On dirait que c'est pas tombé à l'oreille d'une sourde. Déjà que cette chère Madame Stark semble irritée, on dirait que je lui ai donné une porte de sortie. Mais je ne suis pas seule ici, mes collègues sont surpris du fait que j'ai osé faire cette remarque devant le PDG. Ils savaient que je n'étais pas une femme qui se laissait marcher sur les pieds, avec mes remarques, mais ici j'ai sauté du balcon du Kiyomizu.
PDG : "Ou-oui, Madame Stark !"
Il me jette par ailleurs un regard sévère en mode "Dans mon bureau, ce soir", que je réponds avec le sourire, avant qu'il ne parte. Je vais peut-être me faire virer, ce ne sera pas l'idéal, je vais probablement devoir faire l'ogeza pour pouvoir garder mon poste. Juste, j'assume. C'est là que Madame Stark... que je peux pas m'empêcher de rougir un peu en voyant ce qu'elle laisse découvrir, mais je garde pour moi ce genre de remarques. A la place, je regarde le visage de la chère dame en restant professionnelle.
Myumi : "Tout de suite, Madame Stark. Au sein de Jiyû Shinbun, les graphistes comme moi ont déjà une pression à subir. Il faut rendre le journal attractif, parce qu'en cas d'échec, nous sommes des cibles de choix. Apparemment, c'est à cause de nous que le journal a moins de succès que prévu. Maintenant, vous pouvez imaginer cela avec une femme comme moi."
Je la laisse tout assimiler avant de reprendre. J'ai besoin de me décharger, et avec respect.
Myumi : "Il faut savoir quelque chose qui n'est pas unique à Jiyû Shinbun, au contraire, c'est qu'il existe un véritable cercle vicieux dans certaines entreprises, du moins au Japon. Une femme est embauchée dans une entreprise traditionnelle. Elle se fait souvent insulter parce qu'elle est une femme, ce qui est mon cas. Sa ficelle du sac de la patience est si tendue qu'elle finit par se chercher un mari avec un portefeuille suffisamment large pour pouvoir vivre décemment en tant que femme au foyer. Une fois qu'elle a trouvé un mari, elle démissionne à la première grossesse pour se libérer des insultes. Ses collègues doivent reprendre une partie du travail de la femme, ce qui les encourage à insulter les prochaines femmes qui seront embauchées."
Et pour être honnête, je ne peux qu'être le dégât collatéral qui essaie de rester tout en ayant la tête dure. Mais pourquoi je suis restée ? Je la regarde donc avec le sourire.
Myumi : "Mais il y a des difficultés et des plaisirs. C'est pour ça que je suis encore ici à l'heure actuelle."
C'est la réalité du terrain, c'est au moins sous-entendu. J'espère d'ailleurs que le rachat de Jiyû Shinbun se réalise quand même et serait avantageux. Ca va sûrement me soulager de cette peine que je subis depuis ces quelques années.