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Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)

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Grayle le pérégrin

Humain(e)

Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)

vendredi 31 janvier 2025, 17:55:12

- Mais quel coin de merde quand même...

Grayle, réfugié sur une branche basse d'un arbre colossal dont il ne connaissait pas le nom, regardait autour de lui. Le soleil de plomb écrasait la végétation des environs, transformant l'immense étendue de la savane en un tableau de chaleur ondulante.  Les herbes hautes jaunes, rouges et orangées se mêlaient aux arbustes noueux des zones marécageuses, qui traversaient la savane comme autant de rivières et d'oasis. Large de centaines de kilomètres de rayon, la savane ardente de Koz-Tarela comptait parmi les endroits les plus dangereux de la région. Nichée entre plusieurs nations terranides, il s'agissait d'une zone tampon, que personne ne revendiquait clairement, faute d'avoir la capacité d'y établir plus qu'un avant-poste temporaire.

En effet, entre les crocodiles géants, les arbres dévoreurs d'homme dont l'écorce était faite de muscles de chair et qui se déplaçaient régulièrement, les araignées géantes ET volantes, les buissons tentaculaires, les dinosaures, les serpents géants, les tigres invisibles et les aigles carnivores nichant dans les montagnes surplombant la savane, Koz-Tarela était un gigantesque doigt d'honneur à la civilisation. Les seuls êtres pensants y évoluant étaient généralement des exilés, des contrebandiers ou réfugiés préférant la discrétion de cette zone échappant à toute surveillance, et quelques aventuriers.

Car, aussi dangereuse soit-elle, Koz-Tarela recélait de trésors naturels. Ecailles servant de bouclier alchimique, griffes utilisées dans les rituels chamaniques, eaux miraculeuses capables de guérir et rajeunir, plantes rares pouvant créer des potions médicinales ou hallucinatoires... les utilisations ne manquaient pas, et les prix pouvaient atteindre des sommes faramineuses. Suffisamment pour tenter quelqu'un comme Grayle, bien que l'argent soit souvent le cadet de ses soucis.

Car c'est la soif d'aventure qui, depuis des siècles, animait l'âme du jeune immortel. Avec lenteur, il essuya la sueur qui coulait sur son front et collait ses cheveux. Il était dans la savane depuis plusieurs jours, arrivant en vue des aires marécageuses. Jusqu'ici, il avait pu éviter toute mauvaise rencontre. Il faut dire qu'un simple humain, fragile et fébrile, n'attirait pas forcément l'attention des monstres locaux, qui avaient mieux à faire que se soucier d'un simple bipède, quand d'autres rivaux s'aventuraient sur leur territoire. Un profil bas, une démarche discrète et rapide lui avaient pour l'instant souris. Il faut dire qu'il n'en était pas à son premier rodéo.

- Bon, la prochaine direction... marmonna-t-il en consultant sa carte, continuant de jeter des coups d'oeil autour de lui, afin de s'assurer qu'un serpent arboricole ne décide de faire de lui son prochain repas. Hum, encore quelques jours de marche avant d'arriver près des pics et cavernes ou, selon les informations de son commanditaire, se trouvait La "Fleur de Vérité Éphémère".

Cette plante permettait, lorsque ses essences sont libérées, de créer une fenêtre temporaire de vulnérabilité émotionnelle et sensorielle. Transformée en poudre de vérité sensorielle, elle était aussi connue comme pouvant provoquer une désinhibition temporaire de 2-3 heures, amplifiant l'empathie, et révélant les désirs profonds. Élixir de séduction, poudres de vérité pour enquêteurs, encens pour rituels shamaniques, les applications étaient nombreuses, et très recherchées par les populations locales. Grayle n'en avait aucune utilité, et les sorciers de l’Académie Lenwë, qu'il avait déjà rencontré il y a quelques décennies,  faisaient confiance à l'immortel, de par sa capacité à... et bien, ne pas mourir même en cas d'erreur. Une fiabilité indispensable dans son métier.

Refermant sa carte, qu'il rangea dans son sac sans fond, Grayle souffla, conscient de l'immense voyage qu'il aurait à faire pour rapporter la plante. Vérifiant que la voie était libre, il se laissa tomber sur le sol meuble de la savane, reprenant sa marche, avançant dans un silence témoignant son expertise. Vêtu de bottes légères, d'un pantalon de orangée et d'une chemise vert kaki ouvertes sur son torse, il avait aussi peinturluré son ses bras, son visage et son torse avec de larges bandes d'onguent, rendant sa silhouette difficile à cerner, se mélangeant avec le paysage, tout en neutralisant son odeur et repoussant les insectes.

Chaque sens à l'affût, il continua sa marche, l'odeur terreuse de champignons en décomposition se mêlant au parfum âcre d'un cadavre de carnosaure à quelques centaines de mètres...

Yukka

Créature

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  • Messages: 33


  • FicheChalant

    Description
    Dernière des Nunaat. Herboriste solitaire, un brin bagarreuse.
    Interdiction de l'appeler Biquette.

Re : Chasseurs d'Éternité (Yukka/Grayle)

Réponse 1 mardi 04 mars 2025, 01:21:57

- Tu n'es pas obligée d'y aller toi-même, tu le sais ?

- Oui, mais je préfère aller la récupérer moi-même. Je pense être la plus apte à ramener quelques échantillons sains et complets. Je pourrai rajouter des observations lors de la cueillette également.

Miuggrayd acquiesce, même s'il affiche une mine inquiète. D'après ce qu'il m'a dit avoir trouvé dans des vieux grimoires de la grande bibliothèque, je vais devoir voyager pendant une bonne grosse semaine avant d'atteindre ma destination, et une fois sur place, cela ne sera pas de tout repos. La Centella Brumatica, également appelée le « Souffle de vie », est une plante que l'on trouve dans un environnement de type inhospitalier. Rares sont les plantes qui fleurissent dans des marécages, et celle-ci est encore plus difficile à trouver. La plante semble être utilisée pour guérir des maux dits incurables, mais les informations sont bien trop minimes pour les valider et pour savoir s'il s'agissait des racines, de la tige, des feuilles, des pétales ou de la plante dans son entièreté qui renfermaient ces dons de soin.

Alors je vais devoir prendre plusieurs spécimens, les plus complets possibles. Il va falloir que je prenne des fioles de conservations aussi...Mh. Je sais lire toutes les pensées qui traversent l'esprit du Miuggrayd. Son visage avait beau être des plus impassibles, j'ai pu apprendre durant toutes ces années, à lire le moindre de ses traits et le plus minime de ces changements. Haaa...Mon père avait les mêmes quand je voulais m'aventurer seule, loin de tous et surtout, sans l'aide de mes frères.

- Tout ira bien, ne t'en fais pas.

- Mon inquiétude ne s'en ira pas parce que tu me le dis, jeune fille. Les années ont beau passé, tu resteras la jeune Nunaat que j'ai ramassé, pleine de neige.

- Rooh ! T'exagères ! , ruminais-je.

Je n'ose pas lui dire plus, au risque de lui balancer des mots blessants, juste parce que ce genre de remarques m'agace. J'suis plus une gamine ! Il n'était pas mon père biologique, mais un de substitution, et moi...La fille colérique et désagréable qu'il rêvait d'avoir. Cela me fait penser que...Je ne lui ai jamais demandé pourquoi il ne trouvait pas quelqu'un pour fonder une famille. Il a beau être un elfe déjà âgé, il était frais comme un gardon ! Il pouvait toujours se créer ce petit foyer entouré de proches de son propre sang. Bref...

- Je reviendrai en un morceau, avec quelques cicatrices en plus, peut-être. De toute façon, si je ne reviens pas, tu vas m'ram'ner par la peau du cul !

Miuggrayd s'approche de moi, sourire aux lèvres, puis me fait une tape à l'arrière du crâne. Je bougonne un peu mais je le comprends. Son geste m'arrache un grognement puis un léger sourire étire mes lèvres foncées. Je ne suis pas la plus familière avec les gestes d'affection, mais on se comprend, lui et moi. Je m'éloigne un peu de lui, préparant mon sac à dos avec mes outils de récolte comme mon sécateur et un plantoir. Je me saisis également de fioles contenant des potions de conservation magique. Il faudrait peut-être que je prenne un deuxième sac pour installer les plantes dedans pour éviter qu'elles ne s'abîment en contact de mes instruments. En voilà une bonne idée !
Je demande aussi à mon ami immortel s'il peut me procurer une reproduction de la plante sur papier, avec une description précise, histoire que je ne me trompe pas lors de la cueillette. Je le laisse s'éloigner, le suivant pour quitter ma chambrée. Alors que lui part vers des salles d'études, je me rends vers les cuisines, allant me préparer des vivres et les ranger dans mon sac. C'est bon, j'ai tout. Une fois que tout est préparé, je me rends à l'entrée de l'Académie où m'attend déjà Miuggrayd. Je lui fais mes adieux, pas de câlins hein, au grand elfe, ainsi qu'à Lenwë, que je ne verrai que dans quelques semaines. Je m'enfonce à grandes enjambées dans les sillons enneigés, traversant les hauteurs familières sans difficulté, à force d'habitude...

Le voyage fut mouvementé. Si le début du périple fut plus aisé parce qu'il s'agissait de terrains que j'avais déjà arpentés, le reste des contrées rendait l'excursion plus ardue. Moi qui avais plus coutume des landes enneigées et des simples forêts et clairières, me voilà dans des terres arides où tout cherche à me bouffer ! Heureusement que ma hache ne me quitte jamais, et que, même sous ce soleil brûlant, ma magie de glace fait son petit effet. Koz-Tarela, terre de tous les dangers ? Du pain béni pour moi, oui ! Mais on ne va trop s'y attarder. J'ai beau avoir plus d'un tour dans mon sac, je ne suis pas venue pour séjourner dans cette savane dangereuse. Mon objectif est bien plus loin, dans cette masse au loin, paraissant telle un mur sombre, comme un orage près à éclater.

Le changement d'ambiance est...grisant. Adieu le soleil tapant sur ma peau claire, bienvenue dans l'empire des moustiques et autres crapauds ! Ce n'était pas une grande touffe d'herbe immense et étouffante qui allait me faire peur ! On tire et on arrache par ici, un coup de machette par là, et ça fait le travail ! Cela avait beau être un tout nouvel environnement pour moi, cela ne faisait que gonfler ma poitrine d'une excitation et d'un engouement que j'avais oublié avec le temps, à force de fouler le sol des mêmes paysages. Mais bon, je ne suis pas là pour la rigolade, ou bien même, pour me défouler. Bien que des bruissements discrets chatouillaient mes oreilles, le silence du marécage ne me trouble pas. J'avance tout de même d'un pas mesuré sur ses terres spongieuse. Je me fiche de cette moiteur oppressante, ni des volées d'insectes avides de goûter à mon sang. Mon regard glacial balaie les environs, analysant chaque détail avec une précision chirurgical. Il faut dire qu'avec le peu d'informations que j'ai sur la Centella Brumatica, je me dois de regarder partout et d'être atte...

- Et merde...

Je n'arrive plus à lever ma jambe gauche...Ni la droite. Mon corps se fait de plus en plus lourd, comme si on se mettait à me tirer exprès vers le fond. Putain de marais et ses boues comme des sables mouvants ! Bon, ne paniquons pas et ne bougeons pas trop non plus. Mes yeux se baladent de droite à gauche, de haut en bas, tout autour de moi à la recherche d'une branche, d'une liane, d'UN TRUC QUOI, qui pourrait m'aider à me sortir de ce merdier ! Je me penche en avant pour agripper du bout des doigts une branche mousseuse, presque glissante. Je m'y accroche comme je peux, tirant avec force pour essayer de sortir mes sabots, mais rien n'y fait. Je ne peux même pas utiliser ma magie, vu que la glace risquerait d'emprisonner mes cuisses et que le sol deviendrait si friable que je m'enfoncerai davantage jusqu'à en créer un énorme trou, pour ne pas dire une tombe...Bon, ainsi agrippée, au moins, je ne m'enfonce plus, mais là, faudrait pas que je m'éternise dans cette position et trouve assez rapidement une solution. Manquerait plus qu'une créature des marécages vienne me faire chier...


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