Pendant un court, infime et merveilleux instant, Elynie avait en elle une fierté hors du commun. La victoire s'était présentée à elle avec une telle évidence qu'elle aurait bien put sauter de joie, si elle n'était pas actuellement étendue au sol, sa tenue ouverte, comme si l'on venait de la priver de sa vertu. En tout cas, son ultime attaque verbale, son appel à la mage qui se trouvait, elle l'espérait, à l'extérieur de la tente, avait pour fonction de définitivement clore toute cette histoire de tournage autour, chose qui semblait exceptionnellement bien se passer. Surtout que la fausse elfe l'entendit, même tout bas, dans l'herbe rase de la plaine : le bruit des pas délicats, légers, encore hésitants mais surtout affaiblis par toute ces émotions, de Maxine. Sa forme se glissa au travers de l'entrée de la tente, tandis que d'un mouvement plein de pudeur, la prêtresse rabattit sa tenue sur son corps afin d'en dissimuler les charmes révélés. Action presque inutile, Elynie le remarqua facilement, car la mage n'avait d'yeux que pour le jeune et preux jouvenceau qui se tenait un peu plus au fond de l'abri nocturne.
Des regards sans mots, des aveux sans gestes. C'est bien tout ce que constatait la demoiselle aux cheveux blonds tandis qu'elle détaillait de haut en bas ces deux empotés. L'un n'osait plus bouger, le membre en érection pointant fièrement, comme pour appeler la demoiselle en chaleur de se jeter dessus, tandis que l'autre tremblotait et se contorsionnait dans l'entrée, encore indécise quant à la manière de le rejoindre. Rapidement pour Elynie, le succès de son opération, la fierté de son piège malicieux, le goût délicieux de la réussite absolu tourna à l'aigreur. Non, décidément, maintenant qu'elle avait remportée la victoire il n'y avait plus rien dans la situation qui la satisfaisait. Non seulement ils l'ignoraient copieusement, mais en plus de voir ces deux personnes en émoi alors qu'on avait très indélicatement rejeté ses fausses mais pourtant convaincantes avances, ça lui montait la moutarde au nez à vitesse grand V. Alors, sans autre signe de sa présence, elle roula au sol pour se redresser, tandis qu'elle entendait la mage rejoindre enfin les abords de sa flamme.
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.. Je...hum ... Rien n’est gâcher... Ulrick. "
Ah non, elle ne voulait pas rester une seconde de plus. Se redressant rapidement, ne faisant même pas attention à l'état de sa tenue qu'elle était bien loin d'avoir convenablement repositionnée, Elynie quitta de quatre pas rapides la tente, s'enfuyant immédiatement. La toile couvrant l'entrée voleta subrepticement à son passage, puis elle eut le bonheur d'enfin s'éloigner du couple, tout autant que de la zone de campement des membres du groupe de mercenaire. Pour l'instant, elle ne fit que mettre de la distance, autant pour leur intimité que pour son propre bien personnel, puis une fois qu'elle se sentit suffisamment éloignée, elle se laissa tombée dans l'herbe, les pans de sa tenue cléricale s'effondrant en cascade de chaque côté de son corps. Elle sentait le vent délicat et frais sur sa peau dévoilée, sur la ligne délicate de ses seins, entre ses cuisses pourtant à peine entrouverte. Voilà bien une fraîcheur salutaire, malgré tout l'ensemble de cette situation l'avait particulièrement échaudée. Elle allait avoir besoin d'un certain temps pour que sa propre chair se remette de la situation, mais ce n'était pas grave. La nuit resterait longue, le repos salutaire ... du moins pour elle.
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... Cette fois... on ne fuit pas.... "
Elle s'approchait. Complètement éberlué par le retournement de situation, Ulrick n'avait rien sut faire. Il n'avait pas eut de gestes pour se couvrir, pas eut de gestes pour s'éloigner, pas eut de gestes pour essayer de faire comprendre sa confusion pourtant évidente au vu de son immobilisme. Il était resté là, rougissant et pantois, tandis que la divine demoiselle l'avait rejoint, s'était installée auprès de lui, puis lui avait confiée quelques mots à l'oreille avec tout le courage du monde. Etait-il lâche de ne pas savoir comment réagir ? Il ne le savait pas, mais quand elle mit un point final à ses doutes, quand la mage s'approcha de lui de plus en plus clairement, qu'elle fit l'effort de couvrir les derniers centimètres qui les séparait, quelque chose commençait à s'embraser au creux de sa poitrine. Ses lèvres, elles étaient à un souffle. Il eut la volonté de bouger, mais elle le prit d'avance, se glissa jusqu'à son visage, croisa son regard juste avant de venir apposer le pulpeux de sa chair sur le berceau de ses mots. Elle le priva du droit à la parole, mais lui offrit, en cet instant, le droit d'écouter ses émotions.
Ses bras agirent en premier. L'un se glissa dans son dos, l'enveloppant avec tendresse pour l'attirer à lui délicatement, sans force, simple moyen de lui communiquer une réponse positive à ce rapprochement. Puis, bien plus audacieusement, l'autre main alla chercher la chevelure bleutée, s'y glissa pour accompagner d'un geste honnête le baiser. D'une première embrassade chaste, le second baiser vint du soldat, qui ne sut contenir son désir en déposant une seconde fois, une troisième, une quatrième même, ses lèvres sur les siennes. Une fièvre qui s'emparait de lui et l'empêchait de se contrôler envahissait sa psyché, mais il n'était pas homme à agir tel le dernier des brigands. Si ses doutes s'évanouissaient, si ses pensées se concentraient en un seul objectif, son instinct, lui, lui rappelait que nulle femme ne devait être maltraité, encore plus quand les jeux de l'amour étaient engagés. Alors, délicatement, il s'éloigna, non sans garder son bras autour de sa taille, puis il prit enfin le contrôle de son verbe pour répondre au courage de Maxine.
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Pardonnez moi Maxine, je n'ai pas su... Pas su voir l'émotion qui comme moi vous étreignait. "
Cette main qu'il gardait en ses cheveux quitta le support délicat pour glisser alors vers la joue de la mage, le pouce y passant avec délicatesse, puis le reste de ses doigts, avant qu'il n'y appose sa paume dans un geste plein de tendresse. Ses grands yeux verts vinrent se poser dans le regard de Maxine, le doute ayant définitivement quitter ses mirettes pour y laisser alors une pleine détermination. Cela lui donnait un autre genre, bien plus direct, bien plus assuré, peut-être déstabilisant pour la belle mage, mais qui démontrait enfin la capacité de ce damoiseau à assumer sa position une fois que tout semblait aller en son sens. En d'autres occasions, peut-être se serait-il sentit misérable d'agir ainsi, mais dans l'instant, seul comptait ses prochains mots, qu'il énonça avec la plus grande honnêteté possible.
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Dame Ma... Non, Maxine, souhaites-tu... Que nous partagions la nuit ensemble ? Veux tu que je te serves à la hauteur des émotions que tu m'évoques ? "
Une chose était sûre pour le damoiseau, même si il était parvenu à repousser les provocations charnelles de la prêtresse, elle l'avait laissé dans un état d'excitation terrible dont seule la morale lui permettait de lutter contre. Il ne pouvait garantir de rester aussi sain d'esprit par la suite, aussi il était évident que dans la situation qu'il vivait, il ne pouvait progresser sans s'assurer de la pleine volonté de Maxine à participer à ce rapprochement. Pourtant, il n'attendait au plus profond de son coeur qu'un oui de sa part. Un oui qui lui permettrait de diriger ses doigts vers la superbe poitrine de la demoiselle, pour que ses mains lui ôtent cette barrière de laine qui l'empêchait de goûter à la chaleur de sa peau. Un oui qui lui permettrait de ne plus se contenir et de projeter sur la magnifique dame aux cheveux bleus l'ensemble de ses désirs, qu'il s'agisse de la posséder, de la faire sienne, qu'elle s'abandonne à ses baisers et l'accueille en elle, afin de plier moralement sous les assauts de sa masculinité. Il était à bout d'ailleurs, sa respiration s'accélérant graduellement tandis que tout son corps se tendait.
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Merveilleuse, sublime Maxine, vois mon état, je ne saurai rester calme encore bien longtemps. Libères moi ou achèves moi, je t'en conjure. "