Brouillardise [ Pv ]

« Le vent tourne, tourne, et emporte la nuit.
Le vent chante, chante, et sa voix me ravit.
Il s’amuse … avec moi.
Il joue, et glisse entre mes doigts … »

Erwane avala son verre d’une traite, et la sensation de l’alcool lui brûlant le gosier la fit grimacer. Elle était dans un bar, un petit bar perdu, au milieu de nulle part, avec, sur une petite scène qui grinçait, une femme qui chantait.
Elle ne savait pas ce qu’elle était venue faire ici, au milieu de la nuit. On lui avait dit que le bar était hanté, selon une source peu sûre – un ivrogne – et cela l’avait intriguée. Un bar hanté ? Elle n’avait rien vu d’étrange jusque là, et n’osait pas descendre dans la cave ou monter à l’étage seule. Elle se massa les tempes, commandant un autre verre, tandis que la balade douce continuait derrière elle.
Pourquoi venait-elle à tout prix rechercher des sensations fortes ? S’ennuyait t’elle réellement à ce point ? Après avoir vu l’illustre «  Paranormal Activity », elle voulait sans cesse connaître la même expérience. Elle soupira, et regarda dehors. Il ne faisait pas bien beau. Le printemps avait l’air d’ignorer que c’était à son tour d’arriver, et il flottait dans l’air un froid frais, comme une période de transition entre l’hiver et le printemps.

Ce jour là, elle portait une cape brodée, rouge, dont la capuche retombait sur les épaules, avec une longue robe noire. Ce n’était pas très glorieux. Elle passait son temps à traîner ici et là, à essayer de voler des pommes et des bourses, pour ensuite parier cet argent.
Et elle venait d’empocher une belle somme. La bourse encore lourde pendait à son côté droit, et elle savait que le reste de l’argent était bien caché. Elle était tranquille pour plusieurs jours.
Elle but le nouveau verre du bout des lèvres, continuant de regarder autour d’elle, et finalement sortit prendre un peu l’air, une cigarette coincée entre les lèvres. Elle pesta contre le froid, contre son briquet qui avait du mal à accomplir sa tâche, et finalement se laissa envahir par les vapeurs du tabac.

De dehors, elle entendait encore la musique. La place était vide, le brouillard tombait doucement … Elle frissonna. Brrr, une soirée haute en couleur s'annonçait.

[Pardon du temps de réponse, j'avais oublié où était ton début ^^']

Les humains ennuyaient la jeune déesse. Ils n'étaient tout simplement pas dignes d'intérêt à ses yeux. Ils ne faisaient rien d'intéressant, naissaient, grandissaient... On leur apprenait comment vivre dans un moule, ils travaillaient pour agrémenter ce moule qui restait cependant semblable en tous points à celui de leurs voisins, et mouraient. C'était bête, une vie d'humain. Pas de fantasie, pas de remous dans une mer calme, beaucoup trop calme. Mais peut-être se fourvoyait-elle. Peut-être étaient-ils différents de ce qu'elle imaginait. Elle descendit donc de son Olympe, passa le portail et se matérialisa des vêtements. Les mêmes que la première personne qu'elle croisa. En début de nuit, dans un parc... Ce fut une prostituée. Evidemment, naïve, Persephone n'en su rien. Aussi matérialisa-t-elle une très courte jupe, des bauttes aux talons hauts... Qui s'avérèrent être très inconfortables alors elle les troqua contre de petites chaussures plates dont les lacets lui remontaient jusqu'au genou, et d'un débardeur très décolleté. Seulement, elle avait froid. Alors elle matérialisa en plus un large châle en soie, qu'elle passa sur ses épaules. Elle se lança ainsi à la conquête de la ville, ses cheveux bouclées dans le dos.

De fil en aiguille, de rues en rues, elle en vint au quartier de la toussaint. Drôle d'endroit, songa-t-elle. Une musique attira son oreille. C'était grinçant, bruyant... Rien à voir avec le doux chant des Muses auquel elle était habituée. Elle grimaça et s'approcha de la zone du bruit pour la faire taire... Seulement voilà. Sur son chemin, quelque chose de plus intéressant. Heureusement, puisqu'elle envisageait de réduire au silence le bâtiment par un moyen radical. Mais là, elle était distraite. Une petite lueur, incandescente comme le feu, aux lèvres d'une jeune femme.

Persephone s'en approcha avec curiosité, et lui piqua sa cigarette, pour la tourner dans ses doigts avec intérêt.

"Tu es une mangeuse de feu? Ca a quel goût?"

Elle tourna la cigarette dans tous les sens, et finit par poser son doigt sur la partie rougeoyante.

"Aïe!"

La cigarette lui échappa et tomba au sol alors que la jeune déesse tenait son doigt, rougit et douloureux.

( pas de soucis  )

Erwane ne prêta d'abord pas attention à cette femme. Elle l'avait l'habitude qu'une sorte de droguée lui chope sa cigarette, le soir. Mais là, les paroles de la jeune femme l'avait intriguée. Elle se se retourna violemment vers elle, surprise , voulant presque récupérer son petit plaisir du soir - joli surnom pour du goudron, n'est ce pas ? - et ouvrit de grands yeux.
Mangeuse de feu ?

Elle voulut la prévenir de ses actes - jouer avec le bout d'une cigarette n'étant pas recommandé -  mais n'eut pas le temps. Elle se contenta d'ouvrir la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle resta interloquée devant le comportement de l'inconnue. Une nouvelle junkie ? Elle la détailla du regard. Il semblait bien que non. Elle n'en avait ni les yeux, ni l'accoutrement, ni la stature, ni la voix.
Erwane jeta un regard triste à la cigarette gâchée, mais sortit de sa poche un baume, qu'elle utilisait pour soigner les blessures en tout genre. Avec précaution, elle en posa sur le bout de son index, et attrapa doucement la main de Persephone, posant la créme sur la brûlure. Cela l'apaiserait, et elle n'aurait pas de cloques. Elle lui jeta un regard qui se voulait rassurant, un sourire amusé et gêné sur les lèvres.

- Ce n'est pas une trés bonne idée de jouer ainsi avec une cigarette, tu sais. 

Erwane haussa les sourcils. Elle avait vraiment l'air perdue, cette inconnue. Qui était-elle réellement, pour être si singuliére ? " Ne cherche pas les ennuis, souviens-toi d'Hera " se rappela t'elle.

- Vous n'avez pas l'air d'être d'ici, vous, je me trompe ? demanda t'elle d'une voix amusée, tandis qu'elle se rallumait tranquillement une cigarette.