Le divorce de ses parents était intervenu de manière brutale, un véritable tsunami dans la vie de l’étudiante. Son père en était que plus détestable, elle l’évitait comme la peste. Et sa mère ? Elle n’avait attendu qu’une semaine ou deux pour refaire sa vie avec un prêtre protestant, l’inviter chez elle et le présenter à son enfant. Leur rencontre s’était limitée à une seule soirée, écourtée par le travail nocturne de l’étudiante. Mais elle lui accordait un charme certain, malgré son âge mature. Et Ava s’en trouvait impatiente de rallier la maison familiale lors des vacances d’été.
Son logement délaissé pour faire des économies, elle venait habiter deux mois avec le nouveau couple. A peine arrivée, dans cette immense villa au bord de mer, la blonde s’étonnait que rien n'ait changé. Gagnée lors l’impitoyable bataille juridique, elle s’attendait à ce que sa mère se soit amusée à déplacer les meubles, retirer les décorations qu’elle n’avait jamais tolérées, immondes à son goût. Peut-être était-elle trop occupée à fricoter avec son nouvel ami religieux. La demoiselle n’irait se plaindre. Au moins, elle ne se retrouvait pas dépaysée.
Après avoir fait un premier tour dans la demeure et délaissé sa valise dans sa chambre à l’étage, elle se dirigea vers sa propre salle de bain : une douche méritée après son court voyage. Les minutes défilaient alors que la blonde se prélassait sous l’eau. Vêtue d’une simple serviette, enroulée autour de son corps, elle se baladait librement dans la maison, habituée à faire bon lui semblait. Les escaliers pris, elle descendit vers le salon immense et sa cuisine accolée. Des baies vitrées ornaient chaque mur, donnant l’impression de vivre dans un véritable aquarium de lumière. L’une d’entre elles était une porte menant à la magnifique terrasse et piscine de la villa.
Elle avait coûté si cher à son père qu’il était risible de la voir tomber entre les mains de sa mère. Mais, Ava s’était promis de ne pas prendre partie et de s'installer confortablement sur le canapé. Quoiqu’il arrive, elle en serait l’unique héritière. Assoupie devant des émissions absurdes, l’étudiante entendit la porte s’ouvrir derrière. Sa mère arrivait, aux bras de son nouveau compagnon. La jeune femme se redressait pour les saluer, un léger sourire aux lèvres.
Mais l’étudiante s’attira immédiatement les foudres de sa mère.
« Habille-toi tout de suite ! »
Sa voix s’écrasa contre les parois vitrées. Mais avant que son sermon ne continue, son téléphone sonna : le travail. Depuis le divorce, elle avait décidé de reprendre sa vie professionnelle en main. N’ayant plus l’âge d’être mannequin, elle faisait maintenant partie d’une agence dénichant les talents de demain. Aujourd’hui, son aide était requise pour une réunion de crise. Peu rassurée de laisser son insupportable enfant avec le prêtre, elle ne put refuser l’appel urgent.
« Merde. Ava, va t’habiller. Elle se tourna vers Yves. Je suis désolée de te laisser. Si y a le moindre problème, appelle-moi. »
Rapidement, elle tourna les talons.
L’étudiante seule face à son nouveau beau-père voyait là la parfaite occasion de faire connaissance et de tromper l’ennui qui se profilait lors de ses longues vacances. S’approchant de lui, elle brisa le silence :
« Les habits sont-ils si importants, mon père ? Il me semble qu’Adam et Eve n’étaient guère vêtus. »
La retenue s’était effacée pour laisser place à une rare audace.