Quand on étudiait au lycée Mishima, on comprenait vite que, au-delà de l’instruction du programme national, Mishima veillait aussi à l’épanouissement de ses pensionnaires, ce qui passait par une éducation sexuelle. À ce titre, les élèves avaient presque tous un conseiller d’orientation, qui, en réalité, était un professeur d’éducation sexuelle. Pour
Billy Watson, ce rôle avait été dévolu à Kawashima-senseï. Elle avait très rapidement su le mettre en confiance. Billy, pour son malheur, avait toujours eu un physique très androgyne, une voix très fluette. Une situation d’autant plus paradoxale que son père était un
gaijin, un Américain. Il avait surtout hérité des gènes de sa mère, et en souffrait. Au lycée, son côté androgyne faisait qu’il était embêté par plusieurs élèves masculins, dont l’un, Kenji, s’amusait beaucoup à le narguer, à se moquer de lui, et à le traiter de «
petit pédé », faisant glousser les filles qui l’accompagnaient. Kawashima-senseï connaissait ces éléments, et, lors de leur premier cours, l’avait rassuré, en lui disant qu’elle l’aimait beaucoup, et qu’il devait tourner en son avantage ce que les autres voyaient comme une faiblesse.
Leurs cours s’étaient multipliés, et Billy s’était longuement confié à Kawashima-senseï, expliquant qu’il n’était pas homosexuel, mais plutôt bi’, et, surtout, qu’il aimait le fait d’être une fille. En privé, il se déguisait souvent. En consultant son dossier, Kawashima-senseï avait pu apprendre que Billy était venu au monde de manière assez douloureuse. Il avait eu une sœur jumelle, mais qui était morte dans le ventre de leur mère. L’accouchement avait été prématuré de quelques semaines, et Billy avait pu être sauvé. Ses parents ayant perdu sa sœur, ils l’avaient surprotégé pendant l’enfance, le rendant, non pas arrogant et prétentieux, mais au contraire très timide, effacé, et soumis. Et, au-delà de ça, son attirance pour le fait de se travestir en fille était très certainement liée à la mémoire de sa sœur perdue. Il lui avait expliqué qu’elle aurait dû s’appeler Andréa, et que s’habiller ainsi, c’était une manière d’honorer cette sœur qu’il n’avait jamais connu. Ses parents avaient pu noter ça pendant son enfance. En effet, à l’approche de la naissance des jumeaux, ils avaient fait une double chambre avec un côté « fille », et un côté « garçon ». Et les parents de Billy avaient pu noter, à leur grand étonnement, que leur enfant dormait toujours paisiblement quand il était dans le lit initialement prévu pour Andréa, en compagnie des peluches... Et de poupées.
Billy avait toujours été plus heureux en fille, à tel point que, petit, il avait demandé comme cadeau des tenues de maid, ou une tenue de Power Ranger... Rose. Surpris, ses parents avaient fini par accepter, et Billy avait montré à sa
senseÎ des photos de lui en tenue de maid. C’en était à un point où on pouvait même parler d’un dédoublement de personnalité, voire de schizophrénie. Billy avait deux personnalités, et, pour certains thérapeutes et autres psychanalystes, c’était souvent le cas. Entre des jumeaux, il existait des liens étroits, intenses, et que la science ne définissait pas encore très bien. Il existait une
mémoire fantôme qui avait influencé Billy.
En tout cas, aujourd’hui, Billy avait franchi une grande première. Il avait accepté le défi de Kawashima-senseï, qui en avait d’ailleurs parlé à ses parents, afin d’avoir leur aval, et avait réussi à obtenir un dossier scolaire au nom d’une certaine Andréa Willow. Ses parents avaient été hésitants au début, mais s’étaient rapidement montrés coopératifs. Billy n’était tout simplement pas un garçon comme les autres, et sa chambre en était l’illustration, puisque les murs étaient peints en rose, et il y avait beaucoup de poupées, du rouge à lèvres, du maquillage... Billy était tout simplement une fille dans le corps d’un garçon.
Mais, aujourd’hui, alors qu’il se rendait vers le bureau de sa
senseï, il avait une trique d’enfer, déformant sa petite culotte rose avec un motif de cœur rouge dessus. Cette journée avait été fabuleuse, car Billy s’était déguisée en fille, et avait adopté son ton et sa voix en conséquence, comme il le faisait naturellement depuis des années. Billy, ou Andréa, tapa délicatement à la porte de sa
senseï, et entra dans le bureau. Son érection avait duré presque toute la journée, revenant par vagues.
«
Bonsoir, Maîtresse ! » s'exclama-t-il d'un ton enjoué en entrant.
Kawashima-senseï avait développé la relation entre eux, et avait expliqué à Billy que, si ce dernier était son élève, Andréa, elle, serait son esclave. Et, dans les deux cas, leur séance commençait toujours par une chose simple : une invitation. Satsumy avait en effet compris que, au-delà de ce dédoublement de la personnalité, son élève était un grand fétichiste, et chaque séance commençait par une séance de léchage de ses pieds et de ses collants.
C’était leur petit rituel, et, comme à chaque fois, même avec des talons et des collants, Andréa s’empressa de l’honorer, léchant les orteils de sa Maîtresse, avec tendresse et dévotion, prête à répondre en même temps à ses questions...