Ignorant absolument tout des propriétés de ces bains, je me glissais avec félicité dans la fraîcheur de cette eau qui nettoyait toute impureté. L’eau qui immergeait mon corps était délicieuse. Fermant les yeux avec bonheur, je savourais cette entracte comme il se devait. Je me sentais repue, en glissant un pied dans le bain. Et pourtant, à mesure que j’entendais les clapotis de l’eau contre ma peau, cette boule de désir qui s’était apaisée retrouvait de la vigueur. En même temps que je me ressourçais, je retrouvais cette envie lancinante qui me taraudait depuis ma rencontre avec Helel.
Mes paupières se soulevèrent au son de sa voix grave, d’ailleurs, et c’est avec une admiration non feinte que je l’observais approcher et se glisser à son tour dans le bassin. Buer, le magnifique Président aux traits félins, ne tarda pas à s’excuser, retournant à son quotidien après cette pause pleine de jouissance. Un sourire incurva mes lèvres, alors que je le saluais joyeusement. En seulement quelques heures, j’avais plus appris qu’en toute une vie. J’étais plus heureuse que je ne saurais l’exprimer.
La main d’Helel qui se posa contre mon ventre me fit frissonner, comme s’il m’avait caressée à nouveau comme il savait si bien le faire. Je me laissais aller à son étreinte, ma peau réagissant furieusement à son contact. Les teintes bleues et grises semblaient se mouvoir, se nacrer, se colorer d’un pourpre plaisant. Mon sourire s’élargit, dévoilant mes dents aiguisées dans un rictus approbateur. Je me laissais fondre de l’intérieur contre le démon, ignorant presque les succubes qui paradaient, languissantes, presque jalouses de l’attention dont j’étais l’objet.
A chaque effleurement, à chaque claquement dont me gratifiais le Grand Duc, je tressaillais, laissant un soupir de contentement s’échouer contre son torse puissant. Chacune de ses paroles m’électrisais, que ce soit par le sens qu’elles contenaient, ou par l’intonation qu’il avait. Entre ses doigts, je n’étais qu’une poupée, uniquement constituée de terminaisons nerveuses hyper sensibles. Son musc de mâle remuait quelque chose en moi, me donnait envie de me dépasser plus encore pour le voir grogner de plaisir, de satisfaction. Etait-ce cela, le vrai pouvoir des démons ? Pouvoir corrompre par leur seule présence ? Entraîner leurs proies dans un tourbillon de pêchés plus orgasmique encore que tout ce qu’ils pouvaient avoir connu ?
Je me laissais subjuguer sans résister. Un halètement salua l’effort de ses doigts contre ma poitrine sensible alors que je levais les mains pour m’accrocher à lui. A ses côtés, je me sentais vulnérable, mais paradoxalement en sécurité. Je me sentais libre et femme, et j’adorais ça. Alors que je penchais la tête sur le côté, ivre de son souffle contre ma peau, il agrippa mon cou sans forcer, et c’est bien volontiers que je reconnaissais l’emprise qu’il avait sur moi, mon esprit et mon corps.
Comme pour saluer ses paroles, et ses gestes, un gémissement d’envie m’échappa, faisant écho au claquement de sa grande main contre mes fesses rebondies. Mes dents agacèrent la pulpe de mes lippes tandis que ma prise sur ses épaules se renforçait. Relâchant ma nuque raidie vers l’arrière, je plongeais mes prunelles azurées dans les siennes, me perdant un instant dans la luxure qui émanait de son regard.
« J’aimerais, commençais-je, frémissante, J’aimerais te goûter encore… Te sentir te libérer entre mes lèvres… »
Ma voix n’était plus qu’un gémissement alors que mon corps s’arquait, se collant contre lui. Mes doigts glissèrent de ses épaules à ses bras traçant le contour de ses muscles puissants, jusqu’à ce qu’ils dérivent vers ses flancs. Je n’hésitais pas à laisser courir mes ongles contre sa peau hâlée, sans le griffer, et je finis par arriver à cet attribut viril, fièrement tendu, qui me passionne.
Mes lèvres se posent lascivement sur la clavicule du démon, et embrassent presque tendrement chaque parcelle de peau qu’elles explorent, descendant chaque fois un peu plus vers le sud. Du bout de mes dents, sans lui faire mal, je mordille un téton, gourmande et féline, et je continue mon avancée. Je m’interromps un instant, arrivée à son sternum, pour lui lancer un regard langoureux. L’envie irrépressible de le sentir entre mes lippes gonflées doit se lire au fond de mes yeux.
« Je veux que tu me marques, que jamais je ne puisse oublier ma visite au Palais… Que tu me possède totalement… Que tu sois aussi ivre de plaisir que je le suis… »
Un petit rire de gorge m’échappa, alors que je plaquais ma lourde poitrine contre son torse mâle.
« Je suis ta servante, en ces lieux… Ton obligée… Un soupir langoureux interrompit un instant mes paroles. Apprends-moi… Tout ce que tu sais mh ? »
Et mes lèvres viennent reprendre leur descente voluptueuse, parsemant leur avancée de petits coups de langues et de mordillements tendres. Finalement, je m’immergeais complètement dans l’eau pour m’emparer de ce sceptre viril. Etant une déesse, peu m’importait de respirer ou non. Ce n’était que des réflexes humains que j’avais acquis au fil des années. Je luttais contre cette sensation d’étouffement, un instant, avant que mon corps ne s’y fasse. Ouvrant grand la bouche, j’happais ce gland brûlant entre mes lippes affamées, le suçotant un instant tandis que l’eau m’arrivais juste au-dessus du nez, ne laissant que le sommet de mon crâne et mes yeux d’émergés. Peu à peu, plantant mon regard dans celui du diable, je l’aspirais plus profondément dans ma gorge jusqu’à réussir à frôler son aine du bout de mes muqueuses taquines.
Qu’il prenne le contrôle, ça ne me dérangeais pas. En attendant, je m’appliquais à déguster cette virilité roide avec ce savoir-faire que je ne devais qu’à mon instinct, n’utilisant que ma bouche pour laisser mes mains libres de s’agripper aux flancs d’Helel et ainsi me retenir.