Le don de Kamishini [Zeliel]

Cela faisait trois jours qu'elle était revenue dans ce monde étrange...

Bêtement, encore. Elle n'avait fait que traverser une ruelle, et s'était retrouvée en plein Ashnard. Moins déboussolée qu'auparavant, elle avait trouvé une auberge, et cherchait en ville un moyen de retourner à Seikusu. Seikusu... Ce monde était certainement connecté au sien. Le soucis, c'est qu'à Ashnard aussi, on avait entendu parler de Flying Blow. Certaines rumeurs sur ses talents avaient atteint les oreilles des nobles, et beaucoup d'esclavagistes voulaient s'en emparer. Et ce chasseur d'esclaves l'avait trouvée, ce matin, alors qu'elle quittait la ville.

A présent, elle était cachée derrière un pan de mur, face à un pilier qui soutenait le plafond partiellement détruit qui la couvrait. L'homme n'avait pas hésité un instant à massacrer les villageois qui le gênaient durant leur combat qui avait duré toute l'après-midi. Encapuchonné, masqué, l'homme manipulait de la limaille de fer, qu'il utilisait aussi bien pour attaquer que pour bloquer les coups dévastateurs de la championne. Elle avait eu l'avantage, jusqu'à ce qu'il n'ait recours à la magie. Elle avait besoin d'une diversion, ou au moins d'un effet de surprise, pour passer outre sa garde. Le sang coulait entre les pavés, l'odeur des cadavres sous le soleil couchant lui donnait la nausée. Pour une fois qu'elle avait mis son uniforme de lycéenne, il était déchiré par endroits, et ses bras étaient couverts de fines entailles.

Kamishini avait un don. Un véritable don qui lui permettait de se foutre dans la merde tout le temps. Elle s'en sortait souvent, mais pas toujours. L'issue du combat était décidée d'avance, elle était foutue. Il s'arrêtait, de l'autre côté du mur. Elle releva la tête, il était penché au-dessus d'elle.

- Je vois... Terminé?

Il n'avait pas prononcé un seul mot depuis le début. Etait-il seulement humain? Elle se relevait, lui faisait face, le regard dur. Et puis elle souriait. Kamishini avait un autre don: elle était suffisamment déterminée pour ne pas cesser le combat. Elle fit volte-face, et courut, en frappant le pilier au passage pour faire s'effondrer la bâtisse derrière elle. Il lui fallait du répit, et une autre cachette pour élaborer un plan d'attaque.

- Ah… J’ai bien mangé !

C’est en se tapant le ventre que Zephirya sortait d’un restau. Un bon restaurant qui avait lancé abonne idée d’offrir le repas de fou choisi par les chefs cuisiniers, sans laisser la moindre petite miette as l’assiette. La sportive, avec sa taille de guêpe et ses muscles légèrement raidis, avait bien entendu réussi le défi donné avec son appétit quasi-illimité. Depuis le temps qu’elle n’avait pas eut un repas digne de ce nom, faute de monnaie, ça faisait un bien fou ! Ouais bon okay, elle n’est pas obligée de manger pour vivre… Et alors ? On peut très bien apprécier manger sans pour autant être contraint de le faire pour vivre nan mais oh ! Marchant les rues aux allures… De rien du tout en fait puisqu’il s’agissait d’un endroit relativement banal. Histoire de digérer, la demoiselle aux cicatrices sourit quand elle vit une grande rue bien adaptée pour la course. C’est à ce moment là également qu’elle s’adressa à Nathaniel :

« Allez je te parie que je vais jusqu’au bout en moins d’une minute ! »

« Je ne vois pas à quoi cela t’avancerais… »

« Punaise mais déconne un peu bordel ! Allez "gigot" ! »

C’est avec un jeu de mot relativement pourris que la fausse gamine commença à courir comme une dératée, avec sa vitesse largement supérieure à n’importe quel humain banal. Pendant sa course, les passants tentaient d’esquiver cette bombe pour ne pas se retrouver avec une cote cassée ou autre chose de plus douloureux. Un croisement, une muraille basse, des ordures puis la ligne d’arrivée en… Cinquante-sept secondes ! Wahou pari réussi ! C’est en sautillant comme une andouille qu’elle auto-fêta sa victoire dont tout le monde ignorait l’existence tout en s’en foutant royalement. Un peu après ce moment là, et une micro engueulade avec sa colocataire de corps qui lui faisait une morale du genre "Mais fait attention si tu veux t’amuser", des gens vinrent passer par-dessous et derrière elle en s’enfuyant. Hein ? Qu’est-ce qui se passe encore ? Pour une fois, pas dur de deviner que Zephirya n’y était strictement pour rien. La preuve, suffisait de voir la direction que prenaient les inconnus. La miss hésita. Sa curiosité l’avait piqué au vif et voulait voir ce qu’il se tramait de l’autre coté. Mais si jamais elle y allait, l’érudite lui dirait certainement le contraire et que ça serait dangereux blabla et compagnie.

Prudemment, la sportive rasa les murs pour rejoindre le possible endroit d’où venait le présumé bordel qui pouvait se tramer. Oui parce qu’il a peu de chances que tout un peuple se tire en ayant les chocottes sans raison non ? Bref, un détour par ici, et elle passe par là pour voir… Rien du tout. Bon encore quelques mètres et ça devrait aller quand même. Quel est le con qui à décidé de créer un pareil dédale dans un endroit aussi animé que ce coin là ? M’enfin, il doit certainement être kaput depuis le temps. Et puis ça ne servirait à rien de le secouer sachant qu’il y a plus important à savoir pour le moment présent. C’est à alors qu’un tas de gravas tomba presque sur la tronche de la fausse gamine, sans trop savoir pourquoi. Cette dernière regarda dans la direction opposée des projectiles et vit encore quelqu’un se barrer. Elle retourna la tête et vit un drôle de mec, à supposé que c’en était un vu tout le tissu qu’il portait, se diriger d’un pas presque trop tranquille vers elle. Pas dur de deviner qu’il s’agissait du fouteur de merde présumé avec sa limaille de fer dans les mains. Comme réponse à sa question qui n’avais existé, Zephirya lui fit un doigt d’honneur bien gentil et lui tint à peu prêt ce langage :

- Nan mais t’es con ou quoi ? D’un peu plus tu m’aurais ouvert le crane pauv’ tâche mal essuyée !

Oui, elle était déjà sur les nerfs. Non, elle n’est pas de nature très maline. Quand quelqu’un dont on ne peut pas voir la tronche arrive vers vous avec un prototype d’arme parfait pour les psychopathes euh… En théorie on ferme notre grande bouche et on se tire fissa. Mais non, en bonne écervelée au mental de gamine qu’elle était, la sportive à la force disproportionnée par rapport à sa taille l’avais provoqué et le type ne semblait pas avoir aimé vu sa réponse. Pas de mot, mais un magnifique fauchage de sa part qui aurait pur couter deux jambes à la miss si ses réflexes n’était pas si mauvais que ça. Et comme de par le plus grand des hasards qui existe en ce monde, Nathaniel s’incrusta doucement dans l’action pour dire à sa partenaire corporelle forcée :

« Elle avait un drôle d’accoutrement la dernière fuyarde tu ne trouve pas ? »

La sportive était un peu trop concentrée à essayer de gérer son combat à peine entamé pour pouvoir entendre la question mentale de son érudite de colocataire. Comme ça peut être chiant d’être obligée de vivre avec quelqu’un dans un même corps franchement ! De plus en plus sur les nerfs et galérant un chouïa à dominer la bataille, sûrement dut à son manque d’expérience dans de vrais combat, la demoiselle aux cicatrices sentit ses nerfs se gonfler bien chaudement. Heureusement qu’elle était à fond dans sa forme après un repas aussi copieux et bien foutu. Avec un léger sentiment de rage même si elle n’était qu’une intruse à ce qui s’était précédemment déroulé sans elle, elle gueula presque assez fort pour qu’une bonne partie de ce coin de ville l’entende :

- Bon okay le pervers bourrin, tu m’as énervée ! Tu va voir ce que ça coûte de jouer les égoïstes fouteurs de merde !

Après son repli stratégique qui ressemblait quand même plus à une fuite désespérée, Kamishini avait profité de la diversion créée par la nouvelle venue pour se précipiter dans une habitation proche, refermant la porte derrière elle. Elle ne vit pas la famille de terranides cachés sous la table de la salle à manger, et montait les marches deux à deux jusqu'à atteindre le deuxième étage. Elle jeta un bref coup d’œil par la fenêtre, et s'aperçut que la jeune fille avait engagé le combat avec son assaillant. Seules, ni l'une ni l'autre n'avait l'ombre d'une chance. Ce mec était vraiment redoutable. L'affrontement les avait menés jusque sous la fenêtre de la pièce d'à côté. Elle traversa le couloir, ouvrit les battants et posa le pied contre le rebord. Il ne valait mieux pas se cogner contre l'encadrement, elle n'aurait pas de seconde chance.

Elle sauta, pirouetta en l'air, tendit sa jambe droite en avant et se laissa redescendre en un coup de pied vertical, et, au dernier moment, ses habitudes de Street Fight reprirent le dessus, et elle donna le nom de ce coup:

- AXE DIVE!

L'homme pencha la tête en arrière pour voir l'ennemi qui se situait au-dessus, et se mangea un terrible coup de talon plongeant au beau milieu du visage. Son masque partit en morceaux, deux de ses dents aussi, et il s'écroula en arrière dans un craquement simultané de sa nuque et de sa colonne vertébrale. Déjà fini? La lycéenne réajustait sa jupe plissée, heureuse qu'il n'y eut personne d'autre dans la rue pour voir ses sous-vêtements pendant le saut: on serait passé du combat à l'hécatombe. Flying Blow sourit, puis à côté de Zephirya en lui tapotant l'épaule comme une bonne gamine:

- Tu m'as sauvé la vie petite, je t'en remercie!

Et puis elle s'immobilisa soudainement. Pourquoi y avait-il encore de la limaille de fer en suspension dans l'air? Terrifiée, elle fit volte-face.
L'homme était en train de se relever telle une marionnette humaine. Son visage maintenant découvert était vide, inexpressif, et son regard était vitreux. Il était pâle, trop pâle, et semblait bien aller, alors que ses blessures auraient dû immédiatement le tuer, ou le paralyser dans le meilleur des cas.
Il n'était pas là. Son corps y était, mais pas lui. Un cadavre ambulant, un mort-vivant contrôlé à distance, voilà ce qu'il était. Et il devait l'être depuis un moment déjà.

- A tout hasard, t'aurais pas un plan B?

Mais c’est quoi ce type ? Comment il fait pour contrôler… De la ferraille pas très cool qui bousillerait n’importe qui de parfaitement normal ? Hum… Bon on s’en fout. Là il faut surtout penser à survivre et trouver un moyen pour déstabiliser le pervers masqué et le flinguer à terre. Manque de pot, il était bien trop balèze pour espérer arriver à faire quoi que ce soit de potable et donc sans y passer. Nathaniel pourrait l’aider mais pour le moment, Zephirya ne serait certainement pas assez concentrée sur deux choses à la fois sans risque. Help ? :

- AXE DIVE!

Pas eut le temps de dire ouf que le cinglé se prit un magnifique coup dans les gencives qui le fit valser plutôt bien. Tournant la tête plus vers la demoiselle que sur le type. La sportive reconnu la fuyarde à la tenue un peu bizarre, légèrement déchirée. C’est elle qui avait gueulé un truc ressemblant à un nom de déodorant pour mec juste avant ? Il semblerait que oui… M’enfin, au moins, l’autre été calmé et c’était l’essentiel. Au moins, la fausse gamine en avait profité pour mater vite fais les sous-vêtements de cette… "Whao" demoiselle. Par contre… Grrr elle semblait bien mieux foutue qu’elle. C’est à croire qu’elle est la seule fille plate qui existe en ce monde quoi. C’est chiant, rageant et parfaitement stupide à son sens. Mais bon, on n’est pas là pour ça, surtout que l’inconnue posa la main sur son épaule en souriant, contente de son geste :

- Tu m'as sauvé la vie petite, je t'en remercie!

- Hé hé de r... Hey ch’ui pas petite !

Sur le coup, elle serra les poings, vexée. Mais la suite des événements en décida autrement. Le regard effrayé de l’humaine plantait sur quelque chose… De la limaille ? Encore ? Et merde il n’est pas mort l’autre abrutit ? Bondissant en arrière, la fausse gamine remarqua qu’en effet, l’autre psychopathe se relevait l’air de rien… Mais avec une tête à faire peur. Le visage défoncé, on aurait dit un zombie… Un pantin contrôlé par un nécromancien de très mauvais augure. Super… Bon là, c’est clair qu’il y a un truc. Pourquoi quand Zephirya décide de prendre le contrôle de Zeliel elle se retrouve systématiquement dans une situation pas possible ? A croire que c’est un vrai aimant à emmerde. Pourtant, elle n’est fringuée que de cuir et rien de magnétique dans tout ça… Bref… :

- A tout hasard, t'aurais pas un plan B?

- B comme "Barrons-nous" ou B comme "Bourrinons-lui la gueule" ? Bordel !

A peine sa phrase finie que des coups de fouets métalliques vinrent chatouiller l’air un peu trop près des jambes de la miss à la grande gueule. Nathaniel fit une brève intervention à l’intérieur de Zeliel pour expliquer son point de vue et ses déductions. Pour l’instant, il n’y avait pas d’autres solutions que de courir et trouver à nouveau un moyen de se planquer efficacement. C’est donc au détour d’une ruelle qu’elle finit par trouver de quoi se protéger durant au moins… Le temps de mettre à plat ce que sa colocataire de corps lui avait posé :

- Bon. Si c’est un zombie, il faudrait soit buter le truc qui le maintient en vie ou le mec qui le contrôle. Mais faut déjà savoir ce qui le maintient…

Bon, au moins maintenant elle savait à quoi elle avait affaire: un zombie, un mort réanimé par la sorcellerie et... Attendez voir.. Quoi?

- HEIN??? T'as bien dit "zombie"? Comme les cadavres ambulants dans les films, qui bavent partout et qui bouffent les cerveaux?

Oui, même si Kamishini s'était habituée à voir des choses bizarres sur Terra, elle ne s'attendait pas à ce genre de choses. Pour elle, le zombie était un truc qu'on ne voit qu'au cinéma, et l'un des défouloirs préférés des geeks qui passent leurs journées sur des fps bizarres. Jamais elle n'aurait imaginé se trouver face à un zombie, et encore moins aux côtés d'une gosse légèrement vêtue de cuir. On se serait cru dans un film à petit budget qui voulait mélanger horreur, action et pédo-SM. C'était vraiment, vraiment très glauque.
Partant du principe qu'ils étaient comme dans les films, Kamishini commençait à rassembler ses connaissances: les zombies sont soit créés par un dingue, soit infectés par un hamburger pas net, soit réanimés par un sorcier bizarre. Les zombies tels qu'on les imagine sur Terre n'y connaissent rien en magie, et ne prennent pas la peine de cacher qu'ils sont morts: non seulement ils restent tels qu'ils étaient, mais en plus en général, ils hurlent dans tous les sens en trainant la patte: celui là ne disait mot, et sa stature était plus ou moins normale. En partant du principe qu'un zombie ne faisait pas graviter la limaille de fer autour de lui, il y avait en fait deux personnes derrière tout ça: celle qui manipulait le macchabée, et celle qui contrôlait la limaille, le tout en faisant croire que le zombie agissait de son propre chef et contrôlait de lui même la matière qui l'entourait: A cela, une autre déduction venait d'elle-même: ils n'étaient pas loin.

Pour coordonner les mouvements et voir ce qu'il se passe, les deux marionnettistes de ce funeste spectacle devaient avoir une vue sur la scène depuis les coulisses. Et ils ne devaient pas être loin l'un de l'autre, afin que les mouvements de leur pantin soient le plus naturel possible. Elle sourit, et corrigea la gamine:

- Les mecs qui le contrôlent. Du moins, si mon hypothèse est juste.

Il arrivait au détour de la ruelle, en pensant surprendre les deux filles: la paume de la combattante venant s'écraser contre son visage et l'emmener en l'air, pour le rabattre au sol violemment prouvait que son arrivée était attendue: le mouvement de la Sinistra Bomber avait été parfaitement exécuté, la championne avait cru entendre un craquement à l'arrière de son crâne, mais n'y prêta pas attention et invita l'inconnue à la suivre durant sa course jusqu'à la rue la plus dégagée:

- Les deux types derrière tout ça doivent pas être très loin. Le zombie est un leurre, ils doivent se terrer dans les parages!

Elle regarda partout autour d'elle, et profita de ces quelques instants de répit:

- Je m'appelle Kamishini, je suis une championne de combat de rue sur Terre. Enchantée!

- Ben ouais un zombie. Tu sais, une créature plus ou moins morte contrôlée par une tierce personne…

La barbe. Elle n’avait jamais vue de zombie de sa vie ou quoi ? Bon remarque ça cours pas les champs dans les villes du coin, mais quand même… C’est comme avouer ne pas avoir vu d’hybride ou de Terranide à Ashnard, c’est parfaitement ridicule. Soit elle provient d’une espèce de coin paumé bizarroïde dans le trou du cul du monde, troisième contraction à droite remplie de truc merdique et qui ne ressemble à rien euh… Bon elle ressemblait à quelque chose, okay… Mais ses fringues, c’est la première fois qu’elle les voyait. Dans la situation, c’était absolument pas important. Avant toute chose, il faudrait régler ce problème… Épineux ? Ouais c’est le mot si on se fit au fait qu’il y a de la limaille de fer dans l’histoire. Et sûrement un idiot casse-couille en plus

Sauf que la fille bizarre cassa le raisonnement en prononçant au pluriel le mot "mec". Quoi les mecs ? Manquerais plus que ça qu’il y en ai plusieurs. Mais dans un sens, c’était logique. Pourquoi ? Ben à moins que le zombie arrive à contrôler son arme, ce qui est fortement improbable si on prend en compte le fait qu’il soit juste un cadavre animé, il faudrait que le mec soit rudement fortiche pour contrôler à la fois le mort et la limaille. Ce n’est pas impossible dans un sens, si c’est quelqu’un d’extrêmement puissant, mais ça soulèverais quelques soucis de logiques assez évidents alors… :

« T’aurais pas put me le dire qu’il y avait des chances pour qu’il y ai deux abrutis à la place d’un !? »

« Si tu m’écoutais plus souvent, tu passerais beaucoup moins pour une idiote. Même l’autre demoiselle l’a compris alors qu’elle n’a probablement jamais vu de zombie de sa vie »

« Euh… »

Encore une fois, c’est la sportive qui passa pour une idiote. Doublement même car dans une seconde d’inattention, celle suivant la discussion intérieure avec Nathaniel, l’inconnue s’était doucement éclipsée pour foutre une branlée rapide à l’autre cadavre et reprendre la course. Pas le choix, il fallait la suivre. En chemin, l’inconnu en profita pour se présenter sous le nom de Kami… Ch’ai pas quoi. Le genre de nom que la demoiselle à la tenue moulante serait incapable de retenir correctement. Rendant sa politesse entre deux reprise de souffle, elle se tourna :

- Moi c’est Zephirya ! Enchantée aussi. Et vu que je ne sais pas voler et que je ne vit pas sous l’eau, je viens de la terre aussi !

La miss ne connaissait pas l’existence de ce monde parallèle, donc impossible qu’elle prenne ça sérieusement. Nathaniel se demandait plus ce qu’elle voulait entendre par "Je viens de la Terre"… Si ça aurait été elle qui contrôlerait Zeliel, elle aurait cherché à en savoir plus. Bref, la sportive eut une idée de génie pour la suite des opérations :

- Ils devraient normalement rester à une certaines distance pour contrôler tout ça. Donc si on va là où il n’y a rien, ils ne pourront pas rester bien loin de leurs contrôles…

Leurs cultures étaient... Vraiment différentes. Son nom sonnait exotique, et pour elle la Terre n'était qu'un élément parmi les autres. Kamishini avait toujours été avantagée dans tous ses affrontements par sa connaissance du terrain et des styles de combat, mais cette fois elle devait s'en remettre à sa partenaire de fortune, qui était certainement originaire d'ici. Outre sa fierté qui en prenait un sacré coup, elle n'était pas habituée à travailler en équipe. Il existait bien des compétitions en équipe ou en tag dans le milieu, mais elle n'y avait jamais participé.
Le plan de l'autochtone était bon: sortir du couvert pour pouvoir les détecter. Mais Kamishini commençait à fatiguer, et elle se voyait mal courir sur une longue distance après avoir combattu tout l'après-midi. Elle avait déjà du mal à garder un souffle régulier lorsqu'elle passait d'une planque à l'autre, et elle avait mis pas mal d'énergie à réaliser son Axe Dive: faire un saut de deux étages, même pour elle, ce n'était pas si simple. Cependant il n'y avait pas d'autres alternatives. Elle ne pouvait ni ne voulait se cacher indéfiniment, et une contre-attaque serait aussi inutile que risquée. Entre deux foulées, elle sentit un coup lui rabattre le mollet, et son genou claqua violemment sur le sol.

La limaille l'avait rattrapée, et l'avait frappée. Surprise, elle était tombée sur le genou, puis le flanc. Le mort fondait sur elle comme une ombre, et elle n'avait pas le temps de se relever pour fuir. Ce n'était pas la première occasion qu'il avait de la tuer. Les hommes de l'ombre la voulaient vivante, c'était certain. Alors qu'il arrivait à proximité, elle eut un demi-sourire:

- Je suis Flying Blow, imbécile!

Elle lui faucha les jambes en réalisant un Ukemi pour se rétablir, et reprit sa fuite en claudiquant. Elle ne le distancerait pas, mais il fallait qu'elle prévienne Zéphyria, qui s'éloignait. Elle la héla:

- Je m'occupe de celui-là, trouve les autres! Je pourrais pas aller assez loin dans mon état!

Le zombie surgissait déjà dans son dos, le regard vide, sans un souffle. Mais elle l'avait entendu venir, le bruit de ses bas, le bruissement de son étrange vêtement. Elle lui envoya son coude dans le visage, coup de paume dans le sternum, plat du pied le long du tibia jusqu'à l'articulation pour parer à tout recul et le déséquilibrer. Crochets aux côtes flottantes, clé de bras pour briser le coude, coup de pied à l'arrière du genou pour le faire tomber et coup de genou au visage. Elle l'attaquait sans cesse, pour le neutraliser au mieux et pour gagner du temps. Avec tous ces dégâts, il aurait dû se retrouver au minimum dans un coma profond. Et pourtant il n'affichait aucune réaction.
Le soucis étant que la limaille, elle, n'était pas dépendante de ses mouvements et qu'elle l'avait oubliée. Alors que son adversaire tombait sur le dos,elle fut piégée dans un tourbillon. Kamishini se couvrit le nez et la bouche, mais la poudre de fer mettait ses vêtements en lambeaux et lui attaquait la peau. Heureusement pour elle, le mort-vivant semblait mettre plus longtemps à se relever à présent.