Sauvé in-extremis par mes deux charmantes bienfaitrices, que je suspectais jusqu’alors d’abriter une menace latente, je me redécouvrais assis sur ce trône improvisé, constitué d’algues et de pierres, et en agréable compagnie. Deux déesses, animées par les meilleures intentions du monde à mon égard, gagnèrent ma confiance et me prodiguaient un certain réconfort, oui. Je n’avais aucune honte à admettre qu’elles ne me laissaient pas de marbre, et que leurs facéties et leurs malices, naguère si dérangeantes à mes yeux, en devenaient presque agréables. N’allons pas croire que je tombais amoureux, hein. Mais je sentais que j’allais prendre du bon temps avec elles. Avec ces nymphettes visiblement très affamées… Avec Glannon et Olwen. Je saurai les distinguer, dussé-je m’y reprendre à de multiples reprises.
Mes paupières s’agitent. J’émerge de nouveau et redécouvre deux jolies faces poupines. Elles sont si proches de moi, ne craignent rien, pas le moindre plan tordu pensé par une créature de la nuit justement, et émanant d’un aussi grand taré que moi. Car des coups de pute, j’en ai fait. Oh que oui ! Combien de fois j’ai dupé d’honnêtes gens en feignant la maladie ou la faiblesse ? Cela dit, c’était normal. Peu s’en sortent vivants pour en témoigner.
Enfin, passons outre cet instant de nostalgie absolument superfétatoire. Après un petit temps de latence, j’élabore une réponse.
« Oh, merci, encore… Et non, désolé ! Je préfère largement ce réveil à ce sommeil funeste. »
La réplique ne brillait guère par son originalité, j’en conviens. Si je fus réceptif au trait d’humour de Glannon, à qui je dédiais un sourire de beau garçon, tendre, rayonnant d’une certaine gaieté, celle de sentir son corps vivant, en relative bonne santé, et contre lequel se blottissaient deux ravissantes déesses, aussi coquines que serviables, je n’étais qu’à moitié surpris qu’elles aient identifié ma véritable nature.
« Et sinon, sauf si vous prêchiez le faux pour savoir le vrai, comment saviez-vous que je suis un vampire ? »
Je formulais ma question de telle manière qu’elles ne se sentent pas agressées. Qui a dit que j’étais un être rustre, indélicat, et incapable de la moindre douceur ? J’introduisais aussitôt mes mains, mes doigts, à la fois si brutaux, si graciles et si habiles, dans leurs épaisses crinières écarlates. Puisqu’elles jouaient les rôles de petites maîtresses attentionnées, je les gratifiais de mes caresses, veillant à trouver le sens de leur orientation capillaire.
« Surtout, je ne suis pas seulement un vampire. Je suis également un Elfe, mesdemoiselles. »
Abstraction faite du sang humain qui coule dans mes veines. Moi aussi, mes oreilles étaient… « spéciales », du point de vue des Homo Sapiens. Mes congénères sylvains vénéraient les nymphes, qu’ils assimilaient aux esprits ancestraux. C’était probablement cousu de fil blanc, mais peut-être qu’elles me prirent en pitié à cause de mes origines, ou par proximité ethnique. Les Elfes sylvains et les nymphes dérivaient d’une souche commune, d’après les légendes.
Cela, c’était un raisonnement boiteux qui tiendrait plus ou moins la route en présence des Hommes, une race particulièrement réceptive aux idées tribales, patriotiques, nationalistes. S’il fallait comprendre le cheminement de pensée d’un couple de divinités multicentenaires, je n’étais pas sorti de prison… Je rencontrais des difficultés à les comprendre, surtout lorsqu’elles évoquent le concept de « seconde chance ». Cela, je n’y crois pas un foutu mot. C’est la rhétorique habituelle de la flicaille, des juges, des matons, et de ces sales putes de bien-pensants. Qu’attendaient-elles de moi, sinon un remerciement, suivi d’une étreinte passionnée ? Au meilleur de ma forme, je serai en mesure de les satisfaire, plusieurs jours consécutivement, je vis leurs yeux s’illuminer à cette perspective. Quoique. Pas besoin de sortir des explications capillotractées, sans mauvais jeu de mot par rapport aux caresses que je leurs prodiguais. Appliquons les principes du Rasoir d’Ockham. J’avais possiblement affaire à un couple de nanas en mal de sensations fortes après des siècles de préservation d’un domaine forestier perdu dans les temps.
Même ainsi, affaibli, je les regardais d’un air gourmand, tel un gosse à qui l’on tend deux friandises appétissantes. Mon sang maudit m’incitait à la débauche et aux excès. Il me commandait de les mordre afin d’accélérer ma guérison, puis de donner satisfaction à mes penchants libidineux. J’avais très envie de ces deux filles.
D’ailleurs, mes doigts descendirent petit à petit vers les aréoles de leurs seins, que je titillais doucement, dans l’unique but d’ériger leurs tétons et vérifier leur excitation. Leurs poitrines, fermes et abondantes, rencontraient mes pecs. Je n’avais aucune difficulté à me mouvoir, du coup.