Domptez la bête ? [Prince Andros Magganon]

Andros observa la jeune femme manger sa nourriture avec appétit. Visiblement il avait vu juste en songeant qu'elle n'avait pas eut droit au régime habituelle des gladiateurs, l'assiette fut vidée en un temps record. Andros lui même eut à peine le temps de manger une pomme qu'il avait demandé aux cuisines; ayant déjà mangé plus tôt il n'avait pas vraiment faim.

Une fois repus la jeune femme le remercia avec un sourire avant de lui demander où se trouvait les thermes. Ce qui fit hausser un sourcil à Andros.

-Les thermes sont les bains publiques. Les bains privés situés dans une propriété sont appelés les atriums. Et tu me voit ravie de voir que tu t'habitues aux exigences de la maison. Lui expliqua-t-il avec un petit sourire.

Il lui fit signe de le suivre, ils passèrent par un couloir décoré de fresques représentants des satyres équipés comme des hoplites affrontant des armées d'hommes en armure, de démons et de loups garous. Andros poussa alors une porte qui dévoila une grande pièce dans laquelle se trouvait une grande bassine d'eau qui recouvrait un moitié de la pièce. La dite pièce était écorée de fresque murales montrant des satyres pratiquants leurs ablutions, mais aussi aux "arts de l'amour". Oui vous avez bien compris.

-Voilà mon atrium. C'est ici que la maisonnée prend ses ablutions. Dit-il en présentant la pièce.

Andros retira alors sa toge avant d'entrer dans l'eau chaude à souhait. Les satyres avaient l'habitude prendre plusieurs bains par jours et Andros ne faisait pas exception. Et bien sur il avait l'habitude de se baigner avec ses esclaves ou ses invités.

Thermes ou atriums, tout ceci était du charabia d’un autre temps à ses yeux, et Natacha haussa les épaules, retenant à grand peine un commentaire sarcastique. Les études n’ont jamais été son fort, et tout cet univers, cette décoration de marbre et de peinture lui semblait kitch à souhait. S’adapter à ce monde allait prendre plus de temps que prévu, y compris au niveau esthétique, et surtout musical.
Natacha grimaça en songeant aux orchestres antiques à base de lyre et de tambourins. Ce serait sans doute le genre de musique qu’affectionnait la noblesse de cette ville, et faire une croix sur le rock la déprimait davantage que tout le reste réuni. Néanmoins, elle garda ces pensées pour elle, et suivi le prince dans les dédales de couloir.

La décoration correspondait exactement à ce qu’elle avait imaginé : des fresques guerrières antiques. Kitch. La jeune femme se gratta pensivement sa chevelure sale en remarquant que les lycanthropes ne semblaient guère avoir bonne presse dans ce monde-ci. Suivant toujours le satyre dans la pièce suivante, elle observa d’un air critique les peintures couvrant ces murs.

« Mouais. Après le thème bourrin, on a le thème cochon. C’est beauf en plus d’être kitch, on n’a pas même les goûts niveau décoration. »

Au moins, estima-t-elle, on y trouvait un bain confortable. Ce fut une pensée rassurante jusqu’au moment où son regard se porta sur son hôte en train de retirer sa toge. Non pas que Natacha était spécialement pudique, mais il lui était inconcevable d’aller se baigner avec ce satyre à ses côtés.

« Ouais… Mais non, juste non. Ne compte pas sur moi pour me laver en même temps, j’ai besoin d’intimité. »

La jeune femme détourna les yeux et s’éloigna pour s’appuyer contre un des mur. Hors de question qu’elle fasse baignoire commune avec cet homme, surtout dans une pièce inondé de peinture à thème sexuel. Elle ne savait que trop bien ce qui arrivait souvent aux esclaves dans ce monde, ayant failli le subir plusieurs fois auprès d’autres acheteurs.

« J’attendrai mon tour. D’ailleurs, on se lave avec quoi ici ? Il y a du savon au moins ? »

Elle soupira longuement en croisant les bras, appuyée contre la paroi. Natacha n’avait pas signé pour être un jouet sexuel, et comptait bien se tenir loin de ce genre de pratiques.

Andros leva les yeux au ciel devant les paroles de la jeune femme. Les humains. Andros n'avait jamais comprit leur obsession pour l'intimité pendant les bains. Il avait passé l'éponge sur son commentaires sur les décorations, après tout on ne pouvait pas exiger d'une esclave qu'elle maitrise les arts, mais il n'allait pas laisser ses coutume barbares interférer avec les coutumes de Raghose. Et quand même, aller jusqu'à demander si les satyre connaissaient le savon !

-Premièrement, ce n'est pas un choix, ni une option que tu as. Je ne sais pas comment vous faisiez dans ton pays de barbare et très honnêtement cela m'importe peut. Ici à Raghose il est de coutume de se laver en famille, entre amis, ou avec des invités. Les maitres se baignent aussi avec leurs esclaves. Tu vas devoir t'y habituer.

Il s'empara ensuite d'un présentoir disposé à côté de lui où reposait un savon, un strigile (une sorte de racloir en fer recourbé) et plusieurs petits flacons dans lesquels reposaient des huiles parfumées. Il le présenta à l'esclave.

-Et bien sur que nous connaissons le savon. De même que les parfums, et autres produits pour la peau. L'hygiène est très important pour notre peuple.

Il reposa le plateau et reprit d'un ton plus sévère.

-Maintenant enlève t'es vêtements et vient te laver. Tu empestes, on peut le sentir jusqu'au forum. Alors dans l'eau. Tout de suite.

-Alors enlève t(es vêtements et vient te laver. Tu empestes, je peux le sentir d'ici.

Appuyée contre le mur de l’atrium, Natacha gonfla les joues pour pousser un énorme soupir agacé. Ce satyre la gonflait, de même que cette vie, ce monde et ses coutumes datant d’un autre siècle l’exaspérait comme jamais. Tout lui semblait si décalé par rapport à son mode de vie, et de plus, elle avait toujours eu un sérieux problème avec l’autorité. Quand bien même son statut était celui d’une esclave, elle n’en avait nullement l’attitude, et nul doute que son maitre allait avoir du fil à retordre.

« Pays de barbare, tu peux parler. Chez moi au moins l’esclavage n’existe pas et on n’oblige pas les gens à se battre à mort pour le plaisir de la populace. »

La jeune femme ronchonna longuement entre ses dents en allant chercher les produits de toilettes sur le présentoir. Ces coutumes avaient beau la dégouter, son corps avait un besoin urgent d’un nettoyage de fond en comble. Sa peau était couverte d’une couche de crasse, de poussière et de sang mélangé, sans compter ses cheveux pleins de parasites. Du reste, elle avait besoin d’une bonne épilation également.

« Ça va, c’est bon. Je vais le prendre ce bain… » Râla-t-elle en se débarrassant de ces haillons de gladiatrice pour se mettre à nue.

Longeant le bain, Natacha prit place à l’endroit le plus éloigné du satyre et se glissa avec un net soupir de soulagement dans l’eau. La première chose qu’elle fit, fut de plonger la tête sous la surface, gorgeant sa chevelure pour un premier nettoyage en règle avec une généreuse dose de shampoing. Ce fut visiblement un véritable soulagement pour elle de retrouver ses longs cheveux blonds propres et soyeux après des mois de négligence forcée.

L’eau du bain se troublait déjà lorsque la jeune femme commença à gratter la couche de saleté présente sur sa peau, la faisant rougir par endroit. Cela lui prit un long moment avant de s’en débarrasser totalement mais ses formes retrouvèrent rapidement leur splendeur sous le frottement énergique du savon. Toute contente de se revoir propre et fraiche, Natacha ne faisait quasiment plus attention à la présence du prince.

Se penchant par-dessus le bain, l’esclave avisa le présentoir et se décida à sortir de l’eau pour récupérer un nécessaire d’épilation. Elle mit tout de même un certain temps pour se servir correctement des accessoires, râlant plusieurs fois envers ses rasoirs qui lui semblaient être des antiquités. Rasée intégralement, propre, parfumée et ayant enfin retrouvée sa beauté rayonnante, Natacha grimpa à nouveau dans le bain pour y flâner mollement contre le rebord.

Tout ce nettoyage lui pris un temps fou, mais cela en valait clairement la peine. Elle se sentait à nouveau belle et sexy, ce qui fit naitre un sourire satisfait sur son jolie visage. Natacha se détendit, se laissant aller contre le bord du bain, sa longue chevelure blonde cascadant sur ses épaules et sa poitrine.

« Ok, je te l’accorde, ça fait du bien. Et pour les vêtements, on fait comment ? »

Andros  hocha la tête de façon satisfaite quand l'esclave consentit finalement à venir se baigner. Il observa  alors la jeune femme se laver sans en perdre une miette. Il fallait bien l'avouer, elle était très belle une fois pleinement décrassée. Andros envisagea alors plus sérieusement la perspective de la garder avec lui une fois les tâches qu'il lui aurait confié achevées. Certes il avait promit de l'affranchir si elle lui donnait satisfaction sur ces tâches, mais sans doute pouvait-il en profiter entre temps pour tenter de la dominer au point qu'elle ne veuille plus partir d'elle même ? A réfléchir. Toujours est-il que la vue de la jeune femme nue et batifolant dans l'eau avait donné une belle érection à son membre imposant. Les rumeurs disant que les satyres avaient tendance à être bien membrés étaient vrais. Il sourit à la question de la jeune femme avant de répondre.

-Ne t'en fais pas pour ça, en tant que ton maitre je prend l'intégralité de t'es frais de nourriture et de vêtements. Une tunique a été posée sur la chaise là bas. Indiqua-t-il du doigt.

La dite tunique était un habit d'apparence simple mais assez jolie et finement travaillé. Bon évidemment cela ne cachait pas vraiment les formes de la jeune femme mais ce n'était pas le but recherché.



Habillée ainsi Natacha aurait parfaitement l'air d'une simple esclave d'une maison assez riche, parfait pour le rôle qu'Andros entendait qu'elle joue pour lui. Personne n'irait se douter qu'une tueuse était en réalité une esclave, la plupart des gens refusaient d'envisager qu'une esclave puisse être vraiment dangereuse. 

Fermant les yeux un long instant, Natacha profita de la quiétude du bain, un moment de détente bienvenu après avoir vécu dans le sang et les combats depuis des mois. Si seulement elle s’était baignée chez elle, sans étranger avec elle, tout aurait été parfait. La jeune femme rouvrit les yeux pour essorer sa longue chevelure blonde, et fit immédiatement la grimace quand son regard croisa la trique du satyre.

Evidemment, elle s’en était doutée. Le prince n’avait bien entendu, pas résisté à l’admirer sur toutes ses coutures, et en voilà le résultat. Natacha soupira et détourna le regard de l’imposant membre en érection, avant de sortir du bain. Ce comportement était gênant à ses yeux, et gâchait complètement le plaisir qu’elle avait eu à se baigner.

« Je vais m’habiller. Et quand t’auras perdu ton barreau de chaise, je pourrais savoir où je dors ? » Ronchonna-t-elle en récupérant ses habits.

La jeune femme examina l’antique tunique qu’on avait laissé à sa disposition. Ce n’était absolument pas dans ses goûts, mais compte tenu du décor, il ne devait guère avoir mieux à disposition et elle se résigna à l’enfiler. Natacha s’habilla rapidement de sa nouvelle tenue, ajustant le vêtement qui épousait magnifiquement ses jolies courbes. Elle coiffa également ses cheveux, les lissant pour les faire retomber sur son épaule.

« Il n’y avait plus court ?... Sérieusement, on dirait une tenue de plage. »

La tenue lui paraissait plutôt courte, et ne cachait pas grand-chose de ses belles jambes fuselées. Natacha resserra la ceinture à sa taille fine, et chaussa les sandales fournies avec. Elle avisa le prince, s'estimant prête et déjà impatiente de quitter la pièce pour se retrouver seule. Natacha était particulièrement pressée de retrouver un semblant d'intimité, d'autant plus maintenant que le satyre arborait une énorme trique. La situation prenait un tournant sexuel qui ne lui plaisait guère.

Andros ignora une fois de plus les réflexions de la jeune femme. Que ce soit sur son érection ou sur la  de la tunique de la jeune femme. Son avis sur ces deux points n'avaient pas plus de valeurs que sur les autres qu'il avait précédemment ignoré. Mais il était vrai qu'il fallait maintenant sortir du bain.

Il sortit en se saisissant d''une serviette qu'il utilisa pour se sécher

-Tu dormira dans le dortoir des esclaves et des  serviteurs. Répondit-il d'un ton qui indiquait bien que ça allait de sois.

Il ne fallut pas longtemps avant qu'elle ne manifeste son mécontentement. Il interrompit  ses objections d'une voix irritée.

-Les seuls exemptions sont pour les épouses et les favorites,  qui ont droits a des quartiers  privés quand elles ne partagent pas la couche de leur maître.

Cela aussi ça allait de sois pour Andros, d'ailleurs ses deux favorites avaient leurs propres quartiers quand il ne les appelaient pas pour partager son lit.
Il finit d'enfiler sa toge en ajoutant.

-Et cesse de me tutoyer. N'oublie pas que dans cette société tu es une esclave tu dois t'adressera moi en me vouvoyant. A moins que je ne te donne la liberté de me tutoyer.

Ce qui clairement, n'était pas le cas. Comme il l'avait dit plus tôt ses esclaves avaient un certain standing à respecter et le respect en faisait partie.

En voyant le prince sortir du bain, Natacha commença sérieusement à se demander si il subsistait un peu de pudeur dans ce monde, et surtout dans cette maison. Les tuniques légères et les peintures cochonnes passaient encore, mais à présent, c’était à croire qu’elle allait devoir vivre en permanence avec un service trois pièces sous le nez.

« Eh ben, j’espère que ce ne sera pas des cabanes de jardin avec des gens à poil… » Marmonna-t-elle, peu motivée l’idée de devoir vivre dans ce péplum à petit budget.

En vrai, la jeune femme espérait davantage disposer d’une sorte de cellule personnelle, même si cela s’avérait très réduit et sommaire. Tout plutôt que de voir défiler les clichés antiques à base d’orgies, de tuniques ras la ceinture et de chibres satyriques pointant midi. Quant à rejoindre la couche du maitre, la lycanthrope bénissait sa double nature qui faisait réfléchir à deux fois les hommes avant de la toucher.

« Oui, monsieur » Déclara-t-elle d’un ton complètement ironique. Elle croisa les bras, regardant ailleurs pendant que le satyre enfilait enfin sa tunique.

Cependant, Natacha affichait mentalement un beau doigt d’honneur au prince. Certes, elle aurait pu le faire réellement, mais elle n’était pas certaine qu’il comprenne cette allusion toute terrestre, ne voulant pas non plus terminer dans une cellule. Encore moins se prendre des coups de cravache. Attendant qu’il termine de s’habiller, elle tourna la tête de droite à gauche, cherchant quel couloir pouvait indiquer les dortoirs.

« C’est par où la piaule ? Parce que bon, je suppose que vous me filez pas de mission de suite ? »