Quelque part, à une extrémité de Nexus.
Un quartier paisible, qui passait pour un peu bourgeois pour les non-connaisseurs.
Les habitués de ces rues savent véritablement, eux, que ce quartier est plus que bourgeois.
C'est l'un des rares endroits de la cité qui peut se targuer d'être toujours calme. Aux enseignes des restaurants un peu cossus se distinguent les vitrines des salons de massages, des centre de bien-être, de quelques hôtels.. Mais la majeure partie de cette cité, c'est notamment son immense rue marchande, point central de toutes les habitations huppées alentours, prétexte pour les richards et leurs radasses de se promener le dimanche, et d'y apercevoir quelques uns de leurs amis tout aussi friqués qu'eux, échanger des politesses hypocrites en discourant sur le fait que, ah, dans certains endroits de Nexus, qu'est ce qu'ils sont pauvres. Mais en vérité, ils n'avaient rien à faire des plus démunis. Car eux se torchaient avec des liasses de titres immobiliers.
Un grondement fit trembler le relatif calme du lieu.
Surprenant tout le monde, le toit de la très réputée "Maison de la Détente" venait d'éclater. Ce majestueux bâtiment de trois étages abritait un hôtel aux allures de palace, et où se prélaissaient régulièrement les plus nantis de tout Nexus, pour le décor, la qualité du service, ainsi que les nombreux loisirs qu'on pouvaient y pratiquer, venait tout simplement d'être percé par une créature singulière. Traversant les plafonds, il s'élevait dans le ciel. On eut dit, de prime abord, un amas de fumée humanoïde orange, avec une tête de dragon, d'une bonne trentaine de mètres, et qui serrait les deux poings, hurlant sa rage vers le ciel. Toute la cité pouvait l'apercevoir, au vu de sa taille.
La créature se penchait ensuite, et utilisait ses deux énormes jambes pour s'écraser sur deux maisons. Et puis, la vapeur qui le composait disparaissait soudain dans l'air, aussi vite qu'il fut arrivé.
Au sol, on assistait à un massacre. Un guerrier nippon, pieds nus, torse découvert, et pantalon oriental couvrant ses jambes, faisait faire de puissantes arabesques à sa lame, décrivant un ballet meurtrier, où virevoltaient les effusions de sang à chaque corps tranché. Il courait, sautait, et déchirait la chair avec son arme. La panique qu'il a créé avec l'explosion le déservait bien. Les gens étaient terrorisés, couraient dans tout les sens pour tenter de fuir. Et, bien vite, quand il eut tué une trentaine de personne dans un secteur, et que le lieu devenait désert, il disparaissait, se téléportait dans une rue adjacente, pour recommencer le même massacre.
Le sang l'éclaboussait inévitablement. La peur ambiante, la mort qui emplissait son âme. Tout cela lui donnait enfin l'impression de puissance qu'il désirait.
Une large patrouille de garde osait se pointer à sa vue. Levant la main, la moitié d'entre eux n'eut pas le temps de bouger que leur tête explosait purement et simplement, par la force de sa volonté. La demi-douzaine restante, surprise, tenta d'affronter tant bien que mal à la lame un guerrier non seulement habitué aux arts de la guerre, mais aussi expert dans les arcanes d'une magie des plus obscures. Il fit une bouchée d'eux en quelques secondes.
Encore. ENCORE !