Cette fois, c’est largement assez pour qu’Ernest soit réceptif aux bons soins de Célestine. Il apprécie sans réserve le second baisé auquel il participe activement, cherchant à prolonger le contact. On le sens assez assoiffé de ce genre d’attention et ses yeux en redemandent. Une fois le baisé terminé, de nouveau, sa langue rose s’invite sur ses babines, captant la menthe avec une lubrique gourmandise. Un vrai rat en manque !
Dans le même temps, plus bas, son pénis s’est raidi, l’érection est très honnête. Il n’en est pas encore à vibrer d’extase à la moindre perception, mais les mains de la jeune femme sont vraiment les bienvenues sur son corps. Il n’a qu’un regret, de ne pas pouvoir toucher lui-même, de ne pas pouvoir déshabiller cette compagne, palper ses seins, malaxer ses fesses... Il se demande alors pourquoi il ne l’a pas embauché juste comme une prostituée. Mais l’aurait-il seulement trouvé s’il avait été dans cette optique ? Il n’aurait pas eu la même démarche, n’aurait pas fréquenté les mêmes forums, croisé les mêmes personnes. Et puis, il ne peut nier que ce petit regret l’excite. Il est forcé de se tenir des deux mains à la barre, il n’est pas maître du programme, il le subit. Alors certes, il n’est pas vraiment captif de cette fille, il y a le safe word. Non, il est captif de son propre orgueil qui l’a déjà fait se jurer qu’il n’utiliserai pas ce moyen. L’orgueil et plus encore la nostalgie d’un temps révolu... Il cherche à retrouver les sensations d’en temps, l’impression terrifiante d’être un objet entre des griffes toutes puissantes.
Un souvenir fugace lui revient. Célestine devient, le temps d’un flash, un vieil homme dans la pénombre, un vieil homme qui tient un fusil de chasse, le modèle à double canon. Et ce canon le tient en joue. Il est là, devant les deux gueules béantes de l’arme pareilles au 8 de l’éternité, les mains levés. Il s’est fait pincé alors qu’il cambriolait une cave. Il a crut mourir cette nuit. 5 ans plus tard, ce souvenir le fait sourire.
« La barre roule... Je vois, un attrape-nigaud. » il répond, de retour au présent.
Pour l’instant, il se tient sans la moindre difficulté. C’est à peine s’il sent son poids dans ses bras.
« Mais ici la barre ne pivote pas Célestine. »
Ses yeux tombent sur les pinces. L’appréhension est de retour.
« Je ne doute cependant pas que tu as d’autres artifices. C’est pour quoi faire, ça ? »
* * *
Rose range son téléphone, une expression de contrariété peinte sur son visage ridé. Elle a quelques bribes d’images, elle sait que le jeune Lenoir est nu, elle peut en tout cas le déduire. Elle peut également déduire l’usage du ruban. Mais elle a été trop prudente, les angles de vue sont exécrables. De plus, elle n’a mis en place que des caméras, pas des micros, elle n’a donc aucun son. Non, elle va devoir agir autrement, un peu plus se mouiller.
« Célestine... » murmure-t-elle pour elle-même en reprenant son ménage.
Il y a tant de fric en jeu... Cette Célestine n’a pas idée de l’engrenage qui risque de l’entrainer, elle et Ernest, pour peut-être les broyer. Il n’y a rien de pire que le monde du business.