La jeune femme se tenait calmement appuyée dos au mur, regardant ce qui avait été sa proie. Cette dernière était si faible qu’elle avait du mal à marcher, se tenant à tous les objets qu’elle trouvait sur son chemin afin de s’approcher, très lentement, de sa geôlière. L’effet ne touchait pas la vampiresse, qui se fichait royalement des problèmes des autres, en particulier de ceux de victimes nées. Car effectivement, au vu de la faiblesse physique de l’autre, il ne pouvait s’agir que d’une victime. On n’avait pas idée d’être un mâle et de se trimballer en tenue de femme. Kira n’avait aucune pitié pour les faibles, et un petit sourire cruel illumina ses lèvres. Ses yeux cramoisis ne se détachaient pas du corps androgyne qui, inexorablement, parvenait à se rapprocher du sien. Elle se souvint du moment où il avait été tellement surpris qu’elle montre une petite parcelle de ses capacités surhumaines qu’il en été tombé à terre. Avec un petit rire amusé, moqueur mais un minimum méprisant, elle avait attendu qu’il se relève. S’il ne l’avait pas fait, elle ne se serait pas souciée de le relever. Un peu de dignité, voyons. Il tremblait. Désormais désarmé, il paraissait encore plus faible qu’auparavant. Alors qu’elle allait se redresser et s’éloigner de cette chose, cette dernière lui réclama à manger. Parce qu’il croyait vraiment qu’il parviendrait à mâcher dans cet état ? Rien que déglutir lui prendrait les forces dont il avait besoin pour se maintenir debout. De plus, elle l’avait presque vidé, s’il se nourrissait maintenant sans avoir récupéré son sang, il ne parviendrait pas à envoyer correctement les vitamines et autres dans ce dernier, et mourrait d’un surplus d’apport. Soupirant un peu, notre vampiresse se rendit compte qu’elle n’avait pas trop le choix et qu’elle devait s’occuper de l’inu car après tout, il était dans sa demeure et c’était elle qui l’avait mis dans cet état.
Se redressant enfin, elle se dirigea en direction du chien, puis le saisit par le col et le traîna derrière elle, sans aucune trace de pitié. Si au moins il avait vaillamment combattu et l’avait blessée, elle aurait pu lui témoigner du respect, mais le cas échéant elle ne lui devait rien d’autre que du mépris. Le balançant sans trop le ménager sur un canapé qui prenait bien cinq mètres de long pour deux de large, elle se retourna, puis disparut. Quelques secondes plus tard, elle se tenait près du chien, assise à ses côtés, un verre à pied en main. Soupirant de nouveau, très audiblement afin de montrer à l’autre qu’il l’agaçait, elle posa ledit verre sur une de ses cuisses, en équilibre précaire, puis porta son poignet droit à ses lèvres. Sans hésitation, elle le mordit profondément, jusqu’à une veine, sans tiquer. Puis, soulevant le verre de sa main gauche –heureusement qu’elle était ambidextre-, notre créature nocturne pressa l’objet contre sa peau rougie par le sang. Ce dernier coula doucement, remplissant le récipient jusqu’à ras-bord. Redressant son bras, l’intérieur ouvert vers le plafond, elle le lécha de sa délicate langue rouge, tandis que sa plaie guérissait à vue d’œil. Puis, elle utilisa cette même main afin de redresser la tête de l’inu, la maintenant droite. Ensuite, elle porta le verre à ses lèvres, l’inclinant légèrement.
- Et maintenant, bois. Si tu ingurgitais de la nourriture normale maintenant, ta mort n’en serait que plus certaine encore. Ceci te redonnera les forces dont tu as besoin afin de pouvoir te sustenter.
Lui laissant le verre après l’avoir bien mis entre les deux mains du terranide, elle se releva, et alla chercher le sac dont elle avait entendu parler plus tôt. Ceci dura quelques secondes, plus longtemps que cela n’aurait dû. Après tout, elle ne tenait pas forcément à admirer le spectacle d’un être faible et qui ne le méritait sûrement pas en train de boire son nectar vital. Posant le sac près de l’homme, elle fit un geste rapide et un brouillard compact se souleva du sol, avant de prendre la forme d’une chaise. S’asseyant dessus sans aucune hésitation, elle darda un regard rougeoyant et peu chaleureux sur sa victime, sans mot dire, guettant une réaction de sa part.