Délaissant le somptueux
Emerald Queen II, le yacht du milliardaire
Lorenzo Visconti, le hors-bord conduisait les
six plantureuses actrices vers le camp de base. Devant elles, il y avait une énorme île sauvage, perdue dans un archipel du Pacifique, près de l’Amérique du Sud :
Santa Tortuga. Cette île tropicale appartenait à un archipel dépendant d’un État, l’État de San Dominica. San Dominica était un pays assez pauvre, qui avait pendant longtemps été marqué par le communisme. Un régime sauvage qui avait profondément appauvri le pays, avant que les États-Unis ne renversent le pouvoir en place, et n’organisent des élections prétendument démocratiques. Concrètement, San Dominica était une dictature à l’abri des regards médiatiques. Une dictature pauvre qui avait trouvé un moyen de s’enrichir en utilisant ses îles abandonnées pour des contrats juteux avec des partenaires privilégiés. Santa Tortuga disposait ainsi d’un pénitencier important, construit par les colons européens pour stocker de multiples prisonniers lors du développement des colonies en les déracinant de leurs terres natales. Un fort maritime qui existait toujours, et que San Dominica utilisait pour permettre aux autres États sudaméricains de louer les cellules afin d’y enfermer des prisonniers dont plus personne ne voulait parler.
Santa Tortuga était une île proche du fort maritime. L’île avait jadis abrité des villages très reclus, pratiquant une religion proche du vaudouisme avec un temple au cœur de l’île. Sous l’arrivée communiste, ces villages avaient toutefois été attaqués, et les autochtones arrachés de leurs terres. Quand le régime communiste était tombé, les survivants avaient cru pouvoir revenir, mais le nouveau pouvoir avait d’autres plans pour l’île... Et elle était louée en intégralité à Lorenzo Visconti.
Monsieur Visconti était un riche promoteur immobilier, proche de Donald Trump, un individu très puissant disposant d’un vaste empire immobilier et mobilier : gratte-ciels, villas luxueuses le long de la Côté d’Azur, chalets dans les Alpes, yachts, clubs de sports... D’origine italienne, Visconti avait fait fortune en travaillant avec les milieux mafieux, notamment Cosa Nostra. Il avait failli faire fortune avec le projet du pont de Messine, un projet pharaonique visant à construire un pont reliant la Sicile à l’Italie. Ce projet avait été développé sous Berlusconi avant d’être officiellement abandonné, car il était nécessaire que l’Union Européenne investisse dans ce projet. Cependant, les Bruxellois avaient refusé, en estimant, à juste titre, que les fonds européens versés pour ce pont iraient dans les poches des mafias locales. Visconti avait toutefois pu rebondir en s’enrichissant dans le Bassin méditerranéen. C’était un homme sans aucun scrupule, sans pitié, qui n’avait pas hésité à investir dans la traite humaine, à partir des réfugiés traversant la Méditerranée. Il finançait ainsi plusieurs ONG dont le but était de capturer des migrants avec l’aide de passeurs pour en faire ensuite des esclaves, et en envoyer un certain nombre à son laboratoire secret de Santa Tortuga.
Car Tortuga était un lieu central dans l’Empire criminel de Visconti. C’était le lieu où il avait construit, sous le temple, un vaste laboratoire souterrain, mais c’était aussi le lieu où il allait lancer la première saison de son tout nouveau projet. Pour cela, il avait envoyé son homme de confiance,
Vasilisk. Un homme à tout faire, brutal, cruel, et parfait pour ce genre de poste. C’était lui qui accueillit les six mannequines au camp.
«
Bienvenue à Santa Tortuga, les filles ! » s’exclama l’homme.
Elles étaient de jeunes actrices en devenir, des mannequines, d’une beauté légendaire. Un casting européen pour une émission très particulière. Officiellement, elles pensaient participer à l’émission «
Idol Survival », une émission de téléréalité inspirée de
Koh Lanta consistant à survivre dans la jungle... Mais avec, comme participants, des femmes en maillots de bain d’une beauté redoutable. Six beautés, donc, qui se rapprochèrent des tentes de l’équipe de tournage, où des rafraîchissements avaient été mis à leur disposition.
Une course en différentes épreuves, dont la finalité était de rejoindre le camp. Cependant, les six beautés ignoraient encore la raison de leur présence ici.
«
Détendez-vous, buvez un coup, on commencera le briefing d’ici deux heures dans la tente centrale. »
Six jeunes femmes qui pensaient se lancer dans le coup de leur vie. Monsieur Visconti avait risqué gros pour cela, et un échec était inenvisageable. Pour l’heure, Vasilisk leur laissait se préparer, puis il leur expliquerait ensuite les véritables raisons de leur présence ici...