle se rendait sur les étals des esclavagistes, à la grande place de Nexus. Elle n’eut aucune difficulté à trouver les comptoirs de cet Atayoshi, et comprit bien rapidement qu’il était visiblement très influent... Et dangereux. Crystal trouva des subalternes de ce dernier, des marchands qui vendaient des esclaves pour le compte de l’homme, mais ils furent assez peu loquaces, et, quand des gardes vinrent accoster Crystal, elle comprit que les Atayoshi devaient également avoir des influences au sein de la ville. C’était un domaine riche et puissant, ancien, et elle se dit que l’homme devait sûrement avoir des sources de renseignements importants.

*Exactement ce qu’il me fallait...*

Elle attendit encore plusieurs jours, jusqu'à repérer le grand manoir dans lequel vivait Hiro Atayoshi. Il faisait alors nuit, et elle s’était débarrassée de sa robe de pèlerine, se tenant sur un toit. L’homme allait bientôt recevoir sa visite. Elle restait sur cette position, silencieuse et invisible, en observation, cherchant l’endroit où l’homme pouvait se trouver, se préparant à intervenir. Elle avait avec elle la tête décapitée du chef de l’expédition qui l’avait attaqué, se disant que ce serait une bonne manière de prouver son identité à ce Deux-Pattes arrogant, cet individu qui avait cru, dans un excès d’orgueil, pouvoir la dominer.

J’étais en pleine rénovations; j’avais besoin de réorganiser mon manoir, la mode des multiples entrepôts était révolue, j’avais vendu quelques uns de mes bâtiments avant de foutre les esclaves dans le sous sol, qui faisait toute la grandeur du manoir. Il n’y avait aucune chambre pour eux, seules quelques paillasses ici et là qui leur servaient de lit. Et, en même temps que de transférer les produits, j’avais décidé de refaire entièrement le manoir; Ma chambre et les salles d’eau étaient au troisième étage, les barraquements des gardes au deuxième, et la cuisine, salle à manger, qui ressemblait étrangement à une grande salle de banquets, et mon bureau, l’endroit ou je rencontrais mes clients, fournisseurs ou encore les autres marchands qui travaillaient pour moi serait au rez de chaussé. Tout ça serait plus pratique ainsi…

Soudain, alors que j’étais en pleine réunion avec mes vendeurs, deux gardes entrèrent en silence avant de demander d’ajourner la réunion. Mais que pouvait donc t’il bien se passer pour qu’ils veuillent me voir si rapidement? Quelques instants plus tard, je les dardais tous les deux d’un regard impatient.

Qu’est-ce que tout ça veut dire? Parlez! Vous ne m’avez probablement pas tiré de ma réunion pour rien!

Il semblerait que quelqu’un cherche à recueillir des informations vous concernant.

Tout à fait! Aujourd’hui, nous avons surpris une prêtresse en train de quémander des informations à l’un des employés du marchand qui s’occupe du quartier de la porte Est… Nous l’avons renvoyé d’où elle venait, lui sommant de ne plus déranger les autres sous peine d’amende… Nous avons cru qu’il serait mieux pour vous que vous soyez informé de cette histoire.

D’un léger sourire amusé, je leur fis un signe de la main, trop peu intéressé par l’histoire en question.

Probablement une autre pèlerine qui demande de l’attention, ou encore une femme qui est contre l’esclavagisme! Ne vous inquiétez pas pour ça, et retournez à votre ronde, le Roi ne sera pas fier s’il apprend que vous venez me voir pendant votre tour de garde!

Les congédiant, je quittai le bureau, avant de retourner dans ma chambre. Il faisait nuit depuis quelques heures déjà, et le marché, que je pouvais voir du balcon de ma chambre, s’était allumé comme un lampion, les étalages de fruits, légumes et denrées en tout genre faisaient désormais place à des musiciens et des barils de bière, une ambiance festive comme presque à toutes les nuits; le solstice d’été se terminait, et s’était le mois de la fête, avant le grand froid et avant que le manque de nourriture n’accable les moins nanti. Je regardais la place du marché en contrebas, une lumière dans les ténèbres, mon verre de vin à la main, sentant le vent chaud me caresser le visage, je me disais que l’humanité ressemblait à tout ce que j’avais sous les yeux; un petit point de lueur, ou les pauvres y étaient, alors que moi, je me retrouvais dans le noir, un monstre tapis au fond des ténèbres. Quoique je n’étais pas le seul monstre présent, mais je ne pouvais pas le savoir…

J’étais inquiet. Pour l’une des rares fois dans ma vie. J’avais reçu il y a un mois une missive de la part de mes mercenaires, m’affirmant qu’ils étaient très optimistes sur l’existence, et même l’endroit ou se trouvait la femme-dragon, et puis, plus rien. Sont-ils morts? Se sont-ils sauvés avec cette terranide? Il faut dire qu’elle vaut sur le marché encore plus que ce que je leur avais offert pour la retrouver… Non, White Star avait toujours été quelqu’un digne de confiance, il ne m’aurait jamais fait ça… Probablement un petit contretemps.

Et si… Et si c’était elle? Peut-être vient-elle se venger?... Non, il n’y a aucune chance; elle ne peut pas savoir que c’est moi qui les aurais envoyé…

Vidant mon verre d’un trait, je continuai à regarder les festivités, frissonnant légèrement dû à la fraîcheur de la nuit.

« Feim’... Zii’.. Gron’ ! »

Crystal poussa ce Cri sur le toit, et sentit immédiatement les transformations. « Corps Éthéré » était un Cri très efficace, qui lui permettait de devenir transparente. Son corps devenait translucide, et elle se mit à battre des ailes, maintenant la transformation en allant se poser sur le toit du manoir. Il grouillait de vie, comme cette ville infernale. Au loin, on pouvait voir les lumières de la place du marché, et elle s’avança entre les cheminées, jusqu’à se rapprocher d’une terrasse... Où elle vit le fameux Atayoshi. Il avait un verre à la main, et semblait observer la ville, perdu dans ses pensées.

*Au moins, je n’aurais pas à le chercher partout... Il vient de lui-même à moi, quelle délicate attention !*

Il aurait été tentant de le tuer sur place. Pour ce qu’il avait fait, il méritait la mort, et elle ne pensait même pas aux esclaves empaquetés comme des animaux dans sa cave. Elle se moquait bien d’eux, mais traquer Crystal comme un vulgaire animal était un crime abominable. La belle et redoutable femme-dragon se calma, se rappelant que, si elle tuait cet homme, elle se priverait d’une bonne source d’informations pour retrouver l’Étranger Sans Âge. Hiro avait de l’influence, connaissait du monde, et c’était tout ce dont elle avait besoin. Elle étendit ses ailes, et l’effet du Cri disparut alors. Elle n’était plus qu’une ombre dans la nuit, et réfléchit sur la meilleure manière de se présenter à l’homme. Finalement, elle décida de ne pas faire dans le sensationnel, et, d’un battement d’ailes, se fit entendre, tout en laissant sa silhouette se découper dans les lueurs de la lune et de la ville.

Elle attendit qu’Hiro la regarde pour s’approcher de lui, et se posa tout simplement sur la terrasse.

« En toute honnêteté, je ne saurais dire ce qui domine chez vous, humain ridicule : la bêtise ou l’arrogance... Vous avez envoyé vos chiens me chercher, et ils m’ont renvoyé à vous. »

La surprise qu’elle semblait lire dans les yeux de l’homme témoignait qu’il ne s’attendait pas du tout à la voir, ou, s’il s’y attendait, était apeuré. Elle eut un léger sourire, et, avant qu’il n’ait le temps de parler, elle tendit la main vers le marchand d’affaires, et envoya une onde d’Air le soulever. L’homme s’envola le long de la pièce, et s’écrasa contre le mur près de la porte. Crystal pénétra à l’intérieur de la pièce, Écorcheur apparaissant dans sa main. Elle fit tournoyer la lance, s’avançant ainsi, nue ou presque.

« Quand il s’agit de penser à la mort d’un Deux-Pattes qui prétend me capturer, je ne manque pas d’idées. Elles explosent dans ma tête sans arrêt, c’est particulièrement excitant... Et frustrant... Votre vie m’appartient, M. Atayoshi. Vous qui avez l’habitude de disposer de la vie des autres ne pouvez rien faire contre moi. Une antilope peut prétendre à dompter quelques insectes, mais, contre un loup, il lui appartient de savoir réfréner ses ambitions. Il en va de même pour vous à mon égard. »

J’étais bien peinard, à contempler la ville qui aurait pu m’appartenir, alors qu’une ombre se détacha des ténèbres, dans les airs tout juste devant moi. Haussant les sourcils, je regardai la femme-dragon s’approcher de moi, insultant mon nom en me traitant comme quelqu’un qui avait eut l’égo beaucoup trop gros, qui avait vu trop grand. J’aurais bien voulu lui rendre les politesses…

Mais je n’ai pas eut le temps de comprendre ce qui venait de se produire que je m’étais retrouvé, à une vingtaine de centimètres dans les airs, avant de me faire valser à l’autre bout de la pièce, échappant mon verre de vin durant le processus. La femme aux cheveux bleus se retrouva devant moi, une lance magique à la main, l’appuyant contre ma gorge. D’un petit rire, je l’écoutai me parler que j’aurais dû savoir m’arrêter… Sa main contre ma gorge était un contact plus que suffisant pour qu’on puisse au moins discuter entre gens civilisés

Une gazelle ne saurait contrôler un loup, car la gazelle ne possède pas ce que je possède… Relâche-moi, tout de suite et vas t’asseoir dans le fauteuil, juste là-bas

Crystal s’exécuta alors, sous mon contrôle pour ce moment. Allant m’asseoir à coté d’elle, aucune arme n’était sortie pour lui montrer que j’étais toujours sa proie, je me penchai vers elle.

Voilà qui est mieux. Croyant savoir ce que tu as fait à mes mercenaires, tu m’aurais déjà tué, ou même torturé, pour me faire payer l’affront que je t’ai fait subir… Or le fait que je sois encore en un seul morceau ne signifierait-il pas que tu as besoin de moi, pour quelque chose?

Je m’étendis alors, prenant deux coupes avant de les remplir du liquide rouge foncé, en tendant une coupe à mon interlocutrice.

Donc, si ça peut effacer la dette que je te dois, je serai heureux de faire de mon mieux pour t’aider… En quoi puis-je être utile?

Était-il inconscient ou arrogant ? Crystal n’aurait su le dire, mais sa présence, visiblement, n’avait pas suffi à faire paniquer l’esclavagiste. Il s’était relevé en riant, et Crystal sentit qu’elle allait rapidement perdre son sang-froid, et le découper en deux. Ça la soulagerait. Elle l’attrapa à la gorge, et sentit alors une pulsion remonter de ses doigts vers son cerveau. Elle sentit un tremblement la parcourir, et comprit alors avoir découvert le petit secret d’Atayoshi. Ce n’était pas un magicien, mais il avait en lui des facultés magiques innées. Crystal connaissait ce genre d’individus. Ils naissaient avec des pouvoirs paranormaux, et le sien, visiblement, agissait sur le cerveau. Elle se sentit perdre pied, et secoua la tête, en relâchant l’homme, qui lui ordonna de s’asseoir... Et elle eut l’impression que l’ordre émanait de Xygga en personne. Crystal obtempéra silencieusement, perturbée, et s’assit lourdement sur le fauteuil, ses immenses ailes se repliant difficilement pour la permettre de s’asseoir. Elle releva la tête vers lui, et il se mit à parler.

*Ne te laisse pas duper, Crystal, cet homme n’est qu’un Deux-Pattes !*

Son esprit lui soufflait pourtant qu’il devait s’agir de son supérieur, et qu’elle devait l’écouter. Elle ignorait pourquoi, mais c’était un ordre contre lequel elle ne voulait pas lutter... Une partie d’elle-même, du moins. Il s’assit près d’elle, et elle sentait son emprise sur son esprit. Elle tenta de lever sa main vers lui, mais sans y parvenir. Le bougre maîtrisait plutôt bien son pouvoir, mais il ne s’attaquait pas à une vulgaire esclave insouciante, à une écervelée qui ignorait tout de la magie. Il s’attaquait à une femme qui existait depuis plusieurs millénaires, et qui s’était entraînée pour perfectionner ses barrières magiques, en prévision d’un autre combat contre l’Étranger Sans Âge.

Elle avait juste besoin de temps pour permettre à ses défenses magiques de se mettre en place, et repousser l’étranger qui s’infiltrait dans sa tête, et lui soufflait des paroles traîtresses. Il avait sorti deux coupes, et Crystal grogna.

« Tutoie-moi encore une fois, vermisseau, et je t’arracherai un bras. »

Elle sentait l’emprise de l’homme diminuer progressivement, et essaya de comprendre. Un pouvoir magique aurait tenu plus longtemps, alors elle supposa que c’était lié au contact. Il lui avait donné un ordre en la touchant, et cet ordre avait agi dans son cerveau. C’était un grand pouvoir, une capacité innée qu’il avait appris à utiliser à bon escient. Elle allait devoir se méfier, et éviter de le toucher. Elle ne toucha donc pas au verre. Il n’était pas empoisonné, elle pouvait le sentir, mais elle ne voulait pas risquer de le toucher à nouveau. Crystal se redressa alors.

« Je ne suis pas venue ici pour vous tuer. Pas encore, du moins... Je vous méprise cordialement, et, si ça ne tenait qu’à nous deux, je n’aurais pas pris le soin de vous parler, et j’aurais pulvérisé votre maison avant de vous brûler vivant. »

Crystal lui tournait le dos en parlant, contemplant le mobilier de la pièce. Ses ailes étaient repliées le long de son corps, et elle se retourna vers Hiro.

« Je traque un homme. Un magicien qui a bien des noms. La haine que je voue à cet être efface le mépris que je ressens pour vous, humain. Vous avez réussi à retrouver ma trace, ce qui n’est pas donné à n’importe qui... Et, d’après ce que j’ai compris, vous êtes riche et influent. »

Elle ménagea une courte pause, et ajouta :

« Je veux que vous mettiez vos services à disposition, afin que vous obteniez des informations sur cet homme. Et vous devez savoir que je ne supporte pas l’échec. »

Eh bien, pour une femme sous mon emprise, elle en avait du venin à cracher! Je l’écoutai jusqu’à ce qu’elle ait terminé… Donc, elle avait besoin de moi pour la simple tâche de retrouver un sorcier… Ça ne devait pas être aussi simple que ça semblait l’être, pour la simple et bonne raison qu’elle, dans sa montagne à des heures de route de Nexus, était venue me retrouver, et elle n’était pas capable de le retrouver, lui? Prenant une gorgée, je la regardai de dos, presqu’entièrement nue… Je devais avouer que la vue était plus belle d’où j’étais que lorsque je regardais la fête, en contre bas de mon manoir.
 
Bien, comme vous me vouvoyez, je peux bien en faire autant… Avant d’accepter ce travail et vous demander plus d’informations sur la personne que je dois retrouver, sachez ceci : Je suis un homme d’affaires, je ne travaillerai donc pas pour du vent, ou une promesse incertaine de me laisser la vie sauve. Je dois pouvoir en retirer quelque chose, vous voyez? Or, j’ai entendu dire, ce n’est peut-être qu’une légende, que les dragons gardaient des trésors dans leur montagnes… De gigantesques trésors… S’il existait une telle habitude de la part de ces anciens reptiles, et que vous partagez ce hobby, peut-être seriez vous encline à vous défaire de la moitié de celui-ci, contre les informations?
 
Je n’avais aucune preuve qu’elle amassait l’or des villages avoisinant son territoire, mais je n’avais rien à perdre… D’un petit sourire : j’ajoutai.
 
Ou sinon, je vais accepter contre le malheur de ne plus jamais recroiser votre route.
 
Là, ce n’était pas le marchand qui parlait en moi, mais bien l’homme. Elle avait un corps de rêve, et pouvoir profiter un peu de ce corps n’aurait pas été trop déplaisant. Mais bon, il n’était pas vraiment le temps de penser à de telles choses… Terminant mon verre de vin, je m’étirai légèrement avant de prendre un crayon et une plume.
 
Donc, maintenant que mon point est réglé, je peux commencer à travailler… Vous avez dit qu’il avait plusieurs noms, pour connaître celui qu’il utilise présentement, je dois savoir tous les sobriquets qu’il a pu utiliser. Quel est le dernier endroit ou vous l’avez vu, à combien de temps ça remonte-t-il? … Désolé pour le bombardement de questions, mais je dois en savoir le plus possible, histoire de savoir ou je dois envoyer mes hommes chercher des informations!
 
Non, ça n’allait pas être une tâche facile; j’avais réussi à trouver cette femme par simple coup de chance, mais elle n’avait pas besoin de le savoir, ça… Au moins, je ne basais pas mes recherches sur une simple légende. À moins qu’elle soit complètement folle, je sais que l’homme qu’elle décrit est réel, mais voilà, par ou commencer…

[Désolé, court!]

Le culot de cet homme était incroyable. Non content de vouloir conserver la vie sauve, il voulait en plus que Crystal lui donne de l’argent ?! La dragonne hésitait entre rire, l’insulter, ou le tuer sur place. Les trois options lui semblaient bonnes devant le culot incroyable de cet esclavagiste... Mais, en même temps, devait-elle être surprise ? Après tout, si ce Deux-Patets avait été intelligent et humble, il n’aurait jamais attiré l’attention d’une Dovahkiin. Réalisant probablement son erreur, il empressa toutefois de se rectifier. Se retournant vers lui, Crystal ne tarda pas à parler, et, avant de satisfaire la curiosité de cet arrogant personnage, elle entreprit de mettre les choses au clair avec lui.

« L’or ne m’intéresse pas. Contrairement aux Deux-Pattes, je n’ai que faire de bouts de pièces en métal. Si je souhaite quelque chose, je l’obtiens, tout simplement. »

Elle n’en avait toutefois pas fini, et elle devait probablement préciser une chose simple : Hiro n’était pas un individu avec qui elle allait passer un contrat bilatéral. Elle n’allait pas lui demander une prestation en échange d’une contreprestation. Si contrat il devait y avoir, techniquement, il serait plus individuel qu’autre chose. Crystal reprit donc ses explications :

« Je suis sûre que vous vous croyez puissant depuis votre beau manoir, Deux-Pattes. Sachez toutefois que le pouvoir ne consiste pas à exhiber ses richesses et à avoir de la renommée, il consiste à se rendre discrets. Je ne suis pas en train de demander quoi que ce soit. Vous m’avez attaqué, pris pour une bête de foire que vous pourriez exhiber ou afficher dans vos harems. Malheureusement pour vous, mes attributs ne se résument pas qu’à ma superbe poitrine. Le sang de Xygga l’Ancien coule en moi, et je suis une Dovahkiin. Si vous refusez de m’aider, je connais bien des moyens de vous forcer à le faire. »

Afin de lui prouver qu’elle en savait quand même un peu sur lui, elle ménagea une nouvelle pause, le temps qu’il comprenne bien ce qu’elle voulait dire. Décroisant les bras de sa poitrine, elle se mit donc à parler à nouveau :

« Je pourrais attaquer vos domaines, libérer vos esclaves, attaquer vos clients, ruiner votre réputation... Vous êtes un homme puissant, Atayoshi. Pour moi, ça signifie que je peux vous attaquer par bien des angles, et je peux bien consacrer quelques années de mon existence à vous détruire. Les femmes ont la rancune tenace, a fortiori quand ce sont des dragonnes. Je traque ce magicien depuis des millénaires, alors, si vous tenez à ce que je consacre ma haine exclusivement sur ce rapace, et non sur vous, je vous conseille d’arrêter vos conneries, Deux-Pattes. »

Crystal était sérieuse ; elle savait qu’il ne serait nullement difficile de trouver les fournisseurs d’Hiro, ses harems, ses maisons de charme, ses clients principaux... Il était un homme puissant, et les hommes puissants ne craignent rien de plus que de perdre ce qui fait leur puissance. C’était bien pour ça que, pour elle, il était faible. Pour être fort, il fallait n’avoir aucune attache. C’était le cas de l’Étranger, et c’est ce qui faisait qu’il était si difficile à retrouver. Elle recroisa à nouveau les bras sur son opulente poitrine, se remettant à marcher dans le bureau, et consentit enfin à répondre à la question d’Hiro.

Tout en le faisant, elle continuait à observer le mobilier. L’endroit était assez chic ; elle regretterait de devoir le détruire à l’aide d’un Cri. Cependant, si cet idiot continuait à croire qu’ils traitaient sur un pied d’égalité, elle serait peut-être forcée de le faire. Hiro l’avait délibérément attaqué, agressé ; n’importe quel mâle ayant un tant soit peu de fierté chercherait à se racheter. Cependant, si les Deux-Pattes connaissaient la fierté, le monde serait actuellement bien différent... Il n’y avait décidément rien, aux yeux de Crystal, qui pouvait les racheter ; ces bipèdes étaient faibles, arrogants, et stupides ! Qu’elle doive marchander avec l’un d’entre eux était une offense, mais elle le faisait pour Xygga, pour le venger, et pour trouver un moyen de libérer le Dragon Primordial de sa prison.

« Le nom sous lequel je connais le plus l’Étranger est celui de Randall Flagg, lâcha-t-elle. Notre dernière rencontre remonte à il y a plus de cinq siècles. »

Elle avait eu lieu dans un village, où Flagg avait fait ce qu’il savait faire de mieux dans cette communauté.

« Ce sorcier est un expert en manipulation, un menteur et un très grand manipulateur. Sa seule passion consiste à semer le chaos et à détruire tout ce qui existe. Il ne le fait pas lui-même, car ce ne serait pas amusant ; il préfère laisser les Deux-Pattes s’entretuer progressivement entre eux. C’est son hobby, son passe-temps, qu’il fait généralement dans de petites villes coupées du monde. Il vient dans ces villes, sous une identité insoupçonnable : un honnête épicier, un marchand de fruits, de poissons, un antiquaire, et il commence à agir. »

Flagg avait quantité de surnoms, et Crystal balança ceux qu’elle connaissait : Richard Fannin, Russel Faraday, Raymond Fiegler, Richard Freemantle, Bill Hinch, ou encore Walter o’Dim.

« C’est sous ce dernier nom qu’il est le plus connu. La plupart des magiciens connaissent le magicien Walter o’Dim, mais sont incapables de me dire où il se trouve... Ceux que j’ai interrogés, du moins. Pour certains, il serait tout simplement mort. D’autres m’ont donné l’adresse de sa Tour, mais je n’y ai rien vu d’exploitable à l’intérieur... A part un solide monstre qui terrorisait la région, et que j’ai du abattre. Je commencerai, à votre place, par faire des recherches sur o’Dim. Tout ce qu’on vous dira sur lui sera probablement faux, mais vous en saurez certainement plus que moi. Je ne doute pas qu’un homme de votre importance doit avoir des contacts au sein des académies magiques, n’est-ce pas ? Ils ont toujours besoin d’esclaves pour servir de cobayes, après tout... »

Je serrais dents et poings a chaque menace que cette femme-dragon me lançait à la figure, tentant en vain de me faire sentir que je n’étais rien, à comparé à elle… Mais si elle avait besoin de moi, ce devait être parce que je possédais quelque chose dont elle ne possédait pas! Bon sang! Comme j’allais me lever pour la saisir et la forcer à s’auto trancher la gorge, elle annonça que ça faisait des millénaires qu’elle le pourchassait…

Des millénaires….

Pensif, je m’accotai le dos contre la chaise, pensif… Je n’écoutais plus ce qu’elle me disait, parlant de ses techniques  pour créer des génocides, et ce, sans que personne ne s’en plaignent… Non, je n’avais pas écouté cette partie… Je ne suis revenu à moi que lorsqu’elle avait terminé son monologue. Ramenant rapidement  mon attention sur elle, je me repositionnai.

Hein?... Oh, oui oui, Walter O’dim, collège des mages… Je connais bien du monde là-bas... Et pour le paiement, l’honneur de pouvoir vous aider sera suffisant, il faut bien se montrer généreux, parfois.

Je claquai alors des doigts… Une ombre finit par se dessiner dans un recoin couvert de ténèbres derrière moi, avant qu’un homme à capuche ne vienne se tenir près de mon siège.

Vous m’avez appelé, Hiro?

Oui. Va voir les sorciers de l’académie dans les terres sauvages et annonce leur que je viens voir le recteur, pour une audience. S’ils te disent que ce n’est pas possible, insiste, mais il ne devrait pas avoir de problème si tu mentionne mon nom… Après, va voir le chef de la garde, et dis lui que je souhaite partir ce soir, aussitôt que possible.

Bien, Monsieur.

Retournant d’où il était venu, il disparût quelques instants, disons une dizaine de minutes, avant de réapparaitre. Il n’y avait pas à dire, ces capes que les Ombres de Charon avaient faites me sauvaient beaucoup de temps!

Ils vous attendent tous, Hiro. Les chevaux sont attelés et n’attendent que vous pour partir.

Merci, Ombre. Tu peux partir désormais, ton service a été apprécié.

Alors que je me levais, je tournai la tête vers Crystal, une main sur la poignée de porte.

Vous voulez venir avec moi? Ou si vous préférez me laisser les rennes?

Je devais jouer le rôle qu’elle m’avait donné… Il fallait que j’aie son aide pour attraper ce sorcier; Il semblait être si puissant que même mes ombres ne réussiraient pas à le capturer… Je me devais de garder la force du dragon sans jamais éveiller ses soupçons sur la raison de mon aide… Restait plus qu’à trouver un moyen pour le convaincre de me donner les secrets de l’immortalité!

Quelque chose éveilla les suspicions de Crystal. Elle ne connaissait pas grand-chose des Deux-Pattes, mais savait que ces derniers étaient aussi imbéciles que prétentieux. Cet Hiro n’était nullement une exception. Or, la manière dont il s’était si facilement rabattu aux propositions de Crystal était suspecte. Soit les menaces de la femme-dragon l’avaient vraiment touché, ce qui, même pour elle, était peu probable, soit quelque chose l’avait heurté. Peut-être avait-il déjà entendu parler de l’Étranger ? Un homme aussi influent... Ce n’était pas impossible, mais Crystal prenait peut-être ses rêves pour des réalités... Il était aussi possible qu’Hiro ait déjà rencontré l’Étranger, mais elle rejetait cette hypothèse. Flagg ne se montrait aux autres que pour deux raisons : soit pour les tuer, soit pour en faire ses esclaves. Hiro étant toujours en vie, la première hypothèse était à exclure. Quant à la seconde... S’il était son serviteur, il n’aurait jamais employé une technique aussi grotesque pour piéger Crystal.

*Il y a donc forcément quelque chose qui m’échappe... Mais quoi ?*

Impossible d’avoir la réponse à cette question. Entre-temps, Hiro avait appelé l’un de ses hommes, une Ombre... Bras croisés, la Dovahkiin ne disait rien, et resta dans son coin, tandis que els minutes s’écoulèrent, et ce jusqu’à ce que l’Ombre revienne. Il avait visiblement été rapide, rejoignant le Conclave, afin de solliciter un entretien avec le recteur. Il fallait croire qu’Hiro Atayoshi était un homme influent, car les magiciens étaient des gens plutôt arrogants. Elle espérait qu’Hiro obtiendrait des informations sur l’Étranger, mais ce serait un peu trop facile, si un simple entretien avec un mage suffisait.

Hiro lui demanda alors si elle souhaitait l’accompagner. Crystal eut un léger sourire circonspect, et regarda autour d’elle, jusqu’à trouver un verre. Le verre de vin qu’Hiro lui avait tendu. Elle le contempla, et utilisa l’une de ses griffes pour s’entailler très légèrement la peau, et fit couler une seule goutte de son sang.

« Si jamais vous voudrez me parler, Deux-Pattes, jetez cette goutte de sang dans la cheminée. Vous n’aurez qu’à remplir le verre d’eau ou de vin, et le lancer. Ce sera amplement suffisant pour moi. »

Pour elle, il était entièrement exclu de voyager avec Hiro, d’autant plus que, s’il se rendait à la fameuse Académie, ils seraient appelés à se revoir. L’Académie magique à laquelle Hiro irait était l’une des plus réputées du monde entier, car elle flottait en l’air. Un savant mélange de technologie et de magie avait permis à cette académie de se hisser dans le ciel, de manière à être totalement séparée des problèmes politiques. L’Académie magique du Centre comprenait plusieurs îles reliées les unes aux autres, et on y accédait grâce à des téléporteurs se trouvant en contrebas, dans un impressionnant temple magique.

Crystal retourna donc sur la terrasse. Il faudrait au moins une à deux semaines à Hiro pour rejoindre l’Académie du Centre.

« J’ignore ce que vous cherchez, mais ne commettez pas l’erreur de vouloir vous rapprocher de Flagg. Dès que vous obtiendrez des informations sur lui, signalez-le moi, et ne cherchez pas à rentrer en contact avec lui. »

Étirant ses ailes, Crystal décolla alors, laissant Hiro à sa place. Elle n’avait que trop suffisamment côtoyé ce dernier, et allait poursuivre ses recherches de son côté.