~ Un sublime paysage se dessinait sous le regard de l’être du Chaos. Il n’admirait pas la nature depuis un point culminant ou encore une belle exposition d’art. Non, il préférait se plonger dans des paysages bien plus primitif, expressif, personnel, lubrique, humiliant et dégradant pour plus d’une personne.
Confortablement installé sur un lit, sa croupe s’enfonçant dans les draps. Ses pieds au sol, dévoilant sa posture, assis au bord du lit, cuisses écartées. Mais pour quelle raison ? Fort simple, une demoiselle se trouvait entre ses jambes. Elle était à la frontière de la jeunesse, pénétrant presque dans les prémices de son âge d’or. Une chevelure blanche, des oreilles démontrant clairement son origine bien éloignée de l’humanité. Un corps plus que charmant et qui ferait baver bien des hommes. Mais cela n’était qu’un détail pour lui, l’élément le plus important restait ce qu’elle accomplissait.
Son corps était en action, il serait plus exact de dire que ses lèvres et son visage était au cœur des mouvements. Elle était attelée à tailler une pipe à Chaos, semblant prendre beaucoup de plaisir à cette tâche, son regard lubrique confirmant bien des choses. Les mains du Dieu se trouvait sur sa tête, à l’accompagner dans ses mouvements, comme si son but était de l’éduquer. Son autre comparse, lui, se tenait au-dessus, détenant entre ses doigts un téléphone, filmant la scène, avec un grand intérêt. Subitement, ses doigts se stoppèrent dans sa crinière pour la forcer à relâcher sa hampe. Il faisait en sorte que son visage soit parfaitement cadré.
« Alors dis-moi ! Que préfères-tu ? Ton fils ou sucer la queue de l’homme qui le tourmente à l’école ? Choisis bien ! »
Quel fils ? Quel tourmente ? Comment Chaos s’est-il retrouvé dans cette situation ? Cette histoire remonte un peu plus tôt. ~
Un moment banal, une journée typique pour l’être divin. Il s’était rendu à son lycée, poursuivant sa simple vie d’élève, sans histoire apparente. Il faisait en sorte de se fondre dans la masse, tout en attirant l’attention sur lui, devenir le petit chouchou, l’idole du lycée. Espéré avoir enfin toute l’attention qu’il désire, se sentir reconnue pour ce qu’il est et pense être.
Du moins, les choses auraient dû se passer ainsi. L’horloge était parfaitement calibrée, la mécanique huilée, mais malgré tous cela, un petit grain de sable osa de glisser dans le mécanisme de la petite vie tranquille de Chaos. Comme à son habitude, Chaos s’occupait de faire régner l’ordre dans l’établissement, rappelant à chacun sa douce place dans ce monde. Les dominants, les dominés et bien entendu les moutons. Le Dieu appartenant à la classe des dominants, il guide les moutons en leur montrant l’exemple à ne pas suivre avec les dominés et leur offrant ces pauvres personnes comme pâturages pour se soulager. Durant cette petite ronde, ce petit exemple du matin, alors qu’il mettait à mal un dominé en lui offrant des coups salvateurs, un berger décida de montrer les crocs.
Ces éléments perturbateurs, ce que Chaos nommait les bergers, des êtres voulant mettre fin à l’ordre établie, naturel des choses. Il détestait cela, il ne désirait que l’harmonie et ces gens venaient briser son petit monde. Un gamin du nom de Tethys, voilà le berger du jour. Lui aussi, il devrait le remettre à sa place, faire en sorte de le guider comme il se doit. Mais il devait faire cela à l’égard des yeux indiscrets, comme pour les autres dominés.
Heureusement, le terrain qui se présentait à lui était parfait, personne aux alentours. Chaos se fit simplement craquer les doigts et frappa l’énergumène au visage. Il pensait que cette simple frappe viendrait à calmer les ardeurs du blanc chevalier. Mais rien de cela, il se prit un revers de médaille, un assaut de la part du berger. Il détourna la tête sous le coup, choqué par cette veine résistance et surtout son culot d’oser porter un coup à son si joli visage. Hargneux et furieux, il se retourna et délivra coups sur coups à cette infâme pourriture à ses yeux. Même les moutons qui le suivaient se mêlaient au jeu, afin de ne lui laisser aucune chance de se relever.
Une fois satisfait, il laissa ainsi traîner au sol le nouveau dominé de l’école. Il épousseta ses affaires, sa joue lui faisant encore horriblement mal et étant même légèrement gonflé. Il s’en allait alors fier comme un coq en apparence, mais blessé dans son ego par la revanche de celui-ci. Il ne pouvait laisser passer un tel désordre dans ce petit royaume parfait qu’était le lycée pour lui. Il devait trouver un moyen de faire payer à ce garçon son comportement, lui faire comprendre que si l’on osait lever le petit doigt contre lui, les conséquences seraient lourdes.
En repartant, le Dieu posa des questions à ses fidèles, voulant savoir d’où sortait ce petit impertinent. Il faut dire qu’il s’intéresse peu au nom des personnes n’étant pas capable de devenir possiblement son égal. Il retenait bien des choses, son nom, son prénom, sa classe et même quelques propos amusant sur sa famille, autant sa sœur que sa mère. La beauté de cette dernière étant souvent indiqué. Curieux, il en demanda un peu plus, voulant savoir certains détails. Une idée de vengeance venait de germer dans son esprit. Il s’en prendrait à sa mère, à ses proches pour le remettre à sa place.
C’est donc information en main, qu’il décida de sécher le reste de la journée, la matinée arrivant déjà à son terme pour lui. Il déambula dans les méandres de la ville, passant de ruelle en ruelle, évitant les grandes avenues, ne voulant pas se faire remarquer avec son uniforme. Il connaissait la ville sur le bout des doigts, l’explorant toutes les nuits quand il n’est pas occupé à s’amuser dans sa demeure. Il arriva donc sans problème à rejoindre la boutique que devait tenir cette fameuse Ethys.
Il attendit quelques minutes avant d’entrer, que le dernier client quitte les lieux. Sans perdre de temps, il pénétra dans l’endroit, marchant à pas lent, ses chaussures résonnant sur le sol. Et d’une voix ferme, il prit alors la parole, pour se faire entendre, percevoir.
« Bonjour ! Vous êtes la mère de Tethys, non ? J’aimerais vous parler de votre fils. »
Il se montrait poli, il enfilait sa tenue de mouton pour bientôt lui sauter à la gorge et exercer sa petite vengeance.