Le tartare... LE royaume de Chaos d'Eris. Entièrement à son image, fluctuant et instable, aux plaines de sable infinies, aux tornades jamais interrompues, aux secrets encore jamais percés à jour... Sauf par la maîtresse des lieux, bien évidemment.
S'aventurer dans le tartare sans moyen d'en sortir est... Insensé. On ne peut pas dire que c'est suicidaire puisqu'Eris ne s'abaissera jamais à tuer de sang froid un être humain, voyons, mais si vous veniez à passer les portes de son royaume, il est certain que votre raison y resterait s'il vous était offert la chance d'en repartir.
Sous les sables, ruines de citées détruites et armées d'outre-tombe au repos dorment, parfois révélés par les aléas de la mer de sable qui tient lieu de sol. Et chaque destruction, chaque armée vaincue grossi ce patrimoine dont la déesse du Chaos se repaît avec délectation. Rien n'est plus amusant pour elle que de voir son royaume garnit d'un nouvel édifice.
Et la déesse, elle, "vit" ailleurs. Elle, elle vit dans les étoiles. Au coeur des constellations du scorpion et de ses soeurs, qu'elle peut modéliser en monstres pour répandre la terreur et le chaos à son bon vouloir. Tout comme elle ne manque pas de ressources pour déchaîner les forces de la nature. C'est une déesse majeure après tout, la discorde ayant lieu partout, dans le coeur de chacun, à tout instant. Que ce soit dans celui d'une femme bafouée, dans celle d'un enfant jaloux... La discorde était partenaire de colère et de haine, mère même. Ses enfants, qui lui apportaient tant de joie... Elle allait d'ailleurs sur le point de se pencher sur le cas des mortels lorsque l'appel de son valet retentit dans son royaume. La question se posa de lui apparaître ou pas... Les yeux blancs de la déesse se levèrent au ciel et elle disparu de son royaume...
... Pour reprendre consistance à partir de la fumée de la bougie. Elle fut soufflée et les deux créatures mythiques furent plongées dans l'obscurité, Eris acceptant de faire l'honneur au chevalier de lui apparaître sous sa forme "naturelle", celle humanoïde. Un sourire étira ses lèvres charnues.
"Guerre... Combien de fois devrais-je te répéter de ne pas m'invoquer?"
Elle se dressa de toute sa superbe devant son valet et toute trace de sourire disparu.
"Je ne suis PAS à ta disposition..."
Sa voix retentit, puissante et dure, menaçante, faisant trembler les murs de l'édifice dans lequel ils se trouvaient à même ses fondations. Elle s'adoucit cependant par la suite, ses orbites vides se vrillant que le cavalier.
"Cependant... Tu as fait un travail tout à fait remarquable avec cette ville... De ce fait, je crois que je pourrai peut-être t'accorder une faveur."
Elle avait bien dit "peut-être". Et il fallait se méfier des "faveurs" d'Eris, car si elles n'étaient pas de son goût, elles pouvaient vite se retourner contre le demandeur...