Liirzyn en était venue à haïr le climat japonais.
Alors que toute la journée, elle avait eu droit à un soleil violent, au point de lui procurer une insolation digne de ce nom, voilà qu'une petite pluie venait ricocher sur l'asphalte. Et cette pluie réveillait l'odeur du goudron qui a chauffé toute la journée, chargeant l'air d'une sensation lourde, épaisse, collante. Elle grogna, le visage enfoui dans une grosse écharpe. Elle n'aimait pas la pluie, et détestait même devoir travailler par ce temps. Son long manteau noir, certes, la tenait au chaud, mais n'était pas si pratique que ça.
A un moment, elle devrait bien l'ôter, pour se retrouver dans sa tenue habituelle, avec cette sorte de saharienne kaki tachée. Et là, elle aurait froid.
Elle savait que, ce soir, sa proie n'était pas des moindres. Son patron l'avait prévenue, tout en lui disant qu'il savait qu'elle était la seule digne de ce nom pour ce genre de mission. Son ego se portait donc bien, ce soir-là. Et elle était en forme. Il n'ya avait que cette pluie pour venir brouiller le tableau.
Elle s'alluma doucement une cigarette, malgré que cela lui soit totalement interdit, pour se préparer à la suivre. Son dossier était dans sa poche, le commanditaire était inconnu, mais la photo de la cible était bien présente. Elle la reconnaitrait, elle était marquée dans sa mémoire. Elle regarda son reflet, un moment, dans une flaque. Ses yeux rouges, béants, sans vie, ne reflétait rien. C'était mieux ainsi. Elle rabattit sur sa tête une longue capuche, afin que personne ne puisse apercevoir son regard, et releva la tête.
Elle était sortie.
Elle écrasa sa cigarette, et attendit que sa proie fasse quelques pas, avant de la suivre. Elle finirait bien par l'attirer dans un endroit où il n'y aurait pas de témoins. Doucement, se glissant comme une ombre, elle entreprit sa chasse.
La partie débutait. Les dés étaient lancés. Au fond d'elle, Liirzyn souhaitait que cette jeune femme soit hors du commun. C'était toujours plus amusant, ce genre de situations. Elle tâta une de ses armes, et la caressa du bout du doigt, comme pour la calmer. Elle avait hâte. Ce serait sa 200 éme cible.