«
…Nous interrompons tous nos programmes pour annoncer la tenue imminente du ‘‘Birth Day’’, le jour béni voté le 5 septembre 2025 par le gouvernement, et qui, depuis lors, a permis de redresser le pays de la catastrophe dans laquelle il s’enlisait progressivement… »
Dans les années 2010, le Japon avait été à l’aube de l’une des plus importantes crises ayant touché l’Occident depuis la Seconde Guerre Mondiale : une chute redoutable du taux de natalité. Cette chute était liée à de multiples paramètres : stagnation économique, défiance dans les politiques, perte de confiance en l’avenir, morosité ambiante… Le Japon avait été le premier pays touché par la baisse importante du taux de natalité, mais d’autres pays occidentaux suivaient la même voie, comme l’Allemagne, plus tardivement la France, l’Angleterre, l’Espagne, les États-Unis… Accentuée au Japon, la crise avait débouché, en 2020, à une grave situation, où le taux d’augmentation de la population était devenu négatif, c’est-à-dire que, en une année, le Japon avait enregistré plus de morts que de naissances.
Une grave crise démographique avait donc éclaté, et les Japonais avaient donc cherché un moyen de lutter contre ce phénomène. C’est ainsi que le gouvernement avait fini par développer un concept atypique, maintenant en vigueur depuis une dizaine d’années, lourdement critiquée à l’époque, mais qui était maintenant en train de s’exporter, puisque l’Allemagne était sur le point de lancer sa deuxième édition du «
Birth Day ».
Le concept était très simple, et attirait maintenant quantité de touristes. Il s’agissait d’un «
effort de solidarité nationale », que les promoteurs du «
Birth Day » avaient associé aux réquisitions nationales, à l’obligation faite, pour les citoyens, de fournir assistance et soutien aux soldats en cas de crise ou de situation de guerre. L’idée était, non seulement d’autoriser, mais aussi d’encourager, pendant toute une nuit, l’acte sexuel. Ainsi, toutes les normes réduisant, de quelque façon que ce soit, l’acte de procréation, étaient déclarées comme inapplicables, les individus poursuivis pour des faits de viol et d’agression sexuelle bénéficiaient d’une irresponsabilité pénale totale. Par ailleurs, les femmes tombant enceinte à l’occasion du «
Birth Day » n’avaient pas le droit d’avorter par la suite, mais pouvaient, une fois leur grossesse terminée, accoucher sous X…
Chaque année, le «
Birth Day » connait un succès de plus en plus conséquent…
Cette édition-ci ne fera pas exception à la règle.
L’HISTOIRE DE KASUMI ASAKURA
Panne de voiture
«
Oh merde, putain… ! »
Le juron s’échappa des lèvres parfaits de la jeune cadre de
Wani Corporation, grosse entreprise installée à Tokyo,
Kasami Asakura, quand elle constata que de la fumée s’échappait du moteur de sa voiture, et que plusieurs voyants rouges s’étaient allumés sur son tableau de bord. Elle soupira, se pinçant les lèvres, retenant un mouvement de panique qui s’insinua en elle, et secoua la tête.
*
Allez, allez, Kasami, pas de panique, ce n’est rien…*
Rien ? Vraiment ?! Elle s’était faite entuber, elle en était sûre ! Sa voiture avait eu un problème d’allumeur, et elle avait été voir un garagiste, il y a de cela quelques jours, en lui spécifiant clairement qu’elle voulait que sa voiture serait parfaite pour qu’elle puisse quitter le travail sans problème, et ainsi rejoindre au plus vite la maison de ses parents, située à l’autre bout de la ville. Le soir du
Birth Day, les femmes comme elles avaient tout intérêt à vite s’éloigner du centre-ville. Malheureusement, elle avait eu des soupçons dès le début envers le garagiste, et ce dernier n’avait pas bien réparé sa voiture. Il n’avait pas réparé le réservoir du liquide de refroidissement, et la voiture ne pouvait plus démarrer.
Kasami se tenait sur un tronçon d’autoroute, et se pinça les lèvres. Elle avait roulé vite, car elle savait qu’un jeune stagiaire de
Wani Corporation avait des vues sur elle, et, aujourd’hui, il avait été particulièrement insistant, allant même jusqu’à lui mettre une main aux fesses, ou à laisser un mot anonyme dans son bureau au retour de la pause-repas, en lui promettant une «
soirée inoubliable ». Et, quand elle avait filé dans le parking, elle l’avait vu en compagnie de toute une bande de motards ressemblant à des psychopathes, avec l’intime conviction qu’ils la pistaient.
Or, le soir du
Birth Day, il n’y avait personne pour vous aider. Aucune dépanneuse, et les numéros d’urgence s’éteignaient. Elle soupira donc en se pinçant les lèvres, ses talons claquant sur le sol. Le pire, c’était aussi qu’elle avait emmené, dans son coffre, des affaires très particulières. Kasami, sous ses allures de cadre austère et très stricte, avait une passion secrète pour le
cosplay, mais, comme elle avait peur que le stagiaire-harceleur aille chez elle, et trouve ses affaires, elle les avait pris avec elle. Elle savait qu’elle était peu aimée chez
Wani Corporation, car, pour contrebalancer sa redoutable beauté, elle était extrêmement rigide, très sévère, ne pardonnant rien, surtout envers le stagiaire, qui était un peu son souffre-douleur, et qui voyait sûrement le
Birth Day comme le moyen parfait de se venger de cette «
salope inbaisable »…
…Et là, il n’y avait personne. Elle ne vit guère qu’une seule voiture, qui fila au quart de tour en l’évitant copieusement. Kasami soupira encore, posant sa main sur sa tête, commençant à désespérer.
Le pire était que sa paranoïa était justifiée…
…Car elle était effectivement suivie.