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La chouette, la vieille et la putain [PV]

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Olympe Polyxena

Humain(e)

La chouette, la vieille et la putain [PV]

mardi 06 juin 2023, 21:57:44

«  Tu aurais pu mourir…le sais tu seulement ? »
«  Mère…je vais bien. »
« Si cet inconnu n’avait pas été présent ? »
« Mère…Henry était simplement ivre. Vous savez bien que… »
« Rien du tout Olympe. Je sais ce que je dis. Cette Ville est dangereuse pour les femmes seules. Tu n’es plus dans ta campagne. Tu n’es plus aussi forte ! »

La nuit semble éternelle dans La Ville. Les reproches de Mère le sont aussi. Olympe est là, à défendre sa liberté, depuis des heures. Quelle idiote. Elle savait que lorsqu’il arrive quelque chose en dehors de la maison, Mère est au courant rapidement. L’altercation avec Henry date de plusieurs Lunes déjà, mais les deux femmes n’ont pas eu de temps à se consacrer l’une l’autre. Les reproches de Mère ont ainsi eu tout loisir de mûrir et ils sortent avec d’autant plus de véhémence que la vieille femme s’est levé du mauvais pied. Et qu’il y a eu une nouvelle agression il y a peu.

« c’est chose courante à La Ville. Vous le savez pertinemment. »
« Pas comme ça. Père a perdu une de ses putes. Un meurtre à été commis et c’est le troisième en cinq nuits. »
« Et vous pensez que Henry… »
« Ne sois pas bête. Tu m’insulte en agissant ainsi. »

C’est vrai. Olympe sait très bien pourquoi Mère est inquiète. Et ce n’est pas la seule. Tout le monde l’est en ce moment. Du moins les habitants de La Ville ainsi que quelques habitués. Car si la violence est courante, elle est rapidement cassée dans l'œuf et il n’y a que rarement des incidents impliquant des pertes humaines et non humaines. L’on doit cette atmosphère à une grande permissivité. Seulement, voilà. Il y aura toujours quelqu’un pour en abuser et c’est ce qui est en train de se produire. Quelqu’un, quelque chose s’en prend aux habitantes de La Ville et il pense sûrement en sortir indemne. Mais à La Ville, on s’inquiète un minimum du sort de ses habitants. Et Mère particulièrement, encore plus de ses putes, encore plus de son aînée.

«  Mère. Je suis désolé. J’aurais dû prendre en compte cela et me faire escorter. »

Mère ne dit rien, se contente de faire un geste de renvoi vers la porte. Elle donne son congé à Olympe et soupir. En fermant les lourdes portes du bureau, Olympe sait qu’elle s’en est bien tirée. Du moins, elle l’espère. Son instinct, lui, lui dit qu’il y a anguille sous roche. Que tout était bien trop simple. Mais la jeune femme a d’autres choses à faire et elle retourne à son travail, laissant Mère seule dans ses appartements.

«  Petite sotte… »
« Ne soit pas si dure avec elle. Tu as été pire à son âge. »
« Ne commence pas. Dis moi plutôt ce que tu as trouvé. »

Un homme de grande taille sort de l’ombre. Costume noir, yeux noirs, cheveux noirs. Le visage joliment taillé, un sourire carnassier qu’il dévoile rarement. Ashmedei est l’homme de l’ombre de la maison close. Aucun membre du personnel de Mère ne le connaît. Pas même Olympe, en qui pourtant la maquerelle a toute confiance. Ashmedei est les yeux, les oreilles, les muscles de Mère.

«  Cela n’à pas été une mince affaire Miranda… »
« Ne dis pas mon prénom ici Ash’… »
« Soit. Mère, cela n’à pas été une mince affaire. J’ai du pousser mes recherches jusque sur Terre. J’y ai suivi une piste qui n’a rien donné de bon… »

Ashmedei s’est approché du mini bar de Mère et prépare deux verres. Il en tend un à la maquerelle qui n’a pas bougé de derrière son éternel bureau en bois massif et se laisse tomber dans le fauteuil en face avec le sien.

«  Mais ? Il faut qu’il y ait un mais. »
« Mais, j’ai potentiellement trouvé la personne adéquate. »
«  Potentiellement ? »

Mère à une voix qui porte, aussi doit elle adoucir son ton pour qu'elle ne soit pas audible au-delà de l’épaisseur des murs de ses appartements. Chose inhabituelle, pour une femme qui s’est fait sa place à la seule force de son caractère.

«  Je n’aime pas ce mot… »
« Disons que je n’ai pas pu parlé à notre homme. »
« Mmm…alors comment oses tu te présenter ici ? »

Ashmedei sourit à la maquerelle derrière son verre. Il prend une gorgée du liquide ambré et fort en goût, avant de répondre doucement.

« Je suis simplement venu te prévenir de son arrivée. Voilà tout. »

Mère déteste ce côté joueur que possède Ashmedei. Mais c’est un moindre défaut au vu des nombreuses qualités qu’il possède. En tout cas, il remplit parfaitement ce pourquoi elle l’a engagé et c’est là tout ce qui importe finalement.

«  Son arrivée ? Mais qui est-ce ? Tu sais que j’ai horreur des surprises. Cela a tendance à me faire angoisser et les angoisses me file de l’urticaire. Sans parler des douleurs et… »
« Je t’ai fait un compte rendu. Calme toi…tu ne vas pas m’apprendre mon métier si ? »

Ashmedei dépose une enveloppe devant Mère, qui s’empresse de l’ouvrir. Elle parcourt des yeux ce qui est écrit et lance la feuille dans la direction de Ash’, se levant de sa chaise pour marcher furieusement dans la pièce.

«  Tu te fou de moi. Il n’y a pas grand-chose sur cet homme. Il n’y a rien en fait. C’est quoi ça ? »
« La copie de ce que je lui ai envoyé. Et il a répondu, mais j’ai égaré la note. Il sera là Mère. Il sera là, parce que vous allez lui offrir ce dont il aura besoin. N'est-ce pas ? »
« Puis-je avoir confiance ? »
« Il faudra bien. Selon ce que j’ai entendu dire, c’est un excellent choix. C’est aussi un des seuls et il me semble que pour toi, c’est urgent. Rencontre le…ça te coûtera quoi ? Et s’il ne convient pas, je repartirai en chasse. Mais essaie de ne pas être… »
« Quoi ? »
« Trop toi. »

Ashmedei n’attend pas la réaction de Mère et prend la forme d’une chouette, afin de s’envoler sans un bruit. Une fois disparu, Miranda soupir et maudit intérieurement l’arrogance de Ash. Vieille et fatiguée, voilà ce qu’elle est. Vieille et fatiguée. Les meurtres dans La Ville sont un souci que Mère aurait aimé ne pas avoir à affronter. Pas à peu de temps de leur fête annuelle de promotion des recrues. Non. Ce n’est pas le moment. Père et Tatie ont renforcés la sécurité dans leur bordel respectifs. Tatie est allée jusqu’à engager des sorciers et des Djinns. Le conseil ne se prononce pas, mieux. Il ne répond pas aux missives. Mère fait encore deux, trois fois le tour de la pièce puis de laisse tomber dans un fauteuil, légèrement essoufflée.

« Vieille et fatiguée…je n’ai bientôt plus l’âge pour ces conneries. »

Pendant que Mère est à son désespoir, maudissant Ashmedei, on se bouscule à l’accueil. Les clients sont affamés, les employés n’ont pas le temps de faire de pause. C’est que Tatie est devenue quelque peu parano et ne laisse pour le moment plus entré que les habitués de son bordel. Père a fermé exceptionnellement pour deux Lunes, afin de faire deuil pour sa prostituée qui a été retrouvée dans un des caniveaux de La Ville. Chez Mère ressemble à une fourmilière avant un orage d’été. On se bouscule, on se chamaille. Les gardes, un anthropomorphe à trois têtes de chien, le gnoll habituel ainsi qu’un ogre asiatique à la peau bleue, doivent parfois sortir par la force les personnes trop imbibées, agressives ou désespérées. Afin de rassurer son personnel, Mère a placé entre la porte d’entrée et celle de l’accueil, quatre des gardiens de La Ville, anciens déserteurs de différentes armées, qui ont pour rôle de retirer les armes aux clients. On entend parfois quelques altercations entre les usagés et les employés. Oui, aujourd’hui, le bordel est exceptionnellement…en bordel.

Une chouette de belle taille s’installe sur un arbre, un des rares qui ait été laissé à l’intérieur de La Ville. Elle observe les passants, cherche celui qui a accepté de rencontrer Mère. Lorsqu’elle semble avoir trouvé sa cible, la chouette descend de son perchoir et apparaît au côté de l'inconnu sous sa forme d’homme.

«  Bonsoir, Je suis Ashmedei. C’est moi qui vous ai convié à venir chez Mère »

Et c'est presque mot pour mot ce qu'il a mis sur la lettre, copie de celle qu'il a fait lire à Mère. Le pourquoi elle se demande encore, posée dans son siège qu'elle a fait tiré face à la grande fenêtre de son bureau, elle fait confiance à Ashmedei.

Mot pour mot: Vous êtes convié chez Mère. Ashmedei.

Sobre, accompagné d'un plan qui mène à La Ville.

Le grand homme a la sinistre silhouette et aux yeux noirs tend une main pâle à l’ancien soldat sans se préoccuper des passants qui migrent chez Mère ou en repartent. Les rues de La Ville sont toujours bruyantes et actives, elles ne se reposent jamais. A ce qu’il paraît.
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 21:29:21 par Olympe Polyxena »

Lee Sin

E.S.P.er

Re : La chouette, la vieille et la putain [PV]

Réponse 1 mercredi 05 juin 2024, 00:48:32

Tout est calme.

Un oiseau se posa fugacement sur l’épaule de Lee, intrigué. Il donna quelques coups de mec dans la nuque de l’aveugle, soit à la recherche de nourriture, soit pour tester sa patience. La douce brise glissa sur sa peau comme une main au toucher de soie, la fraîcheur de la saison le recouvrant de son voile. Le vent faisait murmurer les feuilles qui semblaient ne pas vouloir déranger la torpeur de l’homme, et craquer les branches sans doute trop vielle pour rester silencieuse. De loin, le vagabond devait ressembler à ses statues de moines qu’on pouvait trouver dans les monastères, stoïque, comme de pierre, en fait, on pourrait presque s’y tromper. Depuis combien de temps n’avait-il pas bougé ? Aussi, longtemps, qu’il le fallait pour que l’oiseau envisage de faire son nid dessus. Ce même oiseau qui, comme prit de peur, s’envola brusquement vers les branches qui offrent un bien meilleur refuge.

« Putin t’es difficile à trouver. »

Lee claque de la langue, mais ne bouge pas. « Visiblement pas assez. »

L’invité, un jeune mage de l’académie, s’avachit près de Lee. Il était essoufflé, en même temps, il fallait aller loin des sentiers des commerçants pour atteindre cet endroit, sauvage et vierge de toute présence humaine. Le jeune homme dévisagea l’aveugle qui semblait encore en méditation et brisa une seconde fois le silence si agréable de la forêt.

« Je ne comprends pas pourquoi tu fais cet exercice, ça ne sert ni pour la magie, ni pour… Tes arts martiaux là. »

Définitivement cassé dans sa tranquillité, le corps de Lee se détendit. Dans des amples gestes, il fit craquer une bonne partie de ses os, et soupira autant de confort qu’irriter par son interlocuteur. Ceci dit, s’il était venu jusqu’ici, il avait forcément une bonne raison.

« Parce que tu t’y connais maintenant toi en art martial ? » Il se releva, laissant derrière lui une trace marqué de son passage dans l’herbe, il n’était définitivement pas arrivé il y a une heure. « La méditation est… La corde qui permet justement de lier ma magie à ma technique de combat »

L’autre le regarda perplexe, ne pipant mot en essayant de concevoir de quelle manière dormir au milieu de la forêt pouvait avoir un quelconque intérêt.

« Qu’est-ce que tu me veux Futo ? »

Le jeune mage de l’académie perdit aussitôt son air songeur pour laisser place à un sourire malicieux, bien souvent mauvais signe… Il se releva, ayant fini de reprendre son souffle et s’exclama bien trop fort, faisant fuir les oiseaux qui observaient la scène jusque-là.

« J’ai quelque chose de super intéressant pour toi ! »

« Une mission du conseil ? »

« Non. »

« Un artefact intéressant ? »

« Non. »

Un silence de quelques secondes s’installa entre les deux hommes, et Futo vint prendre Lee par les épaules en ricanant. « Une mission pour toi… Dans une maison close ! T’imagines, tu vas être payé à être entouré de purs canons et sont là uniquement pour te faire plaisir ! »

Lee resta muet quelques secondes, d’un silence pesant, se demandant si l’évident bandeau rouge vif d’un tissu épais sur son visage n’était pas si évident que ça. « Je refuse. »

Futo reprit un air plus sérieux et agita les mains « Attends, attend, attend ! Je plaisante, enfin pas pour la maison close. Un tueur est en train de sévir dans une ville des contrées du Chaos ! »

« Je ne suis pas détective Futo, je suis vagabond. »

« Oui, je sais, mais un mec cherche un garde du corps dans tout Terra. Mais genre pas le premier mercenaire qui vient, il a été demandé à des grosses têtes, et tu as été recommandé par le mage richissime que tu as aidé l’année dernière. Il n’a pas manqué de faire tes éloges. »

Lee caressa son bouc, pensif. « Continu. »

« En fait, j’en sais pas plus, c’est ce mage qui m’a demandé de te trouver, vu que je suis le seul à Nexus à pouvoir le faire ! » Futo ne manquait pas d’afficher une mine fière de lui en disant cela. « Tout ce que j’ai, c’est ça. »

Il lui tendit un morceau de papier que Lee attrapa rapidement, faisant glisser ses doigts dessus pour la déchiffrer.

« C’est simplement l’adresse du rendez-vous. »

« Oui, je sais, mais je sais aussi que c’est très bien payé et que tu manques d’argent ! »

En effet, être vagabond est loin d’être lucratif, même s'il faisait des missions à droite et rendait des services à gauche, il vivait toujours sur le fil. Mais Lee était encore songeur, il n’aimait pas se lancer dans l’inconnu si ça ne concernait pas un artefact magique. Il s’apprêtait à refuser, mais son collègue le sentit et lui coupa la parole.

« Maitre Lykeos a déjà dit que tu irais, en fait, il m’a aussi dit de te dire que tu lui devais bien ça, pour le "cadeau" qu’il t’a fait. »

Lee grogna, il n’aimait pas qu’on prenne des décisions à sa place, mais il avait cette dette qu'il ne pouvait pas effacer simplement. Surtout, il n’avait qu’une parole, et il était assez redevable à ce vieux mage pour que la parole de ce dernier soit celle du jeune homme.

« Très bien, je m’en occupe, mais dis à ce mage de seconde zone qu’il m’a donné l’orbe parce qu’il était incapable de la contrôler et que cette excuse ne fonctionnera pas toujours ! »

Ainsi, Lee disparu habilement dans les bois, comme une ombre, sans un bruit. Laissant seul Futo qui lui se perdrait pendant de longues minutes avant de retrouver son chemin.



Tout était si calme.

L’une des raisons qui poussaient Lee sur le chemin de la solitude des voyages en solitaire, c’était le calme presque quotidien. Il pouvait entendre la moindre chose à des mètres si facilement… Contrairement au brouhaha incessant des villes, il était obligé de se concentrer presque complétement sur ses sens pour ne pas se faire surprendre, ou se faire voler sa bourse. Être aveugle faisait de lui une cible facile dans la tête des gens, enfin sa cécité n’était évidente qu’à cause de son bandeau, car sa démarche assurée et son aisance déconcertante à se mouvoir dans la foule ne laissait en rien présager un quelconque handicap.

Il était presque arrivé à destination, en cherchant son chemin, il avait pu commencer à se renseigner sur le lieu dans lequel il avait rendez-vous. C’était un des trois bordels de la Ville, pas le plus luxueux, mais avec une réputation solide. De ce qu’il avait compris, à cause des incidents des derniers jours, les deux autres soit étaient restreint, soit fermé, les gens n’étaient pas bien sûr et des fois un peu trop bourré pour être clair. À vrai dire, il avait récolté assez peu d’information sur les dirigeants de l’établissement, hormis que c’était une femme, ce qui laissait croire au vagabond que c’est sans doute son homme de confiance qui avait fait les recherches. D’ailleurs en parlant de cela… Il repéra la chouette à l’instant où il quitta son perchoir, en fait, il n’y aurait pas prêté attention si les yeux perçant de l’animal ne le fixait pas depuis de longues secondes. Un comportement bien plus humain qu’animal dans cette ville si agitée.

« Bonsoir, je suis Ashmedei. C’est moi qui vous ai convié à venir chez Mère. »

Lee ne répondit pas tout de suite, se contentant pendant quelques secondes de scruter l’homme. Grand, musclé, mais discret, une légère odeur d’alcool s’échappa des quelques mots qu’il avait prononcé, un détail imperceptible pour le commun des mortels, mais presque évident pour l’aveugle. Il était sans aucun doute quelqu’un de dangereux. Resté à savoir s’il devait se méfier de lui, même en étant dans le même camp. Pourquoi avoir besoin d’un garde du corps ? Cet homme, assurément plus vieux que le jeune mage, semblait pouvoir résoudre bien des problèmes. L’homme au bandeau lui adressa un sourire poli et pencha légèrement la tête pour le saluer.

« Je suis Lee Sin, mais appelez-moi simplement Lee. J’imagine que je suis ici pour rencontrer hmm… "Mère". Ne perdons pas de temps, le voyage jusqu’ici a été long, j’aimerais savoir si je conviens au poste ou non avant de m’établir ici. »

Il devait jouer ses cartes intelligemment, il n’avait pas utilisé un ton provocant en prononçant ses paroles, il se laissait simplement une porte de sortie. Il pouvait encore décider lui-même s’il convenait ou non à la mission qu’ils allaient lui donner, la promesse qu’avait faite maître Lykeos ne concernait que sa venue. L’aveugle se dirigea alors vers le bordel, en se retournant vers son comité d’accueil pour lui demander de passer devant, ce dernier avait disparu aussi vite qu’il était arrivé. Lee soupira et se caressa le bouc, il allait devoir finir le chemin seul.

Il entra se présente à l’accueil de l’établissement, se frayant un chemin habilement entre toutes les personnes. Il osait croire que ce n’était pas tous les soirs ainsi, et il espérait surtout que le poste à pouvoir n’était pas de rejoindre les rangs des trois gardes aux allures, disons originales. Mais ce qui le frappa plus que le monde, c’était l’odeur. Le mélange de sueur, d’effluve d’alcool, de parfum, tout se mélangeait pour former une masse odorante, difficilement supportable, et pourtant le vagabond avait dormi une paire de fois dans des écuries. Mais l’odorat bien plus sensible de Lee n’était pas toujours un avantage. Perdu dans ses pensées, une grosse main lui attrapa l’épaule, l’ogre, qui était bien plus grand que lui, l’empêcha de continuer d’avancer.

« Fais la queue comme tout le monde. »

Ce maudit majordome n’aurait pas pu venir avec lui pour faciliter les choses ?  « Je suis attendu par… Mère »

Les trois gardes se regardèrent tour à tour, visiblement personne n’avait prévenu qu’un visiteur allait se présenter ce soir. On lui demanda de se mettre sur le côté pendant que l’information était vérifiée. Lee patienta en scrutant la danse humaine qui ne cessait devant lui. Des hommes, des femmes, beaucoup d’humains, mais pas que, allant et partant à un rythme épatant, jouant des épaules pour voir sa favorite le temps d’une heure. Certaines femmes, et même des hommes lui jettent un regard aguicheur, il est vrai qu’il n’avait pas la tenue la plus judicieuse pour venir dans ce genre d’endroit, portant simplement un bas noir, ample, avec une ceinture de tissu rouge, tombant devant lui et sur ses cuisses. Une tenue simple qui permet à Lee d’être libre de ses mouvements en toute situation. Ainsi, on pouvait voir ses nombreux tatouages serpentant sur son corps, en fait, ils devaient simplement penser que le mage travaillait ici…

« Suis-moi. »

L’une des montagnes de muscles l’invita alors à entrer dans la maison bien agitée. En marchant à travers le bâtiment, il mémorisait chaque couloir, chaque pièce, la moindre fenêtre, il devait avoir le maximum d’informations avant l’entretien. Maintenant que le brouhaha de l’accueil devenait plus sourd, Lee entendait les gémissements, les cris et le bruit des meubles qui grinçaient contre le sol, la maison elle-même semblait bouger. Parfois, c’étaient plutôt les bribes d’une conversation de quelqu’un qui se confiait et couinait en parlant la pauvre vie qu’il menait. Cependant, au milieu de toute ses chambres grouillant de vie, l’une était bien plus calme, presque pesante. Son escorte s’arrêta devant et frappa à la porte avant de s’en aller. Quand on l’invita à rentrer, Lee ne se fit pas prier et s’introduit dans le bureau. Il était temps de rencontrer celle qui se faisait appeler "Mère’"


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