L’eau ruisselait sur le corps de
Xyla quand elle sortit de l’eau, après le plongeon vertigineux qu’elle avait fait depuis les hauteurs de la cascade. Ses longs cheveux noirs retombèrent en cascade le long de son dos, et elle regarda autour d’elle, en reprenant son souffle. Elle était dans les profondeurs d’une vaste forêt située à la lisière des terres de l’Empire d’Ashnard, et approchait de la fin de sa patrouille. La Horde était à proximité, bivouaquant pour réapprovisionner ses greniers auprès des villages locaux, et le Conseil des Amazones avait envoyé Xyla inspecter les abords de cette forêt, afin de s’assurer qu’il n’y avait aucune menace susceptible de leur nuire... Comme une armée aux affûts, des esclavagistes, des brigands, ou des monstres. De fait, il y avait des monstres, mais, mis à part cela, la forêt était tranquille. Xyla avait trouvé les restes d’une planque de contrebandiers dans une grotte près d’un marais, mais la grotte était abandonnée depuis plusieurs semaines, signe que les contrebandiers avaient dû partir ailleurs. L’Asiatique aurait pu rejoindre la Horde, mais, avant de le faire, elle s’accordait un peu de repos. Xyla aimait le calme de la forêt, la tranquillité apaisante de la Nature. Elle pouvait surtout se promener sans aucun vêtement. Profondément naturiste, Xyla avait du mal à supporter le contact de tissus sur son corps, ce qui expliquait pourquoi, généralement, elle portait des tenues très légères, à savoir un mince short blanc autour des cuisses, et des bandes blanches le long des jambes, formant vaguement des collants. Elle était fidèle à cette philosophie guerrière amazone privilégiant le port d’armures très légères afin de faciliter l’esquive, une philosophie qui tenait sa source des conditions morphologiques des sexes. Une femme était moins musclée qu’un homme, il lui était plus difficile de porter de lourdes armures de plates, et il fallait donc insister sur l’esquive. Pourquoi vouloir à tout prix se protéger, si personne ne pouvait vous atteindre ?
Xyla sortit de l’eau après quelques minutes. Elle avait posé ses vêtements ici avant de grimper la paroi, à mains nues, en se servant uniquement de son corps, puis, une fois en hauteur, elle avait fait un plongeon de plus d’une dizaine de mètres pour atterrir dans cette source d’eau, qui s’enfonçait profondément sous terre. Les cheveux trempés, Xyla remit des baguettes en place pour faire tenir ses chignons, puis enfila ses bandeaux, et termina par le brassard rouge à son bras gauche, et glissa son épée dans son dos, un magnifique
wakizashi à la lame bien trempée.
En chemin, elle vit plusieurs biches et daims, qui s’enfuirent à son passage. Les lapins restaient dissimulés dans leur terrier, et Xyla marchait à pas souple. Elle avait hâte de retrouver son cheval, puis la Horde, et de faire son rapport. Tout allait pour le mieux ici, et, en théorie, il n’y aurait aucun problème. Les Amazones resteraient ici une semaine ou deux, le temps de remplir leurs réserves de nourriture, puis repartiraient. La Reine Andromaque et ses conseillères en profitaient pour organiser l’itinéraire àç venir, qui consistait en plusieurs étapes. Non seulement il fallait planifier la route que la Horde prendrait, mais il fallait aussi choisir les Amazones se chargeant de surveiller la route, afin de les prévenir de tout danger à venir.
*
Mais, pour l’heure, j’ai surtout envie de me reposer en compagnie de mes sœurs...*
Xyla marchait le long de sentiers boisés quand elle entendit soudain des bruits et des hurlements venant de la droite, où le chemin formait une pente grisâtre descendant vers le bas. Xyla s’arrêta immédiatement, et s’approcha prudemment, en tendant l’oreille.
«
Avance, sorcière ! »
L’Amazone entendit le bruit caractéristique d’un fouet claquant contre la chair, et continua à descendre, évitant de faire trop de bruits, et put voir deux hommes avancer au milieu des arbres. Des hommes musclés avec des côtes de mailles, des arbalètes, des épées, et des ceintures remplies d’élixirs. Elle vit, le long du cou d’un deux, les extrémités d’un collier, retenant probablement un talisman magique. Et, surtout, entre les deux, il y avait une femme à la chevelure sombre dans une robe de sorcière, qui était retenue par un collier autour du cou relié à une corde en cuir. Ses mains étaient entravées par des menottes en obsidienne, et le second homme, dans le dos, venait de la fouetter pour la forcer à avant, ce qui eut pour effet de faire tomber la femme.
«
La clairière est par là... »
Xyla resta dissimulée dans un coin, et vit le trio sortir de l’orée de la forêt, pour rejoindre une clairière dégagée, avec une croix religieuse qui était dressée là. Xyla restait à l’ombre. Andromaque lui avait dit de ne pas se mêler des affaires dans la région, surtout que l’Ordre Immaculé avait ici une forte influence. Une récente épidémie de fièvre avait ravagé cette région, et, comme toujours, la populace s’en était prise à leurs guérisseurs. L’Inquisition était venue, et avait organisé des procès inquisitoriaux, soumettant à la cruelle ordalie les accusées. Même si la fièvre était passé, les tribunaux inquisitoriaux étaient encore là, raison de plus pour ne pas se faire remarquer.
Les deux chasseurs s’approchèrent de la croix, et entreprirent d’attacher la femme, puis l’observèrent, avec des lueurs vicieuses dans les yeux... Puis l’un d’eux ôta sa côte de mailles, et arracha à la femme sa robe, sans tenir compte de ses éventuelles protestations, ou éventuellement en la giflant. Xyla put alors voir les marques au fer rouge dans son dos, et comprit à qui elle avait affaire.
*
Des repentis...*
Ces mercenaires avaient été des criminels, et avaient été arrêtés par les autorités religieuses. Ils avaient choisi de confesser leurs crimes et leur peine avait été commuée en servitude auprès de l’Ordre Immaculé. Ils étaient ainsi devenus des chasseurs inquisitoriaux, traquant les sorcières et autres criminels religieux pour les amener devant l’Inquisiteur, afin de les punir. En théorie, le système permettait la réhabilitation des criminels et délinquants. En pratique, c’était un moyen pour permettre à l’Ordre Immaculé de brûler des sorcières sans se salir les mains.
Ils comptaient brûler cette femme, mais pas avant de jouer un peu avec elle.
«
Ce serait dommage de brûler une si belle femme, hein ? -
Oh ouais... Du vrai gâchis ! »
Ils rigolèrent entre eux, et Xyla se déplaça encore un peu, s’abritant sur le côté, derrière des buissons. L’un des hommes tira sur les cordes de son pantalon, révélant un sexe gras et poisseux, en érection, avec lequel il alla se frotter à la femme, sa langue baveuse allant sur son cou.
«
Putain, ça remonte à quand, la dernière fois qu’on a détroussé une salope pareille ? -
Putain, si tu la baises pas tout de suite, je le fais maintenant ! -
Détends-toi, mon frère, elle est suffisamment bien faite pour qu’on puisse prendre notre temps... Et puis, il n’y a personne dans cette forêt. Putain, mais mate-moi ces nibards ! »
Il posa ses deux mains sur chacun des seins, les tordant, et continua à lécher le cou de la femme. Xyla, quant à elle, restait encore silencieuse. Le viol était une chose qui dégoûtait profondément les Amazones, mais elle en était encore au stade de se demander s’il n’y avait personne, et surtout de chercher un angle d’attaque. Ces deux hommes, aussi pervers soient-ils, avaient reçu des talismans magiques qu’ils continuaient à tenir, et celui en retrait avait des tatouages le long de ses bras, permettant ainsi d’employer des sorts magiques.
L’autre continuait à lécher la femme, proche de ses dents. Xyla savait ce qu’elle aurait fait à la place de cette femme, surtout quand sa bouche s’approcha de la sienne, et qu’il continua à lécher, l’homme étant convaincu que la femme ne réagirait pas.
*
Mords-le !* avait-elle envie d’hurler.
Elle était prête à bondir dès qu’elle aurait un moyen de diversion lui permettant de se rapprocher suffisamment pour éviter de se recevoir un sort magique, ou pour qu’ils aient le temps d’utiliser cette femme comme otage.