Les soirées solitaires étaient devenues une habitude de Ludmilla. Détachée de son mari, et ce depuis une bonne période, elle errait de palaces en palaces, de fêtes en festins, de gala en soirée. Elle ne parvenait pas à expliquer ce qui poussait tous ces gens à la convier ; peut-être ses yeux clairs, son teint pâle qui ravissait, sa voix douce et sa culture concernant bien des domaines artistiques. Elle était une bonne hôte. Et elle tenait l'alcool, contrairement à une bonne poignée de " nouveaux nobles " qui renvoyait le contenu de leur estomac au bout de quelques verres. Ce soir là n'échappa pas à la règle. Embrassant à peine son époux, elle sortit de la pièce, vêtue d'un de ses saris rougeoyants et dorés, les cheveux maintenus par une pince ornée de motifs orientaux, et deux piques eux-aussi ornés plantés dans la chevelure. Elle s'attela à se maquiller, et monta dans sa voiture.
Une amie, hier, lui avait parlée d'une soirée. " Je lui ai parlé de toi ... Elle ne te connait pas, elle t'a invitée, elle est folle ! " Définir ainsi une maitresse de soirée relevait presque de l'insolence, mais Ludmilla était quand même venue. Elle ignorait le but, le déroulement de la soirée, mais peut-être était-ce mieux ainsi ... Elle mordit dans un mouchoir pour retirer l'excédent de rouge à lèvres, et regarda autour d'elle. Elle distingua quelques silhouettes, ici et là, sans vraiment reconnaitre qui que ce soit.
Un soupir. Et elle s'extirpa hors de son véhicule, le cœur battant. Se dirigeant vers la demeure ... Une bien belle propriété, elle se devait de l'avouer. Cette idée lui réchauffa le cœur ... Sans doute trouverait-elle une personne charmante avec qui elle pourrait s'amuser...
La culpabilité effaça cette idée de son esprit. Arrangeant son sari, elle entra dans la demeure, les yeux brillants. Elle se sentait curieuse, comme une enfant. Elle remarqua qu'il n'y avait pas encore beaucoup de monde, et regarda l'heure ... Elle était en avance. Elle chercha des yeux son amie, qui la salua rapidement d'un geste de la main.
- Mary, tu es là ! souffla t'elle, rassurée.
- Je savais que tu viendrais !
Les cheveux noirs, les joues rouges, Mary était la plus belle anglaises que Ludmilla avait pu croiser.
- Où est celle qui nous invite ? demanda Ludmilla en cherchant autour d'elle.
- Vas donc dans le jardin, elle s'y trouve peut-être ...
Son amie s'éloigna, et elle se dirigea mécaniquement vers une baie vitrée, intriguée. Tant qu'elle n'aurait pas rencontrée cette mystérieuse femme, elle ne se sentirait pas entiérement rassurée ...