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EHive & Lira ✦ The Forgotten Lab

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Rosalia Del Tredici

E.S.P.er

EHive & Lira ✦ The Forgotten Lab

vendredi 15 novembre 2024, 09:41:55

Le vaisseau Egide émerge d’une épaisse couche de nuages oranges et poussiéreuses. Au-delà de la vitre, la planète se dévoile en de vastes étendues de roches déchiquetées et de profonds cratères. La végétation étrange scintille faiblement sous le ciel orageux. Les bâtiments, construits autrefois dans un alliage métallique, ont perdu leur éclat. Leurs surfaces sont ternies par des années d’abandon.

Les vestiges témoignent d’une civilisation passée et oubliée dans les confins de l’espace. Par la vitre, le lieutenant Marco distingue plusieurs accès pour appareiller le véhicule dont l’un à côté d’un arbre tentaculaire et d’un bâtiment mieux conservé. Les panneaux de bord se mettent en alerte pendant que le pilote commence sa manœuvre.

ATTERISSAGE IMMINENT. ATTERISSAGE IMMINENT.

L’alerte sonne à travers le navire. Puis le silence vient. Oppressant, il n’est interrompu que par le grésillement des instruments de l’équipage et le faible bruissement de la brise troublée par la descente du véhicule qui se termine en un bruit soudain et brusque. Il s’accompagne d’une secousse qui traverse le vaisseau.

ATTERRISSAGE RÉUSSI

HELLION-7
TEMPÉRATURE MOYENNE DE 17 DEGRE CELSIUS
ATMOSPHERE RESPIRABLE


Le tableau de bord donne les différentes informations pendant que l’équipage se prépare à descendre. Lira est la première. Elle actionne le levier et enfonce ses mains dans les poches de sa blouse blanche. Le commandant Elias arrive derrière elle suivi du sergent Dorian, chargé de leur sécurité. Le reste de l’équipage suit petit à petit.

L’atmosphère est lourde, imprégnée d’un sentiment d’absence. Les habitants semblent s’être évaporés en un instant, laissant derrière eux leurs rêves et le silence assourdissant. Il est brisé par l’équipage, mal à l’aise.

- Vous savez ce qui a pu causer la perte d’une telle civilisation ? questionne le pilote, Marco.
- Nous sommes là pour le découvrir., répond Elias. Lira, tu vas où ?

Il la rattrape. Sa main se pose sur l’épaule de la belle scientifique à la chevelure bicolore.

- J’explore.
- C’est dangereux ! Je t’accompagne.

Un haussement d’épaules répond à son injonction. Lira est connue pour son insolence. Elle est aussi la biotechnologue de l’équipage, spécialiste dans l’étude des espèces extraterrestres et humanoïdes. Ses recherches lui ont valu plusieurs récompenses sur la station orbitale. Elle a une capacité hors norme à approcher et sympathiser avec des espèces hostiles et a plusieurs fois montré les résultats de sa méthode douteuse.

Dans l’équipage elle est la seule femme à ne pas être tombée sous les avances du commandant Elias qui cherche désespérément à la mettre dans son lit. Sa prévenance est seulement intéressée. Dans son esprit, il pense déjà coincer la scientifique dans un coin et réussir son entreprise de séduction. Mais elle est attirée par d’autres espèces que la sienne.

Par hasard, Lira découvre l’entrée d’un souterrain.

- Allons-y ! s’enthousiasme Elias qui entrevoit sa chance d’être seul avec sa coéquipière.
- Si tu veux.

Le tunnel métallique dévoré par la rouille ouvre la voie d’une longue descente monotone. Plusieurs minutes sont nécessaires afin d’arriver au bout. Dans un silence grave, Elias attend toujours sa chance. Lira n’est intéressé que par le mystère enfermé dans cet endroit. Peu convaincue de faire une grande découverte, elle se laisse porter par l’aventure.

Au fond, la porte gigantesque semble figée depuis des siècles. Elle est gravée de symboles énigmatiques. Des fissures courent le long de sa surface mais ne laissent pas entrevoir ce qu’elle cache. A côté un moniteur permet peut-être de l’ouvrir. Lira se penche dessus, cherchant le moyen de le déverrouiller.

- T’es sûre de vouloir avancer ?
- Oui.

Sa voix froide et catégorique ne lui laisse aucune chance. Il commence à comprendre qu’il ne réussira pas son coup maintenant. Le commandant prépare son arme pour parer à tout éventuelle danger. Quand Lira réussit à ouvrir la porte, un long couloir s’éclaire sur plusieurs mètres. Un nuage de poussière s’élève quand Lira s’avance, obstruant leur vue.

- J’avance.

Elle prévient la commande, restée immobile derrière elle.
« Modifié: vendredi 22 novembre 2024, 19:12:19 par Rosalia Del Tredici »

EVHive

Créature

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  • FicheChalant

    Description
    L'EVHive est le résultat de l'altération et de la conversion d'unités de combat très évoluées employées par Tekhos au début de sa guerre contre les Formiens. Elles sont désormais retournées contre elle et se répandent sur Terra.

Re : EHive & Rosalia ✦ The Forgotten Lab

Réponse 1 jeudi 21 novembre 2024, 03:27:12

Perdue dans l’espace. Perdue dans le temps.
La créature n’avait pas tout à fait conscience de sa condition.
Elle se savait seule, cependant.
Totalement isolée.

Elle avait passé la faille et s’était trouvée totalement exclue des nuées, comme si elles n’existaient pas. Pas ici. Ou pas encore. Plutôt que de se perdre dans des raisonnements qui n’étaient pas à sa portée, l’unité comprit très vite que sa survie comptait plus que tout et qu’elle serait favorisée si elle passait à l’action.

Elle était arrivée sur un monde efflorescent où une civilisation globale, divisée en une multitude de principautés tantôt partenaires, tantôt rivales, se torturait dans les affres de la société industrielle, qui dressait petits contre grands, voisin contre voisin, nouveaux contre anciens. C’était une planète en plein essor, mais totalement brisée à tous les niveaux. C’était une planète parfaite pour les moyens de disruption d’une seule unité.

Avec une intelligence primaire limitée par sa seule capacité, elle avait commencé à attaquer des cibles d’opportunité et à se reproduire. Les autorités s’étaient montrées totalement incompétentes pour protéger les populations démunies et enquêter sur les disparitions se multipliant parmi elles. Sans direction du collectif, elle avait fécondé toutes les femelles rencontrées et éliminé tous les mâles, consommant le nécessaire à sa restauration et multipliant les ruches de diverses envergures à travers les bidonvilles.

Avec la multiplication des créatures, l’intelligence de l’unité avait crû. Enfin, elle pouvait dresser des stratégies et s’instruire sur l’état de ce monde. Quand il devint clair pour les premiers indigènes que leurs bidonvilles avaient été vidés et qu’ils tentèrent de se renseigner, elle avait caché sa progéniture et laissé planer le mystère pour semer la mort et le mystère ailleurs. Les princes concurrents avaient fini par se pointer du doigt tandis que les classes populaires prétendaient que la disparition des plus pauvres était due aux poisons répandus dans les sols et les eaux par les riches patrons complices du pouvoir.

Les relations internationales s’étaient détériorées en même temps que l’ordre social. Des conflits avaient éclaté entre plusieurs États et des alliances s’étaient progressivement montées tandis qu’une force policière de plus en plus violente marquait physiquement la division entre possédants et possédés. Une guerre bientôt mondiale avait été suivie de peu par une révolution parallèle, et les armées décimées avaient dû faire face aux désertions, aux trahisons et à la vindicte populaire. Principautés et républiques populaires s’étaient de plus en plus opposées dans une violence inouïe portée par les progrès techniques et par l’effort de guerre.

Invisibilisée par les pertes énormes de ces conflits, les ruches s’étaient étendues. Alors que les indigènes, épuisés, commençaient à parler paix et compromis, la crise entra dans sa phase finale, des centaines de milliers de créatures quittant leurs cités-fantômes et leurs terriers pour une attaque générale et indiscriminée. Tous avaient laissé de côté leurs différents pour faire face et une lutte à mort avait été menée entre les forces de feu et d’acier de la civilisation et les griffes et les crocs des monstres d’outre-monde.

Contre les attentes de l’unité, ses forces avaient été progressivement repoussées par le génie technique sous-estimé des autochtones, qui avaient réussi l’impensable et s’étaient adaptés pour dépasser les créatures. Avec la perte de masse, l’intelligence du collectif faiblit et la guerre avait passé un point de bascule à partir duquel la défaite était devenue impossible. Les indigènes l’avaient compris. Ils étaient devenus plus méthodiques et avaient commencé à revenir en arrière pour comprendre ce qui s’était produit. A force de resserrer très soigneusement leurs étaux sur les concentrations de créatures, ils avaient fini par capturer l’unité originelle.

A partir de là, ce n’était qu’une question de temps avant que toutes les créatures soient éliminées. L’unité avait été conduite dans un souterrain fortifié majeur pour y être emprisonnée et étudiée sous étroite surveillance, et sa progéniture avait été lentement mais sûrement détruite jusqu’à la dernière vie. Les indigènes avaient survécu, mais avaient-ils gagné ? A la fin du conflit, le monde était unifié, mais à quel prix ? La population avait été pratiquement anéantie et plus personne ne savait faire quoi que ce soit d’autre que produire des armes ou les utiliser. Ils s’étaient tant concentré sur le potentiel de destruction que la reconstruction serait le défi qui les détruirait, et en particulier parce qu’à force de détruire, de tuer, d’empoisonner et de brûler, leur écosystème s’effondrait.

On oublia l’unité dans le souterrain, pensant que la laisser là permettrait de la faire mourir de faim un jour. Il fut scellé pour toujours et tous se concentrèrent sur le sauvetage des derniers individus. Deux générations plus tard, les indigènes avaient disparu, malades et affamés, dépassés par leurs méfaits et par les animaux qui reprenaient le dessus.

Et l’unité était restée là.
Silencieuse.
Immobile.

Des décennies avaient passé ; peut-être même des siècles. Doucement, le temps était revenu au présent et la nature, après avoir dépollué les sols, avait réussi à renaître et à dévaster la plupart des vestiges du passé. Même la porte de ce souterrain sans pareil avait souffert et était prête à lâcher lorsque Lira avait décidé de forcer le panneau de commande antique avec son instrument d’un âge futuriste.

En pénétrant les lieux, Elias avait pris les devants, dirigeant le faisceau d’une lampe à forte luminosité alentour, découvrant un long couloir menant à un monte-charges. Évidemment, même fait d’un bon acier et avec une machinerie rustique et robuste, il était devenu inopérant il y a bien longtemps. L’huile avait séché et le carburant des turbines du complexe avait décanté. Dans le noir total, seulement éclairés par leurs lampes, les explorateurs avisèrent le large puits et Elias y lança une fusée éclairante, qui descendit encore et encore, éclairant des niveaux profonds à son passage, mais aussi un escalier serpentant autour du puits d’un niveau à l’autre.

« J’aime pas ça, » grogna le capitaine, qui était définitivement refroidi par cette virée bien moins coquine qu’il l’aurait cru. « Sortons d’ici ! »

Il allait rebrousser chemin quand l’écho de bruits métalliques le fit sursauter. Quelque chose avait bougé dans les profondeurs du souterrain pour se faire entendre jusqu’ici, et Elias n’était clairement plus intéressé. Un stress craintif se lisait dans sa posture comme dans sa voix. Ses mains étaient clairement moites contre les prises en polymères isolants de son arme.

« Ce truc tombe en ruines, » prétexta-t-il. « C’est trop dangereux. Je sors, et je t’ordonne de me suivre ! »
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