Alice savait que s’en prendre à sa personne serait suicidaire pour Hyrule. Séparée de ses terres natales, la ville n’était guère de taille face à la redoutable armée impériale, et ce a fortiori si leur champion n’était plus là. Mais Alice était bien placée pour savoir que, face à la raison, l’émotion amenait souvent à des décisions illogiques et insensées. Or, indépendamment de tout le reste, si Zelda était amoureuse de Link, qui sait comment elle pourrait réagir ? Fort heureusement, le coup de sang de la Princesse sembla partir, car, en comprenant l’inquiétude de son invitée, Zelda se radoucit, et prit Alice dans sa main, tout en lui promettant qu’elle allait affecter son meilleur garde à sa surveillance... Ce qui, soit était une menace voilée, soit une manière de dire qu’elle n’avait rien à craindre de Zelda. Alice allait en tout cas passer la nuit ici... Ce qui, fondamentalement, ne la dérangeait pas. Le château d’Hyrule était plus agréable que Karag-Dur.
Zelda demanda alors si elle devait elle aussi craindre pour sa vie ou pour son honneur, et Alice papillonna des yeux devant cette question, se demandant surtout ce que Zelda voulait dire en évoquant son « honneur ». Elle accompagna également cela d’un clin d’œil à l’attention de la Princesse, ce qui la fit doucement rougir.
« Princesse... Je ne ferai jamais rien qui attenterait à votre vie ! » protesta Alice.
Quant à l’honneur... Elle devait comprendre à quoi Zelda faisait référence, en craignant juste de faire une mauvaise interprétation. Après tout, l’esprit d’Alice était loin d’être aussi naïf, ou innocent, qu’il avait pu l’être jadis. Elle sentit ensuite la main de Zelda se serrer à la sienne, et les deux femmes sortirent du palais, rejoignant une sorte de place publique centrale au centre de la ville, où la foule s’était amassé. Des vivats saluèrent les deux femmes, confirmant la popularité de Zelda. Alice retira doucement sa main de celle de Zelda, et resta légèrement en retrait, laissant le soin à Zelda de résumer la situation à son peuple.
Un sortilège avait amené Hyrule ailleurs. Soit dans une autre partie du globe, soit dans une autre dimension. Alice n’avait jamais entendu parler du royaume d’Hyrule, après tout, et il était donc tout à fait possible que Ganondorf ait juste envoyé Hyrule dans un autre plan. Toutefois, tandis que Zelda parlait, elle se demandait surtout ce qui avait pu arriver à Link pour qu’il se retrouve à Sylvandell. Avait-il également été transporté loin de chez lui par Ganondorf ? Mais il ne lui en avait jamais parlé... D’un autre côté, il n’était pas natif d’ici, car il ne connaissait rien d’Ashnard, et Alice avait dû longuement lui en parler, généralement après avoir fait l’amour, nus tous les deux dans le lit...
La Princesse se racla la gorge quand Zelda l’invita à parler. Il y avait une sorte de mégaphone artisanal permettant de s’adresser au peuple. Fort heureusement, Alice commençait à avoir l’habitude des discours, et s’empara de l’objet.
« Bonjour à vous, peuple d’Hyrule ! Je suis la Princesse Alice Korvander du royaume de Sylvandell ! J’ai accepté de me rendre ici pour en savoir plus sur Hyrule ! »
Elle n’avait pas spécialement grand-chose à dire, car elle ne connaissait pas trop ce peuple. C’était surtout leur Princesse qui les avait rassurés, et elle se contenta donc de leur dire qu’elle souhaitait éviter un conflit, et que les Ashnardiens cherchaient un moyen de les ramener chez eux, sans vraiment savoir quels étaient, réellement, les projets du Conseil Impérial en ce qui concerne ce royaume. Alice se retourna ensuite vers Zelda en lui souriant doucement.
« Tu es vraiment très populaire auprès de ton peuple, Zelda... »